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Fictions lesbiennes E.G.O.
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2 septembre 2015

Hors Contrôle - Fiction

 

secrétaire

 

Titre : Hors contrôle

Résumé : Fiona mène sa vie tranquillement jusqu'à l'arrivée de sa nouvelle responsable qui va faire remonter en elle des sensations perdues.

Etat : Terminé

Chapitre : 19 + épilogue

NC-17

 

Je rappelle simplement  que les textes sur ce blog sont miens, alors merci de prendre en compte l'Article L111-1 du code de la propriété intellectuelle.

 

L'auteur d'une oeuvre de l'esprit jouit sur cette oeuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous.

Ce droit comporte des attributs d'ordre intellectuel et moral ainsi que des attributs d'ordre patrimonial, qui sont déterminés par les livres Ier et III du présent code.

L'existence ou la conclusion d'un contrat de louage d'ouvrage ou de service par l'auteur d'une oeuvre de l'esprit n'emporte pas dérogation à la jouissance du droit reconnu par le premier alinéa, sous réserve des exceptions prévues par le présent code. Sous les mêmes réserves, il n'est pas non plus dérogé à la jouissance de ce même droit lorsque l'auteur de l'oeuvre de l'esprit est un agent de l'Etat, d'une collectivité territoriale, d'un établissement public à caractère administratif, d'une autorité administrative indépendante dotée de la personnalité morale ou de la Banque de France.

Les dispositions des articles L. 121-7-1 et L. 131-3-1 à L. 131-3-3 ne s'appliquent pas aux agents auteurs d'oeuvres dont la divulgation n'est soumise, en vertu de leur statut ou des règles qui régissent leurs fonctions, à aucun contrôle préalable de l'autorité hiérarchique.

 


 

 

Chapitre 1

 

A chaque fois que je sentais cette odeur mon cœur balançait, tout de moins je retrouvais des sensations qui s’étaient évanouies depuis bien longtemps. Un picotement dans la nuque, des fourmillements dans le corps, une chaleur qui m’envahissait et qui devait certainement rendre mes joues rouges.

 

Assise devant mon bureau, je remanie les plannings que ma supérieure vient de me transmettre par mail. Je travaille dans une école privée et m’occupe de la scolarité. Nous sommes trois dans le bureau, Marie-Thérèse, (j’aime bien la taquiner en l’appelant MarieT) la quarantaine occupe son poste depuis 10 ans maintenant, nous avons des tâches aussi bien identiques que différentes à réaliser, la nouvelle Rebecca, 25 ans, vient de prendre place depuis peu pour aider le directeur dans son secrétariat (je lui souhaite bien du courage, le directeur est extrêmement gentil mais bordélique au possible) et moi-même Fiona, 30 ans, à cette place depuis 5 ans maintenant.

 

Que le temps passe vite.

 

Je me souviens encore, 20 ans, prenant place pour la première fois dans le monde du travail, à la faculté de droit. Cela m’amusait à l’époque que la plupart des étudiants soient plus vieux que moi et est besoin de moi pour réaliser certains documents administratifs. Une grosse majorité du personnel administratif me prenait moi-même pour une étudiante et cela me valait quelques fois des portes fermées ou des tons désagréables. Et oui le milieu administratif et féminin n’est pas des plus plaisants certaines fois.

 

Amandine rentre dans le bureau, des papiers à la main. Amandine STARK, ma nouvelle responsable administrative. Cette douce odeur. 1m70, élancée, de longues jambes fines, les cheveux châtains, les yeux verts clairs et toujours cette ODEUR, oui je sais, je ne pense qu’à ça…et alors !!! Elle dépose les différentes feuilles sur nos bureaux.

 

-          J’ai besoin de ces documents pour la fin de journée.

 

Je regarde d’un air sceptique ce qu’elle vient de déposer. « Fiche d’entretien professionnelle ». Je fais une drôle de tête et annonce :

 

-          Normalement ce n’est pas en fin d’année que l’on fait cet entretien ?

 

-          Si, mais venant de prendre mes fonctions, j’aimerai apprendre à vous connaitre un peu plus, connaitre vos motivations et vos objectifs de service.

 

Et bien si elle savait que mes motivations de poste étaient simplement de finir tôt pour pouvoir profiter encore de ma journée après le boulot…

 

-          Ok, répondis-je doucement dans mes pensées. Il me faut trouver des réponses à ces interrogations. Pourquoi ne pas prendre ma fiche de l’année dernière et voir ce que mon ancien chef a écrit.

 

Amandine sort du bureau nous laissant seules devant nos feuilles.

 

-          Y’a trois pages ! annonce Rebecca blasée

 

-          Ouais…dis-je en soufflant. MarieT, tu as une idée de quoi écrire dessus ?

 

Elle me regarde d’un air de dire « tu m’as bien vu ». Les années précédentes nous ne faisions pas cette démarche administrative, qui pour moi ne servait à rien. Remplir trois feuilles de papiers qui seraient par la suite entreposées dans un soi-disant dossier à notre nom et enfermées à double tour dans un placard poussiéreux. Notre ancien responsable, Armand, le savait bien et lui-même remplissait ces feuilles fantômes.

 

Je me souviens encore quand il rentrait dans le bureau, sa tasse de café chaude entre les mains, il venait s’asseoir sur le siège faisant face au bureau de MarieT et se prélassait un moment avec nous, discutant de tout, rigolant. C’était un chef pas comme les autres. Il nous autorisait à le tutoyer, en fait, il préférait cela au vouvoiement, trouvant cela trop formel. Bon ok, il se contentait du minimum au niveau boulot, nous laissant faire la plupart des tâches qui lui incombait mais à côté de ça, il nous faisait confiance et n’hésitait pas à nous soutenir ou à féliciter notre travail le moment venu. Et pour cette fiche d’entretien, il les remplissait lui-même venant nous voir, lisant ce qu’il avait écrit en attendant notre approbation. Rigolo qu’un chef demande à ses employés si son travail est bon.

 

Bon cela étant dit, il me faut remplir ces trois feuilles qui ne m’inspirent en rien. J’attrape une mèche de mes cheveux bruns et les faits ondulés le long de mon doigt, le tout en mordillant un stylo bic.

 

Alors « objectifs de service », je réfléchis un instant et commence à écrire :

 

  • Renseigner les étudiants et intervenants de l’école
  • Etablir des plannings
  • Mise en place de réunions, colloques…
  • Rédaction de courriers

 

Je ne comprends pas pourquoi, ils ont laissé une page entière blanche alors que je n’ai que 4 points à mettre dessus. Est-ce que d’autres personnes arrivent à écrire autant de choses ? Peut-être blablatent-ils n’importe quoi pour faire style.

 

Maintenant « mes motivations » : si j’écris les horaires de travail, je serai mal vu…oui je le pense. Ne trouvant pas d’inspiration pour le moment, malgré une imagination débordante mais qui fait sa flemmarde à l’heure actuelle, je mets le papier de côté et continu mon travail de tous les jours.

 

Les heures passent lorsqu’Amandine refait irruption dans le bureau. Je suis au téléphone et n’entend pas ce qu’elle dit à Marie-Thérése tout en me regardant. Mon regard plonge dans le sien me faisant perdre le fil de ma discussion au téléphone avec un père de famille. Je finis tant bien que mal mes explications en la regardant partir…surtout en regardant ses jambes fines disparaitre.

 

-          Pouh, je ne supporte pas quand les parents appellent, ils ne comprennent rien, ils ne savent même pas ce que leurs enfants veulent faire, enfin bon…je fais un geste de la main avec une drôle de tête qui fait rire MarieT.

 

-          Elle t’attend dans son bureau, me dit-elle en souriant

 

-          Ah...ok, elle t’a dit pourquoi ?

 

-          Pour l’entretien

 

Merde l’entretien, je l’avais complètement oublié celui-là. Comment faire ? Je n’ai rien rempli des papiers qu’elle nous a fourni à part ces 4 petits points complètement nul et d’après ce que j’avais remarqué depuis son arrivée, c’est qu’elle n’aimait pas quand un travail n’était pas fait en temps et en heure. En l’occurrence ce n’était pas un travail, alors je pourrais certainement m’en sortir comme ça. J’attrape les feuilles et prend une longue respiration avant de frapper à la porte de son bureau.

 

-          Entrez

 

-          Vous vouliez me voir ? dis-je en rentrant doucement dans son bureau. Je hume à plein poumons l’odeur qui s’en dégage. Ça sent si bon, un mélange de cerise et vanille. Certainement son parfum. Je l’imagine un instant, les gouttes s’incrustant dans sa peau délicate, partant du haut de son cou et descendant plus bas vers le creux. Je souris légèrement à cette image avant de me rendre compte qu’elle me regarde : heu..pardon ! dis-je en rougissant légèrement

 

-          Rêveuse on dirait, me répond-elle en souriant

 

Si vous saviez, je ne pense pas qu’elle sourirait en connaissant mes pensées.

 

-          Prenez place, m’indique-t-elle en me désignant le siège face à son bureau.

 

Sans rien dire, je viens m’asseoir tout en m’efforçant de ne pas trop la regarder dans les yeux pour éviter toute rêverie compromettante. Mais ne pas la regarder dans les yeux ne veut pas dire non plus regarder son décolleté. Oh pauvre de moi, ou regarder ? Son bureau, bonne idée au moins ça ne me donnera pas d’idée. Je me concentre donc sur un trombone qui traine. Elle me tend une main paume ouverte. Je la regarde avec un air interrogateur.

 

-          Vos papiers…pour l’entretien, me demande-t-elle.

 

-          Ah oui, certainement, je lui tends les feuilles mal à l’aise. Elle les prend et les dépose sur son bureau pour les examiner. Avant même qu’elle n’ouvre la bouche, j’ose dire :

 

-          Je n’ai pas eu le temps de finir, désolée, j’avais beaucoup de travail aujourd’hui et…

 

-          Ce n’est pas grave, nous allons le faire ensemble, cela me permettra d’en apprendre un peu plus sur vous

 

-          Euh…d’accord, je ne pensais pas qu’elle allait réagir comme cela, j’aurai cru plutôt qu’elle m’aurait renvoyé dans le bureau me laissant 15 minutes pour travailler puis revenir.

 

Après plusieurs minutes à discuter et à me contorsionner pour regarder ce qu’elle me montrait soit sur la feuille soit sur l’ordinateur, elle ajoute :

 

-          Prenez votre chaise et venez à côté de moi

 

-          Pardon ?

 

-          Oui se sera plus simple pour travailler

 

J’obéis sans un mot et vient me placer à côté d’elle mais pas trop prêt non plus, faut pas exagérer.

 

-          Alors ou en étions-nous ? me dit-elle avec un sourire magnifique

 

-          Mes motivations

 

-          Ah oui, vos motivations, alors dites-moi tout et elle me regarde avec un petit sourire aux lèvres, les yeux légèrement plissés.

 

Elle est magnifique comme ça, ses lèvres, son regard, je me sens défaillir un moment et n’ose bouger. Pourquoi me fait-elle cet effet ? Que m’arrive-t-il en fait ? Je connaissais très bien ces sensations mais cela ne devrait pas arriver, j’étais…

 

-          Qu’est-ce qui vous motive ?

 

J’avais envie de lui répondre VOUS mais ce n’était pas approprié…après quelques secondes de réflexion, je reprends mes esprits et lui réponds :

 

-          J’aime l’idée que je puisse être utile aux personnes dans mon travail, les aidant malgré eux à réaliser soit leurs études soit leurs interventions, rendre le travail plus facile aux autres afin qu’eux-mêmes réussissent dans leur domaine, dis-je d’une traite.

 

Elle me regarde un moment sans rien dire, peut-être attend-elle autre chose de ma part, mais rien ne me vient à l’esprit. J’attrape le stylo devant moi et commence à écrire ce que je venais de dire sur la feuille. Avec ma chance à moi, le stylo ne marche plus. Elle pose sa main sur la mienne ce qui me fait frissonner entièrement, attrape le stylo et m’en tend un autre.

 

-          Merci, dis-je en continuant d’écrire et en évitant de penser que sa main venait de toucher la mienne. A cette idée, je me disais intérieurement que je ne voudrais plus la laver…non non non mais à quoi je pense !!!!!

 

-          Vos motivations sont intéressantes…

 

Ah bon !

 

-          Généralement j’entends autre chose, par exemple, des horaires flexibles, des congés importants…

 

OUPS…

 

-          Ah oui ?

 

-          Oui, me dit-elle en souriant, je suis ravie que vous ne soyez pas comme tout le monde

 

A ce compliment je me sens rougir, et baisse la tête tout en continuant d’écrire ma phrase afin qu’elle ne s’en rende pas compte. De quoi j’aurai l’air si elle me demandait ce qu’il m’arrive.

 

Nous continuons l’entretien pendant encore 30 minutes, qui pour moi à l’air aussi bien d’être très long et court à la fois assise à côté d’elle. Par moment, je la regarde à son dépourvu quand elle écrit sur l’ordinateur placé sur le côté du bureau. Se tournant légèrement, ses cheveux étant remontés en chignon, je peux apercevoir la chute de sa nuque et mon regard qui descend le long de ses épaules. Mais par gène je détourne mon regard à chaque fois, me posant toujours cette question qui trotte dans ma tête : MAIS QU’EST-CE QUI M’ARRIVE ????

 

 

 

 


 

 

Chapitre 2

 

Cela faisait maintenant 3 mois qu’Amandine avait pris ses fonctions. Son travail au sein de l’école était bénéfique. Tout le monde s’entendait très bien. Elle s’était rapproché de nous, moins familière qu’Armand mais très sympathique, intelligente et gentille…et non je n’ai pas que des pensées coquines !!!

 

Oui je louchais toujours sur elle, son odeur me faisait toujours autant d’effet et lorsqu’elle venait travailler à côté de moi cela me valait des bouffées de chaleurs, mais je ne faisais rien, rien que je ne puisse regretter. Je ne voudrais blesser personne, ni me sentir mal à l’aise en me regardant dans le miroir.

 

Je me souviens de ce jour où j’aurai voulu plonger dans un trou de souris, me détestant moi-même d’avoir des pensées pour elle :

 

-          J’aimerai bien que vous rajoutiez au dossier les deux annexes sur le fonctionnement, la fiche détail, les tableaux sur les attentes du public et les graphiques que vous avez fait.

 

-          Oui, autre chose ?

 

Elle regarde le dossier devant elle, jouant avec sa bague à son annulaire gauche. Je me surprends à la regarder jouer avec ça. Ses doigts sont fins, les ongles courts et vernis de rouge. J’aimerai lui prendre la main et la toucher, me remémorant le jour où elle à toucher la mienne lors de l’entretien.

 

-          Ça va faire 2 ans…

 

-          Pardon ? lui dis-je en sortant de mes pensées

 

Elle me montre sa bague, que je fixais quelques secondes auparavant :

 

-          Vous êtes marié ?

 

-          Moi ? non !

 

Quelle idée ! Je ne l’avais jamais envisagé. Le mariage ne m’attirait pas plus que ça. A notre époque le mariage pour moi était devenu surfait. Ce n’était plus ce que c’était, certain se mariait pour divorcer quelques mois ou années plus tard. Avant, tout était question de religion, de croyance. Etre marié, avoir des enfants, l’homme au boulot, la femme à la maison. C’était une époque différente. Pourquoi à notre époque fallait-il se marier ? Pour prouver que l’on s’aime ? Je ne pense pas que l’on ait besoin de cela pour se le démontrer.

 

-          Fiancée ?

 

Curieuse…

 

-          Non plus

 

-          D’accord, j’avais cru comprendre que vous étiez avec quelqu’un.

 

Mais…

 

-          Oui je suis en couple, dis-je résignée

 

Et voilà je me sens mal, savoir que je suis avec quelqu’un et malgré tout avoir des pensées pour elle me rend malade. Je vois à son regard qu’elle aimerait en savoir plus, prenant sur moi je continue :

 

-          Nous sommes ensemble depuis 3 ans environ, on vient d’acheter une maison dans un village pas loin d’ici, il est vraiment très gentil.

 

Et voilà c’est dit !

 

-          C’est mignon tout ça ! me dit-elle en souriant

 

C’est toi qui est mignonne pensais-je. Et mince, voilà c’est reparti, cette fois je ne me sens vraiment pas bien. Je m’excuse auprès d’elle et file au toilette me rafraichir.

 

Après m’être passé un peu d’eau, je m’essuie le visage à l’aide de papier absorbant et en me regardant dans le miroir je vois que mon maquillage vient de couler.

 

Vive le waterproof !!!

 

J’essaye tant bien que mal d’effacer les traces qui se sont incrustés autour de mes yeux quand la porte s’ouvre laissant rentrer Amandine.

 

-          Ça va ? me demande-t-elle d’un ton des plus agréables

 

-          Oui très bien, la regardant très rapidement et continuant mon démaquillage

 

-          Ok, vous étiez blanche et comme vous êtes parti brusquement…vous êtes sûr que ça va ?

 

Elle s’inquiète, que c’est gentil… 

 

-          Oui ça va aller, merci. Je m’acharne à me démaquiller, frottant tant bien que mal mais surtout si fort que j’en laisse des traces rouges sur mon visage

 

Elle pose une main sur mon épaule

 

-          Attendez, je vais vous aider, sinon vous allez finir par vous faire saigner, me dit-elle en faisant un sourire en coin et en saisissant elle-même du papier absorbant qu’elle mouille. Puis elle vient se placer devant moi, attrapant mon visage d’une main et de l’autre nettoyant délicatement ma paupière.

 

A son contact, je suis sûre, même certaine que je rougis et fortement. Elle est à quelques centimètres de moi, je sens son parfum m’entourer, son souffle chaud se déposer sur mes lèvres, sa main caressant par moment ma joue lorsqu’elle essaye de me démaquiller. J’ai l’impression d’être en apnée, en fait je suis en apnée. Je reprends ma respiration et je la vois sourire en retour. J’ai envie de l’embrasser là, maintenant. Ses yeux verts scrutant le contour de mes yeux sont magnifiques. Je ne les avais jamais vus d’aussi prêt. Verts clairs avec une teinte d’orangé vers l’iris. Magnifique. Et sa bouche, des lèvres fines, roses naturellement et dessinés à merveille qui ne demande qu’à être saisies.

 

Elle se recule légèrement, regardant le travail qu’elle vient d’accomplir et m’annonce fièrement :

 

-          C’est pas mal, il faudra penser à prendre du waterproof la prochaine fois

 

-          J’y penserai merci, lui répondis-je en souriant et un peu gênée

 

-          Par contre, vous avez quelques traces rouges sur le côté de l’œil

 

Et elle dépose sa main sur ma joue pour aller toucher l’endroit avec son pouce délicatement, je sens que je vais défaillir.

 

-          J’espère que votre copain ne pensera pas que vous êtes victime de brutalité au bureau, elle finit sa phrase par un clin d’œil et s’en va.

 

Et voilà, mon bien-être ne dura qu’un court instant. L’envie de vomir me revint.

 

Depuis ce jour, je pris une grande décision : prendre mes distances envers elle. Je ne sais pas si elle s’en était rendue compte, et pourquoi s’en serait-elle rendu compte ? Moi seule fantasmait sur elle, moi seule la dévisageait et la reluquait à son insu.

 

 

 


 

 

 

 

Chapitre 3

 

Les jours se déroulaient ainsi : dès qu’elle s’approchait je gardais mes distances, si elle s’installait à côté de moi, je basculais un maximum de l’autre côté de ma chaise, lors des réunions je m’asseyais toujours à son opposé, pour son odeur et bien je retenais ma respiration mais j’avoue que parfois je me laissais chavirer, mais juste un bref instant…je suis une femme après tout pas une machine insensible… !!!

 

Je pense que personne ne s’était rendu compte de ce stratagème.

 

-          Tu vas faire quoi ce soir ? me demande Rebecca en se retournant sur sa chaise et me faisant face

 

Je réfléchis un instant à sa question tout en finissant d’envoyer un mail et me retourne à mon tour

 

-          Je ne sais pas trop, Thibault voudrait aller au cinéma, mais j’aimerai plus me poser et lire un bon livre

 

-          Humm…

 

-          Quoi ?

 

-          Il y a des bons films au cinéma en ce moment.

 

Rebecca était une férue de cinéma, principalement les films d’actions et de sciences fictions. Le midi durant la pause déjeuner, elle regardait les bandes annonces sur l’ordinateur. Elle me faisait rire parfois vu les petits cris qui émanaient de sa bouche (ah…oh…grrrr) tout en décryptant méticuleusement les scènes. Elle était jeune, 25 ans, c’était un âge que j’aurai aimé retrouver, l’âge ou l’on est adulte mais en brandissant toujours un je ne sais quoi d’insouciance.

 

-          Ah oui, je verrai avec lui alors en rentrant

 

-          Si vous ne savez pas trop, appelle-moi, je te conseillerai, on en a vu pas mal ces temps-ci avec Flo

 

-          Ok je ferai ça, et je lui souris gentiment.

 

Je regarde à nouveau mes mails, rien dans la boite de réception. Très bien, ça me laisse un peu de répits.

 

Je me lève et dis :

 

-          Je vais me faire un thé, quelqu’un veut quelque chose ?

 

MarieT lève un œil de l’ordinateur

 

-          Je prendrais aussi un thé, mais je te rejoins dans une minute, le temps de finir çaAaA

 

Je la vois s’acharner sur sa souris. Interloqué, je vais vers elle et regarde ce qu’elle fait. Je rigole quand je me rends compte qu’elle joue à un jeu sur l’ordinateur. Un drôle de jeu ou elle doit casser plein de briques. J’imagine que le but est d’en détruire un maximum dans un temps donné. Ce qui me fait surtout rire c’est que je ne la vois pas aussi souvent concentré, surtout dans son travail.

 

Je prends la direction de la cuisine, car oui nous sommes équipés d’une cuisine au travail mais sans les plaques chauffantes. Elle contient simplement un réfrigérateur, un micro-onde, une machine à café et une bouilloire. Je rempli cette dernière d’eau et la met en route. Pendant ce temps, j’ouvre le placard à thé…alors que choisir : thé vert à la menthe, fruits rouges, citron ou menthe cannelle

 

-          Humm…allez menthe cannelle

 

Un peu d’eau dans ma tasse, j’infuse mon sachet et attend patiemment. J’aime l’odeur qui se dégage de ma tasse, cette odeur de cannelle est agréable, j’espère qu’elle le sera tout autant au goût.

 

Amandine fait irruption dans la cuisine.

 

-          Ça sent drôlement bon, dit-elle en se dirigeant vers moi.

 

Je lui retourne un sourire en tant que réponse et continue d’infuser mon sachet de thé. Elle vient près de moi attrape ma main et regarde le bout du sachet que j’ai choisi.

 

-          Menthe cannelleje pense que je vais prendre comme vous. Et elle m’adresse un de ces plus beaux sourires

 

Sa main tenant toujours la mienne, je la retire précipitamment et m’en vais de la cuisine assez rapidement stipulant que j’ai beaucoup de travail. Je manque de renverser mon thé sur MarieT au moment même où je passe le pas de la porte.

 

Intérieurement, je me dis encore une situation de réglé, j’espère surtout ne pas avoir été trop brusque en enlevant ma main.

 

Rebecca rejoint MarieT dans la cuisine me laissant seule dans le bureau. Pour une fois c’est assez calme, très peu d’étudiants se présentent au bureau, les appels téléphoniques se font rares, même les mails deviennent inexistants.

 

Heureusement, il ne me reste que 30 minutes de travail avant de partir. Je souffle légèrement dans mon thé pour essayer d’en boire une gorgée quand Amandine rentre dans le bureau.

 

-          Dites-moi, j’essaye de trouver sur le serveur, le tableau sur les statistiques, vous savez celui que vous avez réalisé.

 

-          Oui, je repose ma tasse de thé et me penche sur l’ordinateur. Alors normalement vous allez le trouver dans le dossier « tableau et graphique » qui est lui-même dans « scolarité – 2014/2015 » 

 

Je la sens venir prendre place près de moi afin de voir exactement ce que je fais avec les dossiers. Elle se rapproche davantage afin de mieux voir. Elle plisse légèrement les yeux, elle n’a pas ses lunettes et cela doit lui donner quelques difficultés.

 

Et mes difficultés à moi alors ! Plus elle se rapproche et plus je chauffe, je bouillonne. Je me contiens comme je peux à chaque fois, essayant de penser à autre chose : abricot, ananas, pomme, pèche…oui j’aime les fruits et parfois ça a un effet relaxant sur ma libido.

 

-          Parfait, vous pouvez m’en sortir deux exemplaires, et me mettre cela dans deux pochettes cartonnés.

 

Aussitôt dit aussitôt fait, je profite de cette opportunité pour me lever rapidement, la contournant un maximum et aller dans la pièce voisine ou se trouve toutes nos fournitures. En partant, je la sens me regarder d’un air interrogateur.

 

Je prends tout mon temps devant l’armoire à fournitures me demandant quelle couleur choisir, rouge ou vert pomme. La réflexion est longue mais pas dénué de sens. Elle a pour but surtout d’attendre que ma responsable sorte de mon bureau. Je pense que cela fait au moins deux minutes que je suis là, le regard vide, à réfléchir ou plutôt à ne pas réfléchir.

 

-          Quelque chose ne va pas ?

 

Je sursaute, portant une main à mon cœur et la voit là, en face de moi, les mains sur ses hanches avec un regard qui ne vaille rien de bon.

 

-          Pardon ? demandais-je doucement

 

Elle fait un pas en avant

 

-          J’ai l’impression que quelque chose ne va pas ? Je vous ai fait quelque chose ?

 

-          Euh non, pourquoi ça ? Je replace une mèche de mes cheveux derrière l’oreille pour essayer de dissimuler mon mal être.

 

Elle avance à nouveau. Je commence à avoir des bouffées de chaleur.

 

-          Depuis quelque temps, vous vous comportez bizarrement avec moi.

 

Elle s’avance à nouveau et instinctivement je recule d’un pas. Un de ses sourcils se lève. Son regard qui s’était adoucit devient dur, ça ne présage rien de bon.

 

-          Etes-vous une gamine pour vous comporter de la sorte ? Là, je pense que je l’ai vraiment énervé. Je ne vous imaginais vraiment pas comme ça. Avec ce que j’ai entendu sur vous, ça me déçoit beaucoup.

 

Je n’osais plus bouger, je n’osais même pas parler de peur de rendre son énervement encore plus fort. Je me prends d’imaginer une solution à tout ça.

 

Je pourrais avancer jusqu’à me retrouver proche d’elle, déposer délicatement ma main droite sur son visage si doux, le caressant de mon pouce. Mon autre main viendrait attraper sa hanche et je m’avancerai doucement vers elle, vers ses lèvres qui me font tant envie. Sa respiration serait saccadée, la mienne au ralenti. Ses yeux s’interrogeraient sans quitter les miens. Doucement, je m’approcherai de ses lèvres, les effleurant légèrement, puis intensifiant mon baiser en pressant un peu plus. Et je me retirerai doucement laissant ma main sur son visage glisser jusqu’à ne plus la toucher.

