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Fictions lesbiennes E.G.O.
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5 janvier 2020

TCHAT.com - Chapitre 5

Chapitre 5

 

-          Non non non, me dit Marvin en se levant de la chaise

 

Marvin avait une trentaine d’années, légèrement efféminé et très beau garçon, il le savait et en jouait souvent.

 

Je croise les bras et attends de voir ce qu’il va faire.

 

-          La meilleure s’était Gisele Bündchen. Il regarde Monica pour qu’elle valide son choix mais elle n’a pas l’air d’être d’accord avec lui.

 

Il fait mine de bouder en arborant un air de celui qui ne comprend pas puis retourne s’asseoir.

 

-          Je suis d’accord avec Madie, Cindy Crawford était quand même la plus emblématique de toutes, ajoute Monica

-          Emblématique ne veut pas dire la meilleure, surenchérit-il

 

Monica et moi nous regardons puis pouffons de rire lorsque nous le voyons ouvrir ses grands yeux bleus si énergiquement pour nous faire comprendre qu’il a raison.

 

-          A chacun ses goûts, dis-je en reclassant les papiers devant nous. Bon ce n’est pas tout mais vous avez un peu avancé sur CHAMIZEL ?

 

Monica ouvre son ordinateur et ajoute :

 

-          Leur site est assez lubrique, ce qui est en total contraste avec ce qu’ils vendent.

 

Elle ouvre la page internet et je viens me placer derrière elle pour regarder cela de plus près.

 

-          Effectivement, je vais contacter leur responsable de site afin de voir avec lui si on ne peut pas homogénéiser cela. Il faudrait réfléchir à 2 maquettes, une national et l’autre pour l’international en faisant bien attention à différencier les différents publics. Ce que l’on veut c’est toucher un maximum de personnes quelques soit le niveau social. Que va ressentir le public en voyant une publicité pour des vêtements bio ? Est-ce onéreux, bon marché ? Un truc à la mode ou alors une envie de respecter son environnement ? Pourquoi pour moi ? Pourquoi CHAMIZEL plutôt qu’une autre marque plus discount ? Voilà il faudrait essayer de traiter tous ces points et voir ce qu’il en ressort.

 

En face de moi, ils prennent des notes en acquiesçant de la tête.

 

-          Pour les mannequins c’est pareil. Faudrait essayer de prendre en considération l’âge, le sexe, la couleur de peau, la morphologie, la culture. N’oublions pas qu’il nous faut toucher un panel considérable, on ne peut pas prendre que des Gisele Bündchen, il faut voir large.

-          Ah tu vois, tu la remets sur le tapis …me dit Marvin

 

Je souris et reprends :

 

-          Ok on se revoit demain après-midi ?

-          Pas de souci, répond Monica, qui se charge de la communication ?

 

Je l’avais oublié celui-là.

 

-          C’est Michel qui se charge de cela

 

Monica fait une drôle de tête.

 

-          Je vais passer le voir après pour savoir où il en est.

-          Tu sais Madie…

 

Elle laisse le reste de sa phrase en suspens puis continue :

 

-          Non rien

 

Je range la salle des différents documents que nous avions exposés sur toute la table puis je pars en direction de l’ascenseur pour aller à l’étage de la communication. J’attrape mon téléphone et suis ravie de voir que j’ai un message de Théa.  Depuis hier, je me suis mis dans la tête de l’appeler par son prénom, même si j’adore voir s’afficher le nom de Miss_QUEEN, j’ai envie de me la représenter pour ce qu’elle est. Et elle s’appelle Théa, j’aime beaucoup son prénom qui lui correspond bien alors autant que je me fasse à l’idée.

 

Miss_QUEEN

Coucou, ça va mieux aujourd’hui ?

Ou je vais devoir venir te faire un câlin ?

 

Un câlin je ne dirais pas non.

 

Madison_WestWorld

Coucou

Ça allait mieux mais maintenant que tu le dis

Je ne me sens pas très bien…

 

Je regarde où en est l’ascenseur, j’ai encore le temps car il n’est qu’au rez-de-chaussée et ce n’est pas un foudre de guerre.

 

Miss_QUEEN

J’en étais sûre

 

Madison_WestWorld

Ba quoi ?!

 

Miss_QUEEN

Serais-tu en manque d’affection ?

