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Fictions lesbiennes E.G.O.
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10 janvier 2020

2516 - Chapitre 7

CHAPITRE 7

 

Je peux apercevoir au loin, une masse de personnes habillées de couleur sombre. A leurs côtés, Evan et André. Evan parle avec un garde, reconnaissable à son arme tandis qu’André me regarde arriver. Je ne lui adresse pas la parole. Je ne suis pas en colère contre lui mais simplement déçue. Les quelques minutes que j’avais passées seule dans cette salle m’avaient fait réfléchir. André aurait dû m’en parler et le fait qu’il se taise me décevait. J’aurai compris qu’il ne pouvait pas faire cela par rapport à son âge, mais me le cacher et trouver des excuses pour m’exercer à faire ce que je devais faire, était tout simplement honteux. Evan s’écarte du garde quand il me vit et vient vers moi.

 

-          Allez avec eux !

 

Je me dirige donc parmi cette foule de jeunes gens qui me regardent sans rien dire. Evan prend la parole :

 

-          Nous vous avons choisi pour mener cette expédition car vous êtes les meilleurs dans votre domaine. Pour la plupart, vous êtes déjà allés en dehors de l’Olympe, pour d’autres c’est la première fois. C’est Éric qui mènera cette troupe en dehors de ces murs.

 

Éric vient se mettre à côté d’Evan. C’est un homme d’une trentaine d’années, très athlétique, pas très pale mais des yeux orangés magnifiques. Ces cheveux châtains sont courts et il n’a pas l’air très souriant ni aimable.

 

-          Pour les novices, suivez bien les consignes, ne faites rien sans demander. Vous ne savez pas à quoi vous avez à faire dehors. Une seule erreur et vous êtes mort.

 

 Evan regarde Éric et lui laisse la parole.

 

-           Nous marcherons en file de deux, le sac toujours sur le dos, vos lunettes toujours autour du cou. 

 

Il nous regarde.

 

-          Sortez-les de vos sacs et mettez-les autour du cou. Il vous faudra être réactif à chacun de mes mots. Dehors, on n’a pas le temps d’attendre, la moindre erreur nous est fatale. Il attrape son sac à dos. Vos sacs ont été conçu pour vous protéger à toute éventualité. Mettez-les. Tout le monde s’exécuta. Maintenant, reliez les deux éléments du haut autour de votre cou et les deux éléments du bas aux deux extrémités supérieures. Un mécanisme se met en place et fait nous ne sentons plus ces éléments, ils se sont comme fondu en une seconde peau. Le sac à dos fait à présent parti de nous.  Pour annuler le mécanisme, en bas du sac à dos de chaque côté, vous trouverez une petite boule. Appuyez dessus et vous serez dégagé.  Il parle quelques instants avec Evan puis ajoute : En colonne de deux, les novices au milieu.

 

Je me dirige au milieu de la colonne de gauche et me retrouve en face d’une autre novice qui me faisait penser à Marion par son physique. Marion, qu’allait-elle penser si elle ne me voyait plus ? Je ne l’avais pas prévenu de mon départ, tout s’était fait si vite et qu’allait-il lui dire si elle posait la question ? J’espérai simplement qu’elle ne pose pas trop de questions pour ne pas se faire arrêter par la milice de l’Olympe.

 

Éric regarde sa montre et appuie sur un bouton qui mit en route un chronomètre puis se place en amont des deux colonnes. Il regarde devant lui et la porte s’ouvre. La lumière extérieure vient éclairer la pièce, une lumière étincelante. Je commence à ressentir le vent sur mon visage. Cela me faisait tellement de bien. Il y a si longtemps que je n’ai pas senti cette douceur me caresser la peau. J’ai l’impression de respirer à nouveau. La troupe se met en marche et les uns après les autres nous mettons les pieds dehors. Les portes se referment derrière nous.

