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Fictions lesbiennes E.G.O.
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10 janvier 2020

2516 - Chapitre 2

CHAPITRE 2

 

Chaque nuit c’est la même chose, des cris, des sanglots, des rires puis au bout d’un certain temps le silence. Ah le silence ! Quand je me retrouve enfin avec moi-même, je peux fermer les yeux et m’évader de cette cellule, me projeter dans mes souvenirs et retrouver le sourire quelques secondes. Soudain de bruyants hurlements retentissent. Sortie précipitamment de ma relaxation, mes yeux s’ouvrent à grandes allures et ma respiration se coupe.

J’essaye d’écouter ce qui se passe. Les gardiennes se hâtent dans tous les sens essayant de savoir d’où proviennent ces cris.

 

-          Là ! En haut à droite, montre l’une d’elles du doigt, cellule 35, ajoute-t-elle.

 

Il s’agissait de la gardienne en chef. Blonde, coiffée en chignon, une frange lui recouvre le front le tout avec une silhouette assez bedonnante. Sa tenue de gardienne de prison lui serrait le corps, c’était à croire qu’elle aimait ça malgré ses 50 ans. Quand je la regardais, j’avais l’impression d’être étriqué, comme si moi-même je portais son costume.

 

Et toutes ces détenues qui en profitent pour crier de plus belle. Je me lève et viens m’appuyer contre les barreaux pour essayer d’entrapercevoir quelque chose. J’entends la clé s’insérer dans la serrure et la porte grincer lorsqu’elle s’ouvre.

 

-          Oh mon dieu, dit l’une d’elle.

 

La gardienne en chef pousse légèrement sa collègue pour apercevoir la scène. Une mare de sang. Une prisonnière venait de s’ouvrir les veines. Assise contre le lit du bas, les bras de chaque côté du corps, les poignets lacérés, le sang s’était écoulé de tout son long. Au coin de la cellule, sa collègue de chambré, épouvantée par cette situation, le côté droit de son corps plein de sang, était recroquevillée sur elle-même.

 

En descendant du lit, elle avait dû glisser sur cette mare et prit de panique elle hurla. Des traces de glissade se voyaient sur le sol. La gardienne en chef se tourne vers la plus jeune de ses suppléantes.

 

-           Va chercher des serviettes, je ne veux pas qu’on la voie comme ça.

 

Pendant ce temps, elle se dirige vers la suicidaire en évitant de marcher dans le sang. Elle pose deux doigts contre la carotide, pas de pouls. D’un signe de tête, elle fait signe qu’elle est morte puis se dirige vers la détenue postée dans le coin.

 

-           Marion ? Marion ? Regarde-moi, celle-ci ne répond pas, ne bouge pas.

 

La gardienne revient avec des serviettes blanches et les tend à la chef.

 

-           Marion, vient avec moi on va t’emmener te laver.

 

Elle la saisit par le bras et la force à se lever. Une fois debout, elle lui met les serviettes sur le dos et l’emmène vers une autre matonne.

 

-          Amène là à la douche ! demande la gardienne en chef qui resta dans la cellule interloquée par cette situation.

 

De ma cellule, je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais lorsque je vois Marion passer devant moi pleine de sang et choquée, j’imagine le pire. Les autres détenus cris « putain mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? » « Merde, mais où est Laticha ? » « Oh vous allez répondre ? » « Putain ! C’est quoi ce bordel ? »…

 

La gardienne en chef sort enfin de la cellule et annonce :

 

-          Laticha est décédée…Suicide !

 

A ces mots, le bruit s’estompe pour laisser place au silence. Plus que jamais la noirceur de la prison fait enfin son apparition.

 

**********

 

La porte de ma cellule s’ouvre, la matonne fait avancer Marion doucement à l’intérieur.

 

-          Elle va rester avec toi ici un moment, on lui donnera ses affaires demain, pour l’instant dormez. 