 

Madison_WestWorld

TOTALEMENT ;)

Je cherche une âme charitable

 

Miss_QUEEN

Je sens que je vais devoir me dévouer

 

 

 

Madison_WestWorld

Il ne faut pas que ça soit une obligation

Miss_QUEEN

Qui te parle d’obligation ?! ;)

 

Au même moment les portes de l’ascenseur s’ouvrent et je me retrouve nez à nez avec Théa. La voir devant moi comme ça après avoir lu son message la rend d’autant plus désirable. On se retrouve face à face avec un sourire béat qu’elle réprime bien vite contrairement à moi.

 

-          Bonjour, dis-je en la laissant sortir

-          Bonjour Madie, vous êtes disponible pour faire un débrief ?

 

Elle connaît mon prénom, elle connaît mon prénom…

 

Yep !

 

-          Je devais aller voir Michel mais ça peut attendre si vous préférez…

-          Non non, faites ce que vous avez à faire, je vous attends dans mon bureau

-          D’accord, merci

 

Elle commence à partir alors je me précipite pour lui écrire un message :

 

Madison_WestWorld

C’est une proposition ?

 

Et je regarde instantanément dans sa direction pour voir sa réaction. Je peux apercevoir ses yeux légèrement se plisser signe qu’elle doit sourire un minimum.

 

Miss_QUEEN

Va savoir WestWorld…

l’avenir est fait de surprise

 

**********

 

Depuis bientôt 30 minutes Michel s’est tenu. Aucune illusion, aucun mot désobligeant, ni gestes déplacés. Moi qui avais mis bien 3 minutes à me décider à aller dans son bureau, en fin de compte tout se passait bien et j’en étais ravie.

 

-          Très bien, je pense que l’on a vu les grosses lignes. Demain je vous propose de nous réunir avec Marvin et Monica afin que l’on parle un peu plus du projet tous ensemble. Ça vous convient ?

-          Tu sais tu peux me tutoyer ?

 

Ah bon ! ok !

 

-          D’accord, alors ça TE convient ?

-          Oui pas de souci, j’adore être entouré de jolies filles

 

Je disais quoi déjà plus haut…

 

Je me lève et ajoute :

 

-          A demain alors !

-          Hey attend…

 

Il se lève péniblement de son siège, essayant de faire rentrer sa chemise dans son pantalon puis il vient près de moi. Inconsciemment je fais un pas de recul.

 

-          Je te fais peur ? demande-t-il, tu sais j’ai réfléchi et je te trouve vraiment pas mal, tu es bien foutu, j’ai un peu de temps-là, si tu veux on peut aller dehors…

-          Non merci je ne suis pas intéressée et j’ai du boulot

 

Il me retient par l’avant-bras mais je me dégage rapidement en annonçant :

 

-          Ne me touchez pas

 

Cela le fait rigoler.

 

-          Je te connais, tu es comme toutes les autres, il se passe la langue sur la lèvre inférieure ce qui me dégoute au plus haut point.

 

Je pars de son bureau et l’entends rajouter :

 

-          A demain, puis il rigole

 

 

**********

 

Je suis dans mon bureau l’air maussade tout comme le temps dehors. Il pleut depuis maintenant 3 heures et le bruit des éclairs résonnent dans tout le bâtiment. Je n’ai plus du tout envie de bosser pourtant il le faut mais je ne suis pas motivée.

 

Même si Théa a été adorable lors du débrief. Je repensais à Michel. Est-ce que je devais le dire à quelqu’un ? Est-ce que je devais lui dire à elle ? C’était elle la chef, la directrice de cette agence. Est-ce qu’elle me croirait ? C’était plus ça la question. J’avais crainte que l’on ne me prenne pour une folle, que l’on dise qu’il ne s’agisse que d’allégations. En même temps, je ne pouvais rien prouver, ça serait ma parole contre la sienne. Il est là depuis de nombreuses années tandis que moi…

 

Madison_WestWorld

Tu fais quoi ?

 

Je sais qu’elle est en réunion alors je n’attends pas spécialement une réponse de sa part.

Quelques minutes après, mon téléphone retentit.

 

Miss_QUEEN

Réunion

 

Madison_WestWorld

A ce point ?

 

Je fais tourner mon téléphone sur le bureau pour faire passer le temps.

 

Miss_QUEEN

Très soporiphique

Et toi ?

