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Fictions lesbiennes E.G.O.
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8 mai 2019

Rock'n Roll - Fiction

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Titre : Rock'n Roll

Résumé : Elle pensait en avoir fini avec ces choses là et pourtant ce n'est son compter son meilleur ami qui, sans le savoir, va la remettre en selle.

Etat : Terminé

Chapitres : 13

 

Voilà je l'ai enfin terminé :) ça m'a pris plus de temps que je le pensais mais bon j'espère que ça vous plaira.

Les titres représentent la musique que j'écoutais lorsque j'écrivais donc rien à voir avec le déroulement de l'histoire.

 

Je rappelle simplement  que les textes sur ce blog sont miens, alors merci de prendre en compte l'Article L111-1 du code de la propriété intellectuelle.

 

L'auteur d'une oeuvre de l'esprit jouit sur cette oeuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous.

Ce droit comporte des attributs d'ordre intellectuel et moral ainsi que des attributs d'ordre patrimonial, qui sont déterminés par les livres Ier et III du présent code.

L'existence ou la conclusion d'un contrat de louage d'ouvrage ou de service par l'auteur d'une oeuvre de l'esprit n'emporte pas dérogation à la jouissance du droit reconnu par le premier alinéa, sous réserve des exceptions prévues par le présent code. Sous les mêmes réserves, il n'est pas non plus dérogé à la jouissance de ce même droit lorsque l'auteur de l'oeuvre de l'esprit est un agent de l'Etat, d'une collectivité territoriale, d'un établissement public à caractère administratif, d'une autorité administrative indépendante dotée de la personnalité morale ou de la Banque de France.

Les dispositions des articles L. 121-7-1 et L. 131-3-1 à L. 131-3-3 ne s'appliquent pas aux agents auteurs d'oeuvres dont la divulgation n'est soumise, en vertu de leur statut ou des règles qui régissent leurs fonctions, à aucun contrôle préalable de l'autorité hiérarchique.


 

CHAPITRE 1

 

Human – Christina Perri

 

Cela fait peut-être longtemps mais tu es encore présente dans mon cœur. C’était il y a un deux ans jour pour jour. Comment oublier cette nuit ? Malgré tout, je me souviens de tous ces fous rires, de ces moments à tes côtés et qui me manquent.

J’essuie les larmes qui coulent le long de mes joues et dépose le porte clé en forme de trèfle sur sa tombe.

-          En souvenir du bon vieux temps ma belle…Tu me manques tellement tu sais

Je reste immobile durant de longues minutes avant de me décider à partir.

**********

Arrivé au salon de thé, je pose ma veste sur le porte manteau derrière le bar. Je suis propriétaire de ce petit endroit de réconfort qui me tient fort au cœur. Je l’ai acheté il y a 5 ans et j’ai essayé d’en faire un endroit cosy et chaleureux ou l’on peut déguster aussi bien des boissons chaudes que froides et se délecter de petits desserts faits maison. Certes, j’ai beaucoup bossé pour en arriver là, et j’ai du faire beaucoup de sacrifices mais la récompense est là. Je l’ai appelé « Mon petit Cocon » parce que tout simplement c’est mon petit cocon.

-          Déjà de retour ? me demande Anna

Anna est mon employée, la serveuse de mon salon de thé. Âgé de 22 ans, les cheveux noirs et courts, le visage fin et des yeux bleus à craquer. Son air androgyne lui donne de l’assurance malgré son petit gabarit.

-          Oui, pas trop débordée ?

Elle me regarde d’un air étonné puis regarde l’horloge et annonce :

-          A cette heure-ci, non !

Effectivement en regardant ma montre et le reste de la salle, je me  rends compte qu’il n’est que 8 heures du matin. Je lui souris et m’active derrière le bar, rangeant quelques bols et tasses sur l‘étagère. Après avoir asticoté tout cela pendant 10 minutes je décide de me rendre en cuisine pour préparer quelques biscuits et tartes.

J’adore être derrière les fourneaux principalement pour cuisiner du sucré. Des cookies, des tartes citron meringuées, des meringues, des tartes aux noix…et des moelleux au chocolat. Je ne suis pas férue de gâteaux au chocolat noirs, mais mariés à des fruits et principalement aux fraises c’est à tomber par terre. Mais pour ce matin, le programme est tout autre, j’ai toujours eu envie de faire des financiers et des cigarettes russe. Alors j’installe tous les ingrédients sur le plan de travail et « action » il ne faut pas chômer. Avec le temps qu’il fait dehors, les gens viendront se refugier pour boire une boisson chaude. Faut dire que l’hiver est propice au réconfort, et tout le monde rêve de se retrouver au chaud pour boire un thé et manger des petits gâteaux, moi la première.

Toute la matinée j’ai enchainé les recettes, mettant au four, enlevant du four, plaçant sur des assiettes et ainsi de suite.

-          Je t’ai déjà dit, pas de rail de coke au travail !!!

Je relève la tête précipitamment et rigole en voyant Raphaël sur le chambranle de la porte de la cuisine.

-          Chut…ne dis pas ça trop fort on risquerait de t’entendre, dis-je en continuant de malaxer la pâte.

-          Il faudrait que tu sois plus discrète aussi, dit-il en avançant, tu en as plein sous le nez, il s’approche de mon visage et de sa main vient épousseter la farine, car je tiens à le préciser il s’agit de farine et non de drogue. Ma seule drogue à l’heure actuelle est la pâtisserie.

-          Encore un moyen de me toucher, à croire qu’il te faut toujours une excuse.

-          C’est parce que tu es irrésistible, tu le sais et surtout que ce qui me donne envie c’est…son visage se rapproche bien trop près du mien…un bout de pâte cru, et vite fais il en prend un petit bout qu’il met dans sa bouche.

J’attrape un torchon et le fouette gentiment au niveau du ventre :

-          Allez file de ma cuisine que je finisse avant que tu ne manges tout !

-          Mais j’adore ta pâte

-          Ce n’est pas une raison, file sinon j’appelle Anna

-          Ok c’est bon je capitule, n’appelles pas le pitbull

Raphaël appelait Anna le pitbull car un matin de printemps, deux jeunes étaient rentrés au salon après une nuit d’ivresse et elle les avait fait déguerpir lorsqu’ils commencèrent à mettre le foutoir dans la salle. Il n’aurait pas aimé être à leur place à ce moment.

-          Je t’attends au bar

-          J’arrive dès que j’ai fini, d’ici 5 minutes et n’embêtes pas le pitbull

-          Moi ? ce n’est pas mon genre, il termine sa phrase en me faisant un petit clin d’œil

Raphaël était l’un de mes plus vieux amis. Nous nous connaissions depuis le collège, où ensemble nous avions formé un petit groupe de musique. Lui à la batterie et moi à la guitare. A cette époque-là, j’étais très timide et le fait d’intégrer ce petit groupe m’avait aidé à me sentir plus à l’aise et à me dévoiler. Maintenant je ne suis plus aussi timide qu’auparavant mais je suis assez réservée et je mets du temps à me dévoiler avant de connaitre quelqu’un.  Lorsque l’on se remémore cela on en parle comme des années folles et Raphaël n’en manque pas une pour se moquer de moi. Mais quoiqu’il fasse je ne lui en veux pas, il me fait tant rire.

-          Ah enfin la plus belle, dit-il en buvant une gorgée de son café

-          Il y en a qui travail cher Monsieur

-          Travail, travail c’est un grand mot

-          Et comment dénommerais-tu cela alors ? lui répondis-je en m’accoudant au comptoir

-          Je parlerais plus de palpations

Il me regarde en grandissant son torse fier de sa réplique. Cela me fait sourire.

-          Qui palpe qui ? demande Anna en posant son plateau sur le comptoir tout en débarrassant le dessus

-          C’est Lex qui palpe.

Je me redresse pour répliquer mais je n’ai pas le temps de prononcer le premier mot qu’Anna continue :

-          Ah bon qui ça ?

-          En ce moment c’est la pâte mais j’espère bien qu’elle palpera autre chose bientôt ou plutôt quelqu’un parce qu’il commence à y avoir des toiles d’araignées au placard.

Anna arrête un instant ce qu’elle faisait et nous regarde, pendant que je tape le bras de Raphaël en lui faisant la mou.

-          Je ne comprends rien à votre conversation, dit-elle en reprenant ce qu’elle faisait

-          Ne l’écoute pas Anna, il ne dit que des bêtises…comme d’habitude

-          Bêtises, bêtises peut être pas tant que ça…bon sinon j’étais venu pour parler sérieusement.

-          Toi ? sérieux ? depuis quand ?

-          Et bien à part la fois où j’ai dû passer cet examen, il fait celui qui cherche dans ses pensées…tu sais celui qui a duré longtemps ?

Je réfléchis avec lui et annonce sans trop y croire : le BAC ?

-          Oui c’est ça, le Bac et bien alors depuis cette période je suis devenu sérieux il y a environ…il réfléchit en levant son regard vers le plafond… 30 minutes, sur le chemin en venant te voir, m’annonce-t-il grand sourire aux lèvres.

-          Que tu peux être bête parfois…

-          Oui, enfin peu importe, j’ai eu une idée, une super idée même

-          Ah oui !? et laquelle ? je dis cela en me servant du thé dans ma tasse fétiche en forme de chaudron…je sais, c’est bizarre mais on ne se me moque pas, chacun ses goûts.

-          Il y a deux semaines je suis allé à l’Ephémère, tu sais ce club ou il joue de la musique live ?

Je lui fais signe de la tête que je connais l’endroit et l’incite à continuer tout en buvant une gorgée de thé.

-          Et ce soir-là, il y avait une sorte de bœuf, c’était super bien, dommage que tu ne sortes plus.

Etonnée et piquée un peu au vif je lui fais les gros yeux.

-          Ce n’est pas comme si tu sortais souvent en boite ma vieille, me dit-il en rigolant d’un sourire narquois.

-          Je n’ai pas le temps c’est pour ça !

-          Fausse excuse, quand on veut on peut Lex et tu le sais. J’en étais où ? ah oui, et donc la arrive une meuf super canon, le style WOUAH…un peu plus et Raphaël bavait en essayant de la décrire…mais non seulement elle était belle mais en plus une voix…elle m’a subjugué.

-          Comme toutes les femmes que tu vois, répondis-je en lui faisant un petit sourire

-          Non, enfin si, bref on a discuté une bonne partie de la soirée et on s’est revu cette semaine. Elle est vraiment surprenante.

-          Génial, répondis-je en rangeant les affaires du plateau d’Anna. Je suis contente pour toi que tu es enfin trouvé quelqu’un qui voulait de toi.

-          Hein ? ah non pas du tout, en fait je lui ai proposé d’être notre chanteuse.

-          Pardon ?!!! j’arrête tout mouvement et le regarde dans les yeux

-          Oui on en avait parlé, tu te souviens, on avait dit que l’on remonterait un groupe.

-          C’était une hypothèse ! mes joues devenaient rouges de colère et je crois les bras sous ma poitrine

-          Une hypothèse qui maintenant peut être réel

-          Tu aurais dû m’en parler avant ?

-          Et c’est ce que je suis en train de faire. Raphaël se lève du tabouret et contourne le comptoir pour venir me rejoindre. Il attrape mes mains qu’ils serrent doucement. Lex, tu es ma meilleure amie et moi aussi je pense tous les jours à Fanny, mais elle est morte…une larme coule le long de ma joue qu’il essuie de son pouce…mais il nous faut avancer, il te faut avancer. Tu es tous les jours ici à bosser…constamment, c’est bien mais il te faut prendre du temps pour toi aussi. Ça ne coute rien non ?

Il avait raison, depuis la mort de Fanny je mettais mis à fond dans le travail, je ne sortais quasiment plus, j’avais gardé quelques amis mais pour certain je ne les côtoyais presque plus. Fanny était ma meilleure amie, mon double, ma confidente. On avait fait les quatre cents coups ensemble. C’était elle la chanteuse de notre groupe et imaginer la remplacer me faisait tant de mal. Alors c’est vrai on en avait parlé avec Raphaël mais c’était plus des mots lancé en l’air qu’autre chose. La réalité me ramène de plein fouet.

Mais quoi faire ?

-          Tu as raison

-          Super,  et il me prend dans ses bras. L’odeur de son eau de Cologne fouettant un peu trop mes narines. Si tu es disponible demain, je te la présente histoire que vous fassiez connaissance ?

-          Oui ok, annonçais-je sans trop d’envie

-          Alors ici à 16h ?

-          Plutôt vers 18h

-          Très bien, il retourne derrière le comptoir. Tu vas voir elle est très sympa, je suis sûr que vous allez vous entendre.

-          Oui on verra bien, dis-je sans trop y croire.

-          Bon, seconde étape, te caser… !!! il finit sa phrase par un clin d’œil et il éclate de rire en me regardant. C’est vraiment trop facile avec toi, tu aurais vu ta tête.

-          Tu ne perds rien pour attendre. Ma vengeance sera terrible.

**********

17 heures, après avoir regardé l’horloge je me dis que j’ai encore devant moi une bonne heure avant que Raphaël et cette fille n’arrive. Depuis qu’il m’a annoncé cela hier je n’ai fait qu’y penser. Parfois je me déteste moi-même à trop réfléchir plutôt que de me laisser aller.

-          Vous avez l’air préoccupé ?

Mais qui me parle ? Pensive j’avais oublié qu’une jeune femme était installée au comptoir.

-          Pardon, désolée je peux vous servir quelque chose ?

Elle rigole un instant et ajoute :

-          Non merci, c’est déjà fait, je me demandais pourquoi vous astiquiez avec profondeur cette tasse depuis bien deux minutes. Elle me désigne la tasse du doigt.

Effectivement je ne m’en étais pas rendu compte, au moins cet interlude avait eu le mérite de rendre la tasse plus blanche. Qui a dit que l’on avait besoin de M.PROPRE, un peu d’huile de coude combiné à de la rêverie agaçante et le tour est joué.

-          Ah oui effectivement, j’étais dans mes pensées.

Je lui adresse un sourire amical et m’occupe des autres affaires à essuyer puis j’ajoute :

-          Vous souhaitez quelque chose d’autre ?

-          Je mangerai bien quelque chose de sucré, vous me proposez quoi ?

Je pose le torchon ainsi que le verre que j’avais entre les mains et regarde à l’autre bout du comptoir ce qu’il y a.

-          Alors il me reste tarte citron meringuée, cookies au 3 chocolats et du cake aux amandes ?

-          Hum j’hésite, elle se pince les lèvres, tout à l’air très bon, que me conseillez-vous ?

-          Moi ?...et bien je ne sais pas, cela dépend de vos goûts ?

-          Je ne suis pas difficile j’aime tout. A ma place vous prendriez quoi ? elle me fixe du regard et j’aperçois pour la première fois ses très beaux yeux noisette.

Déstabilisée, je réponds très rapidement :

-          Le cookie ???

-          Alors va pour un cookie.

-          Très bien

J’attrape le dit dessert et le dépose sur une assiette puis amène cela devant elle.

-          Bon appétit, annonçais-je en reprenant mes activités

-          Merci beaucoup. Elle m’adresse un très beau sourire qui fait ressortir une fossette sur le coin de sa bouche. Puis comme une enfant se frotte les mains et attrape le dessert qu’elle vient renifler. Ce petit geste me fait sourire et j’en viens à penser qu’elle est toute mignonne.

Hein ? Quoi ? Ce n’est pas le moment pour des choses comme ça.

Encore un coup d’œil à ma montre m’indique que le temps n’avance pas davantage. Je ne supporte pas cela. Habituellement je suis de nature patiente, voire très patiente, le genre de fille à vous faire un puzzle sans s’énerver et en prenant le temps qu’il faut, mais là je boue. Qui est-elle ? Comment est-elle ? Bon, Raphaël m’a déjà fait état de son physique mais lui et les femmes c’est toute sa vie alors je ne sais pas si je peux me fier à son jugement. Je trépigne d’impatience, encore un regard à ma montre, super une minute vient de s’écouler, pauvre de moi !

J’entends un léger gloussement qui me ramène à nouveau à la réalité. La jeune femme devant moi me regarde d’un air amusé. Mon sourcil levé l’incite à annoncer :

-          Je ne sais pas  si vous êtes stressée ou impatiente, vous n’arrêtez pas de regarder votre montre, c’est assez drôle vue de l’extérieure.

Elle me sourit généreusement et je ne sais pas si je dois prendre cela pour du lard ou du cochon. Mon regard se baisse plus par gène que par timidité et je lui adresse une moitié de sourire. Je ne sais pas si ça existe mais en tout cas c’est l’impression que j’ai en étirant mes lèvres.