 

J’aimerai faire cela, mais je ne peux pas.

 

Je suis sorti de mes pensées par une gifle sur ma joue gauche.

 

AIE !!!

 

J’écarquille les yeux et me rend compte que je suis toute proche d’elle. Merde, je n’ai pas imaginé tout ça. Je l’ai fait, mais…mais comment ? Je me suis rendue compte de rien, je croyais encore que c’était un fantasme comme tant d’autre auparavant.

 

Je n’ose plus la regarder.

 

-          Je…je … je suis désolée, dis-je toute penaude. Je ne prends pas le temps d’attendre une quelconque réponse ou agissement de sa part que je m’en vais limite en courant.

 

 

 

 


 

 

Chapitre 4

 

Pour la première fois en 5 ans, je n’ai pas envie d’aller travailler. Le réveil sonne comme d’habitude à 6H30. Je me lève péniblement, faut dire que je n’ai pas dormi de la nuit me remémorant ce qu’il s’était passé la veille. J’avais tellement fantasmé sur cette action que je n’arrive pas à croire que cela est pu avoir lieu. Dans la salle de bain, je mouille mon visage pour donner un peu de sensation à ma peau. Je sens deux mains qui viennent se glisser autour de ma taille.

 

-          Bien dormi chérie ? me demande Thibault les yeux à moitié clos.

 

-          Oui dis-je en reprenant constance

 

Il m’embrasse dans le cou. Il est si gentil avec moi que j’ai honte d’être moi à ce moment même.

 

-          Hum tu sens toujours aussi bon au réveil

 

Je lui adresse un sourire à travers le miroir. Je le laisse faire ce qu’il a à faire et part me préparer pour aller au boulot.

 

**********

 

Je suis à mon poste depuis 10 minutes que j’entends déjà du bruit dans le couloir.

 

Faites que ce ne soit pas elle, faites que ce ne soit pas elle…

 

La porte s’ouvre.

 

OUF

 

MarieT entre de son pas énergique.

 

-          Salut ! me lance-t-elle en déposant ses affaires sur son bureau

 

-          Salut ça va ?

 

-          Très bien. Je viens d’emmener mon fils à son collège. Il m’a fait galérer comme d’habitude pour se lever. Monsieur faisait semblant d’être malade. Je ne te raconte pas comme je l’ai bougé.

 

-          Si j’imagine. MarieT était une femme très énergique et débordante de joie mais là elle était hyper active.

 

Elle s’assoit de tout son être dans le fauteuil en lançant un HUMMM, puis s’approche en déposant ses bras sur la table et regarde alternativement entre la porte du bureau et moi-même.

 

-          Dis ? Qu’est-ce qui s’est passé hier ?

 

-          Hein ? De quoi tu parles ? demandais-je feignant de savoir de quoi elle me parlait mais en étant stressée en attendant la réponse

 

-          Hier tu es partie rapidement

 

-          Oui j’avais oublié que j’avais un rendez-vous urgent

 

J’étais une piètre menteuse. Heureusement pour moi je ne la regardais pas en répondant, lui cachant toute trace de mal aise dans mon comportement

 

-          Ah ok, j’ai cru que tu t’étais fait engueuler par la chef

 

Je me retourne pour en savoir plus.

 

-          Oui elle est partie juste après toi en claquant la porte. Avec Rebecca on s’est bien demandé ce qu’il se passait et quand on ne t’a pas vu dans le bureau on a cru… elle me fait des signes pour expliquer… enfin tu vois ?

 

-          Oui je vois, en lui adressant un léger sourire. Je crois que j’ai fait une boulette.

 

-          Rien de grave ?

 

-          Je n’espère pas, on verra bien et je hausse les épaules

 

-          Je ne m’inquiète pas, la chef est quand même très sympa et compréhensive et puis ça arrive à tout le monde de faire des erreurs, quoique je n’aurai jamais cru que cela t’arriverait à toi. Elle finit sa phrase par un clin d’œil.

 

-          Comme quoi personne n’est parfait ! et je souris.

 

MarieT a le don de me redonner le sourire. Si elle savait vraiment ce qu’il s’était passé elle saurait que la chef ne serait plus si compréhensive que ça. Moi-même je n’aurai jamais accepté que quelqu’un m’embrasse comme ça au dépourvu et d’autant plus, pour elle, quelqu’un du même sexe.

 

-          Qui n’est pas parfait ? demande Rebecca en rentrant dans le bureau

 

-          Fiona, répond MarieT du tac au tac

 

-          Ah bon ? et depuis quand ?

 

-          Depuis hier apparemment

 

-          Non pas possible, continu t’elle en allant s’asseoir à sa place

 

-          Si si je t’assure

 

Je les regarde interloqué de leur discussion mais qui me fait sourire de plus belle

 

-          Non mais, vous deux, je suis là

 

-          Ah oui ! me répond Rebecca en rigolant

 

Nous rigolons de plus belle. J’ai vraiment de la chance d’avoir des collègues comme elles. Au moins pour cette instant elles me font penser à autre chose mais qui ne dure qu’un court instant car notre responsable rentre dans le bureau.

 

-          Bonjour, nous dit-elle

 

Chacune d’entre nous lui répond mais pour ma part beaucoup plus timidement que d’habitude. Je n’ose la regarder et voit qu’elle ne porte aucun regard sur moi.

 

Bon une chose est sûre, elle m’en veut, mais à quel degré ?

 

Quelques minutes plus tard elle rentre à nouveau dans le bureau s’asseyant en face de MarieT.

 

-          Marie-Thérèse, pourriez-vous m’envoyer par mail vos plannings pour le second semestre ?

 

-          Oui bien-sur

 

Amandine se lève et vient déposer un papier sur mon bureau. Je lève les yeux pour la regarder et elle enchaine :

 

-          J’ai besoin de tout ça pour 16H00. Son ton est sec et froid, son regard glacial. Elle tourne les talons et s’en va.

 

Rebecca se retourne pour me regarder

 

-          Et bien, c’était wouah, me dit-elle en faisant des gros yeux.

 

-          Oui, je ne pense pas qu’elle me pardonne aujourd’hui pour ma boulette, dis-je en regardant le papier qu’elle m’avait donné et en lisant tout ce qui était inscrit

 

-          T’inquiète pas, ça lui passera, enchaine MarieT.

 

Dans ma tête je ne suis pas certaine que ça lui passera. En même temps je l’avais bien cherché, c’était ma faute, fallait que j’assume.

 

En attendant, elle m’a donné trois tonnes de boulot et ce n’est que peu dire. Faire en une journée le travail d’une semaine. C’est peut-être sa façon de me faire comprendre qu’elle m’en veut et qu’elle va m’en faire baver. Je ne perds pas un instant et me plonge tête baissée dans le travail.

 

Arrive l’heure du déjeuner.

 

MarieT et Rebecca se lèvent :

 

-          Tu viens manger avec nous ? me demande MarieT

 

-          Non c’est gentil, je n’ai pas fini et il me reste encore beaucoup de choses à faire.

 

-          Ok, si tu te décides à nous rejoindre, on sera à la cafet

 

-          Ok ça marche

 

Je regarde ma montre, 16h00, génial je me dis. Juste le temps de fignoler le tout et j’ai enfin terminé. Je ne pensais pas pouvoir y arriver mais enfin de compte comme le dit le dicton : quand on veut on peut.

 

Je me lève et vais devant sa porte. J’ai les mains moites, je n’ose frapper, pourtant il le faut.

 

Courage !

 

-          Entrez

 

Je pousse la porte délicatement et m’avance à mi-chemin entre la sortie et son bureau. Je ne dis rien. Elle ne me regarde même pas, gardant ses yeux rivés sur son ordinateur. J’ose enfin :

 

-          Les documents que vous m’aviez demandés

 

Elle regarde sa montre et lève un sourcil puis me tend sa main. Je lui donne le dossier et me recul. Elle ne prend pas la peine de regarder ce que j’ai fait. Je vais pour dire quelque chose, une excuse pour la veille mais me résigne voyant bien qu’elle n’attend qu’une chose, que je sorte de son bureau. Je sors donc et en refermant la porte je souffle un instant. Mon ventre grogne, je n’ai pas pris le temps de manger ce midi et j’ai extrêmement faim. Au même moment sort mon directeur et entend de son ouïe fine mon ventre gargouiller.

 

-          Alors Fiona on a une petite faim ?

 

-          Oui monsieur

 

-          Travaillez c’est bien Fiona, mais pour bien travailler il faut se ravitailler sinon la machine qu’est votre cerveau ne fonctionnera plus correctement.

 

-          Oui monsieur, dis-je en retournant à mon bureau pendant que celui-ci s’enfonçait dans l’un des couloirs de l’école.

 

Ce directeur était très gentil et avait toujours une anecdote à nous raconter.

 

 

 

Les jours passèrent et se ressemblèrent. Cela faisait maintenant 3 semaines que je maintenais ce rythme infernal au travail. Amandine ne m’adressait la parole que pour me donner du travail à rallonge.

 

MarieT et Rebecca hallucinaient de cela, elles n’avaient jamais vu ça en fait. Elles voulaient m’aider mais ma fierté personnelle leur en empêchait. Je n’aimais pas que l’on m’aide dans n’importe quel domaine à moins que ce soit moi qui demande de l’aide. Et oui les taureaux sont têtus !!!

 

Comme à son habitude, Amandine rentra dans le bureau et me tendit une feuille avec différents documents à réaliser.

 

-          J’ai besoin de cela pour demain, afin de préparer le conseil d’administration

 

Je ne cherchais même plus à savoir pourquoi ou comment, je le faisais tout simplement sans poser de question. Depuis ce qui c’était passé, je me surprenais à ne plus fantasmer sur elle, même si parfois sa douce odeur me remémorait quelques rêves agréables. Mais je n’avais plus la force, non pas physique mais mentale. Oui c’est vrai je l’avais embrassé, oui c’est vrai je n’aurais jamais du faire cela et je me demande encore comment ça a pu arriver mais elle m’ignorait chaque jour, me regardait d’un regard noir, me donnant toujours plus de travail, des choses qui ne servaient à rien.

 

A cette demande, Rebecca prit la parole :

 

-          Le conseil d’administration ? mais normalement c’est à moi de m’en charger.

 

C’était gentil de sa part, je savais qu’elle faisait cela pour m’éviter encore un surplus de boulot

 

Ma chef ne se démonta pas pour autant :

 

-          Le directeur a besoin de vous pour autre chose et comme le conseil à lieu dans deux jours, j’ai besoin de cela au plus vite.

 

Sur ce, elle tourna les talons et sorti du bureau.

 

-          Tu veux que je t’aide ? me demanda MarieT d’un ton triste

 

-          Non ça va aller, je te remercie, lui répondis-je en faisant un petit sourire, et puis il y en a moins que d’habitude alors ça devrait être rapide.

 

Bon rapide était un grand mot j’avoue. Midi est là et j’ai encore une bonne partie du travail à réaliser. Je sens que mon déjeuner va encore sauter. Mon ventre ne grogne plus il a dû s’habituer à ce rythme. Les collègues du bureau ne me demandent même plus si je veux les accompagner à la cafeteria. Mon nez plongé dans les différentes feuilles, elles s’en vont silencieusement.

 

A leur retour, je m’étonne même :

 

-          Déjà de retour ?

 

-          Déjà ! il est 13h30, me répond Rebecca

 

-          Ah oui ? le temps passe super vite. Par contre moi je n’avance pas bien vite aujourd’hui pensais-je.

 

Je me lève précipitamment, peut-être trop vite. J’ai la tête qui tourne et manque de tomber, heureusement que je me rattrape au bureau. Rebecca s’approche de moi rapidement.

 

-          Ça va ?

 

-          Oui nikel, j’ai dû me lever trop vite

 

-          Tu devrais faire une pause Fio

 

-          J’ai bientôt fini

 

-          Prend deux secondes pour manger un truc au moins, insiste t’elle

 

Je prends en considération son argument mais pourtant quand je regarde sur mon bureau ce qu’il me reste à faire je la décline.

 

-          Ça va aller, ne t’inquiète pas, j’ai bientôt terminé. Et je lui fais un grand sourire pour lui montrer que tout va bien.

 

MarieT rentre à son tour et je vois Rebecca lui faire de gros yeux. Je sors du bureau et n’essaye même pas d’écouter ce qu’elles ont à dire parce que je le sais très bien. Je passe l’heure suivante à faire des allers retours entre le bureau et la photocopieuse jusqu’au moment où je me sens vaciller et puis plus rien, le noir.

 

 

 

 


 

 

 

 

Chapitre 5

 

J’ai la tête qui tourne. Je crois que je suis allongée. Oui ça doit être ça, le sol est froid et ma main touche des petites miettes.

 

BEURK

 

Je sens une main me caresser les cheveux, ça me fait du bien, ça me réconforte. Et j’entends la voie de MarieT près de moi.

 

-          Hey la belle au bois dormant, ça va mieux ?

 

-          Qu’est-ce qui s’est passé ?

 

-          Tu t’es évanouies, je t ‘ai entendu tomber dans le couloir

 

Je n’arrive pas à ouvrir les yeux, la lumière m’aveugle. J’essaye de me relever mais je sens une main se poser sur mon ventre pour me faire comprendre de rester au sol.

 

-          Ne bouge pas, me dit gentiment MarieT. Rebecca est allée te chercher de quoi manger. Tu nous as fait peur Fio !

 

-          Désolée, dis-je timidement

 

-          Je sais bien, mais la prochaine fois arrête de faire ta tête de mule et écoute-nous quand on te dit de manger !

 

-          Mais… j’avais du travail...la main dans mes cheveux s’arrête un instant puis reprend son rythme

 

-          Je sais bien mais n’empêche…

 

-          Excuse-moi MarieT, je sais que tu as raison, dis-je en prenant l’accent de Maïté

 

Elle rigole un instant et ajoute :

 

-          Je préfère te voir comme ça.

 

Je rigole avec elle mais ça me tape dans la tête

 

-          Aie

 

-          Je vais aller te chercher de la glace pour ta tête

 

-          Merci

 

J’entends des pas s’éloigner et pourtant il y a toujours cette main qui caresse mes cheveux.

 

-          Je croyais que tu allais me chercher de la glace ?

 

Il y eu quelques secondes de non bruit avant d’entendre la réponse :

 

-          Marie-Thérèse vient de partir en chercher

 

Cette voix ! Non j’hallucine, ce n’est pas possible. J’ouvre les yeux rapidement, la lumière m’aveugle, la vue trouble j’essaye de voir qui se tient au-dessus de moi. Je suis sûr que je dois faire une drôle de tête en essayant de forcer pour apercevoir ne serait-ce qu’un reflet. En fait, je suis agacée.

 

-          Faut que je me lève, dis-je assez sévèrement

 

Tant bien que mal je me redresse restant assise sur mes fesses et me décalant jusqu’à rencontrer le mur contre mon dos. Ma vue s’éclaircie un peu, enfin. Je regarde devant moi et la vois, accroupi juste en face. Je ne sais pas quoi dire et en même temps je n’ai pas envie de parler. Mon regard reste fixé sur elle car je ne distingue pas tout encore mais je crois apercevoir dans son comportement de la gêne ou de la honte.

 

Une porte claque dans le couloir lourdement.

 

Je me tiens la tête dans les mains, le bruit résonnant dans celle-ci.

 

-          Ça va ? me demande t’elle proche de moi une main sur mon épaule.

 

Mon regard va se plonger dans le sien et les sensations du début d’année me remontent en puissance.

 

-          Oui

 

Je regarde sa main sur mon épaule et elle l’enlève doucement.

 

Une sorte de gêne s’installe dans la pièce, quand elle prend la parole :

 

-          Fiona, je voulais vous dire, je…je suis désolée pour tout ça

 

Je vais pour répondre lorsque Rebecca rentre dans la pièce en furie

 

-          J’ai fait aussi vite que possible.

 

Elle s’installe à côté de moi.

 

-          Alors, je t’ai pris tout ce que tu aimes. Des Pim’s framboise, des M&Ms, des oréos et bien sur des rochers coco.

 

Je la regarde de façon étonnante pour la remercier.

 

-          Ah oui et un sandwich aussi si tu as envie de salé

 

-          C’est super gentil Rebecca

 

-          C’est normal, tu nous a fait peur…vraiment. Heureusement que la chef était là.

 

Je regarde Amandine avec étonnement qui rougit légèrement.

 

-          Elle a essayé d’amortir ta chute…au fait ça va votre main ? demande Rebecca en regardant Amandine

 

-          Oui ce n’est rien, répond-elle en souriant.

 

-          Allez manges un bout maintenant.

 

Je prends le paquet de rocher coco et en engouffre un puis deux puis trois sous leurs yeux.

 

Quoi ? J’avais faim !!!

 

 

 

L’heure de la fin de journée arrive enfin. Je toque au bureau de ma responsable.

 

-          Entrez

 

Je pousse la porte et vais déposer le dossier qu’elle m’avait demandé sur son bureau puis me retourne pour partir.

 

-          Fiona ?

 

Je me retourne pour lui faire face. Je vois qu’elle est mal à l’aise. Elle ne s’est pas où regarder, ne s’attarde pas trop sur moi. C’est la première fois depuis trois semaines qu’elle me parle, tout du moins qu’elle prononce mon prénom. Je ne sais pas si je dois en être ravie ou plutôt terrorisé. Ses yeux vont de droite à gauche puis elle se lève et vient vers moi.

 

-          Je suis vraiment désolée, pour tout, pour tout ce que je vous ai fait subir.

 

Je ne sais pas trop quoi répondre. Mon cœur se relâche un instant, m’attendant à autre chose qu’à des excuses. Certes, elle est allée loin en me faisant travailler aussi durement, me stressant chaque jour pour finir en temps et en heure mais je n’arrive pas à lui en vouloir, parce que rien qu’à la regarder elle me fait craquer.

 

-          Ce n’est pas grave, répondis-je

 

-          Si…j’ai été méchante avec vous, désagréable, autoritaire et…

 

Je pensais à peste et garce aussi mais je la coupe d’une main levée avant même qu’elle ne continue :

 

-          Tout est de ma faute et je suis encore désolée de ce qui s’est passé. Je n’aurais jamais dû faire ce que j’ai fait, lui répondis-je en baissant la tête légèrement. Les souvenirs remontaient en moi et je me sentais gêner d’y repenser devant elle.

 

Quelqu’un frappe à la porte et la tête de Rebecca apparait.

 

-          Désolée, dit-elle, Fio, je te ramène ?

 

-          Oui j’arrive merci

 

Je fais un signe de tête à ma responsable pour lui dire au revoir et m’en vais.

 

 

 

 


 

 

Chapitre 6

 

Le conseil d’administration ou devrais-je dire la torture assurée. 3 à 4 heures de bla bla écoutant le président et le directeur de l’école énumérer tout ce qui s’est fait au cours de l’année et les projets à venir.

 

-          Fiona, pourriez-vous me photocopier ces documents en 25 exemplaires s’il vous plait ? me demande le directeur en me tendant une feuille « ordre du jour »

 

-          Oui Monsieur

 

-          Très bien. Il piétine sur place un instant. Bon, la plupart sont arrivés, donc rejoignez-nous directement dans la salle du conseil lorsque vous aurez terminé.

 

-          Oui

 

1 minute plus tard je rentre dans la salle du conseil. Je vais déposer les feuilles à mon directeur qui me remercie d’un signe de tête, puis regarde où m’installer. MarieT m’a gardé une place, génial je m’y dirige lorsqu’un intervenant rentre dans la pièce et vient s’installer à MA place.

 

Merd…Mercredi

 

MarieT me fait une triste mou pour s’excuser. Je regarde à nouveau et ne trouve qu’une seule place et pas à coté de n’importe qui.

 

Je ne sais pas si c’est de la poisse ou de la chance.

 

Je m’installe donc à coté de ma responsable qui me fait un léger sourire lorsque je me retrouve à sa hauteur. Ce sourire, elle ne me l’avait pas adressé depuis des semaines. C’est vrai qu’il me manquait mais je ne savais pas comment réagir à tout ça, avec ce qu’il s’était passé. Je fais donc ce que je sais faire le mieux du monde, prendre mes distances.

 

De longues minutes passent, ou le directeur et le président prennent chacun à leur tour la parole. Je regarde ma montre et l’heure n’avance pas. Je baille et me repose le dos contre ma chaise lorsque je vois ma chef rigoler discrètement et me sourire…encore.

 

-          Pardon, dis-je doucement.

 

-          Je vous comprends. Et elle se remet à écouter la discussion du conseil.

 

Je la regarde du coin de l’œil et son air sérieux me donne des frissons. Ses yeux sont rivés sur la discussion, son petit nez est droit et fin, ses lèvres par moment se mordillent, c’est trop craquant. Elle fait bouger ses doigts de sa main posé dans son cou, j’aimerai être ses doigts, la toucher légèrement, sa nuque…

 

Elle me regarde droit dans les yeux. Je pense qu’elle vient de me surprendre et pourtant elle ne dit rien.

 

-          Fiona…Fiona

 

-          Hein ?

 

Ma responsable me lance un regard en direction du directeur

 

-          Fiona pourriez-vous me faire 25 photocopies de ces 3 documents ?

 

-          Heu…oui, j’y vais

 

Là, je crois que j’ai été prise en flagrant délit par tout le monde. J’étais tellement perdu dans mes pensées qu’il a dû m’appeler à plusieurs reprises, soulevant la curiosité de chacun autour de cette table.

 

Oh la honte !

 

Je m’en vais rapidement à la photocopieuse et commence le travail.

 

Mon téléphone vibre, un message de Thibault qui me souhaite une bonne journée. Il est vraiment chou, ce qui me fait culpabiliser davantage. Tout ça me rappelle mon adolescence ou je me cherchais, ne comprenant pas ma sexualité, voulant être « comme tout le monde », ne pas être le singe moqueur.

 

-          Rêveuse on dirait ?

 

Amandine est là, au chambranle de la porte.

 

Je lève la tête pour acquiescer et examine avec profondeur la photocopieuse, qui vous vous doutez doit être très intéressante à ce moment-là.

 

Un silence s’installe et elle continue :

 

-          Il y a d’autres feuilles à photocopier

 

-          Donnez-les-moi, je vais m’en occuper, lui répondis-je en tendant une main vers elle.

 

Elle me donne les feuilles et reste contre le pas de la porte. Je la regarde avec un air interrogateur.

 

-          J’en profite pour faire une pause, ces longs discours ont tendance à avoir un effet soporifique.

 

-          Oui moi aussi ça m’endors…malgré que ce soit très intéressant, dis-je pour me rattraper

 

Elle me fait un sourire en coin

 

-          Ne vous inquiétez pas, je ne dirais rien. Elle me fait un clin d’œil pour appuyer ses dires.

 

Elle reste encore plantée la et je n’ose pas la regarder.

 

-          Je voulais encore m’excuser, me dit-elle, j’ai vraiment été…

 

Je me retourne pour la regarder et enchaine :

 

-          C’était mérité

 

-          Non pas du tout, répond-elle en se redressant et se tenant droite devant moi, les yeux remplis de colère contre elle, les bras croisés.

 

-          Ce n’est pas grave, c’est terminé maintenant, non ? et je lui envoie un timide sourire espérant qu’elle réponde positivement à ma question

 

-          Oui…

 

Soulagée.

 

-          Alors parfait ! et je lui tends la main, qu’elle me serre en bon et due forme.

 

Elle regarde la photocopieuse qui s’est arrêté

 

-          On y retourne

 

-          Oui obligé, dis-je en soupirant et en la suivant dans le couloir.

 

Le reste de la semaine se passa sans encombre ainsi que la semaine suivante.

 

Amandine était devenue aussi douce qu’au début. Méconnaissable par rapport aux trois semaines que je venais de subir. J’aimai le comportement qu’elle avait avec moi. Elle devait être de nature tactile parce qu’elle avait toujours un geste envers moi lorsque nous étions proche pour le travail. Je m’y étais faite même si cela me procurait à chaque fois un peu de plaisir intérieur que j’essayais de dissimuler au mieux.

 

Je lui avais pardonné les trois semaines macabres, je ne pouvais pas faire autrement, j’étais tombé sous son charme et je n’arrivais pas à lui en vouloir. Je me sentais faible à y repenser, me laissant traiter vulgairement et après, faire comme si rien ne s’était passé et retrouver notre quotidien du début. Aurais-je un minima de sadomasochisme en moi ? Non, un peu tordu certes mais pas de là à me laisser flagellé comme dans 50 nuances de Grey.

 

 

 

 


 

 

 

 

Chapitre 7

 

Un matin elle me demanda :

 

-          Fiona, j’aimerai bien que vous veniez avec moi à la formation aujourd’hui ?

 

-          Euh…oui, ça porte sur quoi ?

 

-          Sur le nouveau logiciel de comptabilité

 

-          D’accord

 

Elle voyait mon air surpris sur mon visage et ajoute :

 

-          Ça ne vous dérange pas ? c’est juste que je pensais que cela pourrait vous intéresser, on ne s’est jamais dans le futur si vous êtes amené à vous en occuper

 

-          Oui oui pas de souci

 

-          Rassurez-vous, tant que je serai là je m’en occuperais. Et elle me fait un petit sourire en coin

 

Trop mignonne pensais-je.

 

-          Au fait, la réunion est sur toute la journée à Béziers. On y va à cinq avec la voiture de l’école.

 

-          Très bien

 

Toute la journée !!! Je sens que ça va être long, sauf si par moment je « zieute » sur qui vous savez…

 

 

 

Nous nous dirigeons au parking et je vois que les collègues des autres écoles nous attendent déjà.

 

-          On est en retard ? demandais-je

 

-          Non, je pense surtout qu’ils en profitent pour faire une pause plus longue

 

A mieux y regarder ils avaient tous un gobelet de café à la main.

 

Nous prenons place dans la voiture un homme au volant, une femme imposante en tant que copilote et à l’arrière Amandine au milieu encadré de moi-même à sa droite et d’un homme d’une cinquantaine d’année à sa gauche.

 

C’est parti pour 2 heures de route. Je me demande pourquoi à chaque fois ils nous mettent des formations aussi loin, alors que la plupart des participants sont de la même ville. J’apprécie néanmoins la proximité avec ma chef. J’observe discrètement ses longues jambes fines placées de part et d’autres du cache frein à main. Elle est habillée avec une petite jupe sobre bleue, un décolleté noir et des chaussures à talons de la même couleur. J’aime quand elle est habillée comme cela, ça me permet d’apercevoir un peu plus d’étendu de sa peau et ça la rend terriblement sexy.

