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Fictions lesbiennes E.G.O.
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21 janvier 2020

2516 - Chapitre 8

CHAPITRE 8

 

 

Pendant ce temps à l’Olympe, les gens continuent dans leur quotidien. André dans sa boutique est en train de réparer une montre, le regard vide en pendant à ce qu’il avait fait. Alice et Marion servant à manger aux hauts dirigeants. Nico essayant de trouver une échappatoire à tout cela en fouillant sans cesse à droite et à gauche. Malheureusement, il vient de se faire prendre une fois de trop. Arrêté, allongé au sol, les gardes le neutralisent et l’amènent on ne sait où. Puis Suprême à son bureau discutant avec deux gardes.

 

Evan frappe à sa porte puis rentre.

 

-          Laissez-nous je vous prie, demande Suprême aux gardes.

 

Les deux gardes les saluent et s’en vont. Après avoir refermé la porte Evan enchaine :

 

-          Ils ont bien atteint le point A.

-          Formidable.

-          Si tout se déroule comme prévu, ils devraient nous recontacter dans deux jours avec le matériel.

-          Tout cela est vraiment parfait, Suprême se lève de sa chaise.  Voici une bonne journée qui s’annonce.

-          Et concernant la SEPA, le sérum a fonctionné. Nous n’avons rien à craindre.

 

Suprême applaudi.

 

-          Evan, je suis fier de vous. Vous avez mené cela de front et avez parfaitement réussi. Vous serez un très bon successeur lorsque le temps viendra.

-          Merci Suprême.

-          D’ici-là, veillez à vérifier les autres. L’on m’a rapporté qu’un SEPA avait été amené à l’observatoire. Le sérum ne fonctionne pas sur lui, que l’on découvre pourquoi !

-          Je m’en occupe Suprême.

 

Nico est enchainé sur une table en inox, torse nu. Il essaye de se dégager mais le métal qui entoure ses poignets et ses chevilles est si solides qu’il ne peut bouger.

-          Oh ? Il y a quelqu’un ?...putain.

 

Il se tord dans tous les sens, contractant ses muscles au maximum mais rien à faire. Un homme vient à côté de lui et relève la table de manière à ce que Nico se retrouve presque droit.

 

-          Eh ? Toi ? Qu’est-ce que tu fais ?

 

L’homme habillé de blanc avec un masque sur la bouche ouvre sur une table une petite boîte en plastique dure et y sort une fiole contenant un liquide rouge. Nico regarde avec de grands yeux.

 

-          Eh mec, c’est quoi ça ? il continue de s’agiter. Putain, tu fais quoi avec ça ? »

 

L’homme met le produit dans une seringue puis s’approche de lui. Il lui plante la seringue dans le bras gauche. Le sérum vient à peine d’être libéré que Nico en sent les effets. Il se raidit telle une barre de fer, tous ses muscles se contractent tant la douleur est vive. Il n’arrive pas à hurler, sa gorge est nouée. L’on voit le sérum parcourir ses veines. Le rouge s’infiltre partout jusque dans le blanc de ses yeux. Au bout de quelques secondes, il lâche prise et s’évanouit. L’individu retourne la table pour faire apparaitre le dos de Nico. Il prend une autre aiguille qu’il introduit dans la nuque et y prélève un liquide. Il place cela dans une machine qui examine le contenu. Assis sur la chaise, il patiente le temps d’avoir l’information souhaitée.

 

**********

 

La végétation vers laquelle nous marchons se tarit. L’air est plus sec et moins humide. Cela fait maintenant deux jours que nous parcourons ces chemins, pour certains embusqués et d’autres totalement vides. Nous avons évité à nouveau deux catastrophes naturelles de boules de feu. Éric nous trouvait une solution à chaque fois. Et je remarquais systématiquement qu’il jetait un œil sur moi, léger mais en même temps insistant. Au cours des kilomètres, Romane et moi avons appris à se connaitre davantage. Cette jeune fille est vraiment naturelle, elle dit ce qui lui passe par la tête, parfois des choses qu’elle ne devrait peut-être pas dévoiler. A l’Olympe, son rôle est de faire fonctionner les ventilateurs extérieurs. Elle ne côtoie pas grand monde. Restreinte à un secteur, elle a sauté sur l’occasion lorsqu’on lui a proposé cette expédition. Elle rêvait d’aventure, m’a-t-elle dit. Pour le coup, son souhait est comblé, on ne peut pas faire mieux.