-          Un peu des deux, rétorquais-je.

-          Hum, hum. Elle boit une gorgée de thé, puis posant les coudes sur le comptoir et plaçant sa tête entre ses mains elle continue : et ?

Voyant très bien ce qu’elle cherche mais faisant celle qui l’ignore totalement, je réponds : et ?

Feindre l’ignorance n’a jamais tué personne !

-          Et bien pourquoi cette impatience et ce stress ?

Non mais j’hallucine ! J’avais compris mais pourquoi elle insiste autant ?!

-          On m’a toujours dis, si tu veux te sentir mieux, dis ce que tu as sur le cœur et tu auras l’impression que tes soucis s’envoleront le temps d’une minute.

Quoi ?

-          Mais je suis de nature curieuse, ça ne me regarde pas excusez-moi, je n’aurais pas dû insister.

Certes là on est d’accord !

Elle se réinstalle convenablement sur le tabouret et attrape la tasse à thé dont elle boit une gorgée délicatement. J’essaye d’assimiler ce qu’elle vient de dire. D’accord, depuis tout à l’heure j’étais devant elle à frotter mes tasses, dans mes pensées je n’avais que très peu fait attention à elle. Cheveux bruns, légèrement ondulés, les yeux noisette, un visage fin, elle est très mignonne. Sa petite fossette lui donne un air craquant. Elle porte un petit haut vert d’eau qui fait ressortir son teint ambré et son décolleté est juste comme il faut.

Réveil toi !!!

-          J’attends quelqu’un ! dis-je trop précipitamment encore une fois pour camoufler le regard que j’avais posé sur ses formes.

Elle reprend sa place qui consiste à poser sa tête entre ses deux mains et voyant son sourire s’étiré ainsi que la lueur dans ses yeux je me doute qu’elle veuille en savoir plus. Après tout je ne la connais pas et dire ce que j’ai sur le cœur ne peut être que bénéfique. Bonjour la psy et à moi les économies…

-          Mais je n’ai pas forcément envie de cette rencontre, dis-je plus bas

-          Un rencard ?

-          Non certainement pas…elle me jette un regard d’interrogation. Non pas que ça ne m’intéresse pas mais, enfin ce n’est pas ça, c’est autre chose.

Mais pourquoi je bafouille tant. Il fait chaud ou c’est moi ?

Je reprends tranquillement histoire de dissiper tout malentendu :

-          On va dire que c’est plus pour le boulot ou le plaisir, enfin je ne sais pas trop.

-          Et bien…elle m’examine un instant et j’attends bêtement la suite de sa phrase : entre boulot et plaisir il y a comme qui dirait un fossé.

Elle n’a pas tort alors je tente de me justifier :

-          Avant tout c’est pour le plaisir mais comme l’on m’a légèrement forcé la main je n’ai pas envie et je prends plus ça comme une obligation.

-          Ah je vois, alors pourquoi ne pas avoir dit non ?

-          Pour ne pas blesser et puis des fois il faut faire certaines choses même si l’on n’en a pas envie.

-          C’est une façon de voir les choses. Pour ma part je n’aime pas me forcer même pour faire plaisir. Je trouve que la vie est trop courte pour perdre son temps, autant en profiter un maximum en réalisant ce que l’on souhaite réellement. Mais heureusement que nous sommes tous différents…

En réfléchissant à ces mots, je me disais qu’elle avait raison. La vie était courte. La perte de Fanny me le rappelait trop chaque jour et malgré ça je restais fermé sur moi-même.

-          Vous avez raison, dis-je doucement

-          Il parait oui, on me le dit souvent et elle se dresse davantage se tenant bien droite tout en souriant et en m’adressant un clin d’œil.

Elle me fit sourire à mon tour. Elle avait l’air très gentil et son physique n’enlevait rien à ce qu’elle dégageait. Il émanait d’elle quelque chose de simple et de sûre à la fois. Son regard rieur, son sourire charmeur, sa fossette…

Je me répète…encore…

Je me rapproche du comptoir en le contournant, me retrouvant coté client  à un mètre d’elle.

-          Alors docteur que me conseillez-vous ?

Elle se tourne à son tour pour me faire face laissant apparaitre des jambes fines mais galbés dans un jean moulant noir et de jolies bottes marron.

-          Tout d’abord, il ne faut pas vous forcer. Lorsque cette personne arrivera, vous lui dites tranquillement et gentiment que vous n’êtes plus intéressé.

-          Facile à dire…

-          Oui je sais…mais il faut essayer, ça ne coute rien, juste quelques mots et peut-être un repas pour vous faire pardonner.

-          Merci en tout cas pour le conseil.

-          Mais de rien c’est avec plaisir.

Je m’en vais débarrasser une table puis revint curieuse à mon tour de cette jeune femme, j’ose lui demander :

-          Je ne vous avais jamais vu dans le coin

-          Je ne suis pas d’ici, me répond-elle en finissant le cookie, je suis arrivée il y a peu de temps dans la région.

-          Et vous aimez ?

-          Oui assez, c’est différent mais j’aime la différence.

Je lui réponds par un sourire mon éloquence s’arrêtant là…oui j’avoue je ne suis pas la reine des discussions quand je ne connais pas. Un reste de ma jeunesse qui malheureusement ne me quitte pas et me colle à la peau même si à ce moment-là ce soit autre chose qui me colle à la peau. Arf, je me dis aussi que de m’être coupé du monde pendant ces deux dernières années ne m’a pas aidé à m’ouvrir davantage.

Allez plus que quelques minutes et l’heure fatidique sera là, avec elle Raphaël et cette inconnue.

Je m’affaire de part et d’autre du salon, regardant encore et toujours ma montre. La jeune femme m’adressant des sourires de sympathies et me faisant signe de souffler. En quelque sorte sa présence me fait du bien, me rassure. De lui avoir confié mon tracas cela m’a permis, dans un sens, de me libérer. Enfin pas totalement libéré ni délivré mais exprimer ce que l’on ressent à un/une inconnu(e) à certains bienfais. Je comprends mieux à présent pourquoi toutes les personnes qui viennent au comptoir me racontent leur vie et leur déboire.

Voilà enfin l’heure, mais comme je m’en doutais Raphaël n’était toujours pas là. Il n’avait jamais été ponctuel, alors pourquoi cela changerait. Anna vient de prendre son service et s’installe comme à son habitude derrière le bar.  Un instant plus tard elle s’affaire dans le salon tel un tourbillon. Je n’ai plus à me préoccuper des clients c’est déjà ça.

La porte du salon s’ouvrit sur un Raphaël au téléphone.

Je m’approche doucement de lui pour scruter la personne qui allait le suivre mais…

PERSONNE.

Il s’arrête après avoir refermé la porte derrière lui et continu son appel téléphonique. Pourquoi est-il seul ? Où est la femme ? Il est pourtant bien 18h et 10 minutes maintenant. Si elle aussi est en retard, les deux feraient la paire. Merci du cadeau. Encore une bonne raison pour que tout cela m’agace. Il raccroche enfin et vient me prendre dans ses bras pour me dire bonjour. Ce nounours ne peut s’empêcher d’être tactile.

-          Hey, ça va ? me demande-t-il en m’embrassant sur le front.

-          Oui super et toi ?

-          Très bien aussi.

Je commence à avoir chaud, les mains moites. Je déteste les conflits et je sens bien que j’y vais droit dedans.

-          Dis, faut que je te parle, c’est assez important, lui dis-je. Ma voix n’était pas très sûre et j’avais vraiment chaud.

-          Maintenant ? ça ne peut pas attendre ? il commence à avancer dans le salon en enlevant son manteau. Il fait chaud ici tu ne trouves pas ?

-          Non…enfin si, écoute c’est important, c’est au sujet du rendez-vous de ce soir… de maintenant, du rendez-vous !

-          Oui et ? il avance toujours.

Je l’attrape par le bras et le stop. Prenant mon courage à deux mains je me positionne devant lui et me lance :

-          Ecoute je n’ai pas envie de ce rendez-vous ni de remonter le groupe. Tu ramènes une fille que tu as rencontré un soir comme ça et hop faudrait remonter le groupe. J’aurai vraiment aimé que tu m’en parles avant plutôt que de me mettre devant le fait accompli.

-          Mais tu étais d’accord la dernière fois, me répond-il légèrement gêné.

-          Oui je sais, je n’ai pas osé te dire non et là, maintenant…enfin en plus elle n’est même pas à l’heure c’est de l’incorrection

-          Lex… ?

-          Ecoute, ce n’est pas parce que tu as couché avec elle ou que tu veux te la faire qu’il me faut être obligé de te suivre la dedans

-          Lexie !!! m’hurle-t-il légèrement dessus faisant se redresser Anna de derrière le comptoir.

La colère a pris place sur son visage puis ses traits commencent à se radoucir, il se racle la gorge avant d’annoncer :

-          Lex je te présente Alycia, me dit-il en tendant le bras derrière moi.

Je me retourne légèrement n’osant affronter ce dont à quoi je pense.

 

 


 

CHAPITRE 2

 

Salvation - Gabrielle Aplin

 

Et bien si !

Alycia était la jeune femme qui était au comptoir depuis tout à l’heure. Cette fameuse femme qui m’avait prodigué de bons conseils dont je venais de mettre en application. Son regard pétillant était parti. A la place, un regard que je pourrais qualifier de triste. A cet instant, j’aurai souhaité me fondre avec le mobilier.

Alycia commence à rassembler ses affaires puis à mettre son manteau.

-          Lexie franchement… me dit Raphaël d’un ton agacé et en allant voir la jeune femme sans finir sa phrase.

Bein quoi ? Ce n’est pas ma faute, je ne pouvais pas savoir que c’était elle la fameuse chanteuse sublime. Et puis je n’ai fait qu’appliquer ses conseils. Oui je sais, j’ai tort, mais un peu de mauvaise foi ne fait pas de mal.

Allez Lexie réveil toi, tu es une adulte affronte ce que tu viens de dire. Je fais une virevolte sur moi-même et d’un pas ferme je me dirige vers eux ou je la vois mettre son sac bandoulière sur son épaule. Arrivée à leur hauteur je reçois deux regards meurtriers, je déglutis difficilement puis racle ma gorge avant d’annoncer :

-          Je suis désolée, mon regard se tourne vers Alycia et j’ajoute, je suis vraiment désolée, je ne voulais pas dire ça.

-          Ah bon ? me répond-elle sèchement. Elle n’a plus sa voix douce de tout à l’heure ce qui me déstabilise légèrement.

-          Oui enfin on en a discuté tout à l’heure et je faisais ce dont on a parlé et…

-          Donc c’est ma faute ?

Oh punaise ça part vraiment mal.

-          Non pas du tout…je cherche Raphaël du regard pour qu’il m’aide mais bien au contraire il me laisse dans la M**** mouise, Si, enfin je voulais dire ça mais je ne savais pas qu’il s’agissait de toi. Et si j’avais su je n’aurai jamais dit ce que tu viens d’entendre, bien au contraire.

Je laisse une petite pause. Je la vois réfléchir en se pinçant les lèvres avant qu’elle n’ouvre la bouche j’enchaine :

-          On repart de zéro ? je me présente, je suis Lexie et j’aimerai beaucoup t’entendre chanter, il parait que tu es très douée…

Je lui tends la main et attend sa réaction en lui adressant mon plus beau sourire. Vous voyez la pub Colgate et bien pareil combiné à un sourire crispé que j’essaye de dissimuler. Bon ok, j’en fais un peu beaucoup mais j’espère me rattraper. Je ne la connais pas mais le peu dont j’ai discuté avec elle était plaisant alors je décide de lui laisser une chance. Après quelques secondes qui ont semblé une éternité, elle saisit ma main qu’elle sert délicatement en acquiesçant de la tête. Elle ne sourit pas pour autant mais repose son sac ainsi que son manteau.

Bon c’est déjà ça de fait.

**********

Nous avons parlé une bonne partie de la soirée. Malgré tout j’étais un peu effacée. De une, je n’avais toujours pas envie de remonter le groupe et de deux, Alycia n’avait plus son regard pétillant du début. Elle me regardait difficilement. Je l’avais mérité certes mais tout cela commençait très mal, pour moi en tout cas. Raphaël quant à lui était au petit soin pour elle. Les deux discutaient beaucoup de ce qu’ils attendaient du groupe, du type de chanson, du style… J’acquiesçais parfois lorsque Raphaël m’interrogeait du regard sinon je ne faisais que les écouter. Heureusement pour moi Anna venait me chercher régulièrement afin que je l’aide et cela me permettait de souffler un peu. Ou alors la connaissant comme je la connais elle me sortait d’affaires. J’adore cette gamine ou devrais-je dire jeune femme.

Deux jours venaient de passer depuis cet entretien si je puis dire et il avait été convenu que l’on se voit afin de mettre en place une Playlist des reprises que l’on souhaitait faire.

Nous étions donc dimanche, ah comme j’aime le dimanche mon seul jour de congé. Je profitais donc de cette matinée pour faire la grasse mat’ autant dire que j’étais debout à 7h30, les habitudes sont rudes. Pour autant, je n’étais pas fatiguée et m’agitais dans tout l’appartement, nettoyage, asticotage, lavage, que de termes en « age » et non n’allez pas croire il n’y a pas eu de tripotage. On s’était donc donné rendez-vous en début d’après-midi et devinez ou ? Chez bibi. Encore une fois Raphaël n’en avait pas loupé une pour me mettre dans l’embarras. « On peut aller chez toi Lex, c’est plus simple, tu as tout le matos, ça évitera de tout déménager » et bien entendu mon sourire timide avait eu comme réponse un « PARFAIT » de mon ami. Donc PARFAIT tout le monde chez moi pour cette première répète.

N’allez pas penser que je suis de nature sauvage, enfin si pensez-le parce que c’est le cas.

J’avais rangé tout l’appart, j’avais mangé tranquillement et attendant une fois de plus l’heure je buvais une tasse de thé en écoutant Riverside d’Agnès Obel. Cette légère mélodie me repose l’esprit.

14h et on sonne à ma porte. Déjà ? Tant mieux en quelque sorte, plus vite c’est commencé et plus vite ce sera fini.

Je me redresse du canapé, attache mes cheveux en un chignon à la va vite puis décroche le combiné de l’interphone. J’appuie sur le bouton pour ouvrir la porte du hall et retourne m’affaler sur le canapé.

On toque à la porte :

-          Rentre, tu as encore essayé de draguer la voisine pour être aussi long ? je rigole toute seule. Et depuis quand tu frappes pour rentrer chez…

Je tourne ma tête et m’aperçoit qu’il ne s’agit pas de Raphaël

-          …moi… laissant la fin de ma phrase en suspens.

Je me lève du canapé précipitamment et vais à la rencontre d’Alycia.

-          Désolée je croyais que c’était…enfin tu es seule ? Il n’est pas avec toi ? Ça va ? Ne reste pas à la porte, rentre.

Elle s’avance dans mon antre autant dire dans la pièce maitresse de mon appartement. N’y voyez aucun sous-entendu…

Elle m’adresse un beau sourire et j’attends patiemment en face d’elle. Elle ouvre la bouche et m’annonce :

-          Alors…ce n’est pas grave, oui, non et merci.

Elle sourit davantage voyant mon air incrédule sur mon visage puis reprend :

-          Je répondais à tes interrogations précédentes.

-          Ah ! dis-je en me remémorant ce que j’avais dit. Ne reste pas là, installe toi, je lui montre le canapé, tu veux boire quelque chose ?

J’attrape son manteau que je pends dans l’entrée. Une légère odeur sucrée enivre mes narines.

-          Un thé si ça ne te dérange pas, il fait assez froid aujourd’hui.

-          Ah oui ? dis-je en allant dans la cuisine. Je ne suis pas sortie encore.

-          Oui, heureusement qu’il y a du soleil, ça fait du bien.

C’est moi ou on parle vraiment de météo ??? bon ok…

-          Oui c’est sûr. Thé noir ça te va ?

-          Oui parfait merci et elle me rejoint dans la cuisine. C’est vraiment très sympa chez toi.

-          Merci

J’avais essayé de rendre mon appartement assez chaleureux. Lorsque je l’avais visité, j’avais craqué sur cette pièce principale, ma fameuse pièce maitresse. D’une superficie de 50m² elle était aussi bien salon, salle à manger et cuisine. A peine la porte d’entrée ouverte qu’une impression de grandeur s’installait. Une cuisine couleur anthracite et bois, canapé marron, meuble en bois et style industriel. J’avais deux chambres dont une convertie en salle de musique. Une salle de bain avec une grande baignoire qui me tenait bien compagnie pendant les longues soirées d’hiver et un toilette. Non ne vous faites pas d’idée je ne travaille pas avec Stéphane PLAZZA.