 

Une discussion s’est installée dans la voiture, concernant le travail, j’y prends part par moment sans pour autant m’intéresser complètement. Parler travail encore et toujours, ça va un moment. Je préfère regarder le paysage.

 

Je sens Amandine se redresser un peu plus dans la voiture et ses lèvres se serrer légèrement. Je me demande bien ce qu’il se passe lorsque je vois que son voisin de gauche qui effleure sa jambe par moment lorsqu’il parle. Je me dis qu’il n’a pas dû le faire exprès, mais au comportement de ma chef, je décide d’observer cet individu à un plus haut degré. La discussion continue, faisant gesticuler la dame de devant dans son récit et ce gars, qui parle lui aussi avec les mains, n’hésite pas à la toucher, jusqu’à poser sa main sur son genou, ENCORE. Elle décale sa jambe précipitamment.

 

-          Pardon, dit-il en lui adressant un faux sourire et continu son discours

 

Mon cul ! C’était totalement prémédité et ça a le don de me faire voir noir. Je sens la colère monter en moi et sentir Amandine gênée, ne sachant pas quoi faire et mal à l’aise, ça m’insupporte.

 

-          Arrêtez-vous, dis-je sans réfléchir

 

-          Qu’est-ce qui se passe, me demande le conducteur

 

-          Vous pouvez vous arrêtez, je ne me sens pas bien

 

Bon, c’est un mensonge, mais mon comportement fait que ça ne se voit pas. Je sors rapidement de la voiture lorsque celle-ci s’arrête sur le bas-côté. Je marche quelques pas les bras sur les hanches pour essayer de calmer mes ardeurs de « cognage ». J’avais vraiment envie de frapper sur quelque chose, bousculer une chaise ou faire éclater un verre contre un mur, j’avais besoin de me défouler. Pourquoi voir rouge ? Ma réaction est certes excessive, mais je ne peux le laisser agir de la sorte, sous mes yeux, profitant d’elle pour assouvir une quelconque envie. Cela me répugne au possible rien que d’y penser.

 

-          Ça va aller ? me demande Amandine en posant une main sur mon bras

 

Son contact apaise mes ardeurs un instant, laissant mes idées noires au placard une fraction de seconde et regarder ses yeux si verts se préoccuper de mon état m’attendrit.

 

-          Oui ça va mieux, je me suis calmée

 

-          Pardon ?

 

-          Non c’est bon on peut y retourner, et je me dirige vers la voiture

 

-          Ok

 

Je stoppe Amandine avant qu’elle ne monte en voiture en lui mettant une main sur l’épaule.

 

-          Amandine, attendez, je vais me mettre au milieu

 

Elle lève un sourcil

 

-          Oui je préfère être au milieu

 

Alors que pas du tout, mais qu’est-ce qu’est-ce que je ne ferai pas pour elle. Je prends place au milieu, sous le regard stupéfait des autres.

 

-          Habituellement la place du milieu n’est pas la meilleure pour les nausées, me dit la dame de devant

 

-          Je ne suis pas comme tout le monde, répondis-je avec un sourire et regardant mon voisin de gauche s’installant confortablement à mes côtés.

 

-          C’est vrai Fiona, elle n’a pas tort, vous êtes sûr que ça ira ? me dit ma chef

 

-          C’est mieux comme ça…pour nous deux.

 

Elle me regarde un instant et me sourit timidement. Je ne sais pas si elle voit ou je veux en venir mais moi ça me soulage.

 

Nous arrivons enfin à destination. J’ai envie d’étriper littéralement ce mec mais je garde mon sang froid, ne voulant pas créer de désordre.

 

La journée se passe sans encombre, les informations transmises étaient intéressantes. J’aimai bien quand Amandine m’expliquait avec plus de précision certains points que je ne comprenais pas, surtout parce qu’à chaque fois elle se rapprochait de moi, presque à frôler son visage au mien. Je pouvais donc sentir à nouveau son ODEUR si convoité par moi-même, admirer de façon minutieuse les contours de sa bouche, de son nez, de ses yeux. Cette petite fossette qui se dressait au coin de ses lèvres lorsqu’elle me souriait timidement, ses yeux pétillants qu’elle m’adressait à la fin de chaque explication, son petit nez qu’elle bougeait lorsqu’elle essayait de comprendre ce que les formateurs nous disaient. Tout en elle m’appelait.

 

Nous finissons cette réunion/formation par un pot qui est le bienvenu par tout le monde.

 

Après l’effort, le réconfort !

 

Je suis au téléphone avec Rebecca qui me demande quelque chose pour le travail et en même temps je regarde ma chef parler aux formateurs. Elle fait quelques gestes de la main faisant rire ses interlocuteurs. Elle a une prestance, un charisme très charmant. Le petit groupe est rejoint par le gars de la voiture et il se place à côté d’elle. Je la vois déjà faire un pas sur le côté et son comportement change légèrement. Elle se crispe, ses traits se ferment. Pendant qu’ils parlent, l’homme ose, dans un semblant de rigolade, la prendre par la taille et lui caresser le bas du dos.

 

-          Hey Fiona, tu m’entends ? demande Rebecca

 

-          Oui oui, regarde dans mon armoire, étagère du haut, classeur rouge

 

-          Ok merci, alors c’était bien ?

 

-          Heu, faut que je te laisse, je te raconte ça demain

 

-          Ok bisous

 

-          Bisous

 

Je raccroche rapidement me dirigeant vers eux. Je viens prendre place entre ma chef et le gars, le bousculant légèrement par la même occasion.

 

Pourquoi cela m’énerve tant ? J’ai l’impression d’être jalouse alors que je ne l’ai jamais été, mais je n’arrive pas à me contrôler. Cette sensation dans mon corps, le pincement que j’ai dans le bas du ventre et qui remonte dans mes entrailles me mettent en colère.

 

Amandine à l’air un peu mieux depuis que je suis arrivée, restant proche de moi. On continue de discuter un moment avec les formateurs puis ils s’en vont nous laissant seules avec le pervers.

 

Il se tourne vers moi :

 

-          Je disais à votre collègue…

 

-          Responsable ! d’un ton sec.

 

-          Oui, à votre responsable, que c’était sympa de faire connaissance dans un contexte comme celui-là.

 

J’acquiesce sans un mot ni un sourire, le laissant avec son petit rictus. Il pense peut-être m’amadouer, il fait le cowboy, parlant avec de grands gestes, faisant le beau, mais s‘est-il regardé dans le miroir une seule seconde ?

 

-          On travail presque à coté et pourtant rare sont les occasions ou l’on peut se voir. Faudrait essayer de remanier à ça, me dit-il en me caressant le bras

 

Là, ça en est trop, le sang me monte au visage.

 

Je m’approche de lui doucement.

 

-          Tu me touches encore ou tu touches ma chef, je te broie les couilles de tel façon que tu ne pourras plus marcher correctement pendant au moins un an, c’est compris ?

 

Tout cela dit avec mon plus beau sourire. Il ne répond rien restant « con » à ce que je venais de lui dire.

 

Le silence est coupé par notre conducteur de voiture qui nous annonce que l’on reprend la route.

 

Cette fois-ci, les trois femmes sont à l’arrière. Le pervers à bien compris qu’il ne fallait plus s’approcher de nous. Par contre, cela ne laisse pas trop de place et je suis complètement collée à ma supérieure, ce qui n’est pas pour me déplaire. Je l’écrase presque à chaque virage, j’essaye tant bien que mal de me retenir en me tenant au siège conducteur mais c’est difficile.

 

Elle pose une main sur ma cuisse.

 

-          Laisse-toi aller, j’ai l’épaule solide

 

J’hallucine ou elle vient de me tutoyer. Ça change beaucoup de choses. Ça l’a rend accessible et sa main sur ma cuisse…aaahhhh !!!

 

-          Et merci pour tout à l’heure, pour la voiture et le pot.

 

Elle s’en était rendu compte pour la voiture !

 

-          Avec plaisir.

 

Je lui adresse un sourire d’envie tout en la regardant dans les yeux. Sa main caresse ma cuisse quelques secondes puis s’enlève délicatement.

 

 

 

Le lendemain au travail, mes collègues me demandent comment s’est passé la réunion et je leur raconte l’échange avec le pervers ce qui a dont de les faire rire au possible. Toujours euphorique, Amandine rentre dans le bureau le sourire aux lèvres, voyant MarieT morte de rire sur son bureau et Rebecca essayant de se retenir.

 

-          Bonne journée on dirait, dit-elle en s’installant face à moi en souriant

 

-          Je viens de leur raconter pour hier…le gars…

 

Elle fait un signe de tête

 

-          Je suis désolée, ajoute MarieT en s’essuyant les yeux, mais j’aurais aimé, non adoré te voir en action Fio

 

-          Oui moi aussi, ajoute Rebecca pouffant de rire, n’arrivant plus à se contrôler

 

-          Elle a été parfaite, commente Amandine

 

Je suis surprise par ce compliment. MarieT se tamponne les yeux quelques instants avec un mouchoir et ajoute :

 

-          Vous aviez besoin de quelque chose Amandine ?

 

-          Juste quelque chose à voir avec Fiona. Est-ce que tu pourrais m’envoyer par mail tes plannings quand tu les auras finis ?

 

-          Oui pas de souci

 

Elle me sourit, se lève et s’en va.

 

Les filles me regardent stupéfaites dirons-nous.

 

-          C’est tout ou rien on dirait, dit Rebecca

 

-          Comment ça ?

 

-          Y’a pas deux semaines elle te faisait vivre un cauchemar et maintenant elle te tutoie…bizarre…

 

-          Elle n’est pas méchante et avec ce qu’il s’est passé hier…

 

Je laisse la fin de la phrase en suspens. C’est vrai que c’était tout ou rien, mais je me dis qu’elle a dû apprécier que je prenne sa défense.

 

-          Non pas méchante mais bizarre….

 

-          Oui ça arrive les débordements hormonaux dans un milieu typiquement féminin, enchaine MarieT

 

-          On fait tous des erreurs que l’on regrette, dis-je en reprenant mon travail.

 

Bon, je suis consciente de l’erreur que j’ai faite par contre je ne regrette pas, même si une part de moi ce veut coupable et honteuse vis-à-vis de Thibault.

 

Dans l’après-midi, le directeur était dans notre bureau travaillant d’arrache-pied avec Rebecca sur un projet d’alternance. La pauvre Rebecca en avait partout sur son bureau, le directeur lui mettant des petites notes de partout. Cela me faisait rire intérieurement à la regarder se dépatouiller dans tout cela, quand Amandine rentra et déposa un papier à MarieT.

 

-          Ah ! ça tombe bien que vous soyez là Amandine, je voulais vous rappeler l’apéro de demain soir à l’école.

 

Le directeur nous regarde une à une.

 

-          C’est un moment que j’affectionne particulièrement. Ça nous permet de nous retrouver et de décompresser du travail tout en se délectant de quelques hors d’œuvres et puis de faire connaissance un peu plus. Pour vous, Amandine, ce sera la première année, l’ensemble des intervenants et partenaires seront là, donc je compte sur votre présence à toutes les 4 ?

 

Chacune de nous répondons d’un oui, plus ou moins enjoué.

 

-          Bien sûr vos conjoints sont invités et j’espère les voir demain. J’aime beaucoup ces ambiances ou le contexte du travail s’évade pour laisser place à de la familiarité.

 

Ils nous regardent à nouveau.

 

-          Bon Rebecca où en étions-nous ? ajoute-t-il en remettant ses lunettes.

 

Le mot conjoint restait gravé dans ma mémoire.

 


 

 

 

 

Chapitre 8

 

La salle de cours a été décorée autrement pour ce petit apéro. Je regarde le traiteur finir d’installer l’ensemble des hors d’œuvres et boissons qui j’avoue m’en mettent l’eau à la bouche. De petites verrines qui ont l’air succulentes, des macarons bien fournis, de minis sandwichs garnis au foie gras. Les personnes arrivent les unes après les autres. Chacun se salue, se font la bise ou une bonne poignée de main. Je regarde ma montre et pense que Thibault ne devrait pas tarder à arriver.

 

Ah quand on parle du loup !

 

Il rentre dans la salle. Thibault est un très bel homme, grand, brun aux yeux marron. Il a un charisme incroyable. Avec sa chemise cintrée, il fait ressortir sa musculature. Je me doute qu’il est fait exprès de porter celle-là pour se mettre en valeur par rapport aux autres hommes. Ah les mecs tous les mêmes !

 

Une petit baiser délicat et il me demande :

 

-          Ça va ma chérie ?

 

-          Oui et toi ?

 

-          Oui maintenant que je suis avec toi. Alors… se sont là tes collègues de travail ?

 

-          Oui…enfin il y a des collègues, des intervenants et partenaires de l’école. Tient, je vais te présenter Rebecca, tu ne la connais pas encore, elle est super sympa.

 

-          Hum hum, répond-il en mangeant un petit sandwich qu’il avait attrapé sur la table derrière nous.

 

Pendant que nous discutions avec Rebecca, son copain Florent, MarieT et son mari, je regardais autour de nous pour voir si Amandine était là.

 

Personne.

 

Je n’écoutais pas trop leur conversation mes yeux se promenant à droite et à gauche.

 

-          Quelque chose ne va pas ? me demande Thibault

 

-          Non…enfin si, tout va bien, je regardais juste s’il restait des desserts. Je vais m’en prendre un, tu veux quelque chose ?

 

-          Non ça va, j’ai assez mangé. Il met sa main sur son ventre comme si je n’avais pas compris.

 

-          Ok je reviens.

 

Devant les desserts, je ne sais pas quoi prendre, en fait je n’ai envie de rien, lorsque j’entends mon directeur m’appeler :

 

-          Fiona.

 

Il me fait un signe de la main pour le rejoindre lui et Amandine ainsi que son mari.

 

Je déglutis péniblement et essaye de faire mon meilleur sourire, quelque peu crispée, puis me dirige vers eux.

 

Son mari est très élégant, brun aussi, de taille à peu près équivalente à Thibault et de type eurasien je dirais. Il est en costume et ça lui va très bien. Mes mains deviennent moites lorsque je m’approche d’eux, alors délicatement je les frotte à mes poches arrière de jean.

 

J’arrive enfin à leur niveau, tendu comme un bout de bois.

 

-          Et voici Fiona, un atout majeur de l’école.

 

Comment me faire rougir….

 

-          Elle gère principalement tout ce qui est scolarité, les étudiants, les profs, les réservations de salles et beaucoup d’autres choses… il en rajoute avec ses mains.

 

Le mari d’Amandine me tend la main que je lui serre :

 

-          Amandine m’a dit beaucoup de bien à votre sujet

 

Je lui jette un rapide regard étonné puis reprend :

 

-          Merci et enchantée

 

-          De même

 

Je sens un bras s’enrouler autour de ma taille. C’est Thibault qui nous rejoint. Je me sens de plus en plus gênée.

 

-          Thibault, je te présente ma responsable Amandine STARK et son mari…

 

-          James, ajoute le marie d’Amandine

 

-          Et tu te souviens de mon directeur M.BERGERON ?

 

-          Oui enchanté. Il sert la main à l’ensemble

 

-          Je vous présente Thibault mon…compagnon.

 

Une discussion pris forme entre nous. Le directeur nous quitta pour aller côtoyer d’autres personnes présentes, obligation oblige avait-il dit. James et Thibault avait l’air de bien s’entendre, s’étant trouvé des points communs niveau sport : football, handball et basketball…en fait tout ce qui finissait en Ball. Par moment, je jetais un œil sur Amandine qui participait à leur conversation avec vigueur. Je ne la pensais pas autant féru de sport. Au bout d’un moment je leur demande de bien vouloir m’excuser et me dirige vers la table à boisson.

 

Alors quoi prendre ? vin ou coca ? Coca, je ne supporte pas l’alcool alors autant évité de dire des choses qui me mettront mal à l’aise.

 

-          Moi aussi j’ai une petite soif

 

Je sursaute un instant ne l’ayant pas entendu arriver. A croire qu’elle porte du coton sous ses talons. Amandine se place à côté de moi.

 

-          Tu veux…heu, vous voulez boire quoi ?

 

-          Tu peux me tutoyer, en fait ça me ferait plaisir que tu le fasses

 

-          Ok, alors tu veux boire ?

 

-          Hummm

 

J’adore quand elle réfléchit en se mordillant la lèvre du bas, ça l’a rend terriblement craquante.

 

-          Du vin blanc s’il te plait

 

Je rempli un verre et lui tend.

 

-          Tu ne bois pas d’alcool ?

 

-          Non enfin si, mais je le supporte mal, alors je préfère être raisonnable

 

-          Raisonnable…c’est bien

 

Elle fait un sourire coquin et boit une gorgée de son vin.

 

-          Ils ont l’air de bien s’entendre, commentais-je à voix haute

 

-          Oui, un peu de sport et le tour est joué

 

-          C’est bien vrai !

 

Thibault vient vers nous avec James

 

-          Ma belle, on s’est dit avec James que ce serait sympa d’aller finir la soirée à l’Ephémère

 

Et il m’ouvre de grands yeux dans le but de me faire acquiescer

 

-          En plus, ils ne connaissent pas apparemment. Il regarde James

 

-          Non c’est vrai

 

-          Donc se serait l’occasion de finir la soirée en beauté, en plus toi qui adore danser…

 

Je regarde les deux hommes qui ont l’air excité à cette idée, puis Amandine qui ne montre pas grand-chose de son ressenti

 

-          Oui ok si vous voulez

 

-          Génial, clame Thibault

 

Il continu en parlant à James :

 

-          Ils ont de super shooters et pour les dames des cocktails délicieux.

 

Je souris et regarde ma chef me sourire timidement. Peut-être n’avait-elle pas envie d’y aller. Personne ne lui avait demandé son avis, elle se retrouvait certainement obligée d’accepter pour ne blesser personne.

 

-          On y va ? demande Thibault

 

-          Euh oui enfin si c’est bon pour tout le monde.

 

Amandine et son mari hochent de la tête et partent devant nous bras dessus bras dessous.

 

 

 

 


 

 

Chapitre 9

 

Nous arrivons à l’Ephémère vers 21h. Le bar est déjà bondé. C’est vrai que nous sommes vendredi soir et ce bar est devenu à la mode grâce à leur soirée à thème toujours fantastique. Le plus de cet endroit, c’est la musique live. Leurs soirées sont animées par des groupes de la région rendant l’atmosphère génialissime. Apparemment, ce soir, c’est soirée cubaine. Nous cherchons vainement une table mais vu le monde c’est totalement impossible. Il y a déjà beaucoup de personnes sur la piste, de bons danseurs aussi. Je remarque cela à leur déhanché qui pour certain rendrait jaloux même des professionnels.

 

-          Bon je crois que c’est mort pour une table, me crie Thibault

 

Je hausse les épaules lorsque quelqu’un me bouscule. Avec surprise, mon meilleur ami Marc.

 

-          Hey ! bellaaaa ! et il me prend dans ses bras, je croyais que tu avais déjà quelque chose de prévu ce soir ?

 

-          Oui un truc de boulot mais on a décidé de venir ici après, je suis contente de le voir, cela faisait longtemps.

 

Avec le travail et ce qui me tracassait, j’avais préféré l’éviter un moment car il me connaissait par cœur et aurait deviné ce qu’il se tramait.

 

-          Vous avez bien fait, allez suivez-moi, on a une table là-bas.

 

Je fais signe à Thibault qui prévient James de nous suivre. A la table se trouve John, le petit copain de Marc. Il me prend lui aussi dans ses bras et nous nous asseyons. Une fois les présentations faites, nous commandons à boire. Les hommes prennent des shooters comme l’avait suggéré Thibault plus tôt dans la soirée et Amandine et moi-même un cocktail.

 

Thibault et James continuent de parler sport, me demandant même pourquoi nous sommes venus ici si c’est pour parler. En même temps, je sais très bien que Thibault n’aime pas danser, mais avec tout ce bruit je ne sais pas comment ils font pour s’entendre. Marc me voyant bouger sur mon siège saisit ma main et m’emmène danser.

 

-          Oh je connais ce regard ? me dit-il lors d’une danse soft

 

-          Quoi ? quel regard ?

 

-          Celui que tu as quand tu as quelqu’un dans la tête

 

-          Pffff, n’importe quoi

 

Et il me fait tourner sur moi-même puis me ramène contre lui à nouveau.

 

-          Je te connais par cœur Fio

 

-          Ça ne veut rien dire

 

C’est vrai que pendant la danse je regardais parfois Amandine, assise sur la banquette en train de discuter avec John et j’avais la terrible envie de l’inviter à danser. Mais quelle idée, elle me prendrait pour une folle et refuserait catégoriquement. En plus son mari est là et puis, moi, il y a Thibault, même s’il m’a déjà vu danser avec d’autres hommes et d’autres femmes, mais non je ne peux pas, ce ne serait pas correct, pourtant qu’est-ce que j’en ai envie.

 

-          Dis-moi tout ? ce n’est pas Thibault que tu regardes comme ça et je ne crois pas que tu l’es regardé comme ça une fois dans ta vie.

 

Il laisse passer quelques secondes durant lesquels je ne réponds pas et analyse ses propos. C’est vrai que je n’avais jamais regardé Thibault de cette façon, que je n’avais jamais ressenti cela pour lui mais cela ne voulait pas dire que je ne l’aimais pas pour autant, un amour différent que celui que j’avais déjà connu.

 

-          Elle a l’air sympa ta responsable ?

 

-          Oui elle l’est

 

-          Ce n’était pas un mec avant ton chef ?

 

-          Si, mais il s’est fait muté et Amandine est arrivée cette année

 

-          Ah bien, en tout cas elle est super sexy, je vais l’inviter à danser après

 

J’enlève ma tête de son corps et le regarde méchamment pendant une seconde me rendant compte qu’il a fait exprès de dire cela pour me dévoiler

 

-          Pffff

 

-          C’est trop facile Fio, tu te fais toujours piéger

 

-          Ouais enfin qu’avec toi

 

-          C’est parce que je suis le meilleur…et que je te connais plus que tu ne te connais.

 

Je lui donne une petite tape sur le bras et nous continuons de danser en silence.

 

Après 2 – 3 chansons nous retournons à table.

 

-          Alors comme ça on prend des risques ? me demande John avec un grand sourire

 

Il parle de quoi là ? Du baiser ? Non elle n’aurait pas osé….

 

-          Comment ça ?

 

-          Et bien, Amandine vient de me raconter pour le pervers

 

Ah ça ! OUF

 

-          Ah oui !

 

-          Apparemment tu l’as bien remis à sa place

 

-          J’ai essayé tout du moins

 

Je bois une gorgée du cocktail et regarde Marc interrogatif. En reposant mon cocktail je continue :

 

-          Au boulot, un mec qui n’arrêtait pas de nous tripoter, je lui ai juste fait comprendre de s’arrêter

 

-          Et qu’est-ce que tu lui as dit ? me demande John avec plein de curiosité dans les yeux.

 

-          Je sais plus trop…. Quand j’entends Amandine dire :

 

-          « Tu me touches encore ou tu touches ma chef, je te broie les couilles de tel façon que tu ne pourras plus marcher correctement pendant au moins un an, c’est compris ? »

 

Les deux garçons surpris explosent de rire. Je suis étonnée qu’elles s’en souviennent si bien, en même temps à sa place j’en n’aurai pas raté une miette. Je la regarde un long moment, elle aussi, rigole à nouveau, avec un long sourire étiré, certainement en repensant à cette phrase, quand Marc me sort de mon état d’évasion :

 

-          Je te reconnais bien là

 

-          Quoi ? avec un air de saint ni touche

 

-          Pour la défense du gars, il ne pouvait pas savoir que tu n’étais pas tactile

 

Je le menace des yeux avec un air de « Arrête tout de suite »

 

-          Il y a tactile et tactile, dis-je en faisant des signes de mains qui faisaient rire mes acolytes

 

-          Mais tu veux dire tactile comme ça…dit Marc en s’approchant de moi

 

-          Marc….dis-je en grognant

 

Il pose sa main sur ma cuisse. Je sais qu’il le fait exprès. Alors je lui prends sa main délicatement et la laisse retomber de toute sa hauteur sur son propre genou.

 

-          Met ta main là où je pense Marc

 

-          Oh !  Je ne pense pas que ça te plairait, me dit-il suivi d’un clin d’œil

 

J’imagine pendant une seconde, non une demi seconde, voir un millième de seconde mais c’est déjà trop que je fais une grimace qui me vaut le rire de John juste en face.

 

-          C’est toujours comme ça entre eux deux ? demande Amandine à John

 

-          Oui les premiers amours sont éternels, toujours à se taquiner, ce n’est pas facile à suivre et à vivre. Faut dire qu’on ne s’est jamais sur quel pied danser avec ses BISEXUELLES…

 

D’un commun accord avec Marc nous nous regardons et annonçons en même temps :

 

-          C’est pas drôle John !!!

 

Et il éclate de rire à nouveau. Lui, ça le faisait beaucoup rire, Marc aussi apparemment, Amandine était un peu sur la réserve et moi j’aurais voulu traverser le sol. Je pense que je devais faire lumière tamisée tant mes joues étaient rouges.

 

Les hommes étaient partis au bar boire des shooters, Marc et John étaient sur la piste de danse. Amandine sur un fauteuil et moi sur un énorme pouf. Mes yeux volaient sur la piste admirant plus ou moins les danseurs se trémousser lorsqu’un léger rictus survient sur mes lèvres. John était vraiment un piètre danseur, je voyais Marc s’agacer par moment en essayant de lui apprendre un pas.

 

-          Qu’est-ce qui te fait sourire ? me demande Amandine du bout de sa place.

 

Je m’avance légèrement pour lui répondre en faisant un signe de tête :

 

-          Marc et John…

 

Elle se retourne et regarde à son tour et quand elle me refait face, elle m’adresse un grand sourire, comprenant de quoi je voulais parler.

 

-          Tu ne danses plus ? demande t’elle après une petite période de silence

 

-          Pardon, j’entends mal avec la musique

 

Elle se lève et vient debout à côté de moi.

 

-          Je peux ? me désignant la place à mes côtés.

 

Je hoche la tête pour dire oui. Elle s’installe doucement mais le pouf qui est assez mou, fait qu’elle tombe sur moi radicalement. Instinctivement mes mains viennent se placer sur son ventre et sa taille pour la retenir et mes yeux plongés dans son décolleté.

 

-          Désolée, me dit-elle en reprenant place correctement.

 

Aucun problème, elle peut recommencer quand elle veut pensais-je.

 

-          Pas grave. Mes mains toujours sur elle

 

Je les retire vite fait et détourne mes yeux pour éviter de fantasmer à nouveau sur ce que je pourrais faire avec mes mains placées là, juste en dessous de ses seins.