 

**********

 

La température est celle d’un mois d’avril, le printemps, j’aime cette période. Le soleil brille, le vent est doux et la végétation abondante. Sur la route, nous n’avons croisé ni vieux véhicules, ni bâtiments. Nous ne sommes entourés que d’arbres, de plantes, de terre. Je ne m’attendais pas à ça, j’aurais voulu voir ce qu’était devenue une ville. Cela fait maintenant trois heures que nous marchons. Mes jambes commencent à être lourdes. Je n’ai pas fait de sport depuis un moment et cela s’en ressent. Je n’ai qu’une hâte, faire une pause et m’asseoir. Éric fait signe de la main de stopper. Il regarde sa montre.

-          Pause de dix minutes.

 

Super pensais-je, il a peut-être lu dans mes pensées.

 

Je regarde autour de moi pour essayer de trouver un endroit ou me poser. Je m’assois à même le sol en désamorçant mon sac à dos. J’attrape ma gourde et bois quelques gorgées. En la remettant dans le sac, j’aperçois des bâtonnets souples. Je les scrute attentivement me demandant ce que c’est.

 

-          De la nourriture, dit la novice qui était dans la colonne de droite, pas aussi bonne qu’à l’Olympe parce qu’elle est déshydratée. Elle s’assied à côté de moi, mais bien nourrissante. Tu devrais attendre encore un peu avant de l’ouvrir, on vient à peine de partir

-          Je ne faisais que regarder, lui dis-je en le remettant dans mon sac.

-          Je suis Romane

-          Alix 

-          Moi c’est plus maths, statistiques, physique et toi ? 

-          Moi, je bricole…un peu tout

-          Cool

 

Cette jeune fille est plus enjouée que l’ensemble des personnes que je voyais à l’Olympe. Elle semble naturelle, joviale. De son 1m60, cette petite blonde semble plaisante. Elle donne un peu d’espoir. Il faut dire qu’à l’Olympe tout le monde se ressemblait, formaté à une image et un comportement. Ca rendait les choses tristes et monotones.

 

-          Quand es-tu arrivée ?  me demande Romane en grattant la terre avec un bâton.

-          Ça fait 2 mois et toi ? 

-          Moi je suis née ici et elle me sourit, et c’était comment d’où tu viens ?  Elle me regarde avec de grands yeux

-          C’était différent

-          On m’a tellement raconté de choses sur différentes époques. Et puis c’est la première fois que je rencontre une SEPA de près. Faut dire qu’ou je suis je n’ai pas trop l’habitude d’avoir de la visite. On est plus travail, travail, travail… mais là j’ai de la chance. Je ne savais pas qu’ils mettaient des SEPA dans une expédition.

-          Une SEPA ? 

-          Hein ?  Romane était dans ses pensées.

-          SEPA ? 

-          Oui c’est le nom donné aux nouveaux. Enfin bon, d’où tu viens ? Était-ce si horrible que ça parce qu’on m’a raconté des choses et…  Je lui coupe la parole parce qu’elle parle trop. Non ce n’était pas horrible, c’était juste différent d’ici, c’était chez moi. Elle me regarde pour écouter la suite comme une petite qui attend la fin de son histoire.

-          Tu es différente des autres, lui dis-je.

-          Oui c’est normal, mes connaissances sont importantes, ils ne peuvent pas les compromettre.

-          Les compromettre ? Comment ça ?  Interloqué par ce que je venais d’entendre. Romane vient de se rendre compte qu’elle venait de trop parler.

-          En route, cria Éric

 

Heureusement pour elle c’était une porte de sortie.

 

-          Dépêche-toi, me dit-elle en remettant son sac à dos et en se plaçant dans sa file. Les dix minutes viennent de s’écouler et la marche reprit.

 

Éric regarde sa montre régulièrement. Il scrute souvent le ciel à la recherche de quelque chose. La marche stoppe, il appelle quelqu’un à ses côtés et, ensemble, regarde une sorte de carte. Il pointe du doigt un endroit précis et regarde de nouveau sa montre.

 

-          Mettez tous vos lunettes et suivez-moi au pas de course.