Elle s’installe sur l’un des tabourets de la cuisine et attrape la tasse de thé que je lui tends.

Quelques secondes s’écoulent sans qu’aucun mot ne jaillisse.

-          Tu sais au sujet de jeudi, je n’aurai pas dû réagir comme je l’ai fait, je m’en excuse.

Je vois ou elle veut en venir.

-          Non ce n’est rien, je n’aurai jamais dû dire ça devant toi.

-          Mais tu ne savais pas que c’était moi dit-elle en me regardant droit dans les yeux.

-          Hum certes, dis-je en acquiesçant de la tête.

-          Et puis, c’est moi qui avais suggéré tout cela.

-          C’est vrai !

-          Donc je ne peux m’en prendre qu’à moi-même…

-          Oui je confirme, rigolant face à son faux air outrée et à sa main posée sur son cœur. Puis elle rigole à son tour.

M’installant à mon tour je prends la peine de la regarder avec plus de minutie. Raphaël m’avait dit qu’elle était sublime et malgré le fait qu’il extrapole souvent, je dois bien avouer que sur ce point il avait raison. Nous avons tous notre propre approche de la beauté et parfois il ne suffit pas d’être beau pour être beau. Le charme est un facteur essentiel, la personnalité aussi. Non seulement Alycia était belle, mais elle dégageait un je ne sais quoi qui me donnait envie de la découvrir.

Ses lèvres sont charnues, son nez droit, la petite fossette au coin droit de sa bouche la rend d’autant plus mignonne. Elle a les yeux noisettes et ses cheveux de même couleur ondulés me donne envie d’y plonger ma main.

-          J’ai quelque chose sur le visage ?

-          Hein quoi ?

-          Tu me fixais alors je me demandais si j’avais quelque chose ? et elle me montre de sa main son visage.

Prise en flagrant délit. Allez réfléchit trouve un truc à dire de censée

-          Ah non, désolée, j’étais dans mes pensées.

Mouais, j’aurai pu faire mieux. Je lui adresse un léger sourire puis boit une gorgée de thé afin de cacher mes joues qui au vue de la chaleur que je ressens doivent être rosées.

-          Toc, toc, toc, je peux rentrer ? demande Raphaël en rentrant et déposant des papiers sur le meuble de l’entrée.

Mon sauveur, pensais-je. On va pouvoir commencer, pas trop tôt. Non pas que l’avoir seule pour moi ne me dérange, mais si je commence à vaciller en sa présence et à penser à des choses comme passer ma main dans ses cheveux, arfff je ne donne pas cher de ma peau. Soyons réaliste nous ne sommes pas du même monde, alors pour éviter tout malentendu restons pro, on est là pour la musique et c’est tout.

**********

Chacun d’eux avaient préparé la liste des chansons qu’ils aimeraient faire. Je n’avais jamais vu Raphaël aussi préparé et investi. Je savais très bien ce qu’il se tramait. Il l’a charmait et il était très fort à ce jeu. Pour ma part, j’étais ouverte à tout tant que cela restait dans mon champ de compétences. Je parle de musiques, soyons d’accord là-dessus. Ils me faisaient rire car on aurait dit deux enfants qui découvraient leur nouveau jouet. L’excitation était présente dans leur gestuelle et leur parole.

Au bout d’un certain moment nous avions pris place dans la chambre version studio de musique. J’étais assez fière de cette pièce malgré le fait que je n’y mettais plus trop les pieds. Seuls mes passages pour enlever la poussière redonnait vie à cette pièce. Lorsque j’y pense tant de choses c’était passé ici que je l’avais gardé comme un sanctuaire et pourtant tant de choses pourrait encore s’y passer si seulement j’arrivais à retrouver cette envie.

Installée sur l’un des deux petits canapés qui jonchait la pièce, je regarde Alycia ouvrir de grands yeux face à tout ce qu’il s’y trouve. Plus jeune, j’étais très férue de musique et à force d’économie j’avais réussi à acheter quelques instruments de musiques. Ils n’étaient pas tous de très bonnes qualités mais cela dépannait quand on en avait besoin. Enfin…à l’époque.

-          Wouah, je suis impressionnée…tous ces instruments que tu as, me dit Alycia avec dans ses yeux comme de l’admiration.

-          Ah oui, c’est vrai que j’en ai quelques-uns.

-          Ne fais pas ta modeste Lex, annonce Raphaël en mettant un bras autour du cou d’Alycia, c’est la caverne d’Alibaba ici ou comme j’aime la nommé la caverne de Lexibaba.

L’entendre prononcée se mot me fit rire, cela faisait si longtemps que je ne l’avais entendu.

-          C’est impressionnant en tout cas, dit Alycia en me regardant.

Raphaël enlève son bras et vient s’installer à côté de moi laissant Alycia seule debout face à nous.

-          Bon, voilà ce que je propose, dit-il en se frottant les mains, j’ai dit à Lex ici présente que tu chantais super bien donc, si tu nous chantais un petit truc et si cela nous plait on se retourne version The VOICE.

-          Pardon ? rétorque-t-elle incrédule

-          Ne l’écoute pas, il raconte très souvent n’importe quoi. Je lui donne une tape sur la cuisse puis me lève vers elle. Est-ce que tu veux bien chanter quelque chose ?

Ses lèvres s’agrandissent pour m’offrir un superbe sourire.

-          Oui bien sûr.

Je la vois qui regarde autour d’elle alors je lui demande :

-          Tu veux peut-être que je t’accompagne à la guitare ?

-          Hum merci mais je ne sais pas si tu la connais, par contre je peux utiliser ton synthé ?

-          Oui pas de souci

Après avoir installé le matériel, je retourne sur le canapé. Elle commence à jouer, ses doigts effleurant les touches délicatement puis entame la mélodie. Une chance pour moi d’être assise car je suis littéralement sur le cul. Elle a une voix magnifique, douce et forte à la fois un peu comme Birdy, elle doit le savoir car elle a choisi parfaitement une de ses chansons « Skinny love ».

Je la regarde ou plutôt je la contemple. Elle est magnifique, je sens quelque chose monter en moi, je suis comme subjuguée.

Raphaël me bouscule de l’épaule en m’annonçant :

-          Fais gaffe tu baves

Par réflexe je monte ma main à ma bouche et je le vois sourire davantage.

-          T’es con !

-          Oui je sais  mais ça a marché, avec un clin d’œil pour finir sa phrase.

Je soupire et me réinstalle. Il est pénible avec ses bêtises. Une fois terminée nous applaudissons, ravie de sa prestation, elle vient s’installer entre nous deux.

-          Alors ? lance-t-elle sans parler à personne en particulier. Je suis admise dans le groupe ?

-          Deux fois plus qu’une, annonce-t-il fièrement. C’était super !

-          Merci. Elle me regarde, tu as trouvé ça comment ?

-          Sublime, enfin je veux-tu dire, tu es parfaite, non c’était parfait, tu as une voix magnifique.

Mais qu’est-ce qui m’arrive ?!!!

Elle rigole :

-          Tu me fais rire mais merci. Raphaël m’a dit que tu chantais très bien aussi, tu me chantes quelque chose ?

Hein ? Quoi ?

Mon sourire s’estompe pour laisser place à de la panique. Alors comment te dire, le jour où les poules auront des dents, mais mon sauveur prend les devants pour moi :

-          Oula tu l’entendras chanter le jour où les poules auront des dents.

Ah comme quoi j’étais dans le mile.

Alycia le regarde d’un air dubitatif alors il enchaine.

-          Lex ne chante que sous la douche ou après avoir bu beaucoup d’alcool. Pour ce qui est de l’alcool j’ai déjà vérifié…la douche j’essaye toujours mais en vain, finit-il par un petit rire.

Elle me regarde perplexe.

-          Je n’aime pas chanter en public, dis-je en me levant

-          Je confirme, dis Raphaël en attrapant l’harmonica à côté de lui

-          Mais nous ne sommes que deux, dit-elle d’une petite voix, dont ton meilleur ami…

-          C’est pareil pour moi ! j’ai peut-être dis cette dernière phrase d’un ton trop sec et je l’a vois troublée en face de moi alors j’ose : un autre jour peut-être quand on se connaitra mieux.

Elle se lève à son tour et me tend la main :

-          Entendu

Je la lui serre tout en sachant très bien que ce jour n’arrivera jamais. Pourquoi déroger à un fait existant depuis des années et des années, je DETESTE chanter devant du monde. Je n’y peux rien c’est comme ça. La douceur de sa peau me ramène à la réalité, sa main est chaude et au contact de la mienne qui est en total contradiction je me sens frissonnée.

-          Qui veut des cookies ? j’annonce cela en relâchant délicatement sa main.

Quoi de mieux que de la nourriture pour changer de conversation mais aussi pour évacuer certaines pensées qui s’immiscent dans ma petite tête. Ce n’est pas étonné lorsque je vois deux bras levés pour affirmer leur oui. Il ne manquerait plus qu’ils sautillent sur place et on aurait dit des enfants de maternels.

Nous passons une bonne partie de l’après-midi à fixer les quelques chansons que nous voulons reprendre. Pour ma part, il allait falloir que je m’active coté guitare car même si j’ai certaine facilité pour retenir les accords, il me faut quand même les apprendre. Sur les dix reprises je n’en connais qu’une, Not an Addict de K’s choice. Je savais bien que  j’aurai du m’imposer mais je n’avais déjà guerre envie de remonter le groupe alors je me suis laissée porter.

Voilà le résultat !

Merci MOI !

 

 


 

 

CHAPITRE 3

 

Roads – Portishead

 

On s’était donné deux semaines de délai avant de faire la première répète. Il fallait bien ce temps pour travailler les morceaux. Et déjà au bout de trois jours j’avais mal au bout des doigts. La corne avait disparu avec le temps et c’est dans des moments pareils que je me dis pourquoi j’ai arrêté ? C’est comme le sport, il faut toujours en faire un petit peu car lorsque l’arrêt est grand, la souffrance de la reprise l’est plus encore. Et là mes doigts le ressentaient bien.

La porte du salon s’ouvrit sur une Alycia radieuse.

Elle s’approche de moi et me fait la bise. J’aime vraiment son parfum pensais-je lorsque nos joues se frôlèrent.

-          Hey ça va ? me demande-t-elle d’un grand sourire.

-          Très bien et toi ?

-          Super aussi, je passais pour savoir si tu avançais dans les musiques et aussi parce que je raffole de tes cookies, dit-elle en se mordillant la lèvre du dessous, puis elle s’assoit sur un tabouret.

Adorable…

-          Euh, oui j’avance doucement et toi ?

-          Je ne les connais pas par cœur mais je les connais.

-          Déjà ? je m’assieds à côté d’elle sur un tabouret du bar l’air blasé.

-          Hé, ne t’inquiètes pas on a le temps et puis si tu as besoin d’aide je suis là, m’annonce t’elle grand sourire aux lèvres.

-          C’est gentil, mais ce dont j’aurai vraiment besoin ce sont de nouveaux doigts, lui dis-je en lui gigotant presque sous son nez

Elle se recule pour prendre de la distance sur ce qu’elle voit et me saisit la main :

-          Pourquoi ?

-          Ça fait longtemps que je n’ai pas jouer, faut se réhabituer, répondis-je pendant qu’elle inspecte ça en tordant mes doigts dans tous les sens.

-          Je ne vois rien et elle relâche ma main.

Dommage j’aimais bien ce léger contact.

-          C’est normal c’est caché, je suis juste une peu sensible en ce moment.

-          Ok je retiens alors que tu es sensible du bout des doigts, c’est bon à savoir, ajoute-t-elle d’un clin d’œil.

Je la regarde quelques secondes avant de lui demander :

-          Tu veux boire quelque chose ?

-          Humm…je…

Elle est coupée par Anna qui vient m’annoncer :

-          Lex je t’ai mis la table

-          Ah super merci, j’arrive. Au fait Anna voici Alycia, Alycia voici Anna, dis-je en faisant les présentations montrant l’une et l’autre de la main.

-          Enchantée, rétorquent-elles en même temps.

-          Tu m’excuses une minute, dis-je en regardant Alycia.

Elle acquiesce de la tête, je me lève et demande d’un signe de tête à Anna de me suivre.

-          Je me demande ce que je ferai sans toi ?

Elle me fixe de ses yeux bleus et commence à lever son pouce pour énumérer ses dires avant que je ne la coupe :

-          Après réflexion je ne préfère pas savoir, je la vois faire son air boudeur alors je continu, je me sentirai obligé de faire des efforts par la suite et je m’en voudrais trop de t’empêcher de faire tout cela, je sais que ça te fait plaisir…j’avance d’un pas puis me retourne : ou alors tu soudoies la patronne pour une augmentation ?

Elle écarquille les yeux puis ouvre et ferme la bouche tel une carpe.

J’éclate de rire.

-          Je te taquine Anna, j’attrape derrière ma poche de jean un enveloppe que je lui tends, c’est pour toi, tu l’as bien mérité et…merci pour tout ce que tu fais.

Elle saisit l’enveloppe et l’ouvre. En découvrant son contenu elle me saute au cou et m’étreint fortement.

-          Oh merci beaucoup, c’est trop, merci.

-          Non merci à toi lui dis-je en lui caressant le dos.

Le bruit d’une chaise râpant le sol me fait lever la tête et j’aperçois Alycia s’habiller. Je relâche mon étreinte et Anna repart travailler tandis que je me dirige vers Alycia.

-          Je dois partir, me dit-elle d’un ton peu commode, une urgence.

-          Ah ok, mais tu ne voulais pas un cookie ?

-          Une autre fois, allez à plus et je la vois partir subitement.

Bizarre comme comportement, une urgence de quel type ? Je ne sais pas, c’est peut-être grave. Je décide de lui envoyer un message dans la soirée.

20h et enfin chez moi. Quel bonheur de m’asseoir dans le canapé, la journée a été éreintante. J’ai couru partout toute l’après-midi, faire les courses, allez à la banque, déposer des papiers au comptable. Anna avait terminé son service à 17h et j’étais restée jusqu’à 19h. La nuit était tombée déjà depuis deux heures. Autant j’aimais l’hiver pour ses boissons chaudes, le cocooning d’un lieu chaud lorsque l’extérieur est à contrario très froid, mais les longues soirées d’été me manquent. Rentrer chez soi alors qu’il fait déjà nuit en devient déprimant à force. Car oui la journée se résumait à : aller au salon en pleine nuit et rentrer le soir en pleine nuit.

Vivement les beaux jours.

Je tapote sur mon téléphone quelques instants puis décide d’envoyer un message à Alycia.

« Salut, j’espère que ton urgence c’est bien passé ? Tu étais préoccupée, rien de grave au moins ? Si ça te dit, on pourrait se voir demain soir pour travailler les morceaux ? Passe une bonne soirée. Lexie »

Je dépose le téléphone sur la table basse et décide d’aller prendre une bonne et longue douche chaude.

A mon retour, le corps délaissé de toutes traces de la journée, je vois un message et l’ouvre :

« Non rien de grave. J’ai dit à Raphaël de passer demain soir, vient avec lui. Bonne soirée »

Ok, ça a le ton d’être direct et simple. Je ne prends pas la peine de répondre ayant bien trop faim et il me faut encore réviser par la suite.

**********

Je suis passée chercher Raphaël et nous nous dirigions chez Alycia. Le quartier est sympathique, excentré du centre-ville, le calme y règne. Après avoir trouvé une place sans trop de difficulté, il compose le numéro d’ouverture de la porte du hall et nous rentrons dans l’ascenseur.

-          Quel étage ? demandais-je

Il regarde à nouveau son portable et m’annonce :

-          La porte des étoiles

Très bien, donc le dernier étage. Sa référence à Stargate est beaucoup trop facile. Un haussement de sourcil plus tard et j’appuie sur le bouton 6.

-          Tu es très élégant en tout cas, dis-je en le regardant de la tête au pied.

-          Ah merci, un grand sourire prit place sur son visage.

Il ajuste son col de chemise en se regardant dans le miroir.

-          Tu veux épater quelqu’un ?

Il me regarde étroitement sur le côté et en continuant de réajuster ses vêtements, il m’annonce légèrement :

-          J’essaye encore et toujours de faire chavirer ton cœur mais je pense que c’est peine perdu, je rigole doucement à ses dires, alors j’ai jeté mon dévolu sur une autre, ne m’en veux pas…

-          Alors là, pas le moins du monde.