 

Elle referme derrière elle sans lancer un dernier regard vers la jeune fille. Elles étaient certainement habituées à ce genre de situation, peut-être que cela ne les choquait même plus ou alors elles ne le montraient pas. Peu importe, Marion elle, ne devait pas le ressentir comme ça. Elle est plantée dans la cellule sans bouger, certainement encore sous le choc. Elle n’est pas bien veille. Une vingtaine d’années je dirais, je ne sais pas pourquoi elle est là et ce n’est pas le moment de lui demander. Des gouttes d’eau s’écoulent du bout de ses cheveux roux ondulés. Vêtu d’un pantalon en coton blanc et d’une tunique bleue, le regard vide, elle gratte son pouce gauche rapidement avec son index. Un tic certainement ou un effet secondaire du traumatisme qu’elle vient de subir.

 

-          Tu peux prendre la couchette du haut, lui dis-je en me rallongeant sur la mienne.  t

 

Celle-ci lève la tête doucement pour regarder le lit, puis monte à l’échelle et s’allonge.

 

L’heure des souvenirs n’est plus là, cette mésaventure m’a enlevé toute envie de retrouver le sourire. Je me tourne sur le côté et regarde le mur. Marion sanglote au-dessus de moi, je lève les yeux un instant, fait mine d’être triste pour elle puis je clos mes paupières.

 

**********

 

Encore une belle journée de printemps. Assise sur le banc, la tête légèrement en arrière, les yeux fermés, je respire à grand air quand une gardienne s’approche de moi.

 

-          Comment ça va aujourd’hui ?  me demande-t-elle

-          Tranquille, dis-je sans ouvrir les yeux.

 

Une dernière respiration et je me redresse. C’est Maeva, l’une des gardiennes les plus gentilles de la troupe. 15 ans de carrière derrière elle et elle arrive toujours à garder cette gentillesse. Elle a réussi à marquer son respect envers toutes celles qui ont été et qui sont présentes dans cette prison. Comme quoi, la sévérité ne sert à rien parfois, il faut simplement être juste et ça elle le faisait très bien. En plus de cela, elle aidait beaucoup dans la réinsertion des femmes dans la vie active. Elle pensait qu’une erreur pouvait arriver et que l’on avait tous droit à une seconde chance pour montrer nos valeurs et ce dont on était capable.

 

-          Où est ta nouvelle colocataire ?

 

Je souris et réponds :

 

-          Certainement encore dans la cellule. Ce matin elle ne s’est pas levée, elle n’a pas mangé. C’est triste ce qui est arrivé ! 

 

-          Oui Laticha était trop fragile mentalement, elle n’a pas supporté que ces enfants soient mis à la DASS. Avec son passé de toxico, elle ne les aurait jamais récupérés de toute façon.

 

Elle s’est donc suicidée pour ça, c’est quand même malheureux d’agir comme cela. Elle aurait pu essayer de s’en sortir, même si elle ne récupérait pas ses enfants, elles auraient pu les voir avec la présence d’une assistante. Avec ce geste, elle prive ses enfants d’une mère. Je n’aime pas l’idée d’abandonner, de renoncer à quelque chose quand je sais qu’il y a toujours un espoir. Il y a ce dicton qui dit « quand on veut on peut » et bien c’est vrai, il suffit simplement de le vouloir et de tout faire pour y arriver.

 

-          Tient ! La voilà, me dit Maeva

 

Je regarde en direction de la porte d’entrée et vois Marion s’avancer doucement dans la cour. Maeva part dans sa direction, s’approche d’elle et lui parle. Je vois Marion qui fait signe de la tête comme pour dire oui, puis la gardienne s’en va. Elle a l’air perdu, elle avance doucement vers un banc posé contre le grillage et s’y assied. Quelques filles se dirigent vers elle. L’une d’elles se pose à proximité d’elle. Je les vois parler puis celle à ses côtés lui met son bras autour des épaules comme pour la réconforter lorsque fait irruption Rebecca. Elle retire son bras de Marion rapidement puis se décale à l’extrémité du banc.

 

-          Alors qu’est-ce qui s’est passé ?  Demande Rebecca agressivement à la jeune fille.

 

Celle-ci toujours choqué balbutie doucement :

 

-          Je ne sais pas, je…je suis descendue pour poser mon livre, j’ai glissé et il y avait du sang de partout.

-          De quoi tu ne sais pas ? Tu étais dans la même cellule qu’elle non ? 

-          Oui mais… 

-          Mais quoi putain, t’a rien entendu, tu l’as pas vu faire ? 