 

Madison_WestWorld

Moi …flémingite aigue :)

 

Miss_QUEEN

Courage

 

Madison_WestWorld

A toi aussi

 

 

Allez faut que je me motive. Je branche mes écouteurs et met en route mon téléphone. Je choisis une musique de synapson pour me réveiller. Je me lève et me positionne devant mon tableau blanc, mon tableau fourretout où j’y inscris les idées quand elles me viennent. Je reste plantée devant pendant au moins 10 minutes avant qu’inconsciemment ma main se lève pour écrire. Et dans ces moments-là je ne peux plus m’arrêter. Les musiques s’enchainent, les idées s’enchaînent également et mon corps se déchaine. Que voulez-vous, le rythme des musiques m’entraine et je ne peux résister à me mouvoir… 

 

Oui oui mouvoir et non pas danser.

 

A cet instant, j’ai le rythme dans la peau comme une cacahuète dans un cerveau…c’est-à-dire quasiment nul.

 

Je ne sais pas combien de temps à durer la scène mais ce dont je me rappelle c’est mettre retourner d’un coup, surement dans un mouvement des plus glamours et avoir vu deux paires d’yeux brillants me regarder avec insistance.

 

-          Euh…pardon…je…en fait, j’étais en train de…et…je n’arrive pas à formuler une phrase entière. En plus je fais beaucoup de gestes pour camoufler ma honte.

 

Je pense déceler sur elle de l’amusement car elle met un temps à répondre, j’imagine pour éviter de pouffer de rire devant moi :

 

-          J’étais venue voir si vous aviez avancé

-          Ah oui en fait j’étais en train de…je pose mes écouteurs et téléphone sur le bureau.

 

Elle me regarde d’un air de dire j’attends la suite.

 

-          Je travaille mieux en musique, dis-je en baissant un peu la tête, j’espère que ça ne vous dérange pas ?

-          Pas du tout, à chacun sa motivation dirons-nous…je vous laisse finir ce que vous faisiez…

 

Et elle s’en va comme un coup de vent.

 

Ok merci pour la honte on repassera.

 

Allez, je m’y remets.

 

Je pose enfin mes fesses sur ma chaise. Après on me demande pourquoi je ne fais pas de sport. Eh bien je viens de le faire. Je regarde ma montre qui indique 19h00. Il ne doit plus y avoir personne dans le bâtiment. Je n’ai pas vu le temps passer.

 

Le temps dehors ne s’améliore pas, heureusement que ma voiture est légèrement surélevée pour éviter les grosses flaques d’eau. Lucie est rentrée avec Fred donc je n’ai pas de détours à faire.

 

Ma tête est posée en arrière sur la têtière lorsque j’écarquille les yeux brutalement.

 

Mince ! Je l’ai oublié.

 

Elle va m’en vouloir, je sens que je vais me prendre un soufflon demain matin. Mon front vient cogner mon bureau.

 

Aie !

 

Je regarde mon téléphone.

Miss_QUEEN

Je déteste la pluie !!!

 

Madison_WestWorld

Tu as peur pour tes cheveux ? ;)

 

Miss_QUEEN

 

Pas du tout

Mes cheveux sont parfaits comme ils sont

 

Madison_WestWorld

Je n’en doute pas

Ne te plains pas, tu dois être au chaud chez toi

Moi je ne suis pas encore rentrée

 

Miss_QUEEN

Pour une fois que je me plains

 

Madison_WestWorld

C’est vrai !

1 point pour toi alors :)

 

Miss_QUEEN

Et non je ne suis pas encore rentrée

 

Madison_WestWorld

Boulot ?

 

 

Faites qu’elle dise oui…

 

 

Miss_QUEEN

A-t-on avis ?

Tu viens me tenir compagnie ?

 

Madison_WestWorld

Attends j’arrive :)

 

 

Je mets mon téléphone dans la poche et me dirige vers son bureau.

Dans l’embrasure de la porte je toque puis rentre.

 

-          Vous vouliez me voir ? demandais-je en rentrant d’un pas

 

Sa tête change d’expression. Elle passe son regard de son téléphone à moi environ 2 fois puis secoue la tête comme pour enlever une idée de la tête.

 

Comme elle ne répond toujours pas je continue :

 

-          Tout à l’heure vous vouliez me voir…si vous préférez je peux repasser demain…

-          Non, c’est bon, asseyez-vous.