-          Hum, hum, puis il se tourne et me fixe. Est-ce que nous sommes rivales ?

-          Pardon ? je ne vois pas ce qu’il veut me dire.

-          Regarde-toi ?

Fronçant les sourcils ne comprenant toujours rien, d’un signe de tête je l’invite à s’expliquer :

-          Tu es superbe comme ça et en plus tu…il approche son visage du mien…tu t’es maquillée, s’exclame-t-il.

-          Oui et alors je suis normale, pas de quoi polémiquée

Il se recule et met ses mains sur ses hanches écartant les pans de son veston.

-          Pfff normale c’est tous les jours quand tu vas au salon, là tu es juste, il fait des signes de sa main, enfin tu vois ce que je veux dire et moi aussi je me demande si toi aussi tu ne veux pas épater quelqu’un…

La fin de sa phrase reste en suspens. Certes, j’avoue je me suis légèrement démarqué de tous les jours adoptant un jean moulant et une petite chemise bleu ciel à pois bleu foncé. Mes cheveux sont attachés à l’arrière et j’ai un peu trop forcé sur le maquillage, faisant ressortir mes longs cils.

-          Tu m’as bien dis que l’on sortait après ? demandais-je.

-          Oui

-          Alors voilà j’ai répondu à ta question.

Il prend le temps de la réflexion, examinant si mes dires s’avéraient justes.

-          Ok c’est recevable. Bon j’espère qu’Alycia aura envie de sortir aussi, je ne lui ai pas encore demandé. Il s’attaque maintenant à ses cheveux, pire qu’une fille celui-là. On ira à l’Ephémère je pense, c’est scène ouverte.

QUOI ????

-          Ce sera sans moi par contre pour la scène ouverte….

-          Oui oui je sais t’inquiète pas, il m’adresse un sourire, j’ai juste envie de lui montrer ce que je sais faire dans ce domaine. Ça lui donnera une idée de mes compétences et surtout comment je manie la baguette…

Beurk !!!

Ah ces hommes tous les mêmes.

L’ascenseur arrive à l’étage concerné et après avoir regardé de part et d’autre, la porte d’entrée se trouve juste en face de nous.

-          A toi l’honneur, indiquais-je à Raphaël en désignant la sonnette.

Cinq secondes plus tard un jeune homme vient nous ouvrir la porte.

Raphaël le regarde sans ne savoir que dire alternant la tête du jeune homme au numéro de porte.

-          Euh, désolée on a dû se tromper on pensait que c’était l’appartement d’Alycia

-          C’est ça oui, nous annonce-t-il avec un grand sourire, tu dois être Lexie c’est ça ? je secoue la tête pour acquiescer, Alycia m’a beaucoup parlé de toi, tu es exactement comme elle t’a décrite. Et tu es Raphaël ?

-          Oui, répondit-il avec retrait

-          Moi c’est Lucas, rentrez, suivez-moi.

L’un après l’autre nous pénétrâmes dans l’appartement. Je fis un petit regard à Raphaël compatissant. Pauvre de lui face à ce jeune homme, il n’avait, faut se l’avouer, aucune chance. Il était grand, les cheveux longs bruns attaché en un tout petit chignon à l’arrière de la tête, une musculature qui ressortait aisément à travers son polo. Il avait tout pour lui physiquement le genre Chris Hemsworth.

L’appartement était très sympa, une cuisine ouverte sur le salon, un canapé d’angle en tissu couleur chocolat. Il n’y avait pas beaucoup de déco et quelques cartons trainaient encore par-ci et par là.

-          Désolé pour le désordre, je suis arrivé il y a peu et du coup je n’ai pas eu le temps encore de tout ranger, dit-il en montrant les affaires quelques peu éparpillé.

-          Ça se comprend, dis-je en me débarrassant de mon manteau, il faut un peu temps pour s’installer, j’agrémente cela d’un sourire et cherche du regard Alycia.

Il prend nos manteaux qu’il dépose sur une chaise adjacente à l’entrée.

Une douce odeur de cuisine parfume la pièce centrale.

-          Ca sent très bon, annonçais-je en relevant la tête et en humant davantage

-          Merci dit Alycia, qui se redressait de derrière l’ilot central. Elle s’avance vers nous et nous fait la bise. Vous avez trouvé facilement ?

-          Oui avec le GPS maintenant on trouve tout assez facilement, annonce Raphaël.

Je lui donne le plat que j’avais en main et en voyant son contenu elle m’adresse un énorme sourire.

-          Merci…J’imagine que Lucas s’est présenté, nous acquiesçons de la tête, allez ne rester pas là, installez-vous sur le canapé et j’amène de quoi grignoter.

Elle part en cuisine et docilement nous suivons ses ordres. De loin j’observe Lucas aider Alycia en cuisine, rigolant quand il essaye de piquer à manger et en contrepartie il se reçoit une petite tape sur la main. Les deux vont bien ensemble, soyons réaliste c’était Barbie et Ken version châtain. Lucas revient vers nous avec bouteille et verres à la main :

-          Vin rouge ça vous va ? sinon j’ai autre chose ?

-          C’est parfait, répondis-je, l’écho de Raphaël dans mon oreille annonçant la même chose.

Lucas nous regarde avec des yeux joueurs et continus :

-          Mais vous êtes en couple ?

Heureusement que je ne bois pas à ce moment-là sinon j’aurai tout recraché sur le tapis sous la table basse devant nous.

Raphaël se rapproche de moi et met un bras autour de mon cou :

-          Ça va faire…

Ne lui en laissant pas le temps j’emboite sur sa phrase :

-          Zéro an, me dégageant de son étreinte, on est juste ami.

-          De très proches amis, continu Raphaël en appuyant son épaule contre la mienne.

-          Oui de très proches amis. On se connait depuis le lycée et on ne s’est jamais quitté depuis.

Après avoir débouché la bouteille, il nous tend les deux verres.

-          C’est super ça, comme vous étiez synchro sur la réponse j’ai cru que…

J’acquiesce légèrement de la tête comprenant ou il veut en venir puis amène le verre à ma bouche. Une gorgée de ce nectar me fit dire :

-          Hum très bon, j’eu en retour un large sourire de Lucas. Il prend place sur un pouf en face de nous.

Alycia amène de légers amuse-gueules sur la table basse. Des petits feuilletés au chorizo, cake chèvre et olives, quelques chips, saucisson sec et dès de fromage. J’adore ce genre de petit apéro. Simple et bon à la fois.

-          J’ai loupé quelque chose ? demande t’elle en déposant le tout.

Lucas lui sert un verre qu’il lui tend. Elle vient prendre place à côté de lui sur un petit tabouret.

-          J’ai cru qu’ils étaient en couple, annonce Lucas

-          Non juste ami, ce n’était pas faute d’essayer pendant ma jeunesse mais j’ai vite laissé tomber l’idée, répond Raphaël

-          Et je t’en remercie, dis-je avec un grand sourire, j’en avais un peu marre de te voir me faire la gueule à chaque fois que je te disais non, j’accentue cela avec un clin d’œil

-          Vous voyez ce que je subis à longueur de temps ??? Dit Raphaël feignant le pauvre petit malheureux.

Alycia et Lucas se mettent à rire. Lui donnant un petit bout de saucisson j’ajoute :

-          Il aime se faire plaindre et je me sens obligée de prendre soin de lui après. Grand sourire Raphaël redresse le torse en signe de victoire. Et sinon vous deux ça fait combien de temps ?

Ils se regardent et d’un comme un accord Lucas annonce :

-          Depuis toujours !

Voyant nos têtes légèrement surprises et ne comprenant pas trop, il enchaine :

-          Alycia est ma sœur…jumelle.

Raphaël reprenant un peu de prestance demande :

-          Ah mais j’ai cru que vous étiez ensemble, mais maintenant je comprends mieux cette ressemblance, je me disais aussi…

Pfff Raph, n’en fais pas trop, ce sont de faux jumeaux et la ressemblance hormis la couleur des cheveux et des yeux est infime.

-          Lucas m’a rejoint il y a peu, on dit que les jumeaux ne peuvent pas se quitter, c’est valable pour les vrai jumeaux, on est l’exception à la règle, enfin pour sa part…elle lui fait un bisou sur la joue que je trouve trop mignon.

-          Hey frangine tu n’es pas très cool avec moi, une chose est sûre, depuis son départ c’était différent et comme rien ne me retenait  j’ai décidé de la rejoindre.

Leurs yeux brillent quand ils se regardent, il y a de l’amour fraternel entre eux et cela se voit.

La soirée débute  tranquillement. Raphaël parle beaucoup de lui se mettant en avant sur la musique, le boulot. En qualité de commercial de l’année pour les camions Volvo, il a au moins le mérite d’être à la hauteur du bagou que je lui connais. Mais par pitié qu’il arrête de parler parfois !!!

J’en appris plus aussi sur Alycia qui avouons-le ne me laisse pas indifférente. Elle est juriste dans un cabinet d’expertise. Elle et son frère sont originaires de Bretagne, ils y ont fait leurs études puis ont décidé de venir dans le Sud. Quelque chose l’a poussé à partir mais je n’ai pas très bien compris quoi. Elle est restée assez vague la dessus. J’imagine que le climat doit bien les changer par contre au niveau du paysage il n’y a rien de comparable. La Bretagne a l’air si beau, frais, grand, verdoyant. C’est une région que j’aimerai beaucoup visité. Peut-être avec elle.

Mais qu’est-ce que je raconte ???

Elle est arrivée ici il y a maintenant 8 mois. Elle se fait tant bien que mal à sa nouvelle vie. Le plus difficile étant de se faire des amis a-t-elle dit. De mon point de vue, j’aurai cru qu’il était facile pour elle de s’en faire. Elle est avenante, parle aisément de tout. Le contraire de moi. Ne dit-on pas que les contraires s’attirent ?

Pouh…

Quand à Lucas, il est professeur de sport. J’aurai pu le deviner à son physique quoique, j’hésitais avec mannequin, dans lequel je suis sûre il pourrait se reconvertir.

-          Ça vous dit de sortir ce soir ? lance Raphaël en attrapant un bout de fromage.

Je hausse les épaules et acquiesce de la tête et regarde Alycia et Lucas qui avec un grand sourire nous dise un grand OUI.

-          L’Ephémère ? demande Raphaël

-          Parfait ! rétorque Alycia en se levant, je vais me changer alors…et elle file en trottinant dans sa chambre.

J’ai cru pourtant qu’elle était déjà habillée ou alors j’avais loupé un épisode.

Effectivement j’avais loupé même une saison entière. Pendant que Raphaël explique en long, large et travers comment est l’Ephémère à Lucas, Alycia revient vêtu d’une robe noire dessinant parfaitement ses formes, de collants et chaussure assortis et les cheveux détachés. Certaines de ses boucles reposent sur ses épaules. Elle est tout simplement sublime.

Inconsciemment je me suis levée pour aller à sa rencontre et Raphaël prend cela pour un mouvement de départ et annonçe :

-          Allez c’est parti, en route pour le show.

Je sens que la soirée va être éprouvante.


CHAPITRE 4

 

I want you, you want me - Letters to cleo

 

La soirée bat son plein. Nous sommes arrivés relativement tôt ce qui nous a  permis d’avoir une petite table ronde. Installé sur la banquette, Alycia s’est placé à mes côtés laissant les deux chaises pour le plus grand plaisir des garçons. Leurs mines de boudeur nous ont fait rire un long moment, les comparants à Caliméro. Il ne manque que la coquille d’œuf sur leur tête pour que la représentation soit exacte.

Le monde s’engouffre dans le pub au fur et à mesure que les minutes passent. Qui dit du monde veut dire du bruit et par bruit je veux dire énormément de bruit. Mais ça n’a rien pour me déplaire, cela oblige Alycia à se rapprocher de moi pour parler et j’apprécie cette nouvelle proximité.

-          Il y a du monde, dis-je en penchant mon buste vers elle

-          Oui c’est toujours comme ça, me répond-elle en regardant la foule avoisinante.

-          Tu viens souvent ici ?

Elle me regarde un instant prenant le temps de la réflexion puis me répond :

-          Oui assez souvent ces derniers temps, j’aime beaucoup l’ambiance et toi ?

-          Moi et bien ça fait longtemps que je ne suis pas venue…

A mon tour, je regarde l’environnement et malgré le temps rien n’a changé. Le bar étalé sur toute la longueur gauche de la salle permet aux barmans de faire leur show. Au fond de la pièce la scène, élevée de 20 cm, supporte une batterie, une basse avec son ampli, une guitare électrique et son ampli ainsi qu’une guitare acoustique et un synthé sans oublier l’élément principal, le micro. La salle est agencée de tables rondes avec chaises et de banquettes le long du mur à droite. La lumière rouge tamisée rend les lieux sombres et leur donne une ambiance de concert. On peut dire que l’endroit y était simple et rustique mais a une atmosphère chaleureuse. Pour l’heure, je n’y ai jamais connu de débordements et c’est très appréciable surtout par les temps qui courent.

-           Vous buvez quoi les filles ? demande Lucas en se levant

-          Une bière pour moi, merci, dis-je

-          Moi aussi, enchaine Alycia

-          Alors 3, continu Raphaël en levant un doigt

-          Ok, ok, ça fera 4 avec moi alors et il prend la direction du bar.

-          Ton frère est vraiment très sympa, dis-je en regardant Alycia

-          Quoi ? me crie-t-elle essayant de tendre l’oreille dans ce brouhaha. Un jeune homme vient de monter sur scène branchant le matériel qui larsen légèrement. Alycia en profite pour venir se coller à moi, tu disais quoi ?

-          Euh…ton frère est très sympa.

Mais pourquoi suis-je si crispée, ce n’est pas la première fois que je me retrouve assise à côté d’une fille pourtant.

-          Ah oui, elle me sourit, il a un très bon fond, parfois trop même. On s’y attache vite…

Lucas revient avec les boissons qu’il dépose sur la table. Nous lui adressons un sourire en signe de remerciement.

-          Bon je vais aller me dégourdir un peu sur scène, qui me suit ? demande Raphaël un regard dans ma direction et d’un signe de tête il comprend ma réponse, puis il regarde Alycia

-          Je reste avec Lexie, peut-être après

-          Ok j’y vais seul alors…

-          Attends je viens avec toi, annonce Lucas en avalant sa gorgée de bière. Raphaël le regarde perplexe alors il enchaine : Un petit bœuf basse batterie ça te dit ?

-          Et comment…

Les deux hommes se dirigent vers la scène. Une fois installé, Raphaël lançe un rythme et Lucas laisse libre court à ses doigts.

Ce garçon avait tout pour lui, comme sa sœur en fait. Je me sens légèrement petite à côté.

Je tends le bras pour attraper la bière lorsque mes doigts frôlent quelque chose…les doigts d’Alycia.

-          Excuse-moi…à toi l’honneur, dis-je en lui désignant la bière qu’elle attrape et porte à ses lèvres. J’aurai tant aimé être le goulot à cet instant précis.

-          Tu aimes ?

Si j’aime ce que je vois alors ma réponse est un grand OUI, mais je ne pense pas qu’elle fasse référence à ça.

-          La bière ou la scène ?

-          Ah ! Et bien les deux ?

-          Oui j’aime beaucoup la bière en règle générale sauf les brunes et ambrée, elles sont un peu trop fortes à mon goût et pour la scène, ton frère se débrouille super bien, il devrait jouer avec nous.

Elle me regarde curieusement.

Ai-je dis quelque chose de mal ?

-          J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?

-          Non bien au contraire, ça me fait plaisir que tu participes enfin au groupe, elle regarde devant elle n’osant affronter mon regard, j’avais l’impression que tu ne voulais pas de moi.

Oups…

-          Non pas du tout, bien au contraire je suis très contente, elle lève les yeux vers moi, son regard me déstabilise car elle sait très bien que je ne voulais pas du tout cela au début. Ce que je veux dire Alycia, c’est vrai au début je n’étais pas très enthousiaste, on est parti sur de mauvaises bases, j’ai dit des choses devant toi que je n’aurai pas dû et je m’en excuse encore. Je vous ai laissé mener la barque avec Raphaël parce que je n’avais pas envie mais aussi parce que ça me rappelle des souvenirs et… c’est compliqué. Mais une chose est sûre, je veux de toi, enfin je veux dire je veux de toi dans le groupe, j’aime beaucoup ta compagnie pour le peu que l’on se connait et j’aimerai beaucoup apprendre à te connaitre davantage…ainsi que ton frère.