-          Non…je… Marion joint les mains entre ses jambes, bouge le haut de son corps comme un balancier d’avant en arrière légèrement. Elle se sent essoufflée, prit de panique.

 

Rebecca s’approche de Marion, l’a saisi par le bras et la lève du banc avec agressivité

 

-          Putain je suis sûre que tu mens

-          Non …non…non je ne mens pas

-          Tu étais à côté, et tu veux me faire croire que tu n’as rien entendu, tu l’as laissé mourir, lui dit-elle proche de son visage

 

De loin, je regarde la scène et quand Rebecca saisi Marion par le bras je décide d’intervenir. Je ne peux pas rester sans rien faire. Elle va s’en prendre à elle alors qu’elle n’y est pour rien.

Rebecca repousse violemment Marion sur le banc.

 

-          Y’a un problème ? demandais-je en allant me poser devant elle.

-          Mêles-toi de ce qui te regarde blanche neige.

 

Je ne réponds pas, elle n’attend que ça et je vois bien que le fait de rester là sans rien dire l’agace au plus haut point.

 

-          C’est une histoire entre elle et moi, alors dégage

-          Entre elle et toi ? répète-je

 

Des copines de Rebecca lui demandent de laisser tomber, que ça ne sert à rien.

Elle fait mine de partir puis me lance son bras comme pour me frapper. Je l’attrape et lui fait une clé derrière le dos.

 

-          Du calme…tout ça, c’est à cause de Laticha, tu devrais aller te renseigner plutôt que de t’en prendre à d’autres.

 

De loin, j’aperçois Maeva et la gardienne en chef qui se dirigent vers nous. Je relâche Rebecca et le groupe s’écarte. Cette dernière me regarde d’un air noir, elle n’attend qu’une chose, m’attraper dans un coin et me frapper. Généralement personne ne lui répond, personne ne se met en travers de sa route. Elle est un peu la chef de bande, celle qui gouverne dans la cour. J’ai pris le risque de m’interposer, il me faudra faire attention dorénavant.

 

-          Alix, Marion, suivez-moi ! demande la gardienne en chef.

 

Je me dirige vers elle et Rebecca me lance :

 

-          Ce n’est pas terminé.

 

Je continue mon chemin suivi de près par Marion toujours tremblotante.

 

Après avoir passé le pas de la porte de la cour, la gardienne nous arrête et nous dit :

 

-          Vous serez de corvée de lessive pendant 2 semaines, elle voit à ma tête que cela ne me réjouit guère mais pas le choix. Je me doute qu’elle nous écartait de cette furieuse pour éviter que les choses ne s’enveniment. Mais cela n’allait pas durer, Rebecca était une rancunière et la traiter de cette façon-là devant une majorité des filles n’arrangeait rien.

 

**********

 

 

Encore une de remplie. Je claque la porte, appuie sur le bouton marche et j’entends le tambour se remplir d’eau. Quatrième jour à faire cela, des machines, des machines et encore des machines. Et cette odeur de lessive qui m’emplit les narines.

 

-          T’en as fait combien depuis ce matin ? 

-          Je dois en être à 6 environ, réponds Marion.

 

Entourés de 7 machines à laver et de 4 sèche-linge, les tambours tournent dans tous les sens. C’est devenu une routine, remplir une machine la faire tourner, attendre qu’elle se finisse puis la mettre dans le sèche-linge. Pendant ce temps, en remplir une autre. Une fois le cycle terminé, plier les draps ou les vêtements, les ranger dans les compartiments appropriés et à nouveau faire une machine…ainsi de suite, un vrai travail d’usine.

 

Malgré cela, ces 4 jours en compagnie de Marion, m’a permis de la connaitre davantage. Une vraie pro en informatique, elle s’était fait choper pour arnaque. Au début, elle arrivait à prélever de petits montants chez des particuliers puis l’envie grandissante et le pouvoir de l’argent la gagnant, elle avait commencé à voir plus gros. Malheureusement pour elle, la soif de l’argent lui avait fait perdre le sens des réalités et surtout de faire attention à ne pas se faire prendre. Elle n’avait pas de famille, abandonnée à la naissance, elle avait été à la DASS et avait fait plusieurs familles d’accueil avant de se débrouiller seule à partir de l’âge de 16 ans. Elle ne regrettait pas son passé. Elle n’avait pas été mal traité, elle n’avait manqué de rien mais c’était une solitaire. De tempérament calme, elle avait fait son bout de chemin dans la société d’aujourd’hui. Son goût de l’informatique, elle l’avait eu de sa seconde famille d’accueil. « Très gentille » dit-elle à leur sujet. Le père lui avait offert son premier ordinateur portable. Pour elle, c’était le Graal, elle n’avait jamais rien eu à elle et pour cela elle lui en sera toujours reconnaissante. Malheureusement, les parents eurent un accident de voiture qui leur couta la vie, elle fût donc obligée de retourner à l’orphelinat.