 

Je viens m’asseoir face à elle et commence à parler. Pendant environ 10 minutes nous échangeons sur le projet lorsque les lumières s’éteignirent.

 

Une coupure de courant certainement.

 

-          Ah une coupure de courant, dis-je en m’installant en profondeur dans la chaise

 

Elle ne répond pas. Le silence s’installe durant une minute lorsque j’ose lui demander :

 

-          Ça va ?

 

Toujours pas de réponse.

 

Je sors le téléphone de ma poche et allume la lumière.

 

-          Ils vont bientôt remettre le courant ne vous inquiétez pas…je reste avec vous, dis-je d’une voix douce.

 

Je ne la vois pas trop dans cette pénombre malgré tout j’ai l’impression que ça la rassure que je sois là.

 

Je me retourne précipitamment en entendant un bruit derrière la porte.

 

-          C’était quoi ça ? demande-t-elle avec un air paniqué dans la voix.

-          Je vais aller voir, dis-je en me levant, je reviens

 

Je prends mon téléphone et commence à sortir de la pièce.

 

-          Attendez, je viens avec vous

 

Elle vient se placer derrière moi tandis que j’avance à tâtons, regardant de part et d’autres des couloirs. Je ne vois rien. Ok il fait noir mais ma petite lumière de téléphone m’aide légèrement. Je tends l’oreille.

 

-          Je pense qu’il n’y a rien, dis-je en me retournant.

 

Elle regarde par-dessus mon épaule puis de chaque côté d’elle et se retourne.

 

-          D’accord, retournons au bureau.

 

Elle ne fait pas deux pas, que la porte sur sa droite s’ouvre et quelque chose l’éclair brusquement.

 

Elle laisse sortir un petit cri et je la retrouve se projetant sur moi à reculons manquant de me faire tomber. Mes mains viennent se placer sur ses hanches pour la retenir tandis qu’elle se colle à moi sans hésitation.

 

Fais exprès ou pas j’accepte ce rapprochement même si ce n’est pas dans les meilleures conditions possibles.

 

Dans cette position, j’ai l’odeur de son shampoing dans le nez et mon cœur qui palpitait à cause de l’adrénaline s’emballe un peu plus.

 

La lumière revient dans le bâtiment, le bruit des imprimantes et photocopieuses résonne dans l’étage et en face de nous, un homme avec une lampe frontale sur le front. D’un geste, il l’éteint et nous baragouine :

 

-          J’ai cru que j’étais seul, je vous ai fait peur ? Pas fait exprès…

 

Je le reconnais il s’agit de l’homme de ménage. Il devait vider les poubelles, ça devait certainement être ça le bruit. Comme nous ne répondons pas, il attrape son charriot et continue ses affaires.

 

Elle se décolle de moi, se retourne et me regarde d’un air gêné.

 

Elle est trop mignonne. Ça me fait bizarre de la voir comme ça, si…humaine.

 

-          Ça devait être lui le bruit, dis-je en le montrant d’un signe de tête

-          Certainement

 

Voulant éviter un froid je rajoute :

 

-          Je ne m’inquiétais pas trop

-          Ah bon ? elle me regarde droit dans les yeux pour savoir si je dis réellement vrai

-          Bien sûr, c’est tellement difficile de rentrer dans les locaux que…je hausse des épaules pour finir ma phrase, et puis je sais me défendre…

 

Il y avait un vigile en bas à l’accueil, ainsi que plusieurs portiques de sécurité avant de pouvoir pénétrer dans le bâtiment. L’utilisation d’un badge était nécessaire pour l’ascenseur, les escaliers…enfin… c’est pire que la Banque de France.

 

On commence à marcher vers son bureau.

 

-          Vous lui auriez fait un pas de danse pour vous défendre ? me dit-elle tout en continuant de marcher

 

Je stop net.

 

J’hallucine !!!

 

Elle a de l’humour…oui je savais qu’elle avait de l’humour mais pas Elle, l’autre Elle…vous voyez ce que je veux dire.

 

Elle se retourne avec un sourire rieur.

 

C’est qu’elle se moque de moi en plus…je dois prendre cela comment…

 

-          Allez venez DANVERS, je vous taquine

 

Je la suis feignant un air grognon.

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