Ses yeux me regardent longuement, elle doit poser le pour et le contre puis un grand sourire s’étire sur ses lèvres. Elle me prend dans ses bras subitement manquant de me faire tomber à la renverse, merci les abdos, puis elle se recule et pose une main sur ma cuisse.

-          Moi aussi j’aimerai beaucoup apprendre à te connaitre.

Si je savais qu’elle était intéressée par les femmes, sa phrase n’aurait été qu’une ligne simple qui traverse mon esprit et j’aurai compris qu’elle voulait sortir avec moi, mais soyons réaliste, elle veut apprendre à me connaitre pour la musique et parce que nous allons passer pas mal de temps à répéter. Alors autant bien s’entendre.

-          Lexie ?

L’appelle de mon prénom interrompt nos regards et m’aperçois qu’Anna est devant nous me faisant des signes.

Je sens la main d’Alycia se retirer précipitamment  et regarde furtivement Anna. J’aimais bien le contact sur ma cuisse, une sensation de fraicheur prend sa place, dommage...

-           Hey ! qu’est-ce que tu fais là ?

-          Raphaël m’a dit que vous veniez alors surprise, et elle écarte ses bras montrant sa présence. Cette jeune me faisait bien rire.

Alycia mit de l’espace entre nous et j’ai l’impression qu’elle s’est refermée sur elle-même ou alors elle s’est déplacée pour mieux apercevoir la scène car elle a pris sa bière et regarde les deux garçons jouer en tapant du pied.

-          Je peux te parler une minute ?

-          Oui j’arrive

Alycia pose furtivement le regard sur moi me sourit timidement puis se retourne vers la scène. Je me lève et vais à la rencontre d’Anna qui m’attrape par la main et m’emmène le long du bar.

-          C’est la fille de la dernière fois ? me demande Anna en me la désignant d’un mouvement de tête

Je regarde Alycia et voit que celle-ci a les yeux rivés sur nous mais lorsque mes yeux se posent sur elle, elle se tourne précipitamment. Pas très discret mais cela me fait sourire.

-          Oui c’est elle

-          Mignonne, très mignonne, célibataire ?

-          Anna, je lui fais les gros yeux

-          Non mais c’est pour toi que je demande ça…

-          Ben voyons

-          Si je t’assure Lex, moi je suis déjà casée et c’est l’amour fou

-          Ah ce point ?

-          Ouiiiiiii, du reste je peux te demander un service ?

-          Si c’est pour un plan à 3 je ne suis pas intéressée, dis-je en croisant les bras

Anna m’en avait vaguement parlé une fois, non pas qu’elle me le proposait mais l’idée d’ajouter une fille à leur couple leur plaisait…à chacun ses goûts, je ne partage déjà pas ma part de tarte alors partager ma copine faut pas exagérer.

-          Pfff mais non, elle se met à éclater de rire,  j’ai promis à Zoé de lui chanter une chanson à la date d’anniversaire de notre rencontre et c’est aujourd’hui. Alors quand Raphaël m’a dit que vous veniez ici, je me suis dit super, Lex sera là elle pourra m’accompagner à la guitare.

Alors là, les bras m’en tombent.

-          S’il te plait Lex, c’est pour notre anniversaire et en plus maintenant je lui ai promis

-          Tu t’es avancée toute seule…

-          Oui mais bon, tu sais par Amour on ferait n’importe quoi des fois et puis quelqu’un m’a dit un jour que pour prouver son amour il fallait savoir se dévoiler et s’ouvrir à cette personne.

-          Oui peut-être mais tu n’es pas obligé de retenir tout ce que je dis, je raconte parfois n’importe quoi !

Elle saisit une de mes mains dans les siennes qu’elle monte vers son cœur

-          S’il te plait Lex, s’il te plait, s’il te plait, s’il te plait…

-          Ok ok

Mais qu’est-ce que je fais ? Pourquoi j’ai dit OK ? Tout ce que je déteste, je me fatigue moi-même.

-          Super on y va ? elle commence à partir

-          De suite ? maintenant ? mes yeux s’ouvrent si grands que l’on aurait pu croire que j’étais botoxé version Meg Ryan, la pauvre elle était tellement belle jeune…

-          Oui comme ça s’est fait !

Ben voyons, je n’ai même pas le temps de me faire à l’idée que je vais aller me ridiculiser sur scène pour faire plaisir. Quelle idée de fêter un anniversaire comme ça, on fête un anniversaire au resto, ou on offre un cadeau, enfin quelque chose de censée mais là ce n’est pas censée. En plus ça fait combien de temps qu’elles se connaissent ? Un an, deux ans. En y réfléchissant plus, je n’étais même pas au courant qu’elle était réellement en couple.

-          Au fait ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ?

-          2 mois, me dit-elle en grand sourire

Je m’arrête net, sous le choc.

-          2 mois c’est tout !!! Et tu veux que j’aille me ridiculiser sur scène pour 2 mois ???

Anna me regarde d’un air qui ressemble fortement à celui du chat botté dans Shrek.

Levant une main devant moi je lui dis :

-          Ok j’ai compris, mais tu m’en devras une, une vraiment grosse… et je retourne vers la table.

-          Merci Lex, je t’adore tu sais…

Oui moi aussi je l’adore mais là je ne pense qu’à une seule chose, prendre la fuite. Je regarde de part et d’autre de la salle calculant le meilleur chemin pour s’évader mais peine perdu, je sens Anna juste derrière moi. Je ne voudrais pas que le pitbull se mette en colère, alors je me ravise. Puis je sens sa main sur mon épaule et elle me fait signe qu’elle rejoint sa copine. J’ai peut-être l’occasion de prendre mes jambes à mon cou….

De retour à table, je me rends compte que les garçons sont revenus. Je reprends place à côté d’Alycia. Mes mains tremblent, j’ai chaud, ça y est j’ai le stresse qui monte.

-          Ah te revoilà, dis Raphaël, tu étais passé ou ?

-          J’étais avec Anna.

-          Oh le pitbull est là je ne l’ai pas vu, il la cherche dans la salle.

Je me disais t’inquiète pas tu vas bientôt la voir sur scène et moi aussi. J’attrape ma bière et la boit d’une traite.

Ba quoi ? J’avais soif…

Bien sûr que non, il faut juste que je me décontracte et quoi de mieux que l’alcool pour enlever toute inhibition.

Je sens 3 regards choqués se poser sur moi :

-          Anna a promis à sa dulcinée de lui chanter une chanson et elle n’a rien trouvé de mieux que de faire ça ce soir avec moi.

-          Ah c’est super ça, dit Raphaël, mon lourd regard ainsi que mon expression faciale faisant passer comme message « tu rigoles ou quoi » le font changer de propos, ou peut-être pas aussi super que ça en fait.

J’attrape la bière de Raphaël et boit une gorgée supplémentaire.

-          Vous allez jouer quoi ? ose Alycia avec un grand sourire

-          Je n’ai pas demandé, dis-je en levant les épaules, j’étais trop concentré sur le fait que j’allais me montrer sur scène, devant tous se monde….

Je pense qu’Alycia doit voir mon désarroi car elle passe une main derrière mon dos et me caresse doucement mais je suis trop préoccupée par ce que je devais faire que par son geste réconfortant.

-          Hey salut tout le monde, dit Anna en saluant la table

-          Salut pitbull, répondit Raphaël.

-          Shut, jamais en public, et elle le tape sur l’épaule, je vous emprunte Lexie et… mon petit chat tu nous accompagnes à la batterie ? Elle lui frictionne les cheveux.

-          J’ai toujours rêvé de me retrouver entouré de deux femmes, répond-il en se levant et adressant un clin d’œil à Lucas

-          Alors rêve toujours, y’a pas de mal à se faire plaisir… rétorque t’elle puis elle tourne les talons.

On se dirige vers la scène et j’ai l’impression d’avoir les jambes qui sont en coton.

Habituellement c’est après avoir fait l’amour que l’on ressent ça ?!

Allez Lex souffle bien, fais le vide en toi, tu l’as déjà fait des dizaines de fois, faut juste que tu reprennes l’habitude, c’est comme le vélo…

-          On joue quoi ? demande Raphaël une fois derrière la batterie

-          Une des chansons préférée de ma patronne

Je lève un sourcil en entendant cela

-          I want you, you want me…Letters to cleo…

Ok au moins un poids en moins car je la connais par cœur.

-          Ah oui parfait, Raphaël fait tourner les baguettes dans ses doigts, allez c’est parti, Lex t’es prête ?

J’attrape la guitare que j’enfile via la sangle. Alors est-ce qu’elle est branchée ? Oui ça c’est fait. Maintenant les pédales, alors devant moi il y a Overdrive, Distorsion, Flanger, Echo. L’overdrive fera l’affaire. Je lui adresse un signe de tête et il commence à jouer.

Mon dieu, pourvu que tout se passe bien.

**********

Je crois avoir entendu c’était super, génial, wouah tu m’as régalé mais j’ai simplement retenu : tu étais vraiment parfaite sur scène. Oui ces mots ressemblent fortement aux miens lors de la fausse audition d’Alycia, mais quand cette phrase sort de sa bouche et bien je vous assure que cela sonne en moi comme les cloches d’une église. Elle m’avait demandé si j’étais libre ce soir pour répéter ensemble. Bien évidemment je ne pus refuser d’une part parce que je venais de jouer sur scène devant des tas de personnes, le stresse qui m’avait habité n’étais pas encore parti et j’acquiesçais comme une zombie et d’autre part je crois que j’avais du mal à lui refuser quoique ce soit.

Elle m’a envouté il faut croire…

J’ai accordé ma guitare et me suis installée dans le salon en l’attendant. Pour une fois j’ai préparé le travail en amont. Les partitions sont classées et bien rangées dans un petit  classeur. J’ai mis du sent bon dans le diffuseur. Une odeur d’eucalyptus parfume la pièce.

On sonne à ma porte. 18 heures, une chose est sûre, elle est ponctuelle, j’apprécie cette qualité. J’ouvre la porte et tombe nez à nez ou devrais-je dire nez à torse avec Lucas.

-          Surprise !!! il me tend un pack de bière et me fait la bise, ça va ?

Pour une surprise ça en est une. Si je m’attendais à ce qu’il vienne : Non pas du tout, j’aurai aimé être prévenu non pas qu’il me dérange mais quand même, je m’étais imaginée seule avec Alycia.

-          Euh oui ça va et toi ?

Il rentre dans mon appartement et le suit du regard, je n’ai pas le temps de me retourner que j’entends une voix douce et peu sûre me dire :

-          Salut, j’espère que ça ne te dérange pas ? Quand je lui ai dit que je venais te voir il a voulu venir et…

-          Salut, non pas de souci, rentre…

Elle passe devant moi, ses cheveux sont attachés en queue de cheval avec une mèche qui retombe sur le côté, ça lui va bien.

-          C’est super chez toi Lexie, j’adore, cria de l’autre bout du salon Lucas.

-          Merci, installez-vous sur le canapé, j’arrive.

Après quelques formalités je dépose les bières et de légers trucs à grignoter, je pose mes fesses sur le tabouret. Lucas déballe sa basse et sort aussi un mini ampli Vox auquel il rattache l’instrument.

-          Je suis très content de faire partie du groupe. J’ai quitté le mien en partant de Bretagne, alors merci, c’est cool.

-          Y’a pas de quoi ! On commence ?

-          Yep, à vous l’honneur les filles.

On se regarde un instant et je demande :

-          Alycia, tu veux faire laquelle ?

Elle cherche dans ses papiers que je suppose être les paroles de chansons et regarde deux feuilles différentes puis en repose une :

-          Creep, en version calme ça vous va ?

-          Ok parfait let’s go annonce son frère en faisant glisser ses doigts sur les cordes.

On joua comme ça une bonne heure et demie. On répétait plusieurs fois le même morceau puis on passait à une autre pour enfin revenir sur une précédente. Chacun émettait son désir de rythme. Certaines reprises respectaient le tempo d’origine, d’autres passaient de rock à chanson douce et inversement. Alycia nous demandait parfois de changer la tonalité des accords afin que cela se conjugue au mieux avec sa tessiture. Je prenais plaisir à participer à cela. Dans un sens ça m’avait manqué, il ne faut pas se leurrer, passer du temps à faire ce que l’on aime, avec des amis tout en buvant un coup. Qui peut dire qu’il n’aime pas ça. Mais me retrouver comme ça en bonne compagnie me faisait me remémorer de souvenirs. Les souvenirs remontaient en moi et j’avais par moment du mal à le cacher. Heureusement pour moi, je me concentrais davantage sur ce que je jouais afin de dissiper toutes émotions.

-          Petite pause ? J’ai vraiment trop mal aux doigts. Si on m’avait dit qu’il s’agissait d’un marathon je ne me serais pas inscrite. On ne les arrête jamais…

-          Oh oui, ajoute Lucas en posant sa basse sur le côté du canapé. Je t’emprunte les toilettes ?

-          Seconde porte à droite, dis-je en la lui désignant, ne pars pas avec j’en ai encore besoin.

Un clin d’œil plus tard, il s’enfourne dedans.

Je me dirige vers la cuisine et fais couler de l’eau froide sur mes doigts. Quel bonheur ! Cette sensation m’exalte, comme quoi il ne me faut pas grand-chose.

-          Ça va ? demande Alycia en prenant appui contre le bar.

-          Oui faut juste que je me réhabitue à jouer. Je frotte mes doigts légèrement sous l’eau et la douleur encore présente me fait pincer les lèvres. Toutes celles qui jouent de la guitare peuvent comprendre ma douleur. Je ne suis pas douillette, juste sensible.

-          Je peux te faire un massage si tu veux ?

Massage ! Quel rapport avec mes doigts ? Je l’imagine déjà me chevauchant, ses mains parcourant mon dos…

-          Un massage de la main pourrait te faire beaucoup de bien.

Je le savais, fausse joie… N’ayant pas trop envie de montrer mon enthousiasme au fait qu’elle va poser ses mains sur moi…sur ma main je réponds :

-          Euh oui, pourquoi pas !

-          Ca sent super bon dans les toilettes. La réflexion de Lucas me fait sourire. Alycia m’avait dit que tu sentais super bon mais tout chez toi sent bon, ton salon, tes toilettes et je n’ai pas encore tout visité. Avoue, tu as des actions chez Séphora ?

Je le regarde perplexe digérant ce qu’il venait de dire puis éclate de rire pour camoufler une interrogation.

Alycia trouve que je sens bon, je devrais prendre ça pour un compliment, enfin je crois, ou alors elle pensait que je puais. J’aurai tendance à vouloir sentir mes aisselles la maintenant pour me faire une idée mais je serai prise en flagrant délit. Je ne suis pas très à l’aise et lorsque je vois Alycia rouge comme une pivoine je me dis qu’elle non plus. Il a dû dire quelque chose qu’il n’aurait pas dû. Ca confirme donc ma seconde hypothèse. Super, merci !

-          Séphora, non pas que je sache mais j’y penserais.

-          Tu me donneras ton secret alors. Il se dirige vers le canapé et range sa basse. Je dois filer mais continuez sans moi, de toute façon on se voit la semaine prochaine pour la répète général.

-          Oui bien sûr

-          Ok super, à tout à l’heure frangine.

Ils se font une accolade puis il l’embrasse sur le front.

Lucas a été comme un éclair. Pas le temps de dire au revoir qu’il est déjà parti.

-          Je te sers une autre bière ? demandais-je en débarrassant les vides de la table basse.

-          Oui je veux bien si tu m’accompagnes ?

-          Ok

-          Lucas est souvent comme ça. Il est là, parle beaucoup et la seconde suivante il disparait.

-          Oui j’ai vu ça

-          En tout cas c’était une bonne répète. Constructif ! J’espère que nos arrangements plairont à Raphaël.

-          Oui aucun souci de ce côté, je lui tends la bière et retournons sur le canapé. Ah enfin du confortable pensais-je. J’avais eu mal aux fesses sur ce tabouret. Tant qu’il tape sur sa batterie il est content. Il est comme un gosse, il aime faire du bruit.

Elle rigole à ma phrase. Je m’installe confortablement et ajoute.

-          Tu veux continuer à répéter ?

Pitié dis non…

-          Non ça ira et puis je ne voudrais pas que tu es encore plus mal à cause de moi.

Je lui adresse un sourire, c’est gentil de penser à ma souffrance :

-          Télé ?

-          Oui

J’attrape la télécommande et commence à zapper.