 

J’enfile donc mes lunettes et regarde Romane à ma droite. Son sourire disparu. Elle doit savoir ce qui se passe. Moi par contre rien, je suis dans l’ignorance. On se met à trottiner, j’ai de plus en plus chaud, mes lunettes s’assombrissent, le soleil devient très puissant. J’ai vraiment très chaud. Nous accélérons la course. L’adrénaline nous fait tenir le coup car personne ne s’arrête. Les plus rapides ont pris de l’avance sur nous en partant en tête. On entend le bruit d’une explosion tout en accélérant nos pas. Mon cœur bat davantage sous le feu des détonations.

 

-          Allez dedans, on se dépêche, crie Éric en faisant des gestes avec ces bras pour nous montrer le chemin d’une grotte au loin.

 

Le soleil brille tellement que des boules de feu tombent du ciel et viennent atterrir non loin de nous. Je ne regarde pas trop autour de moi pour ne pas tomber et essaye de suivre la cadence. Chacun se faufile dans la grotte un à un. Le feu jaillit de plus belle. Romane passe puis c’est mon tour. Nous sommes les dernières. Éric est derrière moi quand une boule nous tombe dessus. Par chance, je me suis jetée dans la grotte mais lui…

 

Le sac à dos l’a recouvert d’une couverture de survie ne laissant pas le feu le bruler. Impressionnant cette nouvelle technologie. Je le regarde rentrer dans la grotte, son sac à dos reprenant sa forme originelle comme si de rien n’était. Il avance vers moi, me tend la main pour me relever.

 

-          Nous restons ici deux heures, ensuite nous reprendrons notre marche. Profitez-en pour vous reposer et manger.  Puis, il va s’installer plus loin dans la grotte.

 

Je n’ai jamais vu ça, des boules de feu qui tombent du ciel. Comment cela est-il possible ? J’aperçois Romane dans la pénombre de cette grotte et viens m’asseoir vers elle.

 

-          C’était quoi dehors, lui demandais-je

-          Les boules de feu ? C’est vrai que c’est plus impressionnant lorsque l’on est dehors, elle ouvre un bâtonnet de nourriture, mais le spectacle est beaucoup plus beau de l’Olympe. Habituellement, j’adore regarder ça, elle met de la poudre du bâtonnet dans sa bouche, hum…maïs et tomate, elle me tend le paquet et je lui fais un signe négatif de la tête.

 

Elle hausse les épaules et continue d’avaler sa poudre. Je pose mon dos contre la paroi de la grotte et regarde les gens autour de moi. Tous sont silencieux, chacun mange ou boit. Très peu parlent, certains dorment. Éric examine toujours la carte et jette rapidement un œil de mon côté. Romane s’allonge doucement à côté de moi.

 

-          Tu n’avais jamais vu ça ? 

-          Non, répondis-je, c’est la première fois.

-          Tu n’avais pas ça à ton époque ?

-          Non.

-          Toutes ces catastrophes naturelles sont arrivées après ton époque alors. Tu devrais te reposer. Romane ferme les yeux. Je reste à nouveau seule avec moi-même et mes pensées.

 

**********

 

Suprême rentre dans la salle de contrôle. Evan assis devant un ordinateur ne l’entend pas s’approcher de lui.

 

-          Qu’en est-il de la situation ? 

-          Suprême !  et il se retourne surpris. Cela fait maintenant 5 heures qu’ils sont partis. Nous n’avons toujours pas de nouvelles.

-          Le changement climatique était-il sur leur trajectoire ? 

 

Evan allume son écran de contrôle et consulte la carte géographique. Il fait un calcul pour afficher leur trajectoire.

 

-          Oui c’était dans leur zone. Il agrandit l’image.  Ils sont proches des montagnes, je pense qu’ils ont dû trouver un abri ou se protéger.

-          Je l’espère, dit doucement Suprême.

-          Éric c’est ce qu’il fait, croyez-moi.