Il fait déjà nuit, les journées passent à vive allure. Nous papotons un peu avec Romane lorsque Éric vient vers nous. Instantanément Romane se met debout et instinctivement je fais de même.

 

-          J’ai besoin de toi, dit Éric à Romane

-          Oui

 

Il me regarde puis s’éloigne.

Nous nous sommes abrités dans une sorte d’ancien hangar. Je reconnais cela car les murs qui nous protègent, sont en taule. A l’extérieur, ce hangar est recouvert de rouilles et de lianes sèches. Placé dans un coin, Éric sort sa carte de sa poche, avec lui le jeune à la coupe militaire. Je les observe de loin. Éric explique à Romane quelque chose. Je la vois faire quelques pas et parler en même temps. Apparemment, elle réfléchit toute seule à haute voix car les deux hommes se regardent avec interrogation. Elle fait beaucoup de gestes. Je la vois s’arrêter, leur poser une question puis refaire quelques pas. Le spectacle de loin est amusant. Elle s’arrête net, dit quelque chose puis revient vers moi en souriant.

 

-          Tout va bien ?  lui demandais-je.

-          Oui c’était pour un calcul, me répond-elle en attrapant de quoi manger.

-          Ok.

 

Je n’essaye pas d’en savoir plus. J’avais compris qu’avec elle il ne fallait pas la questionner qu’elle se vendait toute seule alors je préférais attendre.

 

Nous sommes au pas de course depuis maintenant une demi-heure. Éric en tête maintient un rythme assez soutenu. Il nous avait prévenu que cette dernière étape serait la plus dur. Il ne s’était jamais aventuré aussi loin de ce côté-ci. Les ressources dont l’Olympe a besoin généralement sont du côté Nord. Là, nous sommes en direction du Sud, où les biens ont pour la plupart disparu. Sauf pour ce générateur. Je peux distinguer au loin, la forme d’une usine. C’est donc là notre destination finale.

 

-          Nous y sommes presque, cri Éric en courant.

 

A chaque foulée, nous nous rapprochons un peu plus de cette usine. Je n’ai jamais eu l’occasion d’en voir une d’aussi près, ni d’y pénétrer. Nous ne sommes qu’à quelques mètres qu’Éric nous stoppe. Il n’a pas l’air fatigué, à peine essoufflé tandis que la plupart d’entre nous soufflons de tous nos poumons. Il désigne six hommes parmi nous.

 

-          Vous six, en dispersions autour du bâtiment, les hommes s’exécutent et sortent de dessous leur veste une arme. Je suis à moitié étonnée de voir cela. On ne sait pas ce qu’il nous attend ici.

-          Les autres avec moi.

 

À la porte de l’usine, Éric essaye de l’ouvrir sans succès.

 

-          Jason ? appelle Éric.

 

Le jeune à la coupe militaire approche. Éric s’écarte pour lui laisser la place. Il sort un dispositif de sa poche qu’il place au-dessus de la poignée. Une détonation retentit et la serrure explose. La porte s’ouvre d’elle-même dans un léger grincement. Celui-là même des films d’horreur et de cette porte s’évapore de la poussière qui au contact de l’air trouve une échappatoire.

 

-          Allumez vos lumières, David en premier, les autres derrière moi.

 

Nous pénétrons tous dans l’usine. La porte s’ouvre sur un long couloir gris. David devant, arme à la main, ouvre la voie. Le couloir doit mesurer vingt mètres de long. Tous les 5 mètres, des portes toutes closes. Éric essaye d’en ouvrir une ou deux, en vain. Au bout de ce couloir, une porte rouge. Éric passe devant et l’ouvre. Nous passons un à un et nous nous retrouvons dans une grande pièce. Certainement la salle de contrôle. Des ordinateurs de partout. Une grosse majorité de casser au sol. L’usine a dû être envahie lors de sa fermeture, lorsque toute la terre a été chamboulée par les changements climatiques. Je me rends compte que toutes les personnes qui m’entourent, se demandent ce qu’est ce matériel car je les vois les scruter ou manipuler cela avec interrogation. Ils n’ont certainement jamais connu ce genre d’ordinateur. Pour ma part non plus, ils ont l’air plus évolué que ce que j’ai connu mais le style reste le même. Un écran et un clavier.