Mes yeux s’évadent vers elle parfois, à la lueur de la télé je dessine de mon regard les formes de son visage. Elle est vraiment très belle à mes yeux, elle me plait je le sais. Ça fait longtemps que je ne me suis pas intéressée à quelqu’un, Raphaël n’en manquait pas une pour me le rappeler. Mais maintenant je suis confrontée à un désir. Celui de pouvoir la toucher, de pouvoir l’embrasser. J’aimerai avoir le courage de lui demander de sortir mais si ça se trouve elle a quelqu’un dans la vie, faudrait que je lui pose la question. Je vais pour ouvrir la bouche lorsque je l’entends me dire :

-          Tu m’as impressionnée sur scène, tu es vraiment douée.

-          Ah merci, je connais bien cette chanson c’est pour ça. Toi aussi tu es vraiment bonne…douée, enfin tu chantes bien.

Enfonce toi Lex...continue, elle est ou la trappe de sortie ?

-          Merci et elle me sourit puis retourne son regard sur la télévision

Je fais de même, de toute façon à chaque fois que j’ouvre la bouche c’est pour dire une connerie donc autant se taire pour le moment.

 

 


 

 

 

CHAPITRE 5

 

Without me - Halsey

 

-          3 cafés, 1 thé russe et 2 parts de tarte au citron, annonce Anna en déposant le plateau sur le comptoir. Elle tapote sur la machine à caisse, attrape le ticket qu’elle glisse entre ses doigts. Tu veux que je ferme à quelle heure ce soir ?

-          Au plus tôt 19h, tu vois en fonction du monde.

-          Ok pas de souci, de toute façon je n’ai rien de prévu MOI, elle me fait un clin d’œil.

-          Pour une fois que je sors…

-          Effectivement, alors dis-moi tout, c’est qui ? c’est où ? tu as prévu de l’embrasser ?

-          Tut, tut, tut, je ne dirais rien. Amène plutôt ça, je dépose les boissons sur le plateau.

Elle obéit instantanément puis revient en trottinant.

-          Ah si tu me dois bien ça. Je ferme le salon pour toi alors j’ai le droit savoir.

-          D’une, c’est toi qui m’en devait une, souviens toi le coup de ta chanson pour tes 2 mois. Je la vois sourire niaisement. Et de deux…il n’y a pas de deux, c’est comme ça, c’est tout.

Elle se mordille la lèvre et un sourire s’étire sur ses lèvres.

-          La fille du pub, la chanteuse de ton groupe, c’est ça ? je ne réponds rien, continuant mes affaires derrière le bar. Ah je le savais à ta façon de la regarder c’était sûre.

Je lève bien trop vite la tête et répond trop vite aussi pour nier quoique ce soit :

-          De quoi ma façon de la regarder ? Et puis je la regarde comme tout le monde.

-          Lex ça fait un moment que l’on se connait et je ne t’ai jamais vu regarder une fille comme ça. Si…une fois quand tu regardais ma chatte. J’ouvre de grands yeux. Ma chatte chocolatine…de suite des idées perverses…

Ah oui Chocolatine !

Cette chatte est adorable, c’est Garfield mais au féminin. Le poil roux et épais, j’adore y passer mes doigts dedans…

-          Lex, elle te plait ?

-          Oui peut-être, je ne sais pas. Ce n’est pas le moment et puis c’est sûr que l’on n’est pas du même milieu.

-          Et alors ?

-          Alors c’est tout vu. De toute façon ce soir on sort simplement voir une expo et on ne sera pas seule, son frère et Raphaël seront là.

-          Et ?

-          Et il y a du monde à servir Anna.

-          Ce ne sont que des excuses Lex et tu le sais. Elle attrape le plateau et va à la rencontre des clients.

Excuse ou pas, c’est comme ça. J’ai assez à faire que de m’engouffrer encore dans une histoire pour en fin de compte être malheureuse.

Il n’y a que dans les contes de fées que les histoires finissent bien.

**********

Je n’ai pas revu Alycia depuis la répète de la semaine dernière. A vrai dire outre les deux répétitions, nous n’avions pas passé du temps ensemble depuis notre trio chez moi. Comme je ne savais pas trop quoi dire, peur encore de mal formuler mes pensées ou plutôt lui dire ouvertement qu’elle me plait, je n’avais que très peu parlé. Elle était partie une demi-heure plus tard. J’ai toujours eu du mal à draguer une fille, à draguer tout court…même un cochon d’inde je n’arriverai pas. Ce n’était pas mon truc. Et, elle, plus qu’une autre me déstabilisait. Il faut que je retrouve un léger self contrôle en sa présence sinon elle va me prendre pour une sauvage.

C’était l’idée de Raphaël, petite inauguration d’un nouvel artiste. Je ne lui connaissais pas ce côté Peace and Love. On s’est donné rendez-vous dans une petite rue du centre-ville. Raphaël m’avait demandé de venir le chercher car il ne voulait pas risquer de prendre le volant s’il buvait un peu trop. Nous descendions donc la ruelle jonchée de pavé.

-          Normalement ils nous retrouvent sur place.

-          Très bien.

-          Tu penses que je vais lui plaire comme ça ? me demande-t-il en étirant sa veste.

Je le regarde de haut en bas et voit qu’il est habillé comme d’habitude, jean, basket de ville et chemise. Le tout haussé d’une petite doudoune noire.

-          Plaire à qui ?

-          A Alycia bien-sûr !

-          Si elle aime les hommes qui s’habillent comme des ados de seize ans, pourquoi pas… Il me bouscule de l’épaule. Je ne sais pas tu verras bien.

-          Je pense que ça peut lui plaire. Elle a dit qu’elle aimait les personnes naturelles, sans chichi, sans artifice. Si je me remémore la dernière fois comme il s’était habillé pour essayer de l’épater, il ressemblait plus à Travolta dans la fièvre du samedi soir plutôt qu’à Pacey dans Dawson. On a bu un coup ensemble après la répète de la dernière fois. On accroche pas mal.

-          Tant mieux pour toi, dis-je assez sèchement. Cela m’agace légèrement qu’il passe du temps avec elle, ou plutôt ce qui m’agace c’est que moi je n’en passais pas du temps avec. A qui la faute ? A moi-même…

-          Oula, madame est ronchon ?

-          Pas du tout, tu fais ce que tu veux.

-          Et bien on dirait qu’un truc te dérange ? Tu as peur pour le groupe ?

-          Pas du tout

-          Alors tu en pinces pour elle ? Je le fusille du regard. C’est donc ça !

-          Non pas du tout, si tu veux sortir avec elle vas-y, fais ce que tu veux.

-          Lex je te connais et…

Je ne lui laisse pas le temps de continuer sa phrase que je le coupe :

-          Tient les voilà. Je fais un signe de la main.

Ça doit bien faire dix minutes que je suis devant ce tableau. Ce n’est pas de la contemplation mais plutôt essayer de comprendre ce qui se trouve devant moi. Raphaël s’était bien gardé de me dire le thème de l’exposition « La Peau » ou alors il ne le savait pas. Je penche pour la seconde hypothèse.

Dans tous les cas qu’est-ce qui se trouve devant moi ? Je crois distinguer un sein ou alors c’est un cupcake élevé d’un raisin sec, des mains dans tous les sens, une cuisse ou un bras, tout du moins un morceau de chair.

Je n’y comprends rien !

Une chose est sûre, l’art ce n’est pas fait pour moi, on s’attire mais on ne se comprend pas.

-          Tu aimes ?

Je suis surprise, Alycia qui ne m’avait presque pas adressé la parole depuis le début de la soirée vient à mes côtés.

-          Non, enfin je ne sais pas, je ne comprends pas ce qu’il représente.

Elle se gratte le menton puis s’approche de la peinture et lit l’étiquette à coté :

-          « Pénétration »

-          Pardon, dis-je en la regardant les sourcils levés.

-          Le tableau s’appelle pénétration, tu n’avais pas vu ?

Effectivement ma flémingite aiguë m’avait empêché d’aller voir ce qui était écrit. Ca et l’oubli de mes lunettes.

-          Non je n’avais pas regardé

-          Moi qui pensait que tu appréciais ce que tu voyais, sensualité, formes généreuses, gourmandise charnelle, pénétration. Mes yeux s’écarquillent et mes joues deviennent rouges. Elle a dit tout cela sur un ton tellement sensuel qu’elle me donne des frissons. Elle éclate de rire. Lex tu verrais ta tête. On dirait que je viens de te prendre en flagrant délit de désir charnel ?

Alors comment te dire ?

Où est la sortie ? Si je me jette contre le mur je peux moi aussi être la représentation de la peau version réel…

-          Il y a un peu trop de chair à mon goût.

-          Ah bon, moi j’aime bien. Elle penche la tête sur le côté et fait un petit sourire en coin. Suivant le sens de sa tête j’effectue le même geste et je ne comprends toujours pas ce qu’elle peut voir.

-          En tout cas ça a l’air de te plaire à toi tout ça ?

-          J’adore oui, elle me fait face, j’aime tout ce qui est artistique.

Je la vois qui regarde par-dessus mon épaule, esquisse un sourire puis elle se remet une mèche de cheveux comme si elle avait l’air mal à l’aise.

-          Je peux te poser une question ?

-          Oui

Je la vois qui hésite puis elle se lance :

-          Raphaël est toujours comme ça ? Je lève les sourcils ne voyant pas ou elle veut en venir. Je veux dire, il est toujours aussi lourd ? Au début je le trouvais super cool mais là il en fait des tonnes. Je ne voudrais pas le vexer mais il ne m’intéresse pas tu vois et il fait toujours plein d’insinuations. Lucas lui a déjà dit qu’il n’avait aucune chance, je lui ai sous-entendu aussi et pourtant il continu. Peut-être que je n’aurais pas dû te dire tout ça, tu es sa meilleure amie et…

Je ne l’a laisse pas continuer.

-          Tu me fais rire, alors oui il est toujours comme ça quand une fille lui plait. Mais le meilleur moyen pour qu’il te laisse tranquille c’est de lui dire ouvertement. Il ne le prendra pas mal, il se cherchera une autre proie tout simplement.

-          Ça ne va pas changer quelque chose entre nous ? Il ne va pas mal le prendre ?

-          Non ne t’inquiètes pas, il a l’habitude mais surtout ne lui répètes pas, dis-je plus bas.

-          Je ne dirais rien et elle m’adresse un beau sourire. J’espère vraiment qu’il ne va pas mal le prendre…

-          Ne t’en fais pas, il en a vu d’autres.

-          Avec toi ?

Son interrogation me fait sourire, je lève les épaules :

-          Oui entres autres… Je vois dans ces yeux qu’elle aimerait que j’en dise davantage sur moi, enfin c’est ce que je ressens en la regardant. Il n’était et n’est toujours pas mon genre. A côté de ça il est vraiment le meilleur ami que j’ai. Je roule des yeux et je m’arrête là. J’ai du mal à m’ouvrir alors qu’au fond de moi j’aimerai lui en dire plus.

-          Je comprends. Bon allez je vais le voir, souhaite moi bonne chance ?

-          Je ne me fais pas de souci, si ça ne va pas, on ira se consoler autour d’un verre toutes les deux !

C’est moi qui viens de dire ça ?

OMG !!!

-          Alors croisons les doigts pour que ça n’aille pas.

Quoi ?

-          Je plaisante mais je retiens la proposition. Elle se retourne et se dirige vers Raphaël.

Est-ce que j’ai bien compris ce que je viens d’entendre ?

Je me retrouve a regarder ses jolies formes arrières qui ondulent à chaque pas. Elle a vraiment un physique à faire pâlir beaucoup de femmes. Je veux dire elle n’a rien à envier à certaines stars de magazine, bien au contraire elle a ce qu’il faut là où il faut. Je pourrais passer de longues minutes voir des heures à admirer chaque courbes de son corps.

-          J’aimerai croire que c’est ce tableau qui vous donne ses jolies couleurs aux joues.

Mais qui me parle ?

Je me retourne et me retrouve devant une chevelure blonde flamboyante habillée entièrement de noir et surélevée de talons rouges.

Interloqué par ce qu’elle vient de me dire et me sentant gênée, j’ouvre la bouche et écarquille des yeux façon manga. Vous savez ces dessins animés ou les personnages ont les yeux plus gros que leur tête.

-          Je vois que le thème de la chair est appréciable sous toutes ses formes.

-          Pardon ?

Qui est cette femme ? Je ne comprends rien du tout.

-          Appréciez-vous l’exposition ?

-          Euh oui tout du moins j’essaye de comprendre ce que je vois, et vous ?

-          Moi, j’adore mais je suis l’auteur de beaucoup d’entre elle donc je ne suis pas très objective, ajoute elle en m’adressant un clin d’œil.

C’est elle l’artiste !

-          Ah c’est vous qui avez peint tout ça ? je montre du doigt l’ensemble des œuvres.

-          Oui pour la plupart mais nous sommes 3 sur cette exposition.  Je ne me suis pas présentée, je suis Lena, elle me tend la main.

-          Lexie, enchantée.

-          Pas autant que moi. On se tutoie ? J’acquiesce de la tête. Alors  qu’est-ce qui t’a amené voir une exposition pareille ? Ne me dis pas que c’est une envie folle de voyeurisme ? Elle ajoute cela avec un regard joueur et un sourire non dénué de sens.

-          Malgré cette fâcheuse envie que j’essaye de réprimander depuis des années, je me suis dit que c’était l’occasion de me laisser aller sans choquer. Je rigole puis ajoute, non pour être franche je ne connaissais pas le thème et ce sont des amis qui m’ont invité à venir.

-          Il faudra que je les remercie alors. Ton regard de tout à l’heure prouve que tu apprécies les bonnes choses.

-          Mon regard ?

-          Oui sur la jeune femme là-bas. Elle me la montre d’un signe de tête. Ta copine je présume ?

Comment sait-elle que j’aime les femmes ?

-          Qui ? Alycia ? Non ce n’est qu’une amie.

Mais j’aimerai tellement qu’elle soit plus. Je la regarde au loin, elle est en train de faire une accolade à Raphaël. Je suis jalouse j’aimerai être à sa place. J’aimerai moi aussi sentir son corps contre le mien.

Arf !!!

-          Au temps pour moi alors ! Un homme l’interpelle au loin en lui montrant un groupe de personne. D’un signe de la main elle lui fait comprendre qu’elle arrive. Désolée, il me faut m’éclipser mais j’espère que l’on se reverra bientôt. Elle me fait un bisou sur la joue suivi d’un clin d’œil puis part retrouver le groupe au loin.

Et bien on ne m’avait pas fait du rentre dedans comme ça depuis…jamais en fait !

Certes je préférais les brunes mais je ne pouvais pas nier que Lena avait beaucoup de charme. Son coté direct avait l’effet d’être direct. Enfin je veux dire, je pense que je dois lui plaire. Dans un sens c’est flatteur, ça me fait sourire intérieurement.

Je suis toujours dans ma réflexion lorsque je sens une main se poser dans mon dos.

-          Hey Lucas, tu as fait le tour des œuvres ? Tu aimes ? Certaines toiles sont bizarres tu ne trouves pas ?

Pourquoi je parle si vite ? Je n’ai rien à me reprocher ? Que je sache Lucas ne peut pas savoir que j’apprécie sa sœur plus que ce qu’il ne faut. Il ne sait pas non plus que j’aime les femmes. Alors pourquoi je me sens fautive ? Je déteste cette sensation !

-          Bof je n’aime pas trop. C’est Alycia qui est férue d’expos, moi ce n’est pas trop mon trip.

-          Je te comprends c’est assez spécial quand même.

-          A qui le dis-tu ? Je ne comprends aucune de ces toiles. Il y a des formes de partout, dans tous les sens. Les gens ici voient du plaisir d’après ce que j’ai cru comprendre, moi je ne vois rien de tout ça.

-          Je suis exactement comme toi.

-          Dis, je peux te demander un service ?

Je hoche la tête en guise d’affirmation.

-          Tu peux ramener Alycia ?

-          Oui aucun souci.

-          Elle vient de rembarrer Raphaël alors je lui ai proposé de sortir boire un verre entre mec pour fêter son célibat formel et puis elle t’aime bien alors ?

Il était déjà célibataire, mai bon qu’importe, tout est bon à fêter apparemment.

-          Ok je vois, pas de souci.

Elle m’aime bien, wouah. Mon sourire s’étire tellement que j’en attraperai une crampe.

**********

Le retour se passe s’en encombre. On a beaucoup parlé de l’exposition enfin surtout Alycia. Elle est vraiment passionnée. J’aime beaucoup l’écouter parler, je la regarde du coin de l’œil et j’adore les petites mimiques qu’elle adopte. Un petit pincement de lèvre, bouger ses mains lorsqu’elle veut accentuer ses dires, se gratter le front du bout d’un doigt lorsqu’elle cherche quelque chose à dire.