 

-          Donc je disais tout à l’heure, tu ne danses plus ?

 

-          Ah si, je vais y retourner, pour le moment je profite du spectacle

 

Et de TOI … !!!!

 

-          Et toi, tu danses ?

 

-          J’aime bien mais pas ce style

 

Je lève un sourcil interrogateur.

 

-          Je ne sais pas trop danser sur ce style de musique, et je ne suis pas trop tactile non plus pour oser me coller comme eux, ça me gêne.

 

Pas trop tactile, pourtant elle n’arrête pas de me toucher, ou alors c’est une impression que j’ai, voulant tellement la sentir contre moi que je me fais des films à chaque contact.

 

-          C’est vrai que ce genre de danse invite à la proximité.

 

-          Oui…tu te débrouilles bien je trouve.

 

Tient elle m’a regardé danser.

 

Thibault et James reviennent enfin à notre table et nous annoncent qu’ils vont dans la salle d’à côté jouer au poker. Apparemment une table vient de se former et ils ont envie de se tester. On dirait qu’ils ont 15 ans vu leur enthousiaste, ça nous fait beaucoup rire.

 

Le temps défile et je ne bouge pas, Amandine n’a pas repris sa place originale, étant restée collé à moi car oui le pouf est un objet hautement bénissant.

 

Je vois Marc venir vers nous et nous prendre par la main pour nous amener sur la piste.

 

-          Fio, j’en peux plus, prend la relève par pitié sinon j’ai peur de ce que je pourrais lui faire, me dit-il en désignant John, les bras croisés sur sa poitrine.

 

Je souris et vais danser avec lui.

 

Après de longues minutes de souffrance, ou devrais-je dire de souffrance des pieds, car John est vraiment un très mauvais danseur qui aime danser. Il m’a écrasé les orteils si souvent que j’ai arrêté de compter au bout de 30 secondes, je décide de changer de partenaire.

 

-          Marc, on peut changer de partenaire ? demandais-je avec les yeux du chat potté dans Shrek

 

Il me fait un grand sourire que j’identifie de suite et prend la main de John puis partent danser.

 

Sal…saligaud !

 

Euh non, ce n’était pas ça le plan. Le plan c’était de danser avec Marc tandis que là, je me retrouve avec Amandine, qui si je vois bien me fixe.

 

Je ne sais pas si c’est dû aux cocktails, mais je lui tends une main sans trop la regarder, de peur qu’elle la refuse. A ma grande surprise, elle la saisit et sa main est si douce. Je n’avais pas eu l’occasion de la toucher de mon propre chef et son contact me donne la chair de poule. La musique jouée est assez rythmée. Nous nous tenons par les mains à une distance raisonnable ne voulant pas généré ce qui s’était passé en début d’année. Je la regarde avec un sourire mi-joueur car par moment elle perd le fils du rythme et c’est mignon de voir comment elle essaye de se rattraper. Regardant des fois autour d’elle pour voir ce qu’il faut faire.

 

Le rythme sur la piste est endiablé, les corps se déchainent, se pressent les uns contre les autres, le bouillonnement des sens explosent et cette fois-ci je la fixe, ne la quittant pas des yeux, lui souriant timidement mais intensément. La musique pourrait me porter à faire plus mais je me contrôle je ne sais pas comment.

 

Elle se fait bousculer et trébuche jusqu’à se retrouver coller à moi. Elle ne dit rien, je ne dis rien parce que wouah, je suis comme tétanisée. La sentir contre moi, son odeur, sa chaleur, sa poitrine contre la mienne. Elle se redresse légèrement tout en restant collé, une de ses mains vient prendre place dans mon dos. Je ne sais pas ce qu’elle fait exactement, en fait, je n’essaye même pas de comprendre, alors je fais comme elle, plaçant ma main dans son dos, la sentant tressaillir à mon contact et me remet à danser comme si de rien n’était, je dis bien comme si... Nos corps sont si proches que chaque mouvement de bassin me donne des papillons au bas du ventre. Je sens son souffle chaud dans mon cou et c’est si excitant qu’inconsciemment ma main dans son dos la rapproche davantage à moi. J’aime la sentir contre moi, cette sensation je ne l’ai pas ressenti depuis longtemps, depuis très longtemps et j’en éprouve une grande béatitude. Je ferme les yeux quelques instants pour profiter un maximum de ce moment qui ne se renouvellera jamais. Son bras autour de ma taille se serre un peu plus et elle colle son visage par-dessus mon épaule. J’ouvre les yeux étonnés, je ne bouge pas la tête ne voulant pas rompre ce moment. Peut-être fait-elle comme tous les autres couples autour de nous ? C’est ce qui me parait des plus logiques. Ou l’alcool qui parcoure ses veines lui font faire n’importe quoi, hypothèse qui trotte dans ma petite tête. Le rythme de la musique diminue et nous restons là l’une contre l’autre. Elle s’écarte doucement me faisant ressentir un léger frisson lorsque nos corps ne se touchent plus, sa chaleur disparaissant lentement. Ses yeux sont plongés dans les miens, les siens pétillent d’intensités

 

Elle s’approche doucement.

 

Mais que fait-elle ?

 

Elle se rapproche doucement, je peux sentir son souffle contre mes lèvres et sa poitrine se gonfler. Mon cœur est prêt à bondir. Sa langue humidifie sensuellement ses lèvres, c’est si sexy que j’ai envie de me jeter contre elle et de les saisir pourtant je n’arrive pas à m’y résoudre, restant immobile et muette.

 

-          Olé !!! crie un jeune homme

 

Amandine se recule subitement, écarquillant les yeux, je vois beaucoup de questions dans son regard.

 

Ne voulant pas la mettre mal à l’aise, je fais mine de rien et lui dis avec un grand sourire :

 

-          On retourne à table

 

Je la laisse passer devant moi en profitant de la vue plongeante pour me remémorer tout ce qui s’était passé.

 

La nuit promettait d’être longue dans ma tête.

 

 

 


 

 

 

 

Chapitre 10

 

Alors 54 mails, non mais comment s’est possible, les gens n’en rien à faire d’autres durant leur weekend end que de m’écrire ? En y regardant de plus près, il y a au moins une bonne dizaine de pub, mais bon quand même !

 

MarieT et Rebecca m’informent qu’elles vont boire un café. N’ayant pas encore soif, je continue de traiter mes mails en commençant par supprimer les pubs. Amandine rentre dans le bureau. Lorsque je la regarde un grand sourire se forme sur mon visage. J’ai pensé à elle tout le weekend.

 

-          Faut qu’on parle ?

 

Dit sur ce ton ça n’annonce rien de bon. Et puis le « faut qu’on parle » ça veut dire ce que ça veut dire. Je sens que je vais m’en prendre plein la tête, ça va repartir pour 3 semaines horribles.

 

Là, de suite, j’ai envie de me fondre au bureau.

 

-          Euh oui pas de souci, dis-je timidement

 

Je la vois faire les cents pas dans le bureau cherchant ce qu’elle va dire, elle s’arrête un instant et commence à ouvrir la bouche, et… non, elle reprend ses allers-retours. Elle vient s’asseoir devant moi. Attendant d’entendre ce qu’elle a dire, je joue avec le stylo dans mes doigts.

 

-          Au sujet de vendredi soir 

 

-          Oui 

 

-          A l’éphémère

 

-          Oui

 

-          La danse

 

-          Oui

 

-          Heu…

 

Je la vois essayer de trouver un moyen d’en parler, mais ne voulant pas la mettre mal à l’aise et pour éviter de subir à nouveau la foudre je préfère continuer :

 

-          C’était une bonne soirée, par contre je ne sais pas toi, mais les cocktails me sont montés à la tête. Quand je dis que je ne supporte pas l’alcool personne ne me croit. J’en ai presque oublié une partie de la soirée, dis-je à moitié amusé pour essayer de la convaincre.

 

-          Ah bon ?

 

-          Oui, je me souviens d’avoir passé une très bonne soirée mais après je crois qu’il me manque quelques bribes de tout ça…je suis un cas désespérée et je hausse les sourcils pour accentuer la chose.

 

Bon là, je crois que j’en fais un peu trop mais bon, elle a l’air de se décrisper.

 

-          Et donc tu voulais me dire quoi ?

 

-          Heu…que j’avais passé une très bonne soirée aussi, elle me sourit

 

OUF !

 

Je lui souris et ne la lâche pas du regard. Je me sens perdu dans ses yeux, elle aussi ne se détourne pas.

 

-          On a fait couler du café, s’il y a des amateurs, dis MariT en rentrant.

 

Amandine se retourne et remercie MarieT puis me dit :

 

-          Tu pourras venir dans le bureau quand tu auras le temps, j’ai besoin de toi sur un dossier

 

-          Oui chef

 

Oups, je mets ma main sur ma bouche, mais qu’est-ce qui me prend ?

 

-          Désolée, certainement un reste de vendredi soir

 

Elle sourit et s’en va gaiement.

 

 

 

Une heure après je suis dans son bureau, après avoir répondu à tous mes mails, trié le courrier arrivé et informé quelques étudiants retardataires. Face à face, nous nous échangeons des documents que nous remplissons chacune à notre tour en fonction de notre savoir. Etant nouvelle, certaines tâches lui sont encore inconnus et je pense qu’elle a dû prendre sur elle pour demander de l’aide parce qu’elle n’est pas du genre non plus à se faire aider.

 

-          J’aurai besoin de…en fait, je devrais trouver ça sur l’ordinateur. Armand m’était ces informations dans un dossier sur le serveur au niveau du BGME, est-ce que tu pourrais ?

 

Et je lui fais signe de la main en lui montrant l’ordinateur

 

-          Oui, je vais dans quel dossier alors ?

 

Je me contorsionne pour regarder l’écran, en me penchant un maximum, une fesse à moitié dans le vide et me voyant faire, elle rigole.

 

La seule question qui me vient en tête c’est :

 

-          Quoi ?

 

-          Tu devrais faire le tour et venir voir par toi-même se sera plus simple je crois, sinon tu vas finir par tomber de ta chaise, et elle ricane doucement.

 

Je me déplace et viens me positionner à sa droite derrière elle. Elle continue de travailler sur sa feuille pendant que je me saisis de la souris. Je la regarde furtivement lorsqu’elle repousse ses cheveux de l’autre côté de son cou, me laissant une pleine vue sur sa nuque. Si j’étais un vampire j’y aurai mordu à pleine dents tant son cou crie mange-moi, embrasse-moi…arffff

 

Qu’est-ce que j’étais en train de faire ? Ah oui les dossiers sur l’ordinateur. Je me concentre pour me rappeler ou Armand rangeait cela dans ses dossiers. Après plusieurs cliques, je sens comme un regard posé sur moi, je continu, feignant de ne pas m’en apercevoir. Elle bouge un peu, pour venir chercher un post-it pas loin de la souris. Mes yeux se détournent pour regarder son bras passer devant moi, mon regard remonte jusqu’à son épaule puis son décolleté. Un raclement de gorge me pousse à saisir le post-it et le lui donner.

 

-          Merci

 

Je ne réponds rien, trop embarrassée qu’elle m’est repérée, encore. Vivement que je trouve ce dossier parce que cette place est un vrai souffre-douleur.

 

Elle passe sa main dans son cou, la faisant redescendre légèrement entre ses seins pour reprendre place sur le bureau. Pourquoi j’ai l’impression qu’elle fait exprès de me torturer ainsi et pour combler le tout elle se rapproche un peu plus de moi, son visage étant très proche du mien. A cette distance, il est sûr qu’elle doit sentir mon souffle sur sa peau et mon cœur battre la chamade. L’instant reste comme figé dans le temps, ni elle ni moi ne travaillons, peut être attend elle un geste de ma part, mais qu’est-ce que je raconte ? Je me fais encore des films et pourtant on pourrait croire le contraire. Elle me tente, elle m’attise comme le feu, n’aurait-elle pas peur de se bruler ? Elle se tourne légèrement, ses yeux se posant sur moi. Elle pose sa main sur mon bras, le caressant lentement jusqu’à remonter vers mon épaule. Elle mord sa lèvre inférieure, ses yeux me pénètrent d’une telle intensité…

 

Quelqu’un frappe à la porte et rentre sans attendre. Amandine se lève précipitamment venant frapper ma bouche avec le haut de sa tête.

 

Aie !!!

 

-          Bonjour, c’est pour des relevés de notes ? demande l’étudiant en rentrant

 

-          La porte en face, répond du tac au tac ma chef

 

Je me tiens la bouche à moitié anesthésié par le coup et pourtant ça me lance fortement. J’espère que je n’ai pas une dent de cassée, le choc fut quand même brutal. J’ai un drôle de goût dans la bouche. Je regarde ma main et voit un peu de sang sur mon pouce. Génial manquait plus que ça.

 

-          Ces jeunes, ils ne savent vraiment pas lire, dit-elle en rigolant timidement en se retournant vers moi puis s’arrêtant net en regardant ma bouche. Oh mon dieu, Fiona, ça va ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Elle est toute proche de moi et me tient les épaules

 

-          Ça va…enfin je crois, je vais…aller…au...toilette, dis-je en passant ma langue sur ma lèvre douloureuse

 

-          Je viens avec toi, elle me prend par la main et me dirige au toilette.

 

Elle prend des essuies tout, les passe sous l’eau légèrement, attrape d’une de ses mains ma joue et de l’autre tamponne légèrement la plaie à ma lèvre.

 

-          Je suis désolée, marmonne-t-elle

 

-          C’est du déjà vu

 

-          Hein ?

 

-          Nous deux, ici…

 

Elle me regarde profondément dans les yeux, son pouce caressant ma joue. Je pose ma main sur sa hanche et je la sens qu’elle se rapproche de moi doucement. Je ne bouge pas, je veux la laisser faire, être sûre qu’elle le veut et ne pas m’imaginer des choses. Elle me regarde avec intensité, me perçant du regard comme tout à l’heure. Je décèle une envie, du désir et de la crainte. Sa main se resserre sur mon visage juste assez pour que ses lèvres viennent trouver les miennes, les effleurant très légèrement puis se retire. Elle me regarde toujours, interrogative, attendant une réaction de ma part. Je m’avance contre elle, la faisant reculer jusqu’au mur et la plaquant ainsi pour qu’elle ne puisse bouger, ni même s’évader. Je la fixe intensément et la désire plus que tout. Mes deux mains se posent sur sa taille, l’une d’elle remontant le long de son bras et venant se placer dans ses cheveux et dans un élan plus que contrôler je viens à mon tour l’embrasser, doucement, sensuellement et langoureusement. Elle se colle davantage à moi, ce qui me fait sourire, elle apprécie notre étreinte. J’intensifie le baiser, caressant de ma langue sa lèvre inférieure et obtenant son autorisation, nos langues se mélangent. Je ralenti cette douceur charnelle jusqu’à me retirer de ses lèvres et de son corps mais en la regardant encore et toujours. Ses yeux pétillent, elle a apprécié mais pourtant elle ne bouge pas, ne dit rien. Peut-être est-elle choquée ? Elle pense avoir fait une erreur. Dans l’attente d’une réaction de sa part mon cœur s’emballe et mon sourire disparait peu à peu.

 

Les cours viennent de finir car j’entends les étudiants circuler dans le couloir. Nous sommes toujours face à face sans un mot. J’ai l’impression que cela fait plusieurs minutes que nous sommes comme cela, pourtant il ne s’agit que de secondes.

 

-          Il faut que j’y aille, m’annonce t’elle et se dirige vers la porte.

 

Mes craintes sont fondées, elle regrette, elle n’a pas aimé notre baiser. Pourtant, c’est elle qui a fait le premier pas, je ne l’ai pas forcé. Quand j’y pense, beaucoup de femmes souhaitent faire l’expérience une fois dans leur vie histoire de voir ce que ça fait. Je l’ai encouragé la dernière fois avec mon premier baiser. Je suis déçue et triste que ça finisse comme ça, j’aurai voulu plus, une explication au moins. Plongée dans mes pensées, je ne remarque même pas qu’elle a fait demi-tour pour venir se saisir de mon visage et m’embrasser une nouvelle fois tendrement. Un petit bisou plein d’innocence.

 

-          Merci, me dit-elle et elle s’en va, cette fois-ci pour de bon

 

J’avais envie de lui répondre merci de quoi ? Merci à toi, depuis le temps que j’en rêvais…

 

Je reste seule, dans les toilettes avec un sourire si grand que je suis sûr de ressembler à un émoticône.

 

 

 

 


 

 

Chapitre 11

 

Le lendemain matin :

 

10h00 et elle n’est toujours pas là. Je suis impatiente de la voir, hier c’était magique, je veux la toucher à nouveau mais elle n’est pas LA ! Et si mon impatience traduisait autre chose, une anxiété, une peur. Oui, qui sait ce qu’il s’est passé dans sa tête depuis hier ? Elle a eu toute la nuit pour y repenser, pour y réfléchir, en tout cas pour moi ce fût le cas. Et ce qu’il en découle est plutôt simple pour une fois. Je ne regrette pas, pas le moindre geste envers elle parce que depuis des années je ressens enfin quelque chose d’unique, que je pensais enfoui à jamais.

 

Le directeur rentre dans le bureau et demande à Rebecca et moi-même de préparer quelques documents pour une réunion qui aura lieu dans 15 minutes. Nous nous attelons à la tâche. Je fais signe à Rebecca que j’ai terminée. Cette dernière est au téléphone et me fait des yeux ronds pour me faire comprendre qu’elle en a encore pour un long moment. Elle me tend ces documents et me chuchote merci quand elle me voit me lever et amener ça au directeur.

 

Je frappe légèrement et la voix grave du directeur m’invite à rentrer. A peine la porte ouverte, j’aperçois de côté Amandine. Elle est terriblement belle, un jean moulant bleu clair, un chemisier noir avec un décolleté suffisant pour me laisser deviner sa poitrine à travers, des talons aiguilles noirs, avec un maquillage léger qui entoure ses yeux pétillants. Ses cheveux châtains sont détachés. Quelques mèches s’échappent et encadre son visage si bien dessiné et une posture qui ferait pâlir quelques hommes d’affaires les plus coriaces. A la regarder ainsi, j’ai l‘impression d’en baver. Je referme la bouche précipitamment, mettant ma main à celle-là pour vérifier qu’aucune trace de bave ne fait surface, on ne s’est jamais et me dirige vers le directeur.

 

-          Vos…je racle ma gorge qui s’était enrouée et reprend, vos documents monsieur.

 

-          Merci Fiona, se sera tout.

 

Je lui souris et regarde Amandine qui discute avec 4 autres personnes. Elle décroche son regard des hommes un instant et me fait un petit signe de tête avec un sourire puis retourne à la discussion.

 

Je suis sûr d’une chose à ce moment-là, c’est qu’elle ne m’en veut pas.

 

Je suis à la photocopieuse quand j’entends des talons marcher dans le couloir et se rendre dans notre bureau. J’entends de légers murmures, le bruit de cette machine dépassant celle d’un avion à réaction. Je me dis qu’il serait temps de la changer pour éviter d’aller voir un ORL dans quelques années. Nous avons une seule photocopieuse / imprimante pour nous tous, donc il arrive souvent que nos papiers se mélangent. Je fais donc attention à prendre que ce qui m’appartient. Dans ma tête je me dis, alors ça c’est pour moi, ça aussi, ça aussi, ah pas ça, ça je prends…et ainsi de suite. Je regroupe toute ma paperasse et prend le reste qui doit certainement être pour Rebecca puis sifflotant je retourne vers mon bureau. J’ai à peine fais deux pas que ce poste devant moi ma chef. Elle regarde les documents entre mes mains

 

-          Ça s’est pour moi, elle les prend et les regarde

 

J’entends à nouveau la photocopieuse se mettre en marche et ma chef regarder par-dessus mon épaule. Avec ses talons aiguilles, elle est plus grande que moi et ça a tendance à m’intimider j’avoue. Elle s’avance vers moi ou plutôt vers la photocopieuse, alors je recule et essaye de me décaler pour la laisser passer mais je me retrouve au fond de cette petite salle qui me parait encore plus exigüe lorsque nous sommes deux dedans. Elle prend la suite des documents qu’elle dispose sur la photocopieuse pour les mettre en ordre. Je n’ose la contourner pour retourner dans mon bureau, la place entre elle et le mur étant si fin que je serai obligée de me coller contre elle et quand je regarde le bas de son dos, bon disons le directement ses fesses, je me vois très bien me frotter contre elles.

 

-          Encore rêveuse ?

 

-          Hein ?

 

Je me rends compte qu’elle m’a capté, mon regard étant encore posé sur son postérieur. Je ne sais pas quoi dire, d’autant plus que mes joues le disent à ma place.

 

Timidement j’ose un « pardon ».

 

-          Non, me répond-elle

 

Elle doit voir mon air surpris et gêné sur mon visage et enchaine :

 

-          Pardon de ne pas t’avoir dit plus tôt bonjour

 

Elle vient se coller à moi et m’embrasse chaudement. A son contact, je frissonne, tellement j’aime ça. Je passe mes mains dans son dos et la maintient plus fermement à moi. Elle sourit et se dégage :

 

-          Je dois y retourner sinon ils vont s’inquiéter

 

Elle prend ses papiers et s’en va, me laissant encore une fois toute seule avec mon émoticône sur le visage et toujours sans rien dire.

 

**********

 

12H30, la réunion vient de se terminer car je les entends tous se saluer et partir. J’en profite pour aller dans le couloir pour voir Amandine. Lorsque j’arrive, elle discute encore avec le directeur. Les deux portent un œil vers moi :

 

-          Je reviendrais, dis-je timidement

 

-          Non nous avons terminé m’annonce le directeur, que vous fallait-il ?

 

-          En fait, je voulais voir Madame STARK

 

Amandine penche légèrement la tête en m’adressant un petit sourire suite à l’annonce de son nom de famille

 

-          Oui ? me demande-t-elle

 

-          Heu…en fait, c’était…pour…, le directeur était toujours présent et je voyais que cela faisait beaucoup rire ma chef vu le regard qu’elle portait sur moi. Elle le faisait exprès, je me sentais mal à l’aise et je n’osais plus demander ce pourquoi j’étais venue. Heureusement, le téléphone portable du directeur sonna : sauvez par le gong comme on dit. Je souffle un instant heureux qu’il parte.

 

-          C’était mignon ! me dit-elle dans un sourire plein de malice

 

-          Tu l’as fait exprès ?

 

Elle se mord les lèvres et me dit proche de mon oreille avec une voix sensuelle :

 

-          Un petit peu

 

Je me retiens pour ne pas lui sauter dessus fougueusement. Je reprends mes esprits :

 

-          Je voulais te demander….

 

-          Oui ? je la vois qui joue encore avec moi, elle est vraiment sûre d’elle et ça me déstabilise

 

-          Je voulais savoir si tu aimerais déjeuner avec moi…enfin si tu as envie, si tu peux ?

 

Elle me fait languir quelques secondes qui sont interminables pour moi.

 

-          Avec plaisir et elle me fait son plus beau sourire, plissant ses petits yeux verts

 

Je souffle intérieurement ravi de sa réponse

 

-          Super, je vais chercher mon sac

 

 


 

 

Chapitre 12

 

Nous sommes dans un petit restaurant que j’avais repéré quelque mois plutôt. Le cadre était chaleureux et discret. Une décoration basée de noir, rouge et blanc. Une petite salle ne contenant qu’une dizaine de table. Ça rendait le déjeuner plus intimiste que prévu, mais je préférai cela au bruit de la cafétéria.

 

Devant la carte des menus, je regarde chaque ligne inscrite avec minutie. Je ne sais pas comment aborder la chose, a-t-elle seulement envie d’en parler ? Il le faut bien quand même, cette situation est bizarre, même si je le souhaitais.

 

Je prends mon courage à deux mains :

 

-          Tout à l’air apetissant

 

Alors va falloir que je revoie mon courage à deux fois, j’aurais parlé du beau temps ça aurait été pareil, complètement nul.

 

-          Oui, en tout cas c’est ravissant ici, très chaleureux

 

Je lui réponds par un sourire

 

-          Je n’aurais jamais eu l’idée de venir dans une rue comme celle-ci

 

Il est vrai que la ruelle était assez sombre et loin de toute population malgré qu’elle soit proche de la ville.

 

-          C’est vrai que c’est un peu à l’écart de tout, mais ce restaurant vaut vraiment le détour

 

La serveuse vint prendre notre commande, du poisson pour Amandine et une petite salade pour ma part. Connaissant les desserts, je préférai me réserver pour mieux déguster.

 

Je regardais sa main trainer sur la table et j’avais une envie irrésistible de la saisir. Donc après lui avoir servi un peu d’eau, je viens poser ma main contre la sienne. C’est peut-être une tactique d’une gamine de quinze ans mais en tout cas ça marche. A mon grand étonnement elle ne la retire pas et me sourit. Mes doigts parcourent le dessus de sa main allant de son poignet jusqu’au bout de ses ongles. J’ai l’impression de voir du désir monter en elle. La serveuse nous pose les assiettes et elle retire subitement sa main de la mienne. Je comprends sa réaction. Une fois celle-ci parti, je la ressaisi.

 

Ses yeux se plissent et elle ouvre la bouche pour me demander :

 

-          Alors est-ce que ça t’arrive souvent ?

 

-          De déjeuner ? oui tous les midis, sauf si j’ai trop de travail, je lui fais un clin d’œil, et toi ?

 

-          Heu, oui moi aussi, mais ce que je voulais dire, c’est si tu amenais souvent des femmes ici ?

 

Mon sourire disparait pour laisser place à un visage plus sévère, ma main s’enlève elle aussi pour saisir les couverts et je commence à jouer avec les aliments qui sont dans mon assiette.

 

-          Non

 

Ma réponse fût certainement un peu plus sèche que j’en avais l’intention mais sa question me vexe. Certes je l’avais embrassé et désiré et fais pleins de choses non convenant pour quelqu’un en couple, mais c’était la première fois que je faisais cela et le fait qu’elle pense que j’en avais l’habitude me bouleverse un peu. Me prend-elle pour une allumeuse ?

 

Voyant le mal aise s’installer elle ajoute :

 

-          Je suis désolée, je ne voulais pas…

 

-          Tu es la seule, dis-je toujours sur le même ton.

 

Je ne me sens pas bien, j’ai les yeux embués et je reste fixée sur mon assiette. J’ai envie de m’échapper d’ici, comme un enfant lorsqu’il a fait une bêtise. Je pose mes couverts sur le côté.

 

-          Je pense que ce n’était peut-être pas une bonne idée, je devrais retourner au travail, dis-je en me levant

 

Elle se lève aussi et me retient par la main

 

-          Fiona, non attend, je suis désolée, ce n’est pas ce que je voulais dire, je suis très heureuse d’être là avec toi, je n’aurai pas osé te le demander moi-même, s’il te plait, reste ?