-          J’ai confiance en votre frère, vous le savez, c’est le meilleur de nos hommes, mais ces différences climatiques mais en péril la mission à chaque moment. Notre destin est entre leurs mains.

-          Il a l’habitude de l’extérieur, il est rapide et réactif. Il réussira.

 

Suprême le regarde avec un air d’affirmation à tout cela. Mais Evan savait très bien que son frère n’avait jamais mené une expédition aussi longue, personne n’avait jamais fait cela auparavant. Personne ne s’était jamais aventuré si loin du dôme. Il espérait qu’ils aient survécu à cette fournaise. Seul Éric pouvait les guider comme il le fallait. Depuis tout petit, il se démarquait des autres. Il avait déjà ces intuitions, son engouement et ce courage mais par-dessus tout, il n’avait pas peur. Il osait s’aventurer dans ce monde qui se détruisait jour après jour, pour nous sauver nous, les quelques restants de l’humanité.

 

-          Je vous tiens au courant dès que nous avons un message de leur part. Normalement au petit matin, ils auront passé les montagnes. A ce moment-là, il est prévu qu’il nous contact.

-          Entendu. Suprême se dirige vers la sortie, si entre-temps il se passe quoi que ce soit, venez me chercher.

 

Evan fait un signe de tête et se replace devant son ordinateur. Dans ses pensées, il souhaite vivement que son frère le contact.

 

Deux heures venaient de s’écouler et chacun d’entre nous remettait ses affaires en ordre avant de reprendre le départ. Éric en premier passe sa tête à travers de l’entrée pour voir ce qu’il en est puis s’extirpe dehors. Les autres hommes le suivirent un à un.

 

-          Allez viens, me dit Romane.

 

Un homme nous aide à nous sortir de là en nous soulevant de son seul bras droit. Il est grand et fort, bien bâti, les cheveux très courts comme les militaires.

 

-          Merci, lui dis-je en sortant.

 

Il me regarde et continue de sortir les autres personnes.

 

Tout autour de nous avait brulé, du charbon de bois recouvrait les pierres. Je passe mon doigt sur la roche et de la sui se dépose sur ma main. La végétation qui à la base nous entourait a disparu. Un tas de cendre s’ouvrait devant nous.

 

-          Tous en colonne de deux, annonce Éric.

 

Chacun d’entre nous s’exécuta et la marche reprit. Je ne sais pas quelle heure il est mais le ciel s’assombrit de minutes en minutes. Des petites brindilles de bois craquent sous mes pieds. Elles résonnent dans ce vide qui nous entoure. Plongés dans la nuit, nous avançons, pas à pas à la lueur de nos lumières thoraciques. De petites lumières, posées sur nos torses dégageaient un éclairage suffisant nous permettant de continuer. Cela devait faire à nouveau deux heures que nous marchions, j’avais du mal à mettre un pied devant l’autre. Mes bottes trainaient au sol manquant de tomber lorsque je rencontrais un petit caillou. La marche stoppa devant une montagne.

Je lève la tête pour essayer d’apercevoir la hauteur de cette montagne mais le temps est si sombre que je ne vois pas plus qu’à dix mètres.

 

-          Nous sommes ici, Éric pointe du doigt un endroit sur la carte.

-          Va me chercher les grimpeurs, on va escalader, dit-il en regardant la masse de montagne derrière lui.

 

Il replie la carte qu’il glisse dans sa poche intérieure. Je vois quatre hommes courir vers Éric. Celui-ci fait quelques gestes discrets.

 

-          Nous allons escalader cette montagne. Nous n’avons pas le temps de la contourner donc préparer la paroi. C’est sans vous rappeler qu’il vous faut faire au plus vite.

 

Les hommes se regardent puis se dirigent face à la paroi. Ils enlèvent leur sac à dos et commencent à se préparer pour escalader. Ils ont des cordes, des sortes de mousquetons, des bandoulières, tout le matériel nécessaire pour escalader.