Lorsque nous sommes arrivées en bas de chez elle, elle m’a demandé si je voulais monter boire un verre car comme elle me l’a dit « moi aussi j’ai besoin d’être consolé » accentué d’une lignée de dents blanches étiré par deux lèvres à croquer. Je n’ai pu refuser, qui aurait pu face à cette femme ? Je ne suis pas un robot….

C’est donc tout naturellement que je me retrouve sur son canapé avec un verre de vin blanc à la main.

-          Tu avais raison, Raphaël l’a bien pris. Au début il faisait un peu la mou mais après il a compris.

-          Tu vois je te l’avais dit.

-          Puis Lucas lui a proposé de sortir donc il a vite retrouvé le sourire.

-          Il ne changera jamais, c’est aussi pour ça que je l’aime. Elle me regarde surprise. Oui comme un grand frère. Il ne se prend pas la tête, est toujours là en cas de difficulté, il n’est pas rancunier.

-          Et il a très bon goût en matière de femmes.

Elle se vante la coquine.

-          Oui c’est vrai que tu es très…mignonne. Je me passe la main dans les cheveux légèrement gênée.

-          Je disais ça pour toi.

Hein ?

Oh !!!

Elle me regarde avec profondeur dans les yeux et ajoute :

-          Tu as quelqu’un dans la vie ?

-          A part Raphaël ? Mon sourire en coin et mes yeux plissés lui font comprendre que je l’a charrie. Non je n’ai personne et toi ?

-          Comment ça tu n’as personne ? Une fille comme toi devrait faire chavirer le cœur de beaucoup d’hommes ?

Allez dis-lui je préfère les femmes, je préfère les femmes…

-          Ah et bien non

Pour la franchise on reviendra.

-          Et toi alors ?

-          Je ne comprends pas ?

Mais elle va répondre à ma question ou tout va tourner autour de moi.

Sans m’en rendre compte je finis mon verre, elle attrape la bouteille et me ressert.

Ok si je continue à boire je ne sais pas si j’arriverai à réfléchir correctement.

-          Tu ne comprends pas quoi ?

-          Regarde toi…elle me montre de la main. Tu es vraiment une très jolie fille, gentille, intéressante surtout quand on apprend à te connaitre.

Elle me trouve jolie, elle me trouve jolie…cette phrase chantonne en moi comme le refrain d’une musique.

-          Merci, mais le problème c’est qu’il faut apprendre à me connaitre et je suis de nature assez réservée comme tu as pu le remarquer.

-          Oui c’est assez mignon.

Pouh elle me donne chaud avec tous ces compliments. Qu’est-ce qu’il lui prend ?

-          Si tu le dis, tout le monde n’est pas de ton avis.

Je bois une gorgée de vin.

Et si on changeait de sujet…

-          Ah bon ?

Ok le sort s’acharne contre moi.

-          Oui les gens, pour la plupart, aiment les personnes avenantes comme toi plutôt que quelqu’un qui n’ouvre pas la bouche et reste dans son coin.

-          Alors comme ça tu m’aimes bien ?

Je retiens je ne sais comment ce que j’ai dans la bouche sinon je lui aurai tout craché dessus et le côté glamour d’une fille au t-shirt mouillé n’aurait pas été la même que dans les films.

-          Non non, je suis montée par obligation, c’est ton frère qui m’a demandé de prendre soin de toi alors voilà…

Je suis assez contente de ma réplique, rigolant intérieurement mais je me rends compte rapidement qu’elle prend cela au premier degré vu la tête qu’elle fait. Ses traits sont fermes, les lèvres pincées et la mâchoire serrée.

Oups je ne pensais pas que ça sonnerait comme ça.

-          Je plaisante Alycia. Je pose ma main sur son genou. Je t’aime bien effectivement. Même plus si tu savais. J’apprécie ta compagnie sinon je ne serai pas là crois-moi. Je finis ma phrase avec un timide sourire qu’elle me rend en échange. Tu vois quand je parle trop après ça sonne mal, c’est par manque d’habitude.

-          Alors va falloir remédier à ce manque d’habitude.

Elle se ressert à boire.

-          Ok et toi alors ? Ne me dis pas que tu es célibataire je ne te croirais pas.

Faites que si….

-          Moi…je sors d’une longue relation, c’était assez compliqué. Ca a motivé mon déménagement ici. Elle tourne ses cheveux dans ses doigts.

Je hoche la tête mais si elle croit que je vais m’en tenir là alors que je viens de subir un interrogatoire c’est mal me connaitre. Comme je dis souvent c’est donnant donnant. Je m’installe confortablement face à elle les jambes en tailleur et la regarde d’une façon qu’elle comprend qu’il lui faut continuer.

D’un petit sourire elle enchaine :

-          Dans un couple il faut de la confiance et lorsque déjà tu n’as pas confiance en toi alors comment avoir confiance en l’autre. A cela tu rajoutes de la jalousie, de l’incertitude… Au bout d’un moment c’est vouée à l’échec.

-          Douloureuse histoire…

-          Non pas tant que ça,  il y a eu de bons, de très bons moments, on s’est quitté en bon terme c’est déjà ça…

-          Oui c’est sûr c’est mieux que rien.

Elle boit une gorgée et je la vois pensive. Elle a dû vivre une belle histoire d’amour avec son copain. C’est dommage que la confiance leur ai fait perdre le fil de leur histoire.

-          Tu vois, il ne faut pas que je parle de trop parce que soit je dis des bêtises soit je te rends triste.

Elle me fait un grand sourire puis me dit :

-          Au contraire ça m’a fait du bien d’en parler. Ca faisait juste longtemps que je n’y avais pas repensé et…

-          Et par ma faute tu es un peu triste…je grimace en disant cela, si tu veux je m’en vais ?

-          Ne dis pas n’importe quoi Lex. Tient boit un coup ça t’évitera de dire des bêtises.

-          Tu vois je te l’avais dit, je dis des bêtises.

Elle me regarde d’un air de dire « franchement Lex » qui me fait sourire et boire en même temps.

On passa le reste de la soirée à discuter de tout et de rien, à rigoler, parfois j’avais l’impression que l’on flirtait mais ça devait être mon imagination qui me jouait des tours. On avait bu la bouteille entière et entamer une autre et j’étais moi-même bien entamé, voir trop par rapport à ce que je supporte.

Je me lève du canapé et le décor tourne autour de moi. Je ne me souviens pas que nous sommes montées sur un bateau.

-          Oula je crois que je vais rentrer chez moi avant de ne plus pouvoir faire un pas l’un devant l’autre.

Je pose mon verre délicatement sur la table basse mais mon sens de l’équilibre me fait terriblement défaut. Je me retrouve à m’écraser sur Alycia qui explose de rire. Ma position n’est pas des plus élégantes. J’ai la tête sur l’accoudoir du canapé, une jambe au sol, la seconde à moitié tordue entre canapé et sol, un bras dans le vide et l’autre sur le ventre d’Alycia.

Plus que gênée je balbutie un :

-          Désolée, j’ai…perdu…un petit peu…l’équilibre…

-          J’ai senti ça, elle continue de rire. Elle se lève à son tour et rigole de plus belle. Tu...tu aurais…vu ta position, j’aurai…j’aurai du te filmer, on aurait pu gagner le concours de vidéo gag.

Je fais mine de bouder mais son rire est communicateur et je me remémore la scène qui j’avoue devait être folklore.

Elle se tord de rire.

-          Vraiment Lex, tu ne veux pas me la refaire que je filme ?

-          Moque-toi de moi !

Elle rigole tant qu’elle en a les larmes aux yeux.

-          Mais non ce n’est pas mon genre.

Elle me regarde et essaye de se retenir mais c’est peine perdu.

Je me dirige tant bien que mal vers la cuisine et lance par-dessus épaule :

-          Au moins quand tu auras le cafard tu penseras à moi.

-          A ça c’est sûr, elle titube pour me rejoindre et je la trouve juste trop belle.

J’aurai confiance en moi je l’embrasserai là sur le champ. Le fait d’être totalement bourrée pourrait jouer en ma faveur. Je veux dire ça pourrait être une excuse, au plus une maladresse qu’elle pourrait me pardonner. On se regarde mutuellement, elle est encore légèrement sous l’effet de son fou rire. Je m’approche un peu plus d’elle et pose ma main sur la sienne qui est posée sur le bar de la cuisine.

Allez ose, fais-le…

J’ai tant envie de gouter ses lèvres. Mais malgré moi j’attends son approbation. Je me résigne à le faire. Je ne peux pas, pas dans cet état, pas sans son consentement.

Nous sommes vraiment très proches lorsque je lui dis :

-          Je vais rentrer. Je lâche sa main et commence à regarder ou j’ai laissé mon sac et mon manteau lorsque je sens sa main saisir la mienne.

-          Non reste ! J’ai l’impression de lire autre chose dans ce qu’elle me dit mais encore une fois l’effet de l’alcool ne m’aide pas. Tu as trop bu pour prendre le volant.

Ah voilà ça confirme ce que je viens de penser…l’alcool…

-          Je vais marcher, ça me fera du bien…

-          Dans ton état ? Non je ne te laisse pas rentrer comme ça. Tu risquerais de trébucher sur quelqu’un à nouveau et voir écris demain dans les journaux que quelqu’un est mort par écrasement…je ne pourrais le supporter. Elle me fait un clin d’œil. Reste avec moi ce soir c’est pour le mieux.

-          Si c’est pour soulager ta conscience alors merci et puis le canapé à l’air confortable.

Avec 3 grammes dans le sang même le sol serait confortable.

-          Oui mais mon lit est assez grand pour nous deux, allez viens.

Elle me fait un signe de la tête m’invitant à la suivre et s’en va dans la chambre.

Lit ?

Pour nous deux ?

J’aurai vraiment dû insister pour partir. Trouve un truc à dire, n’importe quoi, réfléchis…

-          Lex tu viens ?

-          Ok j’arrive.

Pauvre de moi…

 

 


 

 

 

CHAPITRE 6

 

All I want -Kodaline

 

Je suis assise sur le bord du lit pendant qu’Alycia est dans la salle de bain.

Mais qu’est-ce que je fais là ? Je devrais aller sur le canapé mais après elle va me demander pourquoi ? Et que lui dire ? Tu sais tu me plais beaucoup et le fait de dormir à coté de toi ne serait pas raisonnable tu vois. Non pas que je pourrais te sauter dessus mais j’aurai terriblement envie de te toucher, de t’embrasser.

Arf !!!

Mais pourquoi je ne lui ai pas dit tout à l’heure que j’aimais les femmes ? Elle ne m’aurait pas invité dans son lit si elle avait su.

En plus de ça j’ai son odeur sur moi, elle m’a gentiment prêté un survêtement et ça sent terriblement ELLE !!!

Je manque de tomber du lit lorsque je la vois sortir de la salle de bain vêtue d’un shorty et d’un léger débardeur. Heureusement qu’il fait sombre car je dois être rouge pivoine. Elle est terriblement sexe comme ça. J’entrevois un peu plus de sa chair tout comme le thème de la soirée, on est en plein dedans. Son petit haut laisse transparaitre une poitrine qui ne demande qu’à être saisi délicatement par la paume de ma main. Ses cheveux détachés tombent sur ses épaules et ses yeux qui me regardent encore et encore que j’en perds la notion du temps.

-          Tu n’es pas encore sous la couette ?

-          Ah...euh non, je t’attendais.

-          Tu es sur que tu n’auras pas trop chaud comme ça en survêt ?

-          Non c’est bon, c’est parfait.

Si tu avais une combinaison de plonger ca m’arrangerait même.

Je la regarde s’allonger dans le lit et fais de même. Je reste vraiment contre le bord et monte au maximum la couette en haut de mon cou. Seule ma tête dépasse.

-          Je ne pensais pas que tu étais si frileuse ?

-          Hein ? ah oui, j’ai toujours eu du mal à me réchauffer. J’esquisse un léger sourire.

Tout cela est faux bien entendu. J’ai plus que chaud comme ça mais si par malheur ma peau frôlait la sienne cette nuit ça serait terrible pour moi, pour mes émotions, pour mon pauvre petit cœur. Alors autant garder ses précautions et rester couverte. Qui n’a jamais rêvé d’un sauna au lit ?

-          J’ai passé une bonne soirée, me dit-elle en mettant une main sous sa tête et se positionnant sur le côté pour me regarder.

-          Moi aussi, on a bien rigolé

-          Oh oui, j’en ai encore mal aux abdos

-          Tu m’étonnes, tu t’es bien moqué de moi

-          Qui aime bien châtie bien…

Je ne réponds rien, je ne sais pas quoi répondre.

-          Allez bonne nuit Lex, dors bien.

-          Merci toi aussi bonne nuit

Je sens que la nuit va être longue.

Je suis en enfer !!!

**********

1038 moutons, 1039 moutons, 1040 moutons…

Il est quelle heure ? J’attrape mon téléphone pour la 20ème fois de la nuit, 5h40 du mat, super 10 minutes de passé depuis tout à l’heure. Bon allez je vais me lever, je n’en peux plus de rester là sans bouger et surtout sans dormir.

Elle a de la chance, elle dort paisiblement depuis hier soir, je ne sais pas comment elle fait…Ah si facile pour elle, elle n’est pas MOI.

Moi dans toute ma splendeur, tel un hot dog sous la couette attendant depuis de longues heures sans bouger et sans la toucher.

Je décide de me lever, j’essaye de ne pas faire trop de bruit pour ne pas la réveiller, j’attrape mes affaires et sort délicatement de la chambre. Je peux enfin respirer. Je m’empresse de m’habiller dans le noir, j’espère ne pas mettre mes vêtements à l’envers de toute façon peu importe, vu l’heure je ne croiserai personne. Je bataille avec mon t-shirt quand j’entends une porte s’ouvrir.

Merde, merde, merde…

Vite habille toi…trop tard la lumière s’allume.

Je couvre vite fais le haut de mon corps par ce fichu t-shirt qui ne voulait pas passer par la tête et me retrouve en face de Lucas…Ouf ça aurait pu être pire.

-          Lex, qu’est-ce que tu fais là ? me demande-t-il intrigué

-          J’étais avec Alycia, j’ai dormi avec elle, son regard me questionne davantage, on a pas mal bu hier et du coup…

-          Vous avez dormi ensemble, m’annonce-t-il avec un sourire en coin et des yeux remplis de malice

-          Oui enfin non, elle m’a gentiment hébergé pour m’éviter de prendre la voiture.

-          Ah ok, j’ai cru que…fais comme chez toi, moi je vais me coucher je suis mort.

-          Ok à plus !

Je lui fais un petit signe de la main et une fois qu’il a passé la porte de sa chambre je me décide à vite m’habiller en ruminant contre ce t-shirt. Une chose est sûre, plus jamais je ne le mettrais pour sortir.

Mais au fait il a cru quoi ? Ces hommes dès que deux femmes dorment dans le même lit ils s’imaginent de suite des choses…tous les mêmes !

J’ai eu le temps de rentrer chez moi prendre une bonne douche, me changer, il me faut vraiment faire les boutiques je n’ai plus rien à me mettre, et me voilà au salon de thé.

J’ai vraiment la tête dans le *** popotin. J’attrape un doliprane et l’aval, j’espère qu’il fera vite effet. Tous les bruits résonnent dans ma tête et ce n’est que 7h du matin.

Anna arrive à 9h et après m’avoir dit bonjour s’active comme d’habitude.

-          Alors cette soirée ?

Je suis assise au bar et masse mes tempes, je rêve d’aller au lit.

-          C’était …je souris en y repensant.

-          J’en conclu que c’était une bonne soirée, vas-y raconte ?

-          Tu es bien curieuse !

-          Ce n’est pas nouveau, allez dis-moi ? Tu as parlé avec la fille ? Tu l’as embrassé ?

Je la vois trépigner d’impatience et cela me fait rire.

J’ai envie de m’amuser un peu alors je lui annonce :

-          On a dormi ensemble

Comme je m’en doutais elle arrête de travailler et sa mâchoire tombe littéralement. J’explose de rire.

-          Tu me racontes des bobards ?

-          Non pas du tout on a vraiment dormi ensemble, enfin elle a dormi moi j’attendais juste à côté.

-          Comment ça ? Je ne comprends rien ?

-          Après l’expo d’hier elle m’a invité à boire un verre chez elle, Anna étire un sourire, et d’un verre c’est passé à une bouteille. Je voulais rentrer mais elle m’a proposé de rester vu mon état.

-          Et ?

-          Et j’ai accepté.

-          Et ?