 

Je la regarde un instant les yeux tristes et lui répond un petit OK. Elle me prend dans ses bras et me serre fort, puis elle me chuchote à l’oreille « moi aussi tu es la seule ». Cela me fait sourire et rire brièvement. Elle me fait un petit bisou sur la joue et nous nous réinstallons. Le reste du déjeuner se passa à merveille. J’en appris plus sur elle et réciproquement.

 

Au travail, dès que nous en avions l’occasion, nous nous embrassions légèrement, sensuellement, intensément. Nos mains se baladaient souvent sur nos corps respectifs mais je n’osais m’aventurer plus bas, là où sa chaleur m’appelait ni sur ses seins. Je me souviens de ce jour ou mon désir s’intensifiait sous ses mains qui parcouraient mon dos. Les miennes les faisant glisser de sa nuque, au creux de ses seins et descendant toujours plus bas jusqu’à rencontrer les boutons de son jean. Mes doigts contournaient la ceinture de son pantalon jusque dans son dos et elles descendirent plus bas sur ses fesses. Je ne pus m’empêcher de la saisir, fermement. Un petit gémissement sorti de sa bouche à ce contact. En retirant ma bouche de la sienne, je la regardais droit dans les yeux, mordant ma lèvre inférieure. Elle devait voir dans mon regard que j’en voulais plus, que je la désirais tant, mon regard parcourant son être en entier et s’arrêtant plus bas. Lorsque mes yeux remontèrent, je vis comme de la peur dans son regard alors je ne fis rien. Je pris sur moi-même, un souffle intérieur se relâchant et de ma main relevant son menton, je l’embrassais doucement pour la rassurer puis m’en alla. Heureusement pour moi car le directeur rentra dans le bureau au même moment.

 

 


 

 

 

 

Chapitre 13

 

Mercredi soir,

 

Il pleut à grosses gouttes, je rentre du sport, fatiguée ou plutôt lessivée. L’entrainement fût dur et mes muscles ont du mal à répondre. Je gare la voiture dans l’allée et prenant mon sac de sport dans le coffre la lanière se casse.

 

-          Et merde

 

On a beau prendre de la marque c’est toujours pareil, la bandoulière ne tient jamais. Je me dirige vers la maison, la bandoulière dans une main, le sac dans l’autre, les clés entre les dents et mal partout, je fais peine à voir. Pour combler le tout je suis trempée, merci la pluie, ce n’est que de l‘eau mais quand même !

 

J’ouvre la porte d’entrée, dépose mon sac au sec, enlève mes baskets et vient me mettre au chaud.

 

-          C’est moi, dis-je en rentrant

 

Hum… ça sent bon la sauce bolognaise, ça tombe bien j’ai super faim. J’enlève mon t-shirt trempé et me dirige dans la cuisine en brassière et bas de survêtement.

 

-          Dis, mon sac s’est encore cassé, je regarde le bout de la bandoulière en grimaçant, est-ce que tu pourras essayer de me le réparer quand tu auras un moment ?

 

J’arrive dans la cuisine, lève la tête et là je stoppe net. Devant moi, ma chef, son mari et Thibault au fourneau. Personne ne dit rien, ils voient surement à ma tête que je suis surprise.

 

-          Ca va ma chér….Thibault ne dit plus rien quand il se retourne et me regarde avec un drôle d’air.

 

C’est à ce moment que je me rends compte de mon accoutrement. Mon jogging taille basse qui laisse apercevoir l’élastique de mon shorty, en brassière noir, mes cheveux long et trempées qui laissent tomber quelques gouttes sur mes épaules.

 

-          Excusez-moi, dis-je précipitamment et m’en vais rapidement dans la salle de bain du bas.

 

Thibault me rejoint dans les secondes qui suivent.

 

-          Quelle entrée ! et il veut me prendre dans ses bras, malheureusement pour lui je ne suis pas d’humeur

 

-          Tu aurais pu me prévenir que tu avais invité du monde ? dis-je en le repoussant

 

-          Ça s’est fait à la dernière minute, j’ai croisé James cette après-midi et…

 

-          Et tu ne me demandes même pas mon avis, franchement t’es pénible…

 

-          Mais je croyais que tu les aimais bien, tu avais l’air de bien t’entendre avec ta chef la dernière fois

 

-          Ce n’est pas le problème

 

Bien sûr que je m’entends bien avec elle et même plus, mais les avoir chez nous, ensemble et qu’elle me voit avec Thibault me culpabilise et me stresse.

 

-          Allez fait pas la gueule

 

-          Je ne fais pas la gueule

 

-          Non juste un petit peu, et il me fait un bisou sur la joue, heureusement que tu n’es pas arrivé déshabillé, ça aurait été comique

 

Je lui fais une grimace et le pousse vers la sortie. Je reprends mes esprits un moment, attrape un T-shirt dans l’armoire du couloir et vais les rejoindre.

 

-          Bonsoir, désolée pour tout à l’heure, je ne savais pas que vous deviez venir, sinon je n’aurai pas été… et je fais des signes pour montrer mon corps

 

-          Ce n’est rien, ajoute James et il s’avance pour me faire la bise

 

Je regarde d’un coin de l’œil Amandine qui a l’air tout aussi gêné que moi, elle s’avance et me fait la bise sans s’attarder.

 

-          Moi ça ne m’a pas dérangé, dit Thibault en mettant ses bras autour de moi par derrière, tu as un corps à faire pâlir les autres de jalousie

 

-          Ne dis pas n’importe quoi…et je m’enlève de ses bras pour aller me servir à boire.

 

J’ai honte, vraiment très honte et n’ose même pas regarder Amandine.

 

Une fois l’apéro prit, nous prenons place à table, chaque couple côte à côte et je me retrouve en face de ma chef, car les hommes sont partis dans une conversation portant sur le poker. Leur expérience de la dernière fois leur ayant plu, ils aimeraient recommencer. Le repas se déroule sans encombre, les hommes discutent pour 4, ce qui me convient très bien parce que je n’ai pas beaucoup de conversation. Plongé la plupart du temps dans mes pensées. Thibault glisse à un moment qu’il sera absent la semaine prochaine pour participer à une formation dans son travail. Chaque année il a la même formation et je me demande à chaque fois à quoi ça lui sert d’apprendre toujours la même chose.

 

Je me lève pour débarrasser la table, pendant qu’ils vont s’installer dans le salon pour prendre un digestif. Me retrouver seule me fait du bien, je souffle un moment me demandant comment j’ai fait pour me mettre dans une situation pareille mais par-dessus tout comment j’ai fait pour qu’Amandine elle-même se retrouve par ma faute gênée. Je les rejoins en prenant place sur une chaise, tout le monde rit de bon cœur à la suite d’une blague racontée par Thibault. Je devine laquelle car il n’en connait qu’une seule. La main de James vint se poser sur la cuisse d’Amandine et je ne peux décrocher mon regard de ce geste. Mon cœur s’emballe, la chaleur me monte au visage, ça m’agace, ça m’énerve. Je me lève brusquement.

 

-          Excusez-moi, je reviens

 

Je monte les escaliers montant à la chambre et m’allonge sur le lit.

 

Je suis Jalouse, c’est ça, mais de quel droit puis-je l’être ? Je pose mes mains sur mon visage pour essayer d’évacuer se ressenti.

 

Un petit toc à la porte me fait me redresser

 

-          Oui j’arrive dans une minute, je me passe une main sur le visage sans regarder Thibaut

 

Le lit s’affaisse et une main vient se poser sur ma cuisse.

 

ELLE !!!!

 

Elle regarde droit devant elle, scrutant le mur blanc.

 

-          Je suis désolée pour tout ça, lui dis-je dans un murmure, tout ça c’est de ma faute

 

-          Désolée pour quoi ?

 

-          Pour tout ça, et je lui fais des gestes et des yeux qui roulent

 

Cela la fait rire, j’en suis soulagée mais pas totalement décrispée.

 

-          On est deux tu sais, me répond-elle, tu ne m’as pas forcé que je sache

 

Je hausse les épaules dans un soupir et elle continue

 

-          Sauf la première fois, elle me fait un clin d’œil

 

-          Hey, en lui donnant une petite tape sur sa main

 

-          Allez vient on redescend avant qu’ils ne s’imaginent des choses

 

-          Moi aussi je voudrais imaginer….

 

Elle me coupe en m’embrassant et nous redescendons.

 

Le reste de la soirée me parut très long. James est très tactile envers sa femme, ce que je comprends très bien, mais je ne me sentais pas bien à les regarder, les observer au gré de mon bon vouloir. J’étais triste par moment mais je ne voulais pas le montrer, alors je me refugiais dans les bras de Thibault pour camoufler tout cela.

 

A la suite de la soirée, je ne revis pas Amandine qui avait pris quelques jours de congés avant le weekend, nous n’avions donc pas eu l’occasion de parler de tout ça ou bien de savoir ce qu’il en était.

 

 

 


 

 

 

Chapitre 14

 

Ah… enfin vendredi 17H, j’ai attendu ça toute la journée. Pourquoi ? Tout simplement parce que je vais me retrouver avec moi-même, n’est-ce pas une belle soirée en perspective ? Moi, des m&m’s et des films, quoi de mieux pour se relaxer. J’ai toujours aimé me retrouver seule par moment histoire de faire ce que j’avais envie sans pour autant devoir me justifier. La solitude ne m’a jamais dérangée bien au contraire et c’est vrai que lorsque Thibault s’absente une fois par an pour des formations, j’aime le fait de me retrouver toute seule à vaquer à mes occupations, à danser, chanter, crier dans la maison sans observations éventuelles et surtout en étant moi-même.

 

J’ai changé les draps, fais une machine à laver, ranger la maison, mit la musique à fond et est dansé pendant 30 minutes au minimum, prit une bonne douche, laver les cheveux, préparer une pizza maison, regarder mes mails, sortir un Orangina, prendre le disque dur des films et choisir le film. J’hésite entre comédie et science-fiction, quoique, horreur me fait envie aussi mais une autre fois me dis-je. J’adore les films d’horreurs mais pas seule, surtout au moment d’aller au lit. Bon je ne vais pas jusqu’à regarder sous celui-ci pour voir si un monstre si cache, mais les petits bruits de la maison qui craquent sont plus perçant et intense après avoir vu un film qui fait peur. Pendant que la pizza cuit au four, je m’installe devant la télé après y avoir branché le disque dur et navigue sur les films de sciences fictions. J’ai déjà tout vu et rien ne me tente vraiment. Va pour une comédie alors et je me laisse tenter par « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu », tout le monde m’en a parlé et je n’ai pas encore eu le temps de le regarder alors c’est l’occasion parfaite. Et le fait que Thibault ne soit pas là est une veine parce qu’il ne sait pas regarder un film sans commenter les scènes toutes les minutes, ce qui fait qu’à la fin du film je n’ai rien compris.

 

Je suis bien installée sur le canapé, la pizza sur mes genoux et le film qui démarre. J’ai cette petite sensation au fond de moi d’excitant de me retrouver là. Cela me rappelait beaucoup les vendredis soirs de chaque début de mois que je passais avec mes parents et ma sœur à regarder des films en mangeant une pizza. C’était devenu la routine de chaque mois et j’attendais toujours ce jour avec impatience. L’idée d’y repenser me fit sourire mais le générique de début du film me rappela à la réalité. Les jambes croisées sur le canapé, je croque ma première bouchée de pizza les yeux bien ouverts pour ne pas manquer une seule minute.

 

Je n’ai pas fini ma première part de pizza, c'est-à-dire à peine 5 minutes de film, simplement deux crocs dedans, que quelqu’un sonne à la porte. Je me déplie rapidement, pose mon assiette sur la table basse, met le film sur pause et regarde ma montre : 21h15. Qui peut bien me déranger à cette heure-là ? Je peste toute seule dans ma moustache en allant jusqu’à la porte d’entrée. Ça ne se faisait pas de déranger quelqu’un à cette heure-ci, bon d’accord il n’était que 21h, j’agissais comme une mamie à rester chez moi devant un film mais chacun son petit plaisir aussi futile qu’il soit. Je regarde à travers la porte vitrée mais bien évidemment je n’y vois rien, il commence à faire sombre dehors et Thibault n’a toujours pas installé la lumière extérieure. Oui il faut bien que je m’énerve sur quelqu’un et comme on dit, les absents ont toujours tort. Je m’efforce de voir qui se présente derrière cette porte mais toujours rien, mes yeux ne distinguent absolument rien.

 

-          Oui, c’est pour quoi ? je demande cela sur un air assez agacé qui doit bien s’entendre de l’autre côté de la porte

 

-          C’est Amandine….

 

Je ne la laisse pas finir que j’ouvre la porte précipitamment. Rien que d’entendre sa voix me fait battre le cœur à une allure folle.

 

-          Salut, lui dis-je en sortant

 

-          Je te dérange… je vais y aller, excuse-moi….

 

Elle se retourne et va pour partir mais je la stop net en lui attrapant le bras.

 

-          Ne dis pas n’importe quoi, rentre et je la tire vers l’intérieur de la maison.

 

Je referme derrière nous

 

-          Tout va bien ? dis-je en me retournant, mphhhh

 

Elle se jette contre moi me serrant fort contre elle. Je passe mes bras autour de sa taille et l’étreint en retour. Je la sens respirer par à coup comme si elle se retenait de pleurer. Ma main caresse son dos doucement pour essayer de la réconforter tandis que sa cage thoracique se gonfle fortement par moment.

 

-          Qu’est-ce qu’il se passe ? il ne t’est rien arrivé ?

 

Je sens sa tête faire comme un signe de non mais elle me sert davantage. Sa tête s’enfonce dans mon cou et je sens des larmes couler le long de ma clavicule. Je ne lui pose plus de questions ne voulant pas la brusquer mais la voir dans cet état-là me perturbe, elle qui d’habitude est si forte, je ne l’aurai jamais imaginé si fragile contre moi. Après de longues minutes dans cette position j’essaye tant bien que mal de détendre l’atmosphère.

 

-          Tu sais, je pourrais rester comme ça toute la nuit si tu me le demandais

 

Je la sens rire contre moi plus que je ne l’entends. J’abaisse mes yeux doucement et voit un semblant de sourire se dessiner.

 

-          Si je t’assure, tu es la forme parfaite du polochon que toutes les femmes recherchent

 

Elle sourit de plus belle

 

-          Toutes ? me demande-t-elle d’une petite voix

 

-          Non, juste moi en fait, mais c’est un secret, shut et je lui dépose un petit bisou sur le haut de son front

 

Elle se retire délicatement de moi et me regarde, les yeux encore humides mais reconnaissant de lui changer les idées. Un peu déçu de ne plus la sentir contre moi, car il faut dire c’est la première fois que l’on était si proche l’une de l’autre autant de temps et j’aimais cela. Au travail il était rare de nous retrouver dans une position pareille, toujours par peur de se faire surprendre par les collègues, le chef ou un étudiant.  Je lui essuie les joues de mes pouces et lui dépose un baiser sur ses lèvres si douces.

 

-          Tu as faim ? et je me dirige dans la cuisine prendre une autre assiette

 

Elle acquiesce de la tête en guise de réponse. Je lui sers de la pizza, lui amène à boire et l’installe à côté de moi sur le canapé.

 

-          Alors le programme de ce soir c’est film, pizza et m&m’s, j’espère que tu es prête ?

 

-          Oui et elle m’adresse un très beau sourire auquel je réponds instantanément.

 

Mon regard reste dans le sien quelques secondes puis je prends la télécommande pour remettre le film depuis le début. Elle me saisit la main et me dit :

 

-          Merci….

 

Elle ouvre la bouche pour continuer, je pense qu’elle veut me dire ce qui se passe mais je vois bien qu’elle n’est pas prête alors je la coupe

 

-          De rien…on n’est pas obligé d’en parler si tu ne veux pas, on peut juste…profiter du moment, de cette soirée.

 

Son sourire s’agrandit de plus belle et elle m’embrasse rapidement avant de croquer dans sa pizza. Apparemment elle avait très faim. Elle engloutit deux morceaux alors que je n’avais pas finis ma première part. Je la regarde amusée et elle me lance un « J’ai pas mangé de la journée » que je peux concevoir vu la façon dont elle enchaine les parts.

 

-          Elle est super bonne ta pizza

 

-          Merci

 

-          Tu l’as faite toi-même ?

 

-          Oui comme une grande, et je relève la tête pour me valoriser

 

-          En tout cas tu es douée de tes petites mains

 

-          Et pas que pour ça si tu savais, lui répondis-je du tac au tac. Je me rends compte de ce que je viens de dire, je n’ose plus la regarder, je me dis que peut-être elle n’a pas compris ce que j’insinuais sans l’avoir fait exprès pourtant. Alors je reste concentrée sur le film, que je n’ai pas suivi pour le coup.

 

-          Je n’en doute pas un instant, me lance t’elle en me souriant d’un petit sourire coquin

 

Elle me fait rougir et je vois à ses yeux qu’elle l’a fait exprès. Elle redevient elle et j’aime ça mais je veux avoir le dernier mot, alors continuant mes insinuations :

 

-          Je te montrerai ça alors !

 

Maintenant c’est elle qui rougit et cela me fait rire intérieurement.

 

Victoire !!!!

 

Mais de quoi parle-t-on au fait, de cuisine ou de **** ! Voyons, pas de mauvais jeu de mot, ni d’esprit mal tourné.

 

Nous avons regardé le reste du film en silence, ou tout du moins sous le craquant des m&m’s. Je lui propose un autre film qu’elle accepte volontiers. Durant celui-ci je la vois s’agiter sur le canapé, ne sachant pas trop comment s’installer, alors je l’incite à venir se coller contre moi, sa tête dans mon cou, son bras autour de ma taille, son autre main sur ma cuisse, mon bras autour de ses épaules et mon autre main caressant sa main sur ma cuisse. J’aime cette atmosphère, j’aime la façon dont elle me touche, son odeur qui parfume mes narines. La toucher me donne envie de lui faire connaitre de nouvelles sensations, sensations qui pour moi se sont évanouies il y a longtemps mais qui a son contact ressurgissent de plus belle et intensément. Je ne regarde même plus le film tant mes pensées sont sur elle, parcourant son corps centimètres par centimètres, remontant de ses chevilles, à ses genoux recroquevillés puis plus haut son bassin et encore plus haut, arrêtant mon regard sur sa poitrine. Mon bras qui l’entoure se déplace légèrement pour venir caresser son épaule, puis le haut de son cou, pour suivre le contour de sa clavicule et mon regard encré sur sa poitrine entraine machinalement ma main vers celle-ci mais avant qu’elle atteigne sa cible, Amandine se retourne vers moi et me dit :

 

-          Ça va ? Ton cœur s’est emballé d’un seul coup ?

 

Ma main se replace à l’endroit d’origine arrêtant toute fouille inconnue.

 

-          Ah bon ? ça va bien dis-je en rougissant mais la pénombre de la pièce ne laisse rien voir de mon visage, heureusement.

 

-          Tu es sûr ? si je te gène, tu me le dis, elle se redresse un peu plus mais je la serre contre moi.

 

-          Non ! ne bouge pas ! enfin je veux dire…tu ne me gènes pas du tout

 

-          Ok

 

Et elle se réinstalle confortablement contre moi. Moi qui n’ose plus bouger, moi qui n’ose plus regarder là où il ne faut pas, parce que je sens qu’à un moment donné je vais déraper. Peut-être devrais-je déraper, peut-être le voudrait-elle ? Non pas possible, elle aurait compris pourquoi mon cœur s’était emballée, c’était logique après tout, enfin pour moi en tout cas…

 

Il commençait à se faire tard ? Nous avions regardé deux films et mes yeux commençaient à se fermer doucement et ceux d’Amandine en faisait autant. Par moment, elle baillait à s’en décrocher la mâchoire.

 

-          Merci pour la soirée, me dit-elle en se redressant sur le canapé

 

-          Avec plaisir

 

-          Ça m’a bien changé les idées, je voulais être av…je n’avais pas envie d’être seule

 

Pour simple réponse je lui souris. Elle se lève et passe ses mains sur son jean pour lui donner bonne figure puis rajuste son petit haut.

 

-          Il se fait tard, je vais te laisser, je t’ai assez dérangé comme ça

 

-          Non, et je me lève précipitamment me retrouvant en face d’elle, elle m’adresse un haussement de sourcil, enfin si tu veux… tu peux rester, comme tu l’as dit, il se fait tard et …tu es fatiguée…

 

Elle ne répond pas, je vois qu’elle réfléchit, mais qu’est-ce qu’il m’a pris ? C’est sûr je n’ai pas envie qu’elle parte, je voudrais rester des heures entières contre elle, avec elle. Mais les mots sont sortis si vite de ma bouche sans que j’y réfléchisse, alors je me lance, le tout pour le tout :

 

-          En fait, voilà ce que je te propose, pour te changer les idées un maximum, tu peux rester avec moi tout le weekend, enfin si tu en as envie, mais peut-être que tu avais prévu autre chose, alors ce n’est pas une bonne idée, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, c’est juste que j’avais envie d’être avec toi mais tu ne peux pas, j’imagine, je comprends…je récitais mon texte d’une traite, m’enfonçant davantage dans mes explications qui n’avaient que de ce sens que pour moi.

 

Quel charabia !

 

Mais elle m’embrassa pour me taire, bonne idée je dirais, au moins c’était radical.

 

-          Avec plaisir, me glissa-t-elle entre deux baisers.

 

Je la serre contre moi un peu plus et intensifie notre embrassade. Lorsque nous reprenons notre souffle une pensée me vint, comment vais-je faire pour dormir avec elle à mes côtés ?

 

 

 


 

 

 

 

Chapitre 15

 

Je me réveille lentement, l’embrasure du volet laissant rentrer légèrement la lumière. Heureusement pour moi, je n’ai mis que quelques heures à m’endormir, alors je n’ose imaginer ma tête. Les cheveux ébouriffants, des cernes, des paupières lourdes. Une sale tête en fait ! Ma main elle, est placée sur la hanche d’Amandine qui dort encore paisiblement. Tourner sur son côté droit, elle respire lentement, ses cheveux longs trainant derrière son dos à moitié nu.

 

Je repense à hier soir, après le film nous nous étions dirigé dans ma chambre, je lui avais passé un pyjama, enfin tout du moins un petit short, je n’avais que ça, et un t-shirt ou débardeur. A ma grande joie elle avait choisi le débardeur, ce qui pouvait me laisser entrevoir encore un peu plus de son corps. Mais quand je la vis revenir de la salle de bain avec le mini short, je restai sur place sans pouvoir bouger. Je regardais ses longues jambes fines pendant qu’elle alla plier et ranger ses vêtements délicatement. Elle était parfaite, si belle dans cette tenue qui la rendait totalement irrésistible. J’aurai voulu déposer mes mains partout sur elle, les laisser découvrir sa peau et me laisser emporter par l’ivresse de sa douceur charnelle.

 

-          N’oublie pas de respirer…me lance t-elle avec un sourire coquin tout en continuant de ranger ses affaires

 

Ok, elle m’avait pris en flagrant délit encore une fois. Pourtant habituer à ce genre de situation, je déglutis difficilement avant d’annoncer

 

-          Pardon et je sortis de la chambre pour aller me changer moi aussi et me passer un peu d’eau froide sur le visage, j’en avais bien besoin.

 

A mon retour, elle était dans le lit, allonger sur le dos. Elle me regarda rentrer et ses yeux devinrent rouges, une sorte de chaleur illumina ses iris, comme du désir. Je m’étais vêtue d’un shorty et d’une brassière et la sentir me contempler de cette façon, avec intensité, avec ardeur, me perturbait. Je ne savais pas comment réagir. J’étais ravi de cette réaction de sa part, sentant son regard brulant sur mon corps à moitié nu, la voyant respirer plus fort et se mordiller la lèvre du bas. J’avais envie de craquer, d’aller m’allonger sur elle, de l’embrasser fougueusement, de la toucher, de m’enivrer de son odeur et de lui donner tant de plaisir, mais je ne fis rien.

 

Abricot, pêche, brugnon, poire…non pas poire, ça me fait penser à autre chose.

 

Je pris sur moi, je ne voulais pas que cela vienne de ma part, je voulais qu’elle le veuille, qu’elle le désir, qu’elle fasse le premier pas. Alors je pris place à ses côtés en position horizontal, contemplant le plafond blanc et remontant la couette jusqu’en haut de mon cou.

 

Je la sentais un peu stressée à côté de moi. J’avais envie de lui dire qu’elle ne craignait rien, que je n’allais pas me jeter sur elle. Il se passa quelques minutes sans un mot, puis elle se tourna vers moi :

 

-          Tu dors toujours comme ça ?

 

J’avais bien compris le sens de sa question qui concernait ma tenue vestimentaire ou devrais-je dire ma lingerie vestimentaire.

 

-          Habituellement non, mais si tu préfères je mets un t-shirt ? dis-je en me retournant vers elle et lui faisant face, un bras sous ma tête pour me soutenir.

 

-          Non ça ne me dérange pas, elle me fait un petit sourire.

 

On continue à se regarder sans rien dire et je vis l’expression de son visage changer. Elle devait penser à quelque chose et un sourire s’esquissa. Par curiosité, j’osai lui demander :

 

-          Qu’est-ce qui te fait sourire ?

 

-          Oh, non rien…elle souriait encore plus.

 

Ma curiosité s’intensifia de plus belle.

 

-          Si vas-y dis-moi

 

-          Je pensais à quelque chose mais c’est bête, elle voyait à mes sourcils levés que je l’interrogeais toujours, non ce n’est rien… vraiment.

 

-          Ok

 

J’avais envie de lui dire crache le morceau, elle me faisait tourner en rond et j’avais vraiment envie de savoir. Alors je me remis sur le dos pour examiner avec un peu plus de profondeur ce plafond si blanc. Je caressais la couette de la main histoire d’occuper le temps.

 

-          Tu boudes ? me demande t’elle d’un ton plus que gentil, le sourire ayant disparu de son visage car l’intonation ne le laissait plus transparaitre.

 

-          Non

 

-          On dirait…sa main vint attraper la mienne au-dessus de la couette, en fait je me demandais pourquoi… tu avais cette tenue si d’habitude tu mettais un t-shirt, je me disais juste que tu voulais peut-être… me montrer un peu plus de toi, me draguer…c’est pour ça que je souriais.

 

Cela me faisait bien rire qu’elle pense cela. J’étais flatté dans un sens, c’est qu’elle avait dû apprécier la vue ou alors elle me prenait pour une exhibitionniste. Alors je ne répondis rien, je souriais.

 

-          Pourquoi tu souris ? me demande-t-elle en faisant de petites caresses sur ma main

 

-          Pour rien et je continuais de sourire, je la mettais dans la même position que moi précédemment

 

-          Allez, dis-moi…et elle me serra la main

 

-          Te dire quoi ? j’aimais bien jouer à ce jeu, je tournais la tête pour la regarder et souriais davantage en me disant si seulement elle savait.