 

-          Regroupez-vous, cri Éric, nous allons devoir escalader cette montagne. Les hommes se préparent à ouvrir la voie. Vous passerez par deux sur chaque corde.

-          Il n’y a pas un moyen de la contourner ?  Demandais-je.

 

Il fut surpris de ma question. Il ne s’attendait pas à ce dont je parle. C’est vrai, comme d’habitude personne ne parlait pour poser une question ou autre chose.

 

-          Nous ne pouvons pas contourner, cela prendrait trop de temps, me répond-il sèchement.  Il est sans vous rappeler que nous sommes ici pour une mission des plus périlleuses, pour la survie de notre espèce, et il me regarde fixement dans les yeux.

 

Les grimpeurs viennent de finir de s’équiper et deux d’entre eux commencent à escalader. Ils font cela avec beaucoup d’agilité. Je ne suis pas fan de cette pratique. J’ai le vertige et cela me donne mal au cœur. Je vérifie que mon sac à dos est bien fermé et serré. Je les regarde grimper encore et encore jusqu’au moment où nous ne pouvons plus les voir. A plusieurs mètres de haut, une épaisse brume se distingue. Elle est opaque et d’un gris profond. Les deux grimpeurs qui surveillent l’évolution de leurs collègues n’ont aucun moyen de savoir si tout va bien. Seul le mouvement de la corde qui glisse entre leur doigt leur permet de contrôler leur évolution. Plusieurs longues minutes viennent de s’écouler et nous attendons toujours notre tour. Je sens contre mon cœur en folie la pierre qu’André m’a donnée. J’ai cette impression de chaleur qui se diffuse dans tout mon corps et qui dans un sens me rassure. Les deux hommes au sol sentent sous leur main la corde se tendre trois fois brutalement, signe que l’ascension peut commencer.

 

-          Nous sommes prêts, dit- l’un des deux grimpeurs.

-          On va commencer, annonce Éric. Les grimpeurs vont vous accrocher à la corde, nous vérifierons si tout est en ordre. Vous allez grimper un par un. A chaque stade, un autre suivra. A aucun moment vous ne devez-vous détacher. Une fois en haut, les grimpeurs s’occuperont de vous.

 

Je regarde Romane à côté de moi qui était très sérieuse et avait l’air assez stressé. Concentrée, elle ne me regarde pas et reste fixée sur l’objectif. Derrière elle, le jeune bien bâti à la coupe militaire. Son regard croise le mien furtivement. Un regard sérieux et froid.

 

-          Premier passage, crie Éric. Les premiers de la colonne s’avancent. On les attache à la corde, Éric vérifie le mécanisme et ils commencent à monter. Comme à son habitude, il regarde sa montre. Les minutes passent et le temps aussi imprévisible qu’il peut l’être ne tardera guère à se manifester.

 

Le groupe commence à réduire. Les uns après les autres nous passons à la corde. Puis vient mon tour. Quelques minutes avant, Romane avait commencé à escalader. A première vue, elle se débrouillait bien. Toute légère qu’elle était, elle grimpait facilement. Éric regarde si le mécanisme est bien enclenché. Je dois être l’une des dernières à passer. J’ai repoussé au maximum mais l’inévitable est là. Je suis obligée d’escalader et de faire face à ma peur.

-          A ton tour, me dit-il. Je m’approche de la paroi et prends une grande inspiration.  Le temps nous est compté, ajoute-t-il sur un ton ferme.

-          J’ai le vertige, répondis-je

-          Alors ne regarde pas en bas !

