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Fictions lesbiennes E.G.O.
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10 janvier 2020

2516 - Chapitre 1

CHAPITRE 1

 

Si on m’avait dit qu’un jour je me retrouverai ici, je ne l’aurai pas cru. Le monde a-t-il changé tant que ça, pour que la violence n’envahisse non plus nos âmes mais nos cœurs ?

 

Je m’appelle Alix et nous sommes en 2516. Mon visage laisse encore apparaitre des traces de souffrance. De petites cicatrices parcourent mon front, mon menton et ma pommette droite et pourtant je suis là, postée devant cette porte, prête à jouer mon destin. J’entends à travers le blindage la foule qui hurle et parmi cette cacophonie, les cris de douleur de ces hommes et de ces femmes, ces autres, qui étaient à ma place peu de temps avant. Puis soudainement, plus un bruit, je n’entends que mon souffle. La chaleur monte en moi, mon cœur s’accélère. Ça y est, nous y sommes, la porte commence à s’élever, je mets mes lunettes, mes mains sont moites. Derrière cette porte, une lumière aveuglante. Je rentre dans l’arène, mon destin est scellé.

 

**********

 

2015, je suis allongée ventre contre sol, que vient-il de se passer ? J’ai reçu un coup en pleine tête. Il est arrivé derrière moi ? Oui ça doit être ça, je ne l’ai pas vu, je ne l’ai pas entendu. Amandine, où est-elle ? J’ai la tête qui tourne, il m’a vraiment sonné. Je me redresse difficilement. Je regarde ma main, pas de sang. Mais où est-elle ? Je regarde tout autour de moi mais j’ai la tête qui tourne. Aie ! Ce coup m’a vraiment étourdi. J’entends des cris, ça vient de derrière la rue. Je pars dans cette direction, ma vue est un peu flou mais j’entends très bien.

 

-          Amandine ! 

 

 Je m’appuie contre un mur pendant un instant pour essayer de reprendre mes esprits. Je secoue la tête en pensant que j’y verrais mieux, quelle idée ! Je me ressaisis. J’écarte bien mes yeux, je prends une grosse respiration et je continue dans la direction des cris. Mais ceux-là s’atténuent, on les étouffe. Je cours le plus vite possible et je la vois au sol, allongée dos contre terre un homme sur elle. Cette situation me stoppe net. Elle se débat farouchement, gesticulant dans tous les sens. L’homme agenouillé par-dessus elle essaye de la contenir, de son bras droit il lui déclenche un coup de poing au visage.

 

Ma tête ne fait qu’un tour, mon sang bouillonne. Je ne pense plus, je ne respire plus, je cours dans leur direction et je saute sur l’homme, le bousculant contre le sol. Amandine est libre, je la vois qui recule pour aller se blottir contre un mur. Ma sœur, que lui a-t-il fait ? Sa chemise est déchirée, sa lèvre coupée saigne et les traces du coup de poing commencent à apparaitre.  Mes muscles se contractent et les larmes aux yeux, je regarde l’agresseur. J’ai envie de le bousculer, de le frapper, de le tuer. Celui-ci fut surpris de ce changement de situation mais n’a pas pour autant l’intention de laisser tomber. Moi non plus, je ne vais pas me laisser faire.

 

-          Sale pute, me dit-il.

 

Il se redresse et se dirige vers moi. Je l’attends de pied ferme. Il va pour me donner un coup de poing, je l’évite de peu et lui envoie un coup de pied dans le ventre le faisant reculer. J’en profite pour lui foncer dessus et lui donne un autre coup de pied au même endroit.

 

-          Salope, je vais te choper, tu vas souffrir

 

Ma respiration est rapide, je suis essoufflée, ça doit être la pression, l’adrénaline. Mon corps est lourd comme tétanisé. Il court vers moi et m’attrape à la gorge

 

-          Tu fais moins la maligne là ? Sale pute !

 

 Je me débats essayant de me dégager de cette main qui me serre de plus en plus fort.

 

-          Tu vas voir avec toi je vais prendre mon temps, chuchote-t-il à mon visage, me léchant l’oreille du bout de sa langue.

 

Je le frappe au visage avec mon poing fermé. Il me lâche et m’en retourne une aussitôt. Intérieurement je bous, je sens ma pommette rougir sous ce coup. Ma sœur est assise recroquevillée par terre, elle ne sera plus jamais comme avant, cet homme ou plutôt ce monstre a bouleversé sa vie pour toujours.

Il vient vers moi pour me saisir, j’esquive son bras, je le frappe au visage de toutes mes forces et je continue à le frapper, encore et encore. Je le saisis par les épaules et lui donne un coup de genou dans le ventre puis un coup dans les jambes. Il tombe au sol, le visage meurtri par les coups. Je suis essoufflée, dressée devant lui je le regarde. Les mains ensanglantées, les traces de son sang, les traces de mon sang, je n’ai aucune pitié pour ce monstre. Il me regarde avec un léger sourire et rigole du peu de souffle qu’il lui reste. Mes sourcils se froncent, comment peut-il réagir comme cela ? Je n’en reviens pas, cela m’énerve d’autant plus. Un autre coup de pied dans la tête et il s’écroule définitivement. Je reste planté devant lui, le regardant allongé et ma sœur qui pleure sur le côté.

 

**********

 

Quelques semaines plus tard…

 

L’alarme d’ouverture des portes retentit. La cage s’ouvre enfin, où devrais-je dire ma cellule. Je n’ai pas mis un pied en dehors qu’une détenue me bouscule et me regarde d’un air sévère.

 

-          Fais gaffe !  me dit-elle de son air supérieur.

 

Elle pense me faire peur avec son attitude et son langage de racaille, mais je ne ressens rien. Quelle me méprise, je m’en fou. Tout ce que j’ai vécu depuis cette nuit m’a changé. Je descends les escaliers et me dirige vers la porte donnant sur la cour. Ah le printemps ! Enfin les beaux jours reviennent. Je ferme les yeux quelques secondes pour profiter de ce peu de réjouissance, laissant la chaleur du soleil caresser ma peau puis je me dirige sur un banc un peu plus loin. Il y a plusieurs bandes ici. Les toxicos qui sont groupés dans un coin, à moitié recourbés sur elles-mêmes, le teint blanchâtre aspirant leur bouffée de nicotine en tremblant. Les voleuses qui se faufilent un peu partout dans la cour, ne restant jamais très longtemps à la même place et puis les agressives, celles qui se sont faites coffrés pour agression, tentative de meurtre, maltraitance. Elles occupent le milieu de la cour, elles font de grands gestes, parlent fort, se sentent supérieures, puissantes. C’est sûr ! En bande, nous sommes tous forts mais individuellement c’est différent !

 

Dans quelle catégorie je me trouve ? Je devrais être avec elle, les agressive. Eh oui, enfermée pendant 12 mois pour agression. Ironie du sort. A les entendre, j’aurais dû le laisser la violer.

Alors je purge ma peine, dans mon coin, m’occupant de mes affaires, enfin pour le moment…

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