 

Elle avait compris que je l’imitais et que cela m’amusait. Elle pouvait le voir dans mon regard, dans ma façon de lui répondre. Alors elle se redressa dans le lit, soulevant la couette par la même occasion qui s’écarta de mon cou et stoppa en bas de mon ventre. Elle souriait en me regardant mais elle avait un air de quelqu’un avec une idée en tête, le regard qu’on les enfants quand ils vont faire une bêtise. Son regard se posa sur mes hanches puis revint dans mes yeux. Je cru deviner ce qu’elle allait faire, son petit air aventureux et victorieux se dessinait sur elle et elle enleva sa main de la mienne.

 

-          N’y songe même pas, lui dis-je amusée

 

-          Je ne vois pas de quoi tu parles, ses yeux se plissaient et son regard devint amusant, jouant, curieux, intense.

 

Je me sentais mal à l’aise, je savais qu’elle allait le faire et je le redoutais. Alors machinalement je redressais la couette mais elle stoppa net mon geste et ses mains vinrent effleurer mon ventre puis mes hanches et elle s’en saisi, me chatouillant un maximum là où elle avait vu que je craignais.  J’essayais de me dégager mais elle raffermissait sa prise jusqu'à se placer sur moi pour m’éviter de partir. Je n’en pouvais plus, des larmes coulant le long de mes joues, j’étais exténué de rire, les joues me faisaient mal, j’avais du mal à reprendre mon souffle, dans mes dernières forces je réussi à lui dire :

 

-          Ok…ok…s’il te plait…tu as gagné, tu as gagné…

 

Elle me relâcha enfin mais resta sur moi. Mon cœur battait la chamade aussi bien par ce que je venais de subir mais aussi parce qu’elle était là, au-dessus de moi, avec mon débardeur qui lui allait à merveille, ses cheveux détachés qui retombaient sur ses épaules, ses yeux pétillants et ses mains encore sur mes hanches.

 

-          Alors ?

 

-          Alors quoi ? demandais-je

 

Elle recommença à me chatouiller

 

-          Non attends, j’abdique… je vais te le dire, je mis mes mains sur les siennes pour l’empêcher de me chatouiller.

 

Elle me les prit et les plaça de chaque côté de ma tête, entrelaçant nos doigts. J’étais totalement sous son charme. Son visage était proche du mien, je pouvais sentir son souffle chaud contre moi. J’étais à sa merci et je n’osais plus bouger.

 

-          Je suis toute ouïe

 

-          Je souriais parce que je ne te draguais pas, je pensais que c’était déjà fait, à cela elle me sourit de son plus beau sourire et ensuite, habituellement, je ne dors pas comme ça, c’est vrai.

 

-          Ah tu vois je le savais, donc tu l’as fait exprès, me chuchote elle d’une voix sensuelle qui me donna la terrible envie de l’embrasser

 

-          Non en fait, je dors… sans rien, enfin… sans le haut

 

Elle devint toute rouge et détacha ses mains des miennes. Son visage changea d’expression. Je senti une gêne entre nous, le temps d’un instant. Mais pas une gêne honteuse, plutôt celle d’un désir alors défendu. Pour la détendre, je me mis à plaisanter

 

-          Mais ne t’inquiètes pas, je ne dévoilerais pas plus de mon corps, je ne voudrais pas que tu me sautes dessus durant la nuit…je regarde sa position, quoique c’est déjà fait !

 

Elle rougissait de plus belle, je me redressais et alla plaquer mes lèvres contre les siennes. J’en avais eu envie depuis trop de temps. Je ne voulais pas la bousculer donc le baiser resta doux et sensuelle à la fois. Puis je me reculais et la laissa se remettre à sa place.

 

Il ne s’était rien passé cette nuit-là, étant resté sous contrôle avant qu’elle ne s’endorme, j’avais maitrisé mes pulsions à ses côtés et seule ma main avait trouvé le chemin de ses hanches durant la nuit.

 

Je retire ma main délicatement et part du lit sans faire le moindre bruit. Je n’arrive plus à dormir alors je décide d’aller préparer le petit déjeuner et en profiter pour me rafraichir.

 

J’adore mettre la musique pour cuisiner, ça me laisse le loisir de chanter et danser tout en m’exerçant à divers plats culinaires. Je mets la musique en route et ça tombe sur Shake it off de Taylors Swift, j’adore cette chanson…ne vous moquez pas c’est la vérité, elle me fait bouger dans tous les sens et me donne la patate à chaque fois donc pas mieux pour me mettre un coup de booste.

 

Je sors tous les ingrédients pour préparer des crêpes. Pendant la préparation, mon corps se déchaine sous la musique, laissant mes membres se déhancher, je baragouine le refrain par moment, faisant des tours sur moi-même en chantant avec la cuillère en bois, jusqu’au moment où je la vois, là, le sourire aux lèvres, le regard amusé.

 

-          Non continue, je t’en prie, j’adore le spectacle

 

J’ai les joues en feu, je me retourne gênée

 

-          Tu te moques

 

Je continue mes crêpes mais j’ai honte. Je ne l’avais pas entendu descendre les escaliers et qu’elle me surprenne comme ça à danser n’importe comment et à chanter comme une folle. Là, c’est sûr que mon sérieux du travail avait dû baisser à une allure folle, je ne me sentais plus du tout crédible.

 

Honteuse ! Totalement honteuse !

 

-          Non pas du tout, j’adore te voir te déhancher comme ça, c’est terriblement sexy, surtout dans cette tenue.

 

Elle en rajoute une couche, mes joues ne sont plus rouges mais écarlates je le sens.

 

-          Ce n’est pas marrant, je l’entends rigoler derrière moi.

 

J’imagine que moi aussi dans cette position j’aurai été, soyons franc, morte de rire, mais là c’était moi le clown de service, j’aurai voulu me fondre dans le décor, pourquoi pas une porte du placard. Je la sens derrière moi, passer sa tête par-dessus mon épaule et ses mains autour de ma taille. Mon cœur s’arrête de battre pendant 5 secondes puis cavale en vitesse.

 

-          Ça sent drôlement bon, me dit-elle proche de mon oreille. Je sens mon corps frémir sous sa voix

 

-          Installe-toi, je vais te servir, arrivais-je à sortir sans bégayer

 

-          Tu danseras en même temps ?

 

Arrêt sur image. Elle me taquine ouvertement et je la laisse faire, mais qu’est-ce qui se passe dans ma tête ?

 

-          Tu étais trop mignonne, et elle me dépose un baiser dans le cou

 

Ok, un compliment comme celui-ci ne se refuse pas, je lui souris naturellement. Ses mains toujours sur ma taille se sont serrées un moment puis elle les laisse glisser et va s’installer sur la chaise.

 

Le petit déjeuner se passe, nous avons ri et parlé de musique. Son téléphone sonne mais elle ne décroche pas. Elle se lève pour déposer sa tasse dans l’évier et son attitude devient plus calme, plus triste. Avant qu’elle ne puisse s’asseoir à nouveau sur sa chaise, je l’attire à moi et la fais asseoir sur moi à califourchon. J’aime la sentir si proche et déteste la voir triste comme elle est à l’instant.

 

-          Quelque chose ne va pas ? lui demandais-je timidement en remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

 

-          Ce n’est rien, je repensais juste à hier et…

 

Je ne disais rien, je ne voulais pas la brusquer, j’imagine qu’elle avait dû se disputer avec son mari et que c’était lui qui avait essayé de la joindre. Mes mains s’étaient glissées sous le débardeur et je lui caressais le bas du dos doucement, faisant de petites formes du bout de mes doigts.

 

-          Je me suis disputée avec James, j’ai…il…on a parlé d’un truc et ça m’a agacée, c’est trop rapide, je ne pensais pas et maintenant voilà…je ne peux pas refuser mais c’est compliqué, je pensais avoir plus de temps….

 

Ok, je n’avais certes rien compris à ce qu’elle venait de me dire à part au sujet de la dispute, mais son cerveau sortait les mots dans une logique propre à elle. Je ne cherchais pas à en savoir d’avantage, ne voulant pas m’immiscer dans leur dispute.

 

-          Ça arrive à tout le monde de se disputer, avec un peu de temps tout redeviendra comme avant et tu oublieras cette mauvaise période

 

Elle ne disait rien. Sa tête était baissée, elle devait réfléchir à ce que je venais de lui dire. Je lui attrape le menton pour qu’elle me regarde directement dans les yeux. Un léger sourire se dessine sur mon visage pour qu’elle voie que je suis là pour elle si elle en a besoin, ma main caresse sa joue délicatement et nos yeux restent bloqués l’un dans l’autre. Je la désire tellement, pensais-je à ce moment-là. Elle met ses mains derrière ma nuque, jouant avec mes cheveux un instant, se mordillant la lèvre inférieure, son regard change du tout au tout en moins d’une seconde. Elle vient saisir mes lèvres dans un baiser fougueux. Pressant son corps contre le mien. Mes mains relevant son débardeur légèrement pour atteindre d’autre parcelle de son corps si chaud. Je la sens frémir lorsque mes doigts parcourent son dos avec passion. Elle ne lâche pas mes lèvres une seconde, la douceur de sa langue venant se mélanger à la mienne, la pression qu’elle exerce en se collant encore plus à moi me laisse échapper un petit gémissement. Je veux la sentir encore plus contre moi, malgré que nous soyons collées mais j’ai envie de plus, de beaucoup plus. Mes mains se posent sur ses fesses et les agrippent fermement, rapprochant son bassin un maximum du mien. Je détache mes lèvres pour aller embraser son cou qu’elle me laisse atteindre en mettant sa tête en arrière, mes mains découvrant toujours un peu plus de son corps brulant, délaissant ses fesses pour aller parcourir ses cuisses si douces, remontant sur ses hanches remontant encore plus haut jusqu’à frôler ce qui me donne envie, ses courbes légères qui ont l’air délicieuses même à travers le tissu. Ses mains viennent attraper mon visage et elle m’embrasse à nouveau langoureusement. Je veux la voir, savoir si j’ai l’autorisation d’aller plus loin. Malgré son regard brulant de désir, je discerne de l’incertitude, de la crainte encore. Mes mains reprennent alors le chemin inverse pour retrouver leur place d’origine, je l’embrasse doucement, faisant retomber notre ardeur mutuelle et elle vient m’enlacer fortement, ma tête dans son cou ou j’entends encore son cœur battre la chamade.

 

Je la désire tant.

 

Elle me fait un de ces effets que je ne sais pas comment j’arrive à me contrôler. Depuis bien longtemps je n’avais ressenti cela et j’étais partagé entre l’extase et la peur. Peur de ne pouvoir ressentir ce qui me donnait envie, ce qui était enfoui au plus profond de moi, peur de me perdre, peur de ne pas contrôler ou tout simplement peur de ne rien ressentir. Je sais que mon corps m’indiquait le désir, des pulsions, l’envie mais le ressentirais-je moi-même ? Je l’avais perdu depuis tant d’année.

 

Je me perds encore dans mes pensées, songeuse à ce qu’il se passerait ou ne passerait pas.

 

Pour la première fois depuis longtemps la peur m’envahissait.

 

Sa main caresse ma nuque pendant que notre étreinte s’éternise.

 

-          Tu es un bon polochon aussi, m’indique-t-elle dans un sourire continuant ses caresses que j’affectionne profondément.

 

-          Tu vois on est fait l’une pour l’autre, dis-je spontanément.

 

Je sens son cœur s’agiter et sa main s’arrêter un instant. Mince, j’ai sorti cela sans m’en rendre compte, comme toujours lorsque je suis bien en sa présence, mais je n’aurais pas dû dire cela. Nous n’étions pas faites l’une pour l’autre, nous avions déjà quelqu’un, elle était mariée, j’étais avec Thibault, chacune de nous deux avions construit quelque chose séparément.

 

C’était pourtant simple comme une addition : 1 + 1 faisait 2, mais 2 + 2 ne pouvait faire 1. Nous ne pouvions être ensemble, c’était absurde, je devais m’y résoudre et forcer mes sens, mon désir, mon envie, tout mon être se convaincre que cette équation était impossible.

 

-          Et si on allait se promener ? lançais-je surtout pour orienter la conversation sur autre chose

 

-          Bonne idée, elle s’enlève de dessus de moi, mes mains toujours sur son dos glissant jusqu’à ses hanches. Je n’arrive pas à me détacher d’elle. C’est un vrai calvaire, malgré ce que ma tête me dit de faire mon corps réagi complètement à l’opposé.

 

Pauvre de moi !!!

 

 

 


 

 

 

Chapitre 16

 

Nous avons passé une partie de la matinée à se promener dans les rues de mon petit village. Lui faisant visiter les endroits que je fréquentais le plus souvent, la boulangerie, le marché, la rue principale, oui il n’y avait qu’une grande rue principale, la salle ou je faisais mon sport. Puis je l’avais amené dans un coin un petit peu plus reculé ou la vue était magnifique. Un peu en hauteur, elle donnait sur une étendue de champs et de vignes qui inspiraient la sérénité et une profonde béatitude. Pourtant, nous n’étions qu’à quelques kilomètres de la civilisation mais j’avais toujours l’impression d’être ailleurs, pas dans un autre monde mais plutôt dans un autre moi, seule, laissant mes doutes, mes craintes, mes pensées s’envoler et laisser place à… rien…du vide.

 

Plus de questions, plus de problèmes, juste moi…et en l’occurrence, là c’était juste NOUS.

 

-          C’est magnifique, me lance t’elle

 

Je ne dis rien, acquiesçant de la tête et continuant de contempler ce paysage qui m’enivrait.

 

-          Ça change de la vue de mon appartement, ajoute-t-elle en posant son menton sur ses genoux recroquevillés contre elle

 

-          J’imagine…j’adore cet endroit, c’est si proche et si loin à la fois de tout…ça m’aide à réfléchir et à laisser ce qui nous encombre l’esprit disparaitre le temps d’un instant…

 

Je sens son regard sur moi lourd et interrogateur mais je ne peux lui exprimer ce que je ressens, je ne peux pas lui faire ça.

 

Une goutte vint se poser sur mon bras, puis une seconde. Je regarde le ciel suivi d’Amandine et en moins de temps pour le dire nous sommes pris sous une pluie torrentielle sortie de nulle part.

 

Nous partons en courant jusqu’à la maison, aucun endroit pour s’abriter.

 

Enfin au sec. Un peu vite dis au sec, nous étions trempées jusqu’aux os. On se regarde et on éclate de rire. Il y a de quoi ! Malgré ses cheveux dégoulinants, les habits trempés et son visage suintant elle me donne envie de l’embrasser avec ardeur.

 

Arrête d’y PENSER !

 

-          Une petite douche ? lui demandais-je avec un sourire coquin sur mes lèvres qui ne se décrochait pas

 

-          C’est déjà fait, répond-elle en me montrant son accoutrement avec un clin d’œil

 

-          Oui c’est vrai…

 

-          Sinon avec plaisir, par contre je n’ai pas d’autres vêtements, ajoute-t-elle d’une mine boudeuse

 

-          Ah pas de souci, je vais t’en passer, je vais te chercher une serviette aussi

 

Je fouille dans mon armoire et lui sort un jogging coton, un T-shirt et des sous-vêtements tout neuf que j’avais acheté quelques semaines plus tôt et dont je n’avais toujours pas enlevé les étiquettes. Au moins, elle se sentira certainement plus à l’aise dans du neuf que dans les miens, même si j’aurai aimé l’idée qu’elle porte ma propriété. Avec le tout dans mes mains je redescends dans le salon pour le lui donner et ne la voit pas, je me dirige alors vers la salle de bain puis ouvre la porte :

 

-          Tient la serviette et des vet….je m’arrête net, elle est postée devant moi en string et seins nues.

 

Mes yeux se fixent sur son corps avec désir. J’en ai le souffle coupé, elle est si belle, si désirable si TOUT. Je n’arrive plus à bouger. J’ai le rouge aux joues, mon regard brulant, des sensations au bas du ventre intense, des frissons dans tous le corps et…je laisse tomber les affaires au sol, lançant un désolée au passage pas très convaincant et m’en vais très rapidement. Aussi vite que mes jambes tremblantes me le permettent.

 

La situation a dû durer 3 à 4 secondes. Pour moi une éternité, pour elle aussi j’imagine. J’ai honte de l’avoir vu comme cela, elle doit m’en vouloir, elle ne m’a pas adressé un seul mot. Je ne me souviens pas de son regard, le mien étant plongé complètement ailleurs sur son corps nu. Qu’a t-elle pensé ? Elle a dû croire que je l’ai fait exprès. J’aurai dû frapper, qu’elle nouille, pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ?

 

Je prends ma douche le plus vite possible. Heureusement pour moi nous avions deux salles de bains, pratique dans ces cas-là. Je ne me voyais pas attendre après elle et je ne me vois pas comment lui parler ou la regarder après cela.

 

J’ai peur ! Peur qu’elle m’en veuille, qu’elle ne parte comme ça sans dire un mot. Je m’habille comme une furie, prenant n’importe quoi dans l’armoire et vais dans le salon m’installer sur le canapé.

 

Je prends mon courage à deux mains, il faut que je l’affronte, je lui dois des excuses plus que convenable et sincère, ensuite s’en suivra ce qu’il s’en suivra.

 

J’entends la porte de la salle de bain s’ouvrir, je ne bouge pas, ne me retourne pas.

 

Courage… mon c** mes fesses !

 

Je sens qu’elle fait quelques pas puis s’arrête, je suis dos tourné à elle, n’osant la regarder pour affronter je ne sais quoi dans ses yeux.

 

-          Je suis désolée, vraiment désolée. J’aurai dû frapper et ne pas rentrer comme ça. Excuse-moi, vraiment, je ne voulais pas te mettre dans l’embarras…je regrette, dis-je toute penaude, mes mains frottant mes cuisses nerveusement

 

Je sens deux mains glisser le long de mes bras et ses cheveux humides tomber sur mes épaules pendant qu’elle me chuchote à l’oreille :

 

-          Tu regrettes ? vraiment ?

 

Son souffle est chaud, brulant. J’ouvre la bouche mais rien n’y sort. Elle me mordille le lob de l’oreille, puis parcourt de ses lèvres mon cou. Je me sens défaillir

 

-          Tu es vraiment désolée ?

 

Elle continue son périple faisant remonter ses mains le long de mes bras et écartant mes cheveux d’avantage. Je sens sa langue danser dans mon cou. Je suis comme tétanisée. Sans m’en rendre compte, elle s’assoit sur moi à califourchon. Une de ses mains autour ma nuque, l’autre écarte des mèches de mon visage, elle se penche, m’embrasse doucement sur les lèvres puis se rapproche à nouveau de mon oreille. J’ai la chair de poule, j’ai beaucoup de mal à supporter ce supplice, je ne comprends plus rien, elle ne m’en veut pas ?

 

-          Moi je ne regrette pas, chuchote t’elle doucement et elle me dépose un bisou sur la joue attendant, je le suppose, une réaction de ma part.

 

La seule chose que j’arrive à dire, ne croyant pas ce qu’il m’arrive :

 

-          Est-ce que je rêve ?

 

Elle m’adresse son plus beau sourire

 

-          Non, sauf si tu as déjà fait ce genre de rêve…

 

Mon expression change. Oui j’ai déjà fait ce genre de rêve, depuis le premier jour où elle m’a envouté. Son sourire s’agrandit de plus belle, elle doit bien voir qu’elle a touché là où il fallait. N’ayant plus de patience, je la saisi pour la coller à moi et l’embrasse fougueusement. Nos langues s’enlacent dans une danse de folie, nous faisant sortir de petits gémissements. Mes mains parcourent son dos et à ma plus grande satisfaction n’y trouve pas de soutien-gorge. Elle me tire les cheveux en arrière pour profiter de mon cou et ondule son bassin sur moi. Cette excitation dans son comportement je ne l’avais encore jamais vu et j’adore ça. Me saisissant de ses lèvres à nouveau et caressant ses fesses à travers le jogging, je la bascule en arrière pour la déposer sur le dos et m’allonge sur elle. Je ralentis le rythme de mes caresses sur son corps, passant ma main sous son T-shirt et le relevant doucement au-dessus de son ventre. Mes lèvres parcourent son abdomen doucement, laissant glisser ma langue par ci, par là. Elle se cambre lorsque je mordille ses hanches. Sa peau est si douce, si parfaite. Je remonte délicieusement mes baisers plus hauts arrivant au point de non-retour. Je la regarde pour avoir son autorisation. Ses iris brulent de désirs autant que les miens, ce qui me fait sourire, ses mains attrapent ma tête et m’incite à continuer. Ne perdant pas un instant, je lui enlève totalement le T-shirt et contemple avec admiration ce qui se trouve devant moi, cette beauté. Avec délicatesse, j’entoure ses seins de mes doigts qui se durcissent à mon contact, puis vient les embrasser un à un, prenant le temps de m’attarder sur ses tétons. Elle laisse échapper de petits cris qui m’attisent.

 

Je retourne l’embrasser m’enivrant à chaque fois de la douceur de sa langue. Mes mains descendent et agrippent l’élastique du jogging. Sans plus attendre je lui enlève cet élément qui me gêne. M’étant redresser, je contemple à nouveau son corps si éblouissant sous mes yeux.

 

-          J’aime quand tu me regardes comme ça, me dit-elle en rougissant

 

Je souris de désir à ces paroles, enlevant également mon haut, je me colle à elle et l’embrasse fougueusement, laissant mes mains découvrir ses cuisses, ses fesses. Ses mains caressent mon dos et s’agrippe par moment quand elle frémit sous mon ardeur. Ses gestes sont craintifs et en même temps saisissant. Une de mes jambes vient se placer entre les siennes, remontant ma cuisse un maximum. Je l’entends gémir un peu plus ce qui m’incite à continuer. Elle bouge sous mon corps. J’aime cette sensation, j’aime ce que je lui procure. Tout ce que je veux à cet instant c’est la satisfaire, lui donner ce qu’elle attend, ce qu’elle souhaite de moi. Pour elle, maintenant, je serai prête à faire n’importe quoi.

 

Ma main droite descend lentement de sa nuque à ses seins puis de son ventre jusqu’à trouver la barrière de son intimité encore enveloppé de tissu. Je me redresse légèrement pour la regarder. Ses yeux habituellement verts sont rouges de désirs. Je la regarde intensément, attendant peut-être une approbation de sa part. Je descends un peu plus ma main, passant mes premières phalanges sous la protection lorsqu’une de ses mains saisit mon poignet. Mes yeux ne s’étant pas détourner d’elle s’interrogent.

 

-          On n’est pas obligé tu sais…

 

Quelques secondes s’écoulent avant d’entendre sa réponse

 

-          Je…je te désire tant, et elle me saisit la bouche dans un baiser passionné et porte ma main à son intimité.

 

Au premier contact, tous mes membres frissonnent, c’est si agréable, si bon, si chaud. Je lui enlève rapidement le string et Amandine s’agrippe à moi, m’embrassant, me touchant, gémissant. Je veux la découvrir de l’intérieur là ou je sais qu’elle en a le plus besoin, son corps me l’exprime lorsque je me rapproche.

 

-          Je veux te voir, lui dis-je doucement, la regardant droit dans les yeux.

 

La préparant à ce que j’allais faire, ma main remontant sa cuisse délicieusement, jusqu’à arriver à la porte du bonheur. Mon regard dans le sien, lui indiquant tout ce que je ressens pour elle à cet instant et mes doigts la pénétrant lentement.

 

Une lueur dans ses yeux s’échappe au même moment me donnant des frissons. Elle se courbe sous moi, se retenant difficilement lorsque j’accélère le rythme jusqu’au moment où elle se met à jouir étouffant son cri dans mon cou.

 

Je ne me souviens pas avoir ressenti dans un moment pareil une telle satisfaction, d’avoir donné du plaisir, de l’avoir comblé. Elle est si belle sous moi, encore victime de quelques soubresauts, elle se serre contre moi longuement.

 

Nous restons un long moment dans cette position jusqu’au moment où elle se met à rire.

 

Je relève ma tête pour la regarder interloqué.

 

-          C’était…merci et elle me serre fort contre elle

 

Nos yeux se captent à nouveau. Je veux lui dire tant de choses mais je n’y arrive pas.

 

-          Je…tu es magnifique

 

Je l’embrasse d’un baiser fugace

 

-          Mais ne me remercie pas encore, je n’ai pas fini avec toi, dis-je un air coquin sur le visage

 

Elle hausse les sourcils, surprise, pendant que j’entreprends de l’embrasser sur tout le corps.

 

Je lui fis l’amour toute l’après-midi, ne me lassant à aucun moment de son corps voluptueux sous le mien et de lui donner encore et toujours plus de plaisir.

 

A bout de souffle et à bout de force, nous passons la soirée devant la télé après avoir mangé une bonne assiette de pâte pour nous revigorer. A l’inverse de la soirée d’hier, je suis dans ses bras et c’est délicieusement bon que je ne veux à aucun moment les quitter.

 

A une heure plus que correcte, nous allons au lit. Je la regarde se déshabiller avec intensité, le désir remontant dans mon être tout entier. Lorsqu’elle se retourne, nue, son visage s’illumine.

 

-          Tu aimes ce que tu vois ? me demande-t-elle

 

-          Oh que oui !

 

-          J’aime quand tu me regardes comme ça

 

-          Et moi j’aime te voir comme ça

 

Je m’avance quelque peu vers elle lorsqu’elle me stop en brandissant un doigt devant elle, l’agitant à la négation

 

-          J’aimerai profiter de la même vue, me dit-elle en me regardant de haut en bas

 

Sans rien dire j’exécute sa demande, enlevant un à un mes vêtements. Il est vrai qu’elle n’avait pas aperçu beaucoup de mon corps durant l’après-midi, m’étant accaparé le sien tout le temps. Plus j’enlève mes vêtements et moins je me sens sûre de moi. J’ai perdu l’habitude d’un regard aussi vorace sur mon corps, cela me déstabilise cruellement. La dernière étape étant franchi, je suis là devant elle, nue et nerveuse.

 

-          C’est vrai que tu as un corps sublime, glisse t’elle entre ses dents me laissant rougir pour son plus grand plaisir.

 

Elle s’avance vers moi, ses yeux parcourant mon corps, s’éternisant sur mes parties intimes qu’elle a envie de découvrir je suppose. Ses mains saisissent mes hanches et doucement elle m’annonce :

 

-          Lors du repas la dernière fois, quand tu es arrivé en jogging et brassière, tu étais si belle, si désirante, j’avais tellement envie de toi à cet instant, et elle me bouscule sur le lit, place chacune de ses jambes de chaque côté des miennes.