 

**********

 

Je viens de passer une très mauvaise nuit. La tempête fait rage et le bruit du tonnerre m’empêche de faire une nuit complète. Je n’ose imaginer l’extérieur tant le bruit est épouvantable. Beaucoup de vent, certains arbres doivent être déracinés. Les poubelles certainement renversées et étalées le long des routes. De toute façon, je n’ai plus à me préoccuper de tout cela, je suis en prison. La cloche retentit, l’heure du déjeuner a sonné.

 

-          Allez mesdames, en silence s’il vous plait, demande l’une des gardiennes.

 

Du silence pensais-je. Le bruit extérieur est tellement bruyant que l’on ne s’entend même pas penser.

Nous faisons la queue à la cantine. Certaine des filles ont du mal à faire leur choix pourtant la proposition de plats était très limitée. Purée-pâtes, pâtes-purée…difficile de choisir !

 

-          C’est la fin du monde dehors ? demande l’une des prisonnières.

-          C’est ça ! La fin du monde…si seulement ça pouvait casser les murs de cet enfer, rétorque une autre prisonnière.

-          Allez mesdames, avancer !

 

Soudain, la foudre tombe sur la prison. L’ensemble des lumières éclatent laissant transparaitre de léger crépitement. J’ai l’impression que de toutes petites lucioles nous tombent dessus. Beaucoup se mettent à crier, surprises par le bruit que cela a provoqué. Les gardiennes se regroupent dans un coin afin de s’organiser.

 

De loin, je vois la gardienne en chef faire de grands signes, pointant du doigt chacune de ses suppléantes pour leur désigner leurs fonctions. Les prisonnières commencent à s’agiter davantage. Certaines d’entre elles souhaitent aller voir à l’extérieur ce qui se passe. Le temps passe et les matrones ne bougent guère. Nous sommes encore toutes dans cette cantine à attendre que la lumière revienne ou qu’elles nous laissent retourner à nos cellules.

 

-          Ça va durer longtemps encore ?  demandais-je à haute voix en me retournant vers Marion.

 

Elle n’est plus à côté de moi. Mes yeux scrutent l’ensemble de la foule, en vain. Elle n’a pas fait la bêtise de s’éclipser pour aller dans la cour, surtout par un temps pareil. Je la connais peu mais sa jeunesse la rend très certainement insouciante. « Ces jeunes » pensais-je. Je ne sais pas trop quoi faire. M’éclipser à mon tour. Et si l’on se faisait prendre ? Une semaine de plus de lessive, non merci !

 

A côté de moi, j’entends deux filles papoter.

 

-          Elles se sont faufilées dehors.

-          Qui ? 

-          Rebecca et les filles

-          Elles sont folles, ça craint à l’extérieur.

 

L’autre prisonnière hausse des épaules. Rebecca dehors et Marion aussi. Peut-être que je me trompe, mais elles vont lui tomber dessus.

 

Discrètement, je me faufile hors de la cantine.

 

Au fur et à mesure que je me rapproche de la cour, de légers gloussements se font entendre.  Mes pas se dirigent dans cette direction. Les murs autour de moi tremblent, j’ai l’impression qu’ils oscillent face à cette force de la nature. Soudain, un gros courant d’air. Cela me donne l’effet d’une grande claque froide en pleine figure. La température a sacrément baissé. A chacune de mes avancées, je dois lutter contre ce petit vent. Impressionnant, je ne me trouve que dans le couloir et n’ai pas encore franchi l’intersection menant à la cour. Les gloussements se rapprochent, quand devant moi, surgissent les filles qui ne s’attendaient pas à me voir. Leurs rires s’effacent et l’étonnement se lit sur leur visage. Elles passent à côté de moi sans rien dire, chacune regardant le sol comme si elles avaient quelque chose à dissimuler.