-          Nous allons nous séparer pour trouver le générateur, dit Éric en commençant par nous pointer du doigt pour faire des équipes.

 

Je réfléchis intérieurement en me rappelant qu’un générateur d’usine doit être bien trop gros et trop lourd à transporter. Tout cela est impossible. Je regarde autour de moi pour voir une ouverture sur l’extérieur, m’approche de la première vitre au fond de la pièce.

 

-          C’est impossible, lançais-je spontanément. Tout le monde me regarde. Oui, c’est impossible de ramener le générateur de cette usine, Éric s’approche de moi.

-          Comment ça ?

-          C’est trop gros, trop lourd, je désigne ledit engin, c’est ça le générateur, montrais-je du bout du doigt.

 

Effectivement, cela doit mesurer aux minimums 10 mètres de longueur et presque autant de largeur.

 

-          Tout au plus, on peut récupérer certaines pièces, mais je ne sais pas ce qu’il manque exactement.

 

Éric ne sait plus quoi dire. Il réfléchit lui aussi. Il est un peu perdu. On ne l’avait pas prévenu de cela. Pour lui, la mission était claire. Mais ramener ce générateur-là est tout simplement impossible.

 

-          Ok, prenons ce que l’on peut. Toi et Romane ensemble. Vous deux, en désignant deux hommes, essayer d’ouvrir la porte, les autres avec nous. Éric s’approche de moi : Prend ce qu’il te parait le plus important. Ce que tu juges nécessaire pour réparer celui de l’Olympe.

 

Je fais mine d’acquiescer mais je n’y connais pas grand-chose au générateur. Certes, André m’a appris quelques petites choses, mais cela doit être infime par rapport à tout ce qu’il y a à savoir là-dessus. Et un générateur d’usine est complètement différent de tout ce que j’ai vu. Je n’espère qu’une chose, reconnaitre un élément. Pendant ce temps-là, les deux hommes ouvrent la porte pour nous laisser le champ libre.

 

A l’intérieur de cette pièce, un énorme générateur. C’est très impressionnant de voir cela de si près. Je ne pensais pas que cela se présenterait ainsi, mais les usines avec le temps avaient dû changer, évoluer. Chacun de notre côté, nous examinons l’engin. Éric nous a rappelé qu’à la moindre trouvaille, nous devions lui faire signe. Examinant chacun une partie de l’appareil, je ne sais pas par où commencer. Je vois Romane au loin qui a l’air aussi perdu que moi. Éric me regarde alors je fais mine de m’intéresser à ce qu’il y a devant moi. Je touche l’appareil du bout des doigts effleurant les contours. Je fais quelques pas comme cela, regardant en haut et en bas de la machine. Une inscription me fait m’arrêter un instant. J’ai l’impression d’avoir déjà vu cela quelque part. J’essaye d’ouvrir le mécanisme mais rien à faire, c’est bloqué.

 

-          J’ai quelque chose, dis-je à haute voix. Éric court vers moi, je n’arrive pas à enlever la protection, c’est électronique on dirait.

 

Romane cri :

 

-          Moi aussi, j’ai quelque chose, Éric me tend un tournevis, essaye avec ça, je reviens.  

 

Je regarde avec flottement le tournevis. Se moque-t–il de moi ? Puis, me vint l’idée de la pierre bleue qu’André m’avait donnée. A l’abri des regards, je la sors de ma poche intérieure et la pose contre le cache contenant le circuit électrique. Comme pour le MP3, la pierre s’illumine quelques instants et le boitier se met en marche. Il ne me suffit que d’actionner le bouton pour que le cache s’ouvre et libère l’appareil dont j’ai besoin. Éric revient vers moi et a l’air surpris. J’ai à peine le temps de remettre la pierre à sa place.

 

-          Comment as-tu fait ?

-          J’ai fait levier avec.

 

Je lui montre avec le tournevis. Il a l’air de me croire. Tant mieux pour moi. J’attrape l’appareil délicatement et le lui tend. Il l’emporte et le donne à un homme du groupe.

 

Certains d’entre nous avons trouvé quelques éléments. Est-ce suffisant pour réparer le générateur de l’Olympe l’avenir nous le dira. Romane avait l’air satisfaite des trouvailles mais elle ne gérait pas tout et ne savait pas également si cela suffirait ou non. Mais tout cela était mieux que rien.