 

Ses yeux me scrutent, passant chaque contour de mon corps au peigne fin, puis ses mains font de mêmes, les laissant naviguer et découvrir de nouveaux continents. Elle bouge son bassin au-dessus de moi me laissant entrevoir le désir qui remonte en elle. Ses mains pressent mes seins puis elle les saisit avec sa bouche. Sa langue vient jouer avec mon mamelon, des frissons me parcourent tout le corps. Que m’arrive-t-il ? Que me fait-elle ? Ses mains se déplacent toujours et encore, prenant soin de n’oublier aucune parcelle de mon corps et ses lèvres viennent retrouver les miennes. Je l’oblige à s’allonger sur moi, entremêlant nos jambes. Je sens son humidité et j’adore ça. Elle passe sa main sous mes fesses puis remontent jusqu’à l’intérieur de ma cuisse. Je la sens hésiter un moment avant de se déplacer plus haut mais je n’ose la laisser faire. Sans lâcher ses lèvres, je la retourne rapidement et vient m’immiscer en elle. Surprise, elle laisse échapper un gémissement. Ses yeux bouillonnent et dans un dernier élan elle se laisse aller contre moi.

 

Après quelques secondes, elle me dit, sa tête dans mon cou :

 

-          Tu n’avais pas le droit !

 

-          De quoi ? mon cœur s’emballe, ai-je fais quelque chose de mal ?

 

-          Tu n’avais pas le droit de retourner la situation, mais tu ne manques rien pour attendre.

 

Je me sens soulagée, j’ai cru un instant que je l’avais blessé ou autre chose.

 

-          Bien sûr, ma chérie, bien sûr…je la serrais contre moi respirant à plein poumon son odeur.

 

-          Ma chérie ?

 

-          Heu…

 

Elle m’embrasse délicieusement et repose sa tête dans mon cou

 

-          Ma chérie, chuchote-t-elle en souriant

 

On s’endormi l’une contre l’autre jusqu’au lendemain matin.

 


 

 

 

 

Chapitre 17

 

Au réveil, j’étais dans ses bras, nous étions collées l’une à l’autre. Je me sentais en parfaite harmonie avec moi-même depuis bien longtemps. Harmonie sur ce que je ressentais, sur ce qui me faisait envie, sur qui j’étais réellement. Je savais très bien que ce n’était pas convenable, tromper Thibault et dans un sens tromper James, le mari d’Amandine. Car oui, par ma faute, par mon envie et mon désir, elle avait commis un acte égoïste. Assouvir son propre désir et blesser sa moitié, si moitié il y a. Mais je ne voulais pas avoir de telles pensées à ce moment-là. Je voulais encore profiter du bonheur à ses côtés car je le savais, cela ne se reproduirait certainement jamais.

 

A cette idée, j’agrippe plus fermement le bras qui m’entoure et laisse échapper une larme qui vient s’étaler sur le coussin.

 

-          Ça va ? me demande t’elle d’un ton endormi en se collant d’avantage à moi et enfouissant sa tête dans mon cou

 

-          Oui tout va bien ma chérie, et je lui caresse le bras

 

-          Ma chérie, répète t’elle comme pour se l’imprégner, J’aime être là avec toi, contre toi, tu sens si bon, j’aime ton odeur

 

Je rigole légèrement

 

-          Pourquoi tu ris ?

 

-          Parce que depuis que tu es arrivé au travail, j’ai aimé ton odeur, dès que tu passais près de moi je restais quelques instants de plus pour m’imprégner de toi, c’est puéril je sais mais tu me fais tant d’effet…

 

-          C’est mignon et pour ce qui est de l’effet, je te retourne le compliment, elle m’embrasse dans le cou, laissant sa main glisser sur mon ventre et faisant de petits signes dessus.

 

Après quelques minutes de silence ou je sentais mon ventre réclamer de la nourriture :

 

-          Tu as faim ?

 

-          Hum hum, faim de toi…elle me retourne et m’embrasse dangereusement

 

J’aime ce côté de sa personnalité. J’aime quand elle prend des initiatives, quand elle est sauvage. Elle se met sur moi, me dévorant de ses lèvres chaudes, laissant sa langue glisser outrageusement. De mes mains je caresse toute l’étendue de sa peau qu’il met possible. Ses ongles me griffent mes côtes.

 

-          Hey…

 

Elle me regarde d’un air coquin puis se redresse me laissant une pleine vue sur son cou, ses seins, son ventre et son intimité.

 

-          Tu aimes ce que tu vois ? me demande-t-elle d’une voix suave

 

-          Plus que tu ne le penses

 

Je me redresse contre elle, prenant à pleine bouche ses seins, mes mains sur ses fesses. Elle me bouscule à nouveau le dos contre le lit, se dégageant de mon étreinte. Je vois du désir en elle, ses iris si rouge d’envie, sa respiration saccadée, je sais ce qu’elle s’apprête à faire, j’en ai tellement envie mais quelque chose en moi doute. Elle caresse mes seins, mon ventre et descend toujours plus bas. Je me sens me raidir, hésiter, troubler, tendue, je ne peux pas.

 

Je la renverse, l’embrasse tendrement puis ma langue s’échappant de la sienne continue plus bas, toujours plus bas jusqu’à trouver son intimité. Je me délecte de cette saveur jusqu’à ce que ma douce m’explose en bouche. Je remonte la serrant contre mon corps et caressant ses cheveux.

 

-          Tu…dit-elle en reprenant son souffle

 

-          Je ? et l’embrasse sur le front

 

-          Tu l’as encore fait

 

-          Hein ?...Mais me rendant compte ou elle voulait en venir je ne la laisse pas répondre. Ne bouge pas, je vais nous chercher à manger.

 

Je me lève et m’habille rapidement

 

-          Attend, Fiona ?

 

-          Oui Amandine ? et je lui adresse mon plus beau sourire

 

Elle me rend mon sourire et mordille sa lèvre inférieure. Ça me fait craquer et retourne l’embrasser.

 

-          Je reviens vite, promis, encore un bisou sur ses douces lèvres et m’en vais chercher le petit déjeuner.

 

 

**********

 

 

Nous étions toujours au lit, ma tasse de thé entre les mains pendant qu’elle me regardait accoudé sur le côté. Je la vois faire de petits gestes sur le drap et froncer les sourcils, interrogative je lui demande :

 

-          Quelque chose ne va pas ?

 

Elle ne répond pas de suite, continuant de jouer avec le drap le regard baissé. Je pose ma tasse sur la table de chevet et m’allonge à son niveau. De ma main je lui redresse le menton pour qu’elle me regarde :

 

-          C’est James ?

 

-          …..

 

-          C’est moi ?

 

-          …. Elle va pour dire quelque chose mais ne fait qu’un tout petit sourire réconfortant

 

-          C’est nous ? osais-je

 

-          ….

 

-          Je comprendrais si tu veux tout arrêter, si c’est…

 

Elle ne me laisse pas finir, m’embrassant délicieusement.

 

-          Non ce n’est pas ça et elle m’embrasse à nouveau, puis reposant sa tête contre ma poitrine, la semaine prochaine je serais absente…toute la semaine et…tu vas me manquer.

 

OUF, je m’attendais à pire.

 

-          Toi aussi tu vas me manquer, lui dis-je en la serrant d’avantage contre moi, nos jambes s’entremêlant. Dans ce cas-là, que voudrais-tu faire de ta journée ? Je suis toute à toi !

 

Elle se redresse vivement, ses yeux fixant les miens

 

-          Toute à moi ?

 

Qu’est-ce que je n’avais pas dit…

 

-          Dans ce cas-là, elle se plaque à moi et s’en suivit de longues minutes de baisers et de caresses.

 

Mais ce que je redoutais arriva.

 

Pendant ces longues minutes de plaisir, nos mains parcourant nos corps respectifs et nos langues ne cessant de s’entrelacer, ses mains cherchent mon désir, malgré ses quelques hésitations du début, tout cela s’est envolé et je la vois sûre et ardente. Elle ne cesse de se mouvoir sur moi me faisant frémir. J’ai chaud, très chaud. Ces sensations en moi sont si envoutantes que je ne fis pas attention lorsque ses doigts effleurèrent mon aine. Sortant de mon état second, je la renverse et me plaque contre elle, ma cuisse remontant entre son entre-jambe. Elle émet un petit gémissement lorsque celle-ci la touche m’incitant à accentuer ma pression. Me délectant des petits bruits qui sortent de sa bouche tout en se mouvant sur elle. Elle me retourne d’un air joueur et saisit mes poignets, les placent au-dessus de ma tête ou elle les maintien d’une seule main. L’autre se baladant en faisant les contours de mes courbes. Elle feint de m’embrasser, effleurant que très légèrement mes lèvres, me cambrant pour essayer de l’atteindre, mais son sourire au coin des lèvres me montre son amusement.

 

Sa main glisse le long de ma jambe, ses doigts griffent l’intérieure de ma cuisse et à nouveau se retrouve près de mon aine.

 

-          Attends, lui soufflais-je

 

-          Hum…en déposant des baisers dans mon cou, sa main toujours en train de parcourir mon aine.

 

J’en avais très envie, mais j’avais très peur aussi. Mon cœur qui s’accélère, non pas sous le désir mais sous la crainte. Crainte de ne pas pouvoir, crainte qu’elle l’apprenne, crainte tout court. J’essaye de me défaire de son emprise, mais elle me plaque encore plus au lit, se mettant à califourchon sur moi, ses deux mains saisissant mes poignets puis entrelaçant nos doigts.

 

-          Cette fois tu ne m’auras pas.

 

Elle saisit à nouveau d’une main mes deux poignets et laisse l’autre naviguer jusqu’à l’endroit fatidique. Mon cœur bat à fond, j’ai l’impression qu’il va éclater, j’ai chaud, je commence à paniquer.

 

-          Amandine, dis-je d’un ton peu rassurée, s’il te plait…arrête.

 

Elle stoppe net ce qu’elle faisait me regardant avec interrogation.

 

-          Tu ne veux pas ? elle relâche son étreinte

 

-          C’est, ce n’est pas ça, c’est juste que…

 

-          Tu penses que je ne saurai pas…

 

-          Non pas du tout mais…

 

-          Mais quoi alors ? je vois de l’agacement dans son regard et dans le ton qu’elle emploie

 

Devais-je lui dire ? Je ne l’avais jamais fait, à personne. Je gardais tout pour moi, depuis des années et il suffit que je la rencontre pour que tout change du tout au tout. Elle me mettait à nue dans tous les sens du terme, et son regard sur moi m’explosait au visage. Je me sentais vulnérable, incapable de lui cacher quoique ce soit.

 

-          J’ai peur, murmurais-je en tournant la tête, je n’arrivais pas à la regarder en disant cela et j’étais sûre qu’elle voudrait en savoir plus

 

-          Peur ? Mais de quoi ? sa main dessinant de petites formes sur mon ventre

 

Je ferme les yeux et prend une grande inspiration avant de lui dire la vérité :

 

-          Peur…de ne rien ressentir, de…je n’ai pas eu d’org…ça fait longtemps que je ne ressens plus rien, quand il me…, j’ai honte, tellement honte de m’ouvrir ainsi auprès d’elle, une larme coule le long de mes yeux.

 

Elle ne dit rien, ça doit être la première fois qu’elle entend quelque chose comme ça et doit me prendre pour une folle. Elle a même arrêté de caresser mon ventre. Elle doit se dire qu’il y a un truc chez moi qui ne tourne pas rond, elle a raison en même temps, je me le dis des fois puis j’essaye d’oublier et de passer à autre chose. Je n’arrive plus à rester à côté d’elle, je viens de me livrer entièrement sur un sujet que je n’avais divulgué à personne et elle ne dit rien.

 

J’ai vraiment honte.

 

Je commence à me redresser mais sa main fait pression sur mon ventre pour m’interdire de bouger.

 

-          Fiona, regarde-moi ?

 

Je ne veux pas, je ne peux pas

 

-          S’il te plait mon ange regarde-moi, et de sa main elle vient tourner mon visage vers le sien

 

Je rêve ou elle vient de m’appeler mon ange. Son regard est doux et empli de tristesse. Elle caresse mon visage.

 

-          N’aie pas peur avec moi, je…je veux juste que tu sois heureuse, elle efface une larme de ma joue.

 

-          Merci

 

Je la vois se mordiller sa joue intérieure

 

-          Vas-y, je t’écoute ? lui dis-je

 

-          Pardon ?

 

-          Tu te poses des questions, alors demande moi ?

 

-          Tu…tu ne ressentais rien de ce que je te faisais ?

 

-          Si j’aimais, beaucoup, énormément…

 

-          Alors ?... J’ai une idée

 

-          Laquelle ?

 

-          Tu as confiance en moi, elle se redresse pour me faire face en me souriant si tendrement que je ne pouvais faire autrement

 

-          Totalement confiance en toi

 

Elle reprend ses caresses sur mon corps puis m’embrasse et dit :

 

-          Tu sens ça ?

 

-          Oui

 

Elle sourit et continue, descendant ses lèvres sur mes seins

 

-          Et ça ?

 

-          Oui répondis-je le souffle court

 

Sa main remonte le long de ma cuisse intérieure :

 

-          Et là ?

 

Je hoche de la tête n’arrivant plus à répondre

 

-          Alors tu vois, fais-moi confiance et laisse toi faire

 

Elle avait raison, je me laissais faire et ce qu’elle me procura fût ENORME, un feu d’artifice dans tout mon être, une explosion de plaisirs incommensurables, tout simplement du bonheur comme je ne l’avais pas ressenti depuis des années.

 

 

 

 


 

 

  

 

Chapitre 18

 

La semaine promettait d’être longue, après le week-end que je venais de vivre j’étais encore sur mon petit nuage.

 

Amandine, ma douce, je ne devais pas penser cela d’elle mais elle m’avait renoué avec le plaisir et elle comptait tant pour moi. Ne plus la voir de la semaine me serrait le cœur, elle manquait déjà, elle me manquait depuis hier soir, quand elle rentra chez elle. Mon lit était devenu froid et je mis un temps éternel à m’endormir, serrant le coussin contenant son odeur contre moi.

 

MarieT rentre dans le bureau d’un pas lourd. A sa tête le week-end n’avait pas dû être de tout repos.

 

-          Salut, lui dis-je

 

-          Salut

 

-          Comment ça va ?

 

-          Fatiguée et on est que lundi

 

Je rigole

 

-          Et toi ça va ? on dirait bien que oui vu ta tête

 

-          Et oui ça va même très bien

 

 

 

La semaine fût effectivement longue, le week-end arriva et le retour de Thibaut aussi.

 

 

**********

 

Lundi fût enfin là. J’étais toute excitée à l’idée de la revoir, elle m’avait manqué, incroyablement manqué. J’avais l’impression d’être redevenu une ado. Thibault n’avait remarqué aucun changement en moi, il faut dire qu’il avait passé son temps à me raconter de long en large sa formation que je connaissais par cœur depuis trois ans.

 

Je suis arrivée tôt comme à mon habitude, histoire de traiter le plus de choses possible avant son arrivée. Je languissais son retour, j’avais du mal à rester sur ma chaise ce que me fit remarquer Rebecca en me disant que j’étais super en forme et quelle était mon ingrédient secret. Ce que je me cachais bien de lui dire.

 

9h00, je l’ai entendu arriver, mais à peine de retour que le directeur s’enferma dans le bureau avec elle.

 

Mince.

 

Je peux aller déposer un papier dans son bureau histoire de la voir, mais quoi comme papier ? Elle ne m’a rien demandé, ni le directeur, ça ferait louche. Ou alors je rentre en feignant une question.

 

Bonne idée !

 

Mais quelle question ?

 

Arffff !!!!!

 

Bon, en fin de compte, j’attends patiemment qu’elle finisse, mais c’est long, trop long à mon goût.

 

Pendant que j’affiche des plannings dans le couloir, un étudiant vient m’interpeller pour des informations. Je le renseigne à sa guise, approfondissant certains points qu’il n’a visiblement pas compris lorsque la porte de ma chef s’ouvre. Ma tête se tourne précipitamment manquant un 360° degré façon l’exorciste. Le directeur en sort et m’interpelle. L’étudiant s’en va de lui-même ne manquant pas de me remercier au passage.

 

J’arrive à l’embrasure de la porte avec un sourire que je n’arrive pas à contenir. Amandine assise sur sa chaise les mains jointes sur le bureau et le directeur à côté de moi.

 

-          On est d’accord Amandine, 14h ?

 

-          Oui monsieur

 

-          Fiona, à 14h, réunion dans mon bureau, pourriez-vous prévenir vos collègues ?

 

-          Oui bien sûr

 

-          Amandine, d’ici là pas un mot, vous leur annoncerez tout à l’heure

 

Amandine sourit mais j’ai l’impression qu’elle est gênée. Le directeur s’en va dans son bureau et j’en profite pour m’approcher d’elle. A peine la porte fermée, je m’avance vers elle et m’empares de ses lèvres sans qu’aucune des deux ne disent un mot.

 

Laissant mon front contre le sien je lui glisse doucement

 

-          Tu m’as manqué…beaucoup…énormément et je la serre contre moi. Je retrouve enfin son odeur qui me titille tant.

 

-          Toi aussi

 

Je lui fais de petits bisous puis elle s’écarte de moi. Au vue de ma tête elle m’annonce :

 

-          On ne s’est jamais si quelqu’un rentre

 

-          Oui c’est sûr…ça pimente un peu les choses et je lui donne un baiser fugace.

 

-          Fionaaaaa…

 

-          Ma chérie ? elle me sourit en me rendant mon baiser. Ok je te laisse tranquille et je me décale d’elle en m’installant sur la chaise en face du bureau. Tes vacances se sont bien passées ?

 

Elle lève la tête un peu rapidement à mon goût mais je n’y fais pas plus attention que ça, étant encore sous son charme

 

-          Oui

 

Et bien la réponse était courte.

 

-          Et la réunion de cet après-midi porte sur quoi ?

 

Je la vois hésiter, elle joue nerveusement avec son stylo, puis replace une mèche de ses cheveux.

 

-          Heu…ça porte sur…

 

Quelqu’un frappe à sa porte et je vois son regard comme soulagé mais encore une fois je n’y prête pas plus attention, tellement heureuse de la retrouver.

 

-          Entrez !

 

-          Bonjour, est-ce que vous avez vu… ? demande Rebecca, ah en fait Fiona c’est toi que je cherche, tu peux venir ?

 

-          Oui j’arrive

 

Je me lève et avant de franchir la porte regarde Amandine une dernière fois avec un énorme sourire qu’elle me rend bien.

 

 

**********

 

14h00, la fameuse réunion.

 

Nous sommes toutes ainsi que le directeur installés autour de sa table ovale. Lui et Amandine d’un côté et de l’autre M. DURAND entouré de mes deux collègues ainsi que de moi-même. Monsieur DURAND est un intervenant de l’école, grand, rondouillard, environ 55 ans, ancien directeur d’un établissement de haut prestige, il avait toujours un mot pour rire et le directeur le considérait comme son bras droit.

 

Le directeur tri quelques papiers devant lui, les tapotant pour les mettre en forme puis prend la parole :

 

-          Je vous ai convoqué dans mon bureau pour vous annoncer 2 choses. Une bonne et une mauvaise nouvelle et il grimace légèrement en terminant sa phrase, ce qui me fait sourire.

 

Rebecca, MarieT et moi-même nous regardions en se demandant ce qu’il se passait.

 

-          Cela concerne l’école comme vous devez vous en doutez. Il regarde Amandine comme pour avoir son approbation. On commence par la bonne nouvelle ?

 

Cette dernière hoche de la tête pour affirmer.

 

-          Donc, l’on m’a appris ce matin une très grande nouvelle pour Amandine. A son nom, mon sourire s’élargi et je la regarde directement dans les yeux. Elle vient d’être promue à une place que j’identifierai d’exceptionnelle car c’est celui de directrice adjointe.

 

Wouah !!!

 

Tout le monde la congratule.

 

Je suis impressionnée et très fier d’elle. Je la regarde avec intensité cherchant à lui communiquer mon ressenti pourtant ses yeux se font distants.

 

-          Mais voilà, cette place elle ne peut l’avoir dans notre établissement. Vous vous en doutez nous sommes trop petit. Elle a donc été recrutée à la prestigieuse université de Versailles.

 

Versailles ?

 

Ais-je bien entendu ?

 

Je défaille, pas possible, qu’est-ce qu’il vient de dire ? Mon sourire s’efface. J’entends les autres discuter autour de moi mais ne comprends pas un traitre mot. Obnubilé par ce que je viens d’apprendre : Versailles.

 

NON !

 

Je ne peux y croire, je ne veux y croire. Je la regarde toujours et elle m’évite. Tout le monde se lève, des mains se serrent, des bises se font, ils la félicitent tous un à un. Je n’en reviens toujours pas. J’ai mal. Pourquoi ne m’a-t-elle rien dit ce matin ? Pourquoi me l’avoir caché ? Elle aurait dû me le dire. Et elle ne me regarde toujours pas. Pourquoi ? Ma gorge est serrée, j’ai mal au fond de moi.

 

MarieT vient poser une main sur moi qui me fait revenir à la réalité.

 

-          Tu viens ? me dit-elle en me faisant un signe de tête

 

Je la suis, elle s’arrête à nouveau devant Amandine pour la féliciter et je souhaite m’évader de cette pièce mais ce n’est sans compter la présence de M.DURAND qui me retient par le bras.

 

-          Alors Fiona, qu’elle bonne nouvelle pour votre responsable ?

 

J’avale ma salive difficilement, je n’arrive pas à dire quoique ce soit. J’essaye de faire un léger sourire qui se veut plus que crisper au vue de ma mâchoire tétanisée.

 

-          C’est réellement une grande satisfaction pour vous d’atteindre un tel poste à votre âge Amandine. Je suis vraiment très content pour vous.

 

Elle me regarde à présent, je ne sais pas si ses yeux me montrent de la culpabilité ou des excuses. De toute façon, vu mon état je ne sais plus trop ce que j’entends ou ce que je vois, tout ce que je ressens, c’est mon cœur dans ma poitrine battre terriblement fort.

 

Et mon directeur qui vient en rajouter une couche, j’ai envie de me fondre dans le décor, m’évanouir dans le vent et me laisser transporter ailleurs, sur ma colline, dans mon antre. Je ne peux plus rester là, j’ai du mal à respirer, il faut que je parte.

 

Dans un élan de courage, ou d’inconscience, je m’approche d’Amandine qui s’interroge visiblement sur ce que je vais faire, vu l’expression sur son visage :

 

-          Félicitations, dis-je froidement et difficilement.

 

Je pars rapidement du bureau, sentant mes larmes au bord des yeux que je ne pourrais retenir plus longtemps.

 

 

**********

 

Je passais les deux jours suivants à l’éviter, dans mon cas, sans bouger de mon bureau. S’il fallait lui donner un papier je demandais à Rebecca ou MarieT de le faire à ma place, leur ayant expliqué que je n’étais pas bien en ce moment, des douleurs au ventre. Oui de grosses douleurs qui me nouaient l’estomac outrageusement. Si je l’entendais venir dans notre bureau, je m’éclipsais rapidement par l’autre porte.

 

 

 

Mais ce matin-là, je ne pouvais faire autrement. Je ne l’ai pas entendu arriver, elle avait troqué ses talons pour des chaussures plates. Elle rentre dans le bureau saluant tout le monde comme à son habitude puis annonce d’un ton qui se veut ferme mais avec de la gentillesse :

 

-          Fiona, peux-tu venir dans mon bureau ?

 

J’acquiesce de la tête sans lever mon nez du bureau, ne la regardant pas un instant.

 

Maligne, elle avait dit cela devant mes deux collègues, m’obligeant de ce fait de me présenter à son bureau. Mais je ne me sens pas d’y aller de suite, alors je prends mon temps à éplucher mes mails et à répondre. Et le temps passe, pas assez vite à mon goût, mais passe quand même. Environ 1h30 peut-être 2h00. Le plus étonnant, c’est qu’elle n’est pas venue me chercher, tant mieux !

 

Je frappe à sa porte.

 

-          Entrez

 

Je rentre et fais deux pas en m’avançant, laissant la porte ouverte derrière moi. Je ne la regarde pas, je sais que si je le fais je vais défaillir, je voudrais l’embrasser et lui pardonner le mal qu’elle me donne. Je regarde donc le sol, les yeux dans le vide.

 

Je l’entends qu’elle se racle la gorge, a-t-elle peur de me parler maintenant ? Ma mâchoire se serre perdant patience dans ce silence.

 

-          Fiona…

 

Mon cœur commence à s’emballer quand elle dit mon prénom

 

-          Je voulais te parler

 

Ça, je m’en doutais !

 

Elle se lève de sa chaise et passe à côté de moi pour fermer la porte. Heureusement pour moi j’ai un reste de reflexe qui me permet de me décaler à grand pas sur le côté pour éviter de la toucher. Elle remarque mon attitude et je l’entends soupirer.

 

Je rêve ou quoi !

 

-          Ecoute, je voulais te parler…

 

Ah tient quelle bonne idée !

 

Elle fait les cents pas devant moi.

 

-          Je suis désolée que tu l’ai appris comme ça. Ça a été si rapide, je pensais avoir plus de temps…j’aurais voulu te le dire moi-même mais…

 

-          Mais tu ne l’as pas fait ! Je relève la tête et la regarde fixement, mon ton est plus que sec, coléreux ainsi que mon regard.

 

Elle se tient devant moi étonnée, mais elle se reprend bien vite.

 

-          Je sais que tu m’en veux, je ne voulais pas te faire de mal, je n’aime pas te voir comme ça

 

Et elle pose ses mains sur mes épaules. Mon cœur rebondit de plus belle mais je m’écarte me refusant son contact.

 

-          C’est ça !

 

Son ton monte :

 

-          C’est la vérité, Fiona regarde-moi, elle prend mon menton pour me faire lever la tête, mais je m’écarte à nouveau, écoute moi, je te dis la vérité, je ne voulais pas te blesser, j’aurai dû te le dire avant que j’allais partir, mais je ne sais pas pourquoi…je ne l’ai pas fait.

 

Son ton s’était baissé sur ces derniers mots

 

-          Dis-moi quelque chose ? Réponds-moi Fiona ?...

 

Je reste silencieuse, je bougonne mais je ne veux pas dire des choses que je risquerai de regretter.

 

-          Ne te renferme pas s’il te plait, dis-moi quelque chose ? Son ton s’élève : Mais merde Fiona parle, je sais que tu m’en veux, j’aurai dû te le dire moi-même je sais… Arrête de faire ta gamine ! parle ?... Pourquoi tu réagis comme ça ?