Rebecca n’est pas avec elles, étonnant connaissant sa réputation. Elle qui aime avoir sa cour autour d’elle et se faire valoir par rapport aux gens qui l’accompagnent. Si elle est restée en retrait ça doit être pour une bonne raison.

 

J’avance de plus belle et je vois Rebecca, le nez contre la vitre. Elle ne m’entend pas m’approcher, le bruit du vent camouflant mon avancée.

 

-          Tu as vu Marion ? 

 

Elle sursaute et se retourne brusquement. Son regard change brutalement passant de la satisfaction à la méprise.

 

-          Qui ? 

-          Marion ? 

 

Elle me regarde longuement et je vois comme une légère jouissance se dessiner sur son visage.

 

-           Non.

 

Elle regarde une dernière fois par la vitre puis s’en va, me passant devant avec son air vainqueur. Interrogative, je m’approche pour regarder l’extérieur.

 

D’énormes rafales de vent dévastent la cour, deux bancs sont renversés, des détritus parcourent la zone de long en large. Un bruit épouvantable se dégagea de cette catastrophe naturelle. Je m’approche doucement de la porte et je l’ouvre au maximum. Mes cheveux s’éparpillent dans tous les sens, se mettant contre mon visage. Je les dégage à l’aide de mes mains et fronce les yeux pour éviter que le vent et les saletés ne viennent me gêner. Je scrute coin par coin l’ensemble de la cour essayant d’apercevoir Marion. Au fond de moi-même, j’espère qu’elle ne soit pas là, qu’elle se soit plutôt rendue dans la cellule afin de se blottir au fond du lit. Malheureusement pour moi, j’aperçois sur la gauche un petit haut rose, recroquevillé sur elle-même, réfugié dans un coin de la cour entre deux murs.

 

-          Marion ? Marion ?  Criais-je de toutes mes forces.

 

Elle ne m’entend pas. Le vacarme ne laisse pas transpercer mon appel. Il me faut me résoudre à aller la chercher. Le vent est de plus en plus violent, le tonnerre se met à rugir et une forte lumière bleue fait son apparition quelques secondes. Je regarde Marion dans le coin puis cette tempête. Je ne peux pas la laisser là, toute seule. Un regard derrière moi, personne, je suis seule face à cela. Mais quelle idée a-t-elle eu de faire ça ?

 

D’un pas décidé, je me jette dans la fosse aux lions, le vent me bouscule à droite et à gauche. J’évite de justesse une poubelle qui est projetée dans ma direction, je crie de plus belle le nom de Marion mais toujours aucune réponse. Je lutte, avançant tout doucement dans sa direction. Je n’ai jamais vécu un tel cataclysme. J’ai froid, le vent m’empêche de respirer correctement, mes yeux pleurent, je ne souhaite qu’une chose, arriver près d’elle pour me coller contre le mur. Encore quelques pas et j’y suis presque.

 

J’arrive enfin à ses côtés et pose ma main contre son épaule. Celle-ci se retourne de stupeur.

 

-          Suis-moi, lui dis-je en criant.

 

Je la tiens par la main et la tire derrière moi. Légèrement penchées en avant, nous avançons doucement vers la porte en affrontant les bourrasques de vent qui deviennent de plus en plus violentes. Marion est toujours derrière moi, je sens sa main me serrer fortement. Elle a son bras devant sa tête pour se protéger des débris qui vacillent autour de nous.

 

-          Encore quelques pas et nous serons à l’abri, dis-je. Allez ! On y est presque, Marion hoche la tête pour acquiescer. Accroches-toi bien, ne me lâche pas.

 

Et à nouveau cette lumière bleue. Je lève la tête et la regarde. Ce n’est pas un hélicoptère, vu ce temps, il se serait déjà crashé. Le vent souffle de plus en plus fort et cette lumière toujours présente nous illumine tellement que l’on n’y voit rien. Tout tourne autour de nous. Nous sommes prisonnières d’un tourbillon reluisant, quand soudain je me sens soulevée dans les airs puis plus rien, le silence, je m’effondre.

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