**********

 

Nous nous reposons avant de reprendre la route comme d’habitude. J’en ai marre de rester assise, je décide donc de me lever et d’aller marcher un instant.

 

-          Où vas-tu ? me demande Éric

-          Me dégourdir les jambes.

-          Ok, ne sors pas de l’usine.

 

Je m’en vais dans le couloir. Enfin seule, pensais-je. Cela me fait beaucoup de bien de me retrouver avec moi-même. Je fais quelques pas dans ce long couloir et comme Éric, j’ai envie d’ouvrir les portes qui se présentent de chaque côté. A l’instar d’Éric, elles sont fermées sauf pour une. Je suis contente de ma découverte. Je pénètre dans cette pièce à l’abri des regards. Il s’agit d’une sorte de cafétéria. Je n’aurais jamais pensé trouver une pièce aussi grande derrière une porte aussi petite. La pièce est si sombre que je prends l’initiative d’allumer la lampe torche que j’ai sur moi. Je dirige l’éclairage de part et d’autre de la pièce et avance progressivement dans celle-ci. Des tables, des chaises, du papier jonchent le sol. Cette pièce me rappelle beaucoup ma cafétéria du travail. A regarder dans tous les sens, je trébuche sur une chaise. Heureusement pour moi, je ne tombe pas mais perds simplement l’équilibre quelques secondes. Le bruit de l’entrechoc résonne dans la pièce. Ma curiosité l’emporte sur ma raison et je me dirige vers le fond de la salle, derrière le comptoir. J’ouvre les différents placards, pour la plupart vide. J’aperçois une barre de céréales, ce qui me fait sourire, il est inscrit 15/09/2132. C’est tellement futuriste de mon époque et si vieux de celle-ci. Je tombe par hasard sur une boîte à musique. Je suis heureuse de cette découverte. Etrange objet dans une cuisine. Peut-être cela avait-il appartenu à un membre du personnel ? J’essaye de la remonter pour la faire marcher mais rien à faire. Un problème au niveau du mécanisme certainement. J’ouvre délicatement la boîte à l’aide d’un couteau trouvé au sol et commence à traficoter les différentes pièces. Je réajuste une roue, souffle dans l’obturateur et fais à nouveau tourner la manivelle. Le dos contre un frigo, je suis heureuse d’entendre les premières notes sortirent. J’écoute paisiblement la mélodie lorsque le bruit d’une chaise tombant au sol retentit. Je me lève brusquement pour voir ce qui se passe. Je m’attends à voir Romane.

 

-          Romane, tu veux écouter… 

Quelle surprise de trouver en face de moi un jeune garçon, d’une quinzaine d’années, stoïque, de l’autre côté du comptoir. Ma lumière l’aveugle légèrement, il met sa main devant ses yeux. Le teint foncé, recouvert de suit, vêtu sombrement, avec des vêtements ne correspondant pas à sa taille. Ce jeune homme est surpris autant que moi. Il regarde furtivement la boîte à musique que j’ai entre les mains puis prend ses jambes à son cou.

 

-          Attends ! criais-je en passant par-dessus le comptoir et essayant de le rattraper.

 

Il traverse rapidement le couloir et se dirige vers la porte de sortie. Je ne peux plus le suivre. Le jeune est vif et rapide. Il est déjà à cent mètres à l’extérieur de l’usine lorsque moi-même je passe la porte. Je fais encore quelques enjambés, en vain, je ne le vois plus. Mais qui est-ce ? Impossible qu’il s’agisse d’une jeune de l’Olympe. Il n’aurait jamais pu nous suivre tout ce temps et son accoutrement ne ressemble en rien à ce que j’ai vu.

 

-          Et merde, lançais-je.

 

J’essaye tout de même d’apercevoir quelque chose au loin mais rien. Je pense que le jeune peu se cacher dans un coin pour essayer de me regarder par curiosité ou alors il a tout bonnement fui lorsque je sens une main se poser sur mon épaule derrière moi qui me fait sursauter.

 

-          Tu m’as fait peur, dis-je à Éric en me retournant tout en posant une main sur mon cœur

-          Je t’avais dit de ne pas sortir.

-          J’ai vu un jeune à la cafeteria, je pensais le rattraper…

-          De quoi tu parles ? Quelle cafétéria ? Quel jeune ?  Il me regarde bizarrement pensant certainement que je divague.