 

-          Parce que JE T’AIME, ok ? Les mots étaient sortis d’eux-mêmes, voilà pourquoi. Et je suis triste, triste de ressentir tout ça, triste d’avoir mal rien qu’à te regarder, à savoir que tu vas partir. Je m’en fou que tu ne me l’ai pas dit toi-même pour ton départ même si j’aurai préféré mais le problème c’est TOI. C’est toi depuis le début. Je pensais ne jamais ressentir ça à nouveau et…Je t’ai confié des trucs sur moi, je me suis ouverte à toi, des choses que je n’avais jamais dit à personne et…, je prends conscience d’une chose à ce moment-là, et tu le sais depuis quand ?

 

Je vois qu’elle a du mal à parler :

 

-          De quoi ?

 

-          Ton départ, depuis quand tu le sais ? dis-je en m’agaçant

 

Elle ne répond pas et ses yeux s’échappent

 

-          Vendredi, quand tu es venue chez moi tu le savais ?

 

-          Heu…oui je venais de l’apprendre…mais…

 

Je laisse échapper un souffle de faux rire et me prend la tête dans les mains

 

-          Je suis tellement bête et naïve

 

Elle se rapproche de moi et me saisit les poignets

 

-          Non, ne dis pas ça…

 

-          Et tu t’es dit, tient si j’allais en profiter un peu, elle est à fond sur toi alors pourquoi pas essayer. De toute façon toutes les hétéros veulent essayer un jour, alors j’espère que ça t’a plu ? Que tu as pris ton pied ?

 

-          Tu n’as pas le droit !

 

-          De quoi ? De t’en vouloir ou de m’en vouloir à moi ?

 

Je sens des larmes couler le long de ma joue alors je détourne ma tête, mais elle met sa main sur celle-ci pour les essuyer.

 

-          Tu sais bien que ce n’est pas vrai

 

Je n’arrive pas à la regarder, j’ai si mal, je ne sais même pas comment je fais pour me retenir de pleurer et me nicher dans ses bras pour qu’elle me réconforte.

 

Dans un murmure je lui dis :

 

-          S’il te plait arrête…

 

Elle hésite quelques secondes puis se décale un tout petit peu quand la porte de bureau s’ouvre fortement la faisant sursauter. Le directeur nous rappelle le repas d’à midi pour célébrer sa promotion puis il s’en va précipitamment.

 

Je secoue la tête négativement, trépignant d’agacement :

 

-          Super, allons fêter ça, dis-je doucement, je la regarde une dernière fois puis m’en vais de son bureau.

 

**********

 

On se dirige au restaurant, mes grosses lunettes noires sur mes yeux histoire de camoufler leur état. Nous sommes environ une dizaine à déjeuner, mes deux collègues sont ravis de profiter de cette invitation. Comme elles me l’ont répété toute la matinée elles vont en profiter à fond : entrée, plat, dessert.

 

Je m’installe direct en bord de table, je n’ai pas envie de me retrouver au milieu, guindé entre deux profs. En face de moi Rebecca puis à mes côtés MarieT. Amandine quant à elle est entourée du directeur et de M.DURAND à coté de Rebecca.

 

Tout le monde parle de tout et de rien, souvent des félicitations remontent pour Amandine. Mes deux collègues quant à elles, élaborent leur menu méthodiquement, pour ma part je fais semblant d’écouter, lançant un hochement de tête ou répondant un oui comme ça. La serveuse vint prendre notre commande.

 

Je suis dans mes pensées, à me remémorer ce que j’avais dit à Amandine quelques minutes plus tôt.

 

Lui avais-je dis que je l’aimais ? Je ne mettais pas poser la question plus tôt. C’est vrai que mes sentiments envers elle étaient forts et différents de ce que je ressentais pour Thibault mais…

 

Mais quoi !

 

C’était l’évidence, j’étais tombée sous son charme depuis le début, depuis que je l’avais vu la première fois, quand elle m’avait souri en se présentant. Et depuis tout ce temps, mon cœur s’était alourdi de sentiments pour elle. Je ne me l’étais jamais avouée mais maintenant je savais et c’était pire.

 

Je joue avec les ingrédients de ma salade pour essayer de penser à autre chose mais rien n’y fait.

 

Je sens une larme couler sur ma joue.

 

Foutu glandes lacrymales !

 

Je l’essuie rapidement pour que personne ne s’en aperçoive, ce n’est sans compter sur les yeux de lynx de ma chère collègue d’en face que j’ai nommé Rebecca, l’œil de chat.

 

-          Ça va Fio ?

 

A la question MarieT relève la tête de son assiette.

 

-          Oui nikel, j’ai chopé un truc dans l’œil je pense

 

MarieT pose sa fourchette si délicatement sur son assiette que tout le monde se retourne vers nous.

 

-          Attend montre-moi ça, dit-elle en me retirant mes lunettes de soleil

 

-          Non ça va, je t’assure

 

Mais en ni une ni deux elle avait pris mes lunettes.

 

-          Oula Fio, tu as les yeux tout rouges, ça va ? Tu n’as pas trop mal ?

 

Non je n’ai pas mal aux yeux mais ailleurs.

 

-          Non, non c’est bon vraiment.

 

Tout le monde me regardait maintenant dont Amandine.

 

-          Il faudrait que tu mettes un linge humide sur tes yeux quelques secondes pour te soulager, enchaine MarieT, toujours dans son optique, n’entendant toujours pas mes réponses.

 

-          Ce n’est rien, je t’assure

 

La discussion repris autour de la table pendant que MarieT s’occupait toujours de moi en regardant mes yeux. Mais je sentais un autre regard sur moi. Elle fit un signe de la main à la serveuse qui s’approcha 

 

-          Dites-moi, vous auriez un linge propre avec un peu d’eau. Ma collègue à les yeux tout rouges et cela la soulagerait.

 

La serveuse me regarde timidement puis me dit :

 

-          Venez avec moi je vais vous trouver ça

 

MarieT m’incite à me lever, alors je m’exécute et suit la jeune fille.

 

Nous rentrons dans le restaurant, elle passe derrière le comptoir et attrape un torchon tout blanc puis le trempe dans de l’eau froide qu’elle fait couler. Elle s’avance vers moi et me regarde avec curiosité. Je vais pour lui prendre le torchon quand elle me dit :

 

-          Attendez laisser moi voir

 

Puis elle m’amène un peu plus en retrait du restaurant ou la lumière est forte.

 

-          Ah oui effectivement vous avez les yeux tout rouges.

 

Elle commence à mettre le torchon sur mes yeux.

 

-          Vous êtes allergiques à quelque chose ?

 

-          Je ne sais pas, mais je vais le faire merci.

 

Elle repousse mes mains, continuant de poser le linge sur mes yeux et touchant de ses mains mon visage. Je ne me sentais pas à l’aise dans cette situation

 

-          Laissez-vous faire, ça va vous soulagez

 

-          Non je vous assure, je préfère le faire moi-même, dis-je en me dégageant

 

Soudain un raclement de gorge se fait entendre derrière nous, Amandine :

 

-          Vous pouvez nous amener deux carafes d’eau, son ton est sec et offensif

 

-          Heu…oui

 

Pendant que la serveuse passe à côté d’elle, Amandine lui saisit le torchon et enchaine :

 

-          Je m’occupe de ça !

 

La serveuse la regarde effrayée vu le regard noir que ma chef lui porta.

 

Cette dernière s’approche de moi et son regard se radoucit. Elle pose ses yeux sur les miens et j’ai comme l’impression d’apercevoir de la tristesse dans les siens. Elle tamponne doucement mes yeux avec le torchon humide, laissant une de ses mains dans mon cou.

 

-          Je n’ai rien aux yeux, lui dis-je en lui saisissant les mains

 

-          Mais… ?

 

-          S’il te plait…Amandine, répondis-je tout doucement.

 

Mes mains tenaient toujours les siennes, je me résous à les lâcher.

 

-          Retournons à table, lui dis-je en faisant un signe de tête et un léger sourire.

 

Je n’arrive pas à lui en vouloir, je me déteste pour ça, on dirait un chamallow.

 

Nous retrouvons notre place, la serveuse à l’air bien distante d’un coup et sur ses gardes. MarieT me demande si ça va mieux, je lui réponds que oui et remet mes lunettes de soleil, mes yeux n’ayant pas quittés Amandine. Puis je tourne la tête pour regarder ma salade.

 

 

 

 


 

 

Chapitre 19

 

Après le repas, chacun avait retrouvé son poste et la journée reprit son cours tranquillement.

 

Ma nuit fût douloureuse à nouveau, heureusement pour moi Thibault ne s’était rendu compte de rien, tant mieux dirais-je, sinon je n’aurais su lui expliquer ce qui m’arrivait.

 

Jeudi : je passe ma journée en formation sur un logiciel de planning mis en place pour l’ensemble des écoles privées. C’est une bonne chose, ça me change du cadre du travail, car la formation a lieu dans les locaux d’une université. Voir du monde, discuter avec d’autres personnes, apprendre quelque chose me change les esprits.

 

Mais le retour à mon quotidien me rattrape bien vite en ce vendredi.

 

Vivement ce weekend que j’aille me blottir dans mon lit et ne plus en bouger.

 

Amandine rentre dans le bureau et vient directement me voir. Je la regarde furtivement.

 

-          Je suis de réunion aujourd’hui, toute la journée et tu viens avec moi.

 

-          Hein ?

 

-          Oui on part dans 10 minutes, prend tes affaires.

 

On descend les escaliers et elle m’annonce que l’on prend sa voiture. Je la suis sans contester. Durant le trajet, aucun mot n’est prononcé, mes yeux parcourent le paysage. Puis la voiture s’arrête, quand elle ouvre la portière je regarde où nous sommes. Je ne reconnais pas l’endroit, un immeuble assez haut qui fait plus résidentiel que lieu de formation, mais je ne me formalise pas pour autant. Beaucoup de locaux commerciaux maintenant sont achetés dans des immeubles résidentiels. Je la suis à l’intérieur, nous enfournant dans l’ascenseur.

 

Devant la porte elle insère une clé dans la serrure et rentre.

 

-          On est ou là ? demandais-je en regardant tout autour de moi. Je ne vois aucune pancarte, rien.

 

-          Viens, elle me prend par la main et m’attire à l’intérieur.

 

Je la vois déposer son sac dans l’entrée sur un petit meuble noir, enlever ses chaussures et se diriger plus loin dans l’appartement.

 

-          Met toi à l’aise, me dit-elle par-dessus l’épaule

 

Je reste interloquée

 

-          Mais on est où là ?

 

-          Chez moi, crie-t-elle de plus loin

 

Quoi ? Chez elle !

 

Mais qu’est-ce qu’on fait chez toi !

 

-          Mais qu’est-ce qu’on fait chez toi ? J’avance pour la rejoindre, je la retrouve dans sa cuisine, elle avait enlevé sa veste

 

-          Tu veux boire quelque chose ?

 

-          Qu’est-ce qu’on fait là ?

 

-          J’ai acheté du jus de pamplemousse, je sais que tu aimes ça

 

-          Quoi ? Je secoue la tête, réponds-moi ?

 

-          Je t’en sers un verre ?

 

Elle s’active dans la cuisine, sortant deux verres et versant le jus. Elle s’approche de moi et me tends le verre. Machinalement je le prends et la regarde aller vers le canapé

 

-          Qu’est-ce que tu fais ? lui demandais-je debout avec mon sac sur l’épaule, le verre dans la main. Je ne comprenais plus rien.

 

-          Viens, approche-toi.

 

Je m’approche du canapé et reste debout la regardant essayant de comprendre ce qu’il se passe.

 

-          Amandine ?

 

-          Fiona ?

 

J’hallucine ou elle joue avec mes nerfs !

 

-          Tu n’as pas soif ? me demande-t-elle en se levant

 

-          Tu peux me répondre ?

 

Elle me prend le verre et le pose sur la table basse. Elle me débarrasse de mon sac à main en le jetant au pied du canapé puis pose ses mains sur les hanches et approche ses lèvres des miennes.

 

-          Qu’est-ce que tu fais ? dis-je étonnée en me reculant.

 

Elle n’enlève pas ses mains de mes hanches et me fait reculer jusqu’au mur. Ses lèvres s’approchent à nouveau mais je tourne le visage, elle embrasse mon cou.

 

-          Arrête, qu’est-ce que tu fais ? je saisis ses poignets pour enlever les mains de mon corps

 

-          Ce qui me donne envie depuis le début de la semaine

 

-          Quoi ?

 

Je ne comprends plus rien. Elle retourne la situation en m’agrippant les poignets et me les colle contre le mur fermement.

 

-          J’ai envie de toi. Elle me souffle ça à l’oreille ce qui me fait frissonner entièrement. Elle me regarde droit dans les yeux, son visage à quelques millimètres du mien, embrasse-moi ?

 

-          Non

 

Elle s’avance et je détourne encore une fois le visage, je la vois pourtant faire un petit sourire en coin.

 

-          Je ne supporte pas te voir comme ça…triste à cause de moi, elle embrasse mon cou de petits bisous, la première fois que je t’ai vu je t’ai trouvé mignonne. Le directeur m’avait beaucoup parlé de toi et l’idée que je m‘étais faite de toi n’était rien comparé à la réalité. Ses lèvres remontent vers mon oreille, elle mordille le lob puis reprend ses petits bisous. Tu as tout le temps le sourire, de bonne humeur, un mot gentil pour tout le monde et tous ceux que tu côtoies t’apprécie. Elle va de l’autre côté de mon cou, elle doit sentir ma respiration rapide. Quand j’étais proche de toi, j’avais envie de te toucher, c’est la première fois que ça me faisait ça et puis tu m’as embrassée. Et je t’en ai voulu parce que j’ai aimé ça et je n’aurais pas dû aimer ça. J’ai été si méchante avec toi et encore maintenant je suis méchante avec toi, je te blesse. Elle place son front contre le mien, son souffle sur mes lèvres qui me donnent envie de chavirer. Et hier, ce que tu m’as dit, j’avais tellement envie de te prendre dans mes bras pour te consoler et cette serveuse qui te fait du rentre dedans, je voyais rouge, j’étais…jalouse. Je sais que tu peux te libérer facilement de moi, alors pourquoi tu ne le fais pas ? Embrasse-moi ?

 

Je ne dis rien, j’entends tout ce qu’elle me dit, je suis juste estomaquée pour répondre quoique ce soit. Ou veut-elle en venir ? Elle continue :

 

-          Fiona…

 

Je vois sa poitrine se soulever fortement, elle inspire profondément :

 

-          Je t’aime

 

Ma respiration se coupe quelques secondes puis repart à vive allure, plus vite que je ne l’ai jamais eu. Mes yeux s’écarquillent et je la retourne violemment la plaquant au mur. Le bruit du choc résonne dans la pièce. Je la fusille du regard, haletante, serrant ses poignets plus que fermement.

 

Mais ses yeux, ses si beaux yeux verts teintés d’oranger ne me mente pas, je le vois.

 

Sans plus attendre, je place mes deux mains sur son visage et l’embrasse farouchement, passionnément presque bestialement. J’arrache sa chemise, les boutons résonnant sur le sol, dégrafe rapidement son soutient gorge. Je la bouscule sur le canapé, j’enlève rapidement mon haut et la chevauche. Je plaque ses mains au-dessus de sa tête et saisit sa bouche à nouveau, mordant ses lèvres, glissant ma langue contre la sienne. J’embrasse sauvagement son cou. Une seule main maintient ses bras, l’autre parcourant ses seins, les fermant dans ma paume, pinçant ses tétons. Sans jamais m’arrêter de l’embrasser. Elle se cambre sous mes baisers, elle émet des petits cris de plaisir et de surprise sous ma main. Puis ma main vient déboutonner son pantalon. Je la glisse à l’intérieure de son string. Son regard est rempli de désir, je sens son humidité sous mes doigts, mes yeux se fixent sur les siens pendant que je la pénètre sans autorisation. Je l’embrasse à nouveau et l’amène à l’extase en moins de temps que prévu. Je relève mon buste, la contemplant de ma hauteur.

 

Qu’est-ce que j’ai fait ? Ce n’est pas moi ça ? Oh mon dieu ! Je l’ai mal traité, qu’est-ce que j’ai fait ? Aucun de mes gestes n’ont été tendre. Je regarde son buste rougi par mes traces.

 

Mes émotions ont pris le dessus sur ma tête. Mes yeux deviennent flous, je sens mes joues humides. Je sens deux mains entourés mon visage.

 

-          Mon ange, qu’est-ce qu’il y a ?

 

-          Je suis désolée

 

Je me colle contre elle, l’enlaçant fortement et en pleurant à chaudes larmes. Je n’arrive plus à me contrôler.

 

Je pense m’être assoupi, parce que lorsque j’ouvre les yeux, je suis allongée contre elle, encore sur le canapé, ma tête dans son cou et ses doigts qui passent dans mes cheveux.

 

-          Qu’est-ce qui s’est passé ? demandais-je d’une petite voix

 

-          Tu t’es endormie, elle dépose un baiser sur mon front

 

Je me redresse et mes yeux se fixent sur sa poitrine, marquée de traces rouges. Je me sens vraiment mal. J’approche mes doigts pour toucher mais je n’ose pas.

 

-          Je…Je t’ai blessé…mais qu’est-ce qu’il m’a pris ! Je m’assieds au bord du canapé

-          Ce n’est rien…

 

-          Mais si, regarde ce que je t‘ai fait ?

 

-          Fiona ?

 

-          Je t’ai fait du mal, je ne me le pardonnerai jamais, je prends ma tête entre mes mains me remémorant la scène

 

-          Arrête…elle me dégage les mains et saisit ma tête entre ses mains, tu ne m’as pas fait de mal, tu m’as fait tout le contraire

 

-          Mais…

 

Elle m’embrasse pour me faire taire

 

-          Mais rien, c’était très intense, sauvage…elle se mord la lèvre inférieure, je ne te savais pas aussi déterminée.

 

Elle se saisit de mes lèvres, joue avec ma langue et mordille ma lèvre.

 

-          Tu vois, ça ne fait pas mal, c’est juste plus… excitant

 

Je lui souris parce qu’elle avait raison et j’en voulais encore. Elle m’allonge sur le canapé et m’embrasse de partout.

 

-          Laisse-moi te faire plaisir maintenant…elle remonte vers mon oreille et chuchote d’une voix plus grave que celle que je ne lui connais, laisse-moi te montrer comme je t’aime.

 

A partir de ce moment tout ce qui venait d’elle était décuplé puissance dix. Et pour la première fois depuis longtemps je m’abandonnais sous elle, la laissant faire, naviguer comme elle le voulait et me laissait saisir de cette délivrance que l’on appelle jouissance.

 

Je suis allongée tout contre elle, écoutant les battements de son cœur, humant son odeur d’après l’amour, qui soit dit en passant est exquis.

 

-          On va être en retard à la réunion

 

-          Il n’y a pas de réunion…

 

Je lève la tête avec interrogation

 

-          Je te voulais avec moi, je voulais passer la journée qu’avec toi et contre toi, je voulais me faire pardonner

 

-          Et bien tu as réussi, je repose ma tête dans son cou, à te faire pardonner.

 

-          J’en suis ravie, elle m’embrasse sur le front puis glisse une de ses jambes entre les miennes et nos lèvres se retrouvent.

 

-          Amandine, dis-je pendant que nous nous embrassions

 

-          Hum ? sans lâcher mes lèvres

 

-          Je…je me recule un peu pour la regarder dans les yeux, je…je t’…

 

Je n’arrivais pas à lui dire, mon cœur se pince à chaque fois manquant d’exploser si je prononce ses mots, pourtant la dernière fois avec colère j’avais réussi à lui dire.

 

-          Je sais Fio, moi aussi…moi aussi, elle me caresse la joue et nos ébats reprirent.

 

 

**********

 

 

Amandine prit congé le lundi suivant. Tout le monde était venu lui dire au revoir, la congratulant pour la énième fois. Pour ma part, j’étais restée à distance, je n’arrivais pas à me faire à l’idée qu’elle parte malgré ce que l’on ressentait toutes les deux. Mais c’était une chance exceptionnelle pour elle, j’en étais fière et heureuse et puis elle était mariée. Mettre tout en l’air pour une amourette, c’était impensable, je le savais moi-même.

 

C’est donc en me dirigeant vers la sortie que je la regarde une dernière fois, mes yeux pleins d’amour la parcourent et je lui adresse un petit sourire timide puis m’en vais le cœur lourd.

 

 

 

 

 

Epilogue

 

2 ans plus tard.

 

Encore une rentrée intense. J’aimai bien cette période de l’année parce que l’on croulait sous le travail. Les inscriptions, renseigner les étudiants, les parents stressés, le directeur en effervescence, les photocopies dans tous les sens, les intervenants qui rentraient dans le bureau et qui partaient à la recherche de leur salle…tout cet élan me donnait de l’énergie.

 

Le nouveau chef, un homme sympathique m’avait indiqué que nous recrutions deux nouveaux intervenants cette année pour en soulager d’autres. Dans un sens, cela me soulageait aussi pour mieux jongler avec mes plannings et à la tête de MarieT cela lui faisait plaisir à elle aussi.

 

Rebecca rentre dans le bureau. Ces deux dernières années, elle avait su amadouer le directeur, lui imposant une certaine organisation.

 

-          Normalement les nouveaux intervenants passeront aujourd’hui m’a dit le boss, dit-elle en rentrant dans le bureau chargé d’enveloppes

 

-          Ok, enfin on va voir à quoi ils ressemblent !

 

-          J’espère qu’il y en aura un de mignon dedans, dis Rebecca songeuse

 

-          J’hallucine…regarde la petite MarieT, elle se lâche…

 

-          Les jeunes ne sont plus ce qu’ils étaient, dit MarieT en levant les yeux au ciel et nous adressant un clin d’œil.

 

Nous rions de bons cœurs et reprenons le travail. La matinée passa sans encombre particulier et aucun nouveau en vue.

 

Dommage !

 

14h00, pause-café pour mes collègues.

 

Je finis de préparer différents documents et me dirige dans la pièce d’à côté chercher des pochettes de couleurs. J’en saisi 2 : rouge ou vert pomme.

 

Sensation de déjà-vu !

 

Je rigole me remémorant la dernière fois que j’avais hésité entre ces deux couleurs.

 

Amandine…

 

Elle me manque. Je pense encore à ses mains si douces, à mes doigts frôlant les courbes de son corps, à la douceur de ses lèvres et de sa langue, à ses yeux pétillants, à l’intensité de notre dernière fois.

 

Je ferme les yeux. Et son odeur, son odeur si particulière me manque tellement.

 

-          Rêveuse on dirait ?

 

Quoi ?

 

Qui a dit ça ?

 

Cette odeur ? Non pas possible…

 

Je me retourne et la voit devant moi, radieuse à m’en faire décrocher la mâchoire, un sourire lumineux éclair son visage.

 

-          A…Am…Amandine, bégayais-je

 

-          Salut Fiona !

 

Je n’en reviens pas.

 

-          Mais, qu’e…qu’est-ce que…qu’est-ce tu fais là ? J’avais vraiment du mal à parler et elle me fit son petit sourire au coin que j’adorais tant.

 

-          Je suis la nouvelle intervenante, elle fait quelques pas dans ma direction

 

-          La nouvelle intervenante ?

 

-          Oui la nouvelle intervenante…pour l’école.

 

-          Pour l’école ?

 

Je répète bêtement ce qu’elle me dit n’ayant toujours pas repris mes esprits.

 

-          Oui pour l’école, elle fait encore un pas dans ma direction

 

-          Pour l’école…répétais-je encore mais s’en m’en rendre compte, elle n’était qu’à deux pas de moi et je suis encore abasourdie de la voir ici devant moi.

 

-          J’adore quand tu fais cette tête…

 

-          Hein ? Je secoue un peu la tête, fronce les sourcils pour y voir plus clair

 

Et la seule question qui me vient en tête à ce moment là

 

-          Comment va James ?

 

Mais pourquoi je lui demande ça ?

 

-          Bien… je crois, ça fait un moment que je ne l’ai pas vu

 

Je lève les sourcils me demandant si je comprenais bien et elle enchaine :

 

-          Nous avons divorcé

 

Mon cœur manque de sortir de ma poitrine

 

-          C’est mieux comme ça. Et toi, Thibault va bien ?

 

-          Moi…moi aussi j’ai divorcé...euh non pareil, on est séparé

 

Elle s’avance à nouveau se retrouvant qu’à un pas de moi

 

-          Tu es revenu définitivement dans le sud ?

 

-          Oui

 

-          Pourquoi ? ça n’allait pas à Versailles ?

 

-          Si tout allait bien mais quelque chose me manquait, quelqu’un me manquait, elle est maintenant qu’à quelques centimètres de moi, elle me prend les mains, tu me manquais et elle baisse les yeux

 

Est-ce qu’elle a bien dit que je lui manquais ? Mon rythme cardiaque s’accélère, j’ai envie de la serrer contre moi si fort et de retrouver ces sensations si bonnes du passé.

 

-          Tu m’as manqué aussi

 

Elle relève la tête, ses yeux pétillent de désir et elle vient m’embrasser d’un baiser tout doux. J’avais oublié comme ces lèvres étaient si chaudes. Puis elle colle son front contre le mien et encadre mon visage de ces mains

 

-          Dit le moi Fio…s’il te plait

 

Je ferme les yeux et prend une grande inspiration. Lorsque mes paupières s’élèvent, je n’ai plus peur :

 

-          Je t’aime

 

Je la vois sourire et respirer comme soulagé d’entendre ces trois mots à laquelle elle me répond :

 

-          Je t’aime aussi

 

Elle m’enlace tendrement et je sais en ce jour que pour rien au monde je ne voudrais être ailleurs.

 

Toujours l’une contre l’autre elle me demande :

 

-          Je me suis toujours demandé à quoi tu rêvais quand tu étais dans tes pensées ?

 

-          A toi…ça a toujours été TOI.

 

 

 

FIN

 

Merci d'avoir pris le temps de lire

 

N'hésitez pas à commenter pour me dire ce que vous en pensez :)

 

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Commentaires
P
Mais quelle belle histoire! J’ai adoré te lire. <br /> <br /> Je n’ai pas décroché du début à la fin. Je viens d’arriver sur ta page et il me tarde de lire tes autres récits. Merci pour ce bon moment.
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F
J'ai lu tout d'une traite!!j'ai adoré!! C'était romantique comme il faut!! Franchement j'ai hâte de lire tes autres nouvelles! Mais là je vais dormir :-) merci pour ce moment Laixa
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L
Salut ! je viens de finir cette histoire, magnifique ! je m'en vais dévorer les autres
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F
Bonjour, la fin de Hors Contrôle n'est plus lisible. J'adore ce récit.
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C
😉 merci, mais comme toi c'est bon courage. Les vacances c'est dans 2 semaines donc plus qu'à tenir car le soleil m'attends avec un punch 😎😎😎.
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