 

Plus facile à dire qu’à faire. J’avais déjà essayé de grimper avant avec ma sœur lors d’une sortie entre amis. Arrivé à dix mètres de hauteur, j’avais paniqué et j’étais restée bloqué un certain temps avant que quelqu’un ne vienne m’aider. Là, je n’ai pas le choix. Je dois prendre mon courage à deux mains. Je commence donc à placer une main puis l’autre, un pied et l’autre. Je suis lancée, il me faut garder mon objectif, ne pas regarder en bas. Contrairement à mes souvenirs, c’est bien plus facile et ma peur s’estompe au fur et à mesure que je grimpe. Ce que je ne sais pas, c’est que le produit qu’ils nous ont injecté, est un sérum qui enlève toute inhibition. C’est pour cela que l’ensemble des SEPA sont calmés et suivent le mouvement de l’Olympe. Ils ne ressentent plus ni colère, ni curiosité, ni stress. En l’occurrence, sur moi, le sérum agit différemment. Il ne m’a pas changé mentalement mais me permet de surpasser mes craintes.

J’arrive au stade où l’on ne peut plus apercevoir le sol, la brume épaisse me recouvre entièrement. La roche face à moi est froide, les prises se font de plus en plus petites et je ne vois presque rien. Ma lumière, bien que puissante, éclaire très peu dans cette atmosphère. Je progresse doucement. Au bout de quelques minutes, j’aperçois la fin de cette brume. Les rayons du soleil transpercent légèrement. Au fur et à mesure de mon avancé, ma vision est meilleure. Je dépasse enfin la brume opaque et se dégage sous mes yeux un monde merveilleux, tel un conte de fées ou tiré d’un livre fantastique. Je m’arrête quelques instants pour profiter de cela. Je n’ai jamais rien vu de tel que ça en est indescriptible. Des couleurs flamboyantes à certains endroits pour la végétation et d’autres très ternes tels que les cendres. Le soleil brulant donne au ciel des couleurs rouge, rose et violet qui se dessine entre les nuages. Au loin, je peux même apercevoir une cascade et derrière tout cela une terre sèche et aride recouverte de sable rouge. Un paysage extraordinaire. Pendant que je contemple, Éric me rattrape et se retrouve au même niveau que moi.

 

-          C’est magnifique, lui dis-je avec un grand sourire.

 

A cet instant précis, je me sens libre, libre de moi-même, libre de tout, oubliant ou je suis et ce qu’il m’est arrivée. Un sentiment d’apaisement se dégage en moi. Sentiment qui est de courte durée car la réalité reprend son cours.

 

-          Dépêche-toi !  me rétorque t’il.

 

Je lève les yeux au ciel, déçu de sa réaction. Je prends donc la décision de lui parler, je vois bien que cela ne l’enchante guère. Peut-être n’a-t ’il pas l’habitude.

 

-          Ça t’arrive de prendre le temps d’admirer les choses ?  il continue de grimper à mes côtés sans rien dire et faisant mine de ne pas m’entendre. Ce paysage… c’est si beau, je n’avais jamais vu ça. Il me regarde.

-          Je n’ai pas le temps pour ça, enfin un début de conversation.

-          C’est dommage.

 

Il n’enchaine pas. J’ai essayé de faire la conversation mais elle fut de courte durée. Nous continuons d’avancer, mes doigts me font mal. La roche est coupante à certains endroits et mes prises sont de plus en plus difficiles. Mon pied droit glisse sur une pierre, j’essaye de rester accroché mais je perds l’équilibre et lâche. Je me vois tomber, mourir, m’écraser sur le sol, heureusement pour moi Éric me rattrape par le bras.

 

-          Accroche-toi, dit-il avec difficulté.

 

D’un côté, il est agrippé à la paroi et de l’autre, il m’a suspendu au bout de son bras. Je regarde en bas. La vue ne me fait pas peur mais la hauteur me montre ce qu’il peut m’arriver si l’un de nous lâche.

 

-          Ne regarde pas en bas, regarde-moi, ma tête se lève et mon regard plonge dans le sien.

-          Essaye de trouver une prise…devant toi…sur ta gauche,

 

Ma main gauche s’agrippe fortement à cette prise. Avec mes pieds, j’essaye de trouver une position. C’est fait, J’ai enfin retrouvé le contact de la roche. Il peut me lâcher. Je reprends mon souffle. Ma tête contre la paroi, je me remémore cela. Je ne suis pas passée loin et pour la seconde fois il vient de me sauver.