-          Un jeune de quinze ans environ… j’arrête de parler le voyant me regarder comme si j’étais une folle. Il regarde autour de lui et s’approche de moi.

-          Je sais qui tu es. Une SEPA. Quelque chose n’a pas fonctionné sur toi. Je ne sais pas si tu délires à cause de ça mais arrêtes de suite ces extravagances. Ne m’oblige pas à te donner une autre dose de force. Maintenant rentre et rejoins les autres.

 

 

Je prends un instant pour percuter ce qu’il vient de me dire. A-t-il parlé de sérum ? quelque chose qui n’a pas fonctionné sur moi ? Mon cauchemar à l’Olympe était réel et non une illusion. Ils nous manipulaient, j’en étais sûre. Il ne voulait pas m’écouter ni me croire, peu importe. Je savais ce que j’avais vu et ça je ne l’avais pas imaginé.

 

Éric reste quelques instants dehors, examinant l’extérieur de l’usine pour essayer d’apercevoir quelque chose. Mais rien. Elle s’est imaginée tout cela. Cela arrivait parfois que des SEPA deviennent fous après un transfert dans le temps.

 

Le jeune garçon observe Éric de loin d’un regard sombre et persistant caché à travers un amas de débris.

 

Nous avons repris la route 5 minutes après cela. Je ne parle pas, je n’en ai ni l’envie ni le besoin. Romane essaye de me distraire parfois mais rien à faire. De multiples questions se bousculent dans ma tête. Éric me jette des regards par moments, certainement pour me surveiller mais je fais celle qui ne les voit pas. Peu importe ce qu’il pense, je sais à quoi m’en tenir de tout cela.

 

-          Alix, tu es sûre que ça va ? me redemande Romane

-          Oui ! et en la regardant, j’aperçois derrière elle, caché, le jeune garçon. Je crois rêver et en tournant le regard quelques secondes après il n’est plus là. Romane me voit chercher du regard quelque chose alors elle aussi se tourne tout en marchant.

-          Tu as vu quelque chose ? dit-elle en se retournant

-          Je ne sais pas. J’ai dû rêver.

-          La fatigue, c’est normal, et elle sourit pour me réconforter.

 

Cette fille est géniale, si différente de tous les autres de ce nouveau monde. Avec elle, je me sens moi-même.

 

Nous continuons d’avancer mais mon regard se disperse tout autour de nous, scrutant le moindre détail. Quand le jeune fait à nouveau son apparition ainsi que d’autres personnes. Des hommes et des femmes. Je ne distingue que très peu leur allure mais une chose est sûre, ils ont l’air hostiles. Mon pas ralentit au fur et à mesure et je stoppe net ma marche les regardant tous un par un. L’homme derrière moi, ainsi que les autres, me dépassent, ne faisant même pas attention à ce que je regarde. Seule Romane m’interpelle à voix haute ce qui fait réagir Éric. Il stoppe la marche du groupe et se dirige d’un pas rapide vers moi.

 

-          Que fais-tu ? 

-          Là-bas, nous ne sommes pas seuls, répondis-je à voix basse.

 

Il regarde dans la direction mais tout le monde a disparu. Je dois halluciner, moi-même je n’y comprends plus rien. Comment toutes ces personnes se sont-elles volatilisées ? Je les ai vu, j’en suis sûre et pourtant plus personne. Éric se frotte le visage d’une main d’un air interrogatif. Il ne sait que faire de moi. Il doit prendre une décision et rapidement.

 

-          Vous deux, s’adressant aux deux derniers de la file, attrapez-la, à genoux, tête baissée.

-          Quoi ? dis-je en reculant.

 

Les deux hommes me saisissent de force, m’obligent à m’agenouiller et un me tiennent la tête en bas.

 

-          Qu’est-ce que vous faites ? demande Romane en s’avançant un air peu rassuré sur le visage.

-          Chacun à sa place, en colonne de deux, » cri Éric sévèrement.

 

Il n’aime pas faire ça mais il se sent obligé. Il a menti à son frère et mon comportement est trop incertain pour me ramener comme ça. Il en subirait les conséquences et il ne peut se le permettre. Il sort de son sac le sérum. J’essaye de me débattre mais les deux hommes me tiennent si fermement les bras que je ne peux bouger.

 

-          Ne fait pas ça…Éric, s’il te plaît… je ne mens pas, il ne prend pas le temps de m’écouter qu’il m’injecte le produit dans la nuque.

 

Romane ne regarde pas, exécutant les ordres mais ses yeux brillent de chagrin. Je ressens à nouveau cette sensation de chaleur se diffuser dans tout mon corps. Les hommes me lâchent, je n’ai pas la force de me relever. J’hurle intérieurement, la chaleur me brule. C’est une douleur vive et intense. Contrairement aux autres fois, je ne m’évanouis pas. Mon regard est légèrement flou mais je résiste tant que je peux. Soudain, quelqu’un du groupe se fait transpercer d’une flèche en pleine poitrine. Tout le groupe regarde d’où cela peut venir. Les yeux s’écarquillent, la crainte se lit.  Éric est surpris un instant. J’avais raison nous n’étions pas seul. Des individus avancent vers nous, armes à la main, bâton, flèche, lance pierre tout cela en courant. D’autres tombent des arbres. Il en arrive de partout. Je suis toujours au sol coincée par l’injection.

 

Éric se rapproche du groupe et cri :

 

-          Prenez vos armes ! il arme la sienne et la pointe vers eux. Il n’a encore jamais tiré sur une personne. Il s’était entrainé au tir de nombreuses fois mais simplement sur des objets, jamais sur des êtres vivants. Il avait même toujours refusé de chasser.  On s’en va, vite, au pas de course. Tout le monde se met à courir. Vite jusqu’à la montagne.

 

Il avance quelques instants puis se retourne me regardant toujours au sol. Romane, elle, n’a pas bougé. Elle veut venir m’aider mais elle est effrayée par ce qu’elle voit arriver. J’essaye tant bien que mal de me relever. Je vois difficilement mais je ressens la panique autour de moi. Mon regard est d’un rouge sang, des larmes flamboyantes s’écoulent de mes yeux. Je devine Romane face à moi apeurée et Éric l’a tire au loin, l’obligeant à me laisser sur place. Je me redresse difficilement, tout autour de moi tourne. Je respire à grands poumons. Je les vois foncer sur moi. Je rassemble le peu de force qu’il me reste et cours aussi vite que possible. Je les entends derrière moi me rattraper. J’évite de trébucher à un moment, me rattrapant de justesse. Je suis déboussolée. Je cours aussi vite que possible me rendant très peu compte de ce qui se trouve devant moi. Mes yeux me brulent, mon corps me brule. Cette sensation si douloureuse traverse chacun de mes muscles, de mes veines, de mes os, de mon sang. Et je la combats pour avancer, pour ne pas me faire attraper. Et plus je la combats, plus mon corps s’endurcit. Cette désagréable sensation de chaleur diminue légèrement et mon corps trouve un second souffle. Ma vue s’améliore, mon ouïe est plus fine, mes jambes plus solides, mes respirations plus longues. Je cours davantage arrivant presque à rattraper Éric et Romane, les derniers du groupe. Ils sont déjà sur la falaise en train d’escalader. Je n’ai pas mon matériel malgré cela je décide de les suivre sans équipement. Je bondis sur la montagne et m’accroche. Prise après prise je grimpe aussi vite que possible. Les autres ne sont pas loin derrière moi. Je regarde en bas un instant et aperçois trois individus. Je continue mon ascension. Romane se retourne et m’aperçoit :

 

-          Alix ! marmonne-t-elle. Éric regarde à son tour dans ma direction.  Il faut l’aider, continue-t-elle à marmonner.

-          Avance et ne t’arrête pas, ajoute-t-il.

 

Il me regarde grimper et aperçois les autres un peu plus bas. Il sait qu’il ne peut rien faire pour moi sans se mettre lui-même et Romane en danger. Une nouvelle bouffée de chaleur m’envahit. Je suis à nouveau bloqué un instant, mes muscles se contractent si fort que j’ai l’impression qu’ils vont éclater. Je regarde plus haut et aperçois le regard de Romane lorsque je sens quelque chose s’agripper à ma cheville droite. Mes yeux s’écarquillent. Je me sens tirée vers le bas avec force. Je lâche prise ne pouvant résister.

 

-          Alix… hurle Romane.

 

Je tombe à la renverse en les regardant. Je suis bien trop haute pour pouvoir résister à ma chute. Je ne me fais pas d’illusion. Je vais mourir et pourtant je n’ai pas peur.

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