 

-          Passe devant moi, me dit-il

-          Ok, répondis-je après un moment de silence.

 

Je reprends mon ascension et tout se passe correctement jusqu’à l’arrivée. Éric surveillant mes arrières. Une fois le sommet atteint l’un des grimpeurs vient me détacher. Je fais quelques pas et pose mes deux genoux à terre quelques mètres plus loin. Je ne suis pas passée loin de la mort. Je prends de grandes inspirations. Avec l’altitude, il faut s’habituer à ce nouvel air. Et toujours ce paysage merveilleux devant moi. On détache Éric, je lui fais un signe de tête avec le sourire pour le remercier de son aide. Son regard est moins sévère qu’au début.

 

Romane courut vers moi.

 

-          Alix…alors cette montée ? 

-          Rude, et je lui souris.

 

Éric s’éloigne, sort un appareil de sa poche et va se poser quelques mètres plus loin. Il regarde toujours dans notre direction. Il se pose des questions me concernant. Il me trouve différentes des autres et pour cause. Il ne se doute pas de qui je suis exactement. Il ne connaît que très peu les hommes et femmes de cette expédition. A part quatre ou cinq personnes de confiance, qu’il a lui-même entrainé, pour les autres c’est à peine s’il connaît leur nom. Il sait qu’ils sont importants pour récupérer le générateur. Chacun ayant une fonction bien précise dans ce périple. Lui n’est là que pour mener à bien cette expédition. Il n’a à savoir que cela. Il n’a pas à poser de questions simplement à obéir comme on lui a appris depuis son enfance. Mais à travers le regard que je lui ai accordé durant l’ascension, il a vu en moi quelque chose qu’il ne peut comprendre car il n’a jamais vu cela. Il allume l’objet puis compose un code. A l’abri des regards il peut contacter le Dôme. De cet appareil un écran fait son apparition montrant Evan.

 

-          Éric ? Tu m’entends ? 

-          Oui, nous sommes arrivés au point A.

-          Parfait. Y-a-t-il des pertes ?

-          Non aucune.

-          Les boules de feu ?

-          Nous les avons évités de justesse.

-          Je suis content d’entendre cela. Evan regarde autour de lui, Suprême est inquiet à propos de la recrue.

-          Laquelle ? 

-          La SEPA.

-          Une SEPA dans mon groupe ?  Éric n’aime pas qu’on lui mette une SEPA sans lui dire car ils sont contrôlés psychiquement.

-          Une femme…Alix. Nous étions obligés c’était la seule compétente pour faire cela. Éric regarde dans ma direction, assise et contemplant le paysage. Il comprend à ce moment-là ces interrogations.  As-tu remarqué un changement de comportement ? 

 

Il prend le temps de répondre. Oui il avait remarqué. Il connaissait bien les SEPA, il se chargeait lui-même de les transférer lors de leurs arrivés. Il savait ce qu’on leur faisait pour éviter qu’ils ne soient des problèmes par la suite.

 

-          Non tout va bien.

-          Parfait, au cas où, il y a une fiole du sérum dans ton sac. N’hésites pas à t’en servir…Éric, nous comptons sur toi…Suprême compte sur toi.

-          Nous ferons au plus vite. A partir de là, nous n’aurons plus de contact. Nous serons trop loin de la parabole. Si tout se passe bien, je te recontacte dans deux jours.

-          Fais attention à toi mon frère.

 

Il acquiesce de la tête et il éteint l’appareil. Il me regarde longuement s’interrogeant sur ma personne. Il se doute que le sérum n’a pas agi mais pourquoi ne l’a-t-il pas dit à son frère. Est-ce pour le bien de la mission ? Me laisse-t-il mon libre arbitre pour le moment et une fois rentré à l’Olympe, il avertirait les responsables. Dans une poche intérieure de son sac il y voit la petite fiole qu’il laisse à sa place pour le moment.

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