-          Et c’est tout, elle a dormi et moi je n’y arrivais pas avec elle à côté.

-          Je ne comprends pas ?

Elle aussi ne comprend pas, mais qu’est-ce qu’elles ont toutes à ne rien comprendre ?

-          Tu ne comprends pas quoi ?

-          Et bien tu n’as rien fais ? Je veux dire même pas un bisou, tu ne l’as pas touché, tu ne lui as rien dis ?

-          Dire quoi ? Qu’elle me plait ? Elle ne sait même pas que j’aime les femmes.

-          QUOI ? Pourquoi tu ne lui as pas dit ?

-          Je ne sais pas, je n’ai pas osé.

-          Pouh Lex si elle ne sait pas pour toi alors comment veux-tu qu’elle comprenne qu’elle te plait ?

-          Je ne veux pas qu’elle sache et je ne voudrais pas qu’elle change en apprenant ça alors…

-          Et malgré l’alcool tu n’as rien fais ?

-          J’ai eu envie et puis je me suis dit que ce n’était pas correct…

Anna me regarde d’un air blasé.

-          Je comprends même si moi j’aurai tenté ma chance mais après je te comprends, on n’a pas le même âge, tu as peut être perdu ta fougue…

Je redresse de ma chaise et rétorque :

-          Ça veut dire quoi ça ?

-          Que tu as l’âge de la raison ma vieille

Elle rigole en reprenant son travail.

-          Ma vieille ?

-          J’espère au moins que tu lui as dit au revoir ce matin ?

Mer** mercredi, je voulais lui laissé un message mais avec l’arrivée de Lucas j’ai complètement oublié. Punaise, il est 9h20, elle doit être debout. Elle va penser que je ne suis pas reconnaissante, partir comme une voleuse. Bon sang Lex, qu’elle nouille.

-          Vu ta tête j’en déduis que non

J’attrape mon téléphone et cherche son numéro pour lui écrire un message :

« Salut, merci de m’avoir hébergé cette nuit, j’ai dû partir tôt pour le boulot et je n’ai pas voulu te réveiller. Passe une bonne journée. Bisous. Lex »

Ok ça s’est fait ! Maintenant j’attends avec impatience une réponse de sa part.

Elle ne tarde pas à répondre, quelque minute plus tard elle écrit :

« Salut, avec plaisir, Lucas m’a dit qu’il t’avait croisé. La prochaine fois change toi dans la chambre ;) Bisous et bonne journée à toi aussi »

Bon si je comprends bien il lui a dit m’avoir vu à moitié dénudé. Ca a dû la faire rire à nouveau, encore un moyen de me rendre ridicule. Mais comme on dit le ridicule ne tue pas, heureusement pour moi.

Ce n’est pas tout mais il va falloir que je me mette au travail sinon ça ne va pas se faire tout seul.

**********

Fin de journée, je suis sur les rotules, j’ai l’impression d’avoir à la place de la tête une fanfare toute entière. Je n’ai jamais passé une journée aussi longue de toute ma vie. Ce n’est pas mécontente que je descends le rideau du salon de thé.

Allez direction la maison.

Je décide de me faire couler un bon bain chaud, je le mérite après une journée pareille et rien de tel pour se relaxer. Habituellement je mets un peu de musique douce mais là vu le mal de tête que je traine depuis ce matin je préfère rester dans un silence profond.

L’eau est vraiment trop chaude, comme d’habitude je n’arrive pas à doser la température, je mets bien 5 minutes à m’allonger entièrement et là c’est l’extase, tous mes muscles se détendent petit à petit.

Il est ou le bonheur, il est ou…Arff Christophe MAE sort de ma tête !!!

Je reçois un message de Raphaël :

« Salut ma belle, réserve ton samedi 22, soirée du boulot. On prendra les instrus pour faire une petite démo acoustique, ce sera l’occasion de se la péter ;) J’ai vu Lucas, il m’a dit que tu avais dormi avec Alycia, va falloir que tu me racontes tout ça. Bisous »

Je pose le téléphone sur le côté et plonge la tête sous l’eau.

Soirée boulot, je déteste ces soirées « boulot », il m’y amène chaque année et c’est à chaque fois la même chose, que des machos à comparer qui a la plus grosse. Je n’arrive pas à lui dire non, il a l’air si content à chaque fois. Et maintenant il va falloir faire une démo en public pour que Monsieur se la pète. Je les imagine déjà tous lorgner sur Alycia. Rien que d’y penser ça m’agace. Faudrait peut-être que parle à Alycia, je ne vais pas rester comme ça tout le temps. Mais si je lui parle elle va me prendre pour une folle. Non elle est intelligente et elle comprendra. Peut-être qu’elle ressent pareil que moi ? Ne soit pas bête Lex, tu te fais du mal pour rien.

Mon téléphone vibre à nouveau. Si c’est pour encore lire un message de Raphael qui doit se vanter tout seul non merci.

Malgré tout, la curiosité me gagne et lorsque je déverrouille ce dernier qu’elle bonne surprise d’y voir le nom d’Alycia s’afficher. C’est fou quand on pense au loup il apparait.

Et est-ce qu’elle peut apparaitre nue devant moi ? Ok j’en demande trop…

Alors que m’écrit-elle, tout sourire je commence à lire :

« Coucou, je viens de recevoir un message de Raphaël m’invitant à sa soirée boulot, apparemment tu y vas aussi ainsi que Lucas pour que l’on y joue, tu es au courant ? »

Instantanément je lui réponds :

« Oui il vient de m’envoyer un message à ce sujet. Chaque année il m’y invite. Tu n’es pas obligé d’accepter, ses collègues sont assez particuliers dans leur genre »

Autant lui dire la vérité, bien évidemment j’aimerai qu’elle vienne pour ne pas être seule à subir leur regard tordu mais dans un autre sens elle ne mérite pas ça non plus. Je ne tarde pas à avoir sa réponse :

« Je viendrais et puis je ne serais pas seule tu seras avec moi ;) »

Cela me fait sourire. Je reçois un autre texto :

« Dimanche j’ai des amies qui font une halte à la maison avant d’aller en Espagne, ça te dirait de passer la journée avec nous ? Si tu n’as rien de prévu ?»

Dimanche ? Je n’ai rien de prévu comme tous les dimanches en fait et ça me fait plaisir qu’elle me propose.

« Je n’ai rien de prévu, avec plaisir »

Je souris bêtement. Je suis contente de pouvoir passer la journée avec elle et ses amies aussi. Ca me stresse un petit peu de rencontrer d’autres personnes, pourtant j’en rencontre tous les jours au salon mais ce n’est pas pareil. Là il s’agit de ses amies, j’espère qu’elles sont sympas, j’espère qu’elles vont m’apprécier. Et si je ne leur plais pas, elles vont dire à Alycia de ne plus me fréquenter, je ne pourrais plus la voir. Dans un sens ça m’éviterait de penser à elle, mais qu’est-ce que je raconte ? Faut que j’arrête de penser parfois et que je prenne la vie au jour le jour.

Pour le moment je vais profiter de mon bain et je plonge mon corps tout entier sous l’eau.

 

 


 

 

 

CHAPITRE 7

 

I found – Amber Run

 

Dimanche est enfin là, je l’attendais avec impatience. Alycia m’avait dit que l’on irait bruncher en ville et après que l’on irait à la plage. Je n’ai jamais bruncher de ma vie, ce sera une première, même si je connais le concept je n’ai eu ni l’occasion d’y aller ni le courage d’attendre 11h du matin pour manger. J’ai faim dès que je me lève du lit donc patienter 3h le ventre vide m’est inconcevable.

Et je n’ai pas dérogé à la règle, j’ai pris mon petit déjeuner, moins copieux que d’habitude mais j’ai quand même mangé.

Elle m’avait demandé de les retrouver devant l’Irish, le pub ou apparemment délivrait les meilleurs brunchs de la ville.

Je suis donc là dans le froid à les attendre. Il faut dire que j’ai un peu trop d’avance, réveillée bien avant l’heure et malgré le temps que j’ai mis pour choisir mes vêtements, à croire que cela importait, je suis là à patienter. Je n’ai pas oublié mes gants c’est déjà ça, parce qu’il fait un froid de canard. Je rêve d’une bonne tasse de thé chaude.

J’aperçois un groupe de filles au loin. Elles sont environ 5. J’ai le palpitant qui s’accélère, le stress monte d’un seul coup. Je reconnais au loin Alycia à sa démarche. Elles s’approchent de plus en plus, je crois discerner trois blondes et une brune. Arrivé à ma hauteur, j’ai l’impression que mon cœur va sortir de ma poitrine ce n’est sans compter Alycia qui se jette dans mes bras pour me dire bonjour.

-          Salut, je suis contente de te voir 

L’étreignant à mon tour timidement je lui réponds

-          Moi aussi

Elle s’écarte de moi et se retourne vers ses amies :

-          Les filles je vous présente Lexie, Lex voici Carla, Alex, Léa et Thaïs.

-          Salut, je leur fais un petit signe de la main suivi d’un sourire timide.

Chacune d’entre elle s’avance vers moi et me font la bise en me saluant.

-          Allez viens, rentrons, il fera meilleur dedans.

Elle me saisit la main et me tire à l’intérieur du pub suivi de près par ses amies.

On nous installe à une table rectangulaire ou je me pose bien vite au bout laissant ainsi Alycia au milieu entourée de ses amies. Adorable comme elle est, elle est venue se mettre à côté de moi en me glissant dans l’oreille « je ne vais pas te laisser toute seule quand même ». En face de moi il y a Alex si je me souviens bien, en face d’Alycia Léa et à l’opposé Carla et Thaïs.

-          Lucas ne vient pas ? demande l’une des filles pendant que la serveuse nous donne les cartes

-          Non il avait déjà quelque chose de prévu.

-          Il aurait pu faire une exception pour moi enfin pour nous, ajoute-t-elle lorsque l’ensemble des regards se pose sur elle

Alycia se penche vers moi et camoufle la bouche de sa main en me glissant :

-          Ils se cherchent depuis tout petit mais ne se sont jamais trouvés

-          Oui enfin c’est elle qui le cherche, qui lui court après même, annonce Alex en face de moi

-          La seule fois où j’ai couru après lui c’était pour une séance de sport et je n’ai jamais renouvelé l’expérience

-          Parce que tu sais que tu n’as aucune chance ma grande, continue la jeune femme en face de moi prenant un grand plaisir à la titiller

-          Non pas du tout, simplement il court plus vite que moi, le lendemain je ne pouvais plus marcher

-          Hum hum, tu aurais aimé ne plus marcher à cause d’autre chose ? elle regarde la jeune femme dans les yeux

Les deux autres jeunes femmes éclatent de rire pendant qu’Alycia essayant de garder son sérieux réponds à la place Léa :

-          Alex, quand même, je te signale que Lex est avec nous

-          Oh ce n’est pas la première fois qu’elle doit entendre des choses pareilles, je me trompe ? me demande-t-elle

Cette jeune femme me fait rire, elle a l’air d’avoir du tempérament. Je pense qu’on ne doit pas s’ennuyer avec elle.

-          Effectivement, j’ai déjà entendu pire

-          Tu vois, donc il n’y a pas de souci, du reste j’aimerai bien entendre « le pire » un de ces quatre ?

Je souris et hoche de la tête pour acquiescer.

-          Quoi qu’il en soit, Alex, reste zen

-          Toujours ma vieille.

La serveuse revient prendre commande. Je n’ai rien regardé alors je décide de faire confiance aux filles et je prends comme elles.

Je ne suis pas déçue du plat… de l’assiette …du plateau qui se trouve devant moi. C’est vrai qu’après avoir mangé ça je n’aurais plus faim jusqu’à ce soir voir demain matin. Je me frotte les mains à l’idée de gouter toutes ses bonnes choses. Je suis un ventre sur pattes, je ne l’avais pas dit, maintenant vous savez.

Alex en face de moi me regarde silencieusement mais avec un regard qui en dit long sur sa personnalité :

-          Alors soit c’est la première fois soit tu as vraiment très faim

-          Première fois

-          Il en faut toujours une, elle finit sa phrase par un clin d’œil

Ok ça s’est fait, je sens la chaleur me monter au visage.

-          A ce qu’il parait tu joues très bien de la guitare ?

-          Ça va, j’essaye de faire ce que je peux, j’ai appris seule alors je n’ai pas forcément les bases d’un vrai guitariste

-          C’est tout à ton honneur. Tu dois vraiment être habile de te doigts ?

-          Hein ? Pourquoi est-ce que je comprends ça dans un sens qui n’est pas celui de la musique. Je me sens encore plus rougir ce qui l’a fait sourire. Elle m’a démasqué, oh mon dieu ! Reste calme et continue musique. Je ne suis pas soliste, je préfère la rythmique, et toi tu joues d’un instrument ?

Alycia pose sa main sur mon genou et enchaine :

-          Elle joue du pipo principalement. Si elle t’embête tu me le dis, m’annonce t’elle en me regardant droit dans les yeux. Elle est si belle si proche et elle à l’air si accessible. J’ai tant envie de l’embrasser. Mais je suis vite ramenée à la réalité par un raclement de gorge. Alex en face de moi me fait un clin d’œil non dénué de sens.

Ok un point pour elle et moi j’ai envie de me coucher sous la table et traverser le sol.

Sa main se retire trop rapidement à mon goût pendant qu’Alex prend la pose d’une femme totalement choquée par les propos d’Alycia.

Le repas se passa dans une très bonne ambiance. Elles se connaissaient toutes depuis l’enfance, elles avaient pris des cours d’équitation ensemble. Malgré les années elles ne s’étaient pas perdues de vue. Je trouvais ça vraiment super de garder contact durant autant de temps.  J’avais cru comprendre que Léa était elle aussi juriste, Alex et Carla commerciales, vu le bagout de la première cela ne m’étonnait guère et Thaïs était vétérinaire. Alex m’avait bombardé de questions, pendant une courte période elle s’était dressée devant moi comme l’inquisition, je n’osais même plus manger c’est pour dire. Malgré tout elles avaient l’air toutes vraiment très sympa. Ca me faisait plaisir de voir Alycia avec ses copines, elle n’était pas différente elle était juste elle-même. J’appréciais cela. J’aimais beaucoup cette nouvelle proximité qui s’était établi entre nous durant ce brunch. Alycia était plus tactile, elle prenait soin de moi me demandant souvent si j’allais bien, si tout se passait bien. Malgré mon côté légèrement sauvage, je trouve que pour une première fois je me débrouillais pas  si mal que ça. Je parlais assez facilement de tout sans pour autant attendre que l’on me pose des questions.

Chacune d’entre nous a commandé soit un thé soit un café pour terminer ce brunch. Moi et le thé c’est une grande histoire d’amour mais ça veut dire aussi que j’ai une grande histoire d’amour avec les toilettes. Nul n’est sensé savoir que le thé est diurétique…rajouté à cela le froid extérieure et on a gagné le jackpot.

Je retiens depuis un petit moment ce liquide qui grandit dans ma vessie. Je m’excuse auprès du groupe évoquant une envie folle d’aller voir la déco des toilettes.

C’est le moment ou jamais de mourir noyé dans la cuvette des toilettes.

Je regarde mon reflet dans le miroir. Mes yeux ne me trompent pas. Elle m’attire plus qu’elle ne le devrait et j’ai envie d’elle, mais…Oui il y a toujours un mais. Anna serait là elle me dirait de me laisser aller, de vivre le moment présent. Plus facile à dire qu’à faire je le répète.

C’est dans des moments comme ceux-là que Fanny me manque le plus. Ma complice, ma confidente, elle aurait su trouver les mots qui m’auraient fait avancer. Elle me manque tellement encore maintenant. Nous étions vraiment contraire, elle était exubérante, la joie de vivre, toujours à faire la folle. Je baisse la tête et regarde la vasque fermant les yeux quelques instants. Je retiens en moi une douleur dans mon cœur.

La porte des toilettes s’ouvre soudainement et me fait sursauter. Un regard sur l’inconnu qui rentre me décide à sortir de cet endroit qui ne sent pas la rose.

Je me dirige vers la table des filles ou Alycia me regarde en me faisant signe de demander l’addition.

Je cherche à interpeller une serveuse lorsque mon regard se pose sur deux femmes rentrant dans la brasserie. Je ne sais pas pourquoi mais je me retourne si vite que je manque de faire tomber un des serveuses :

-          Excusez-moi

-          Il n’y a pas de mal

La femme qui vient de rentrer n’est autre que Lena l’artiste peintre de l’exposition sur le thème de la « Peau ». Pourquoi je réagis comme ça ? Certes j’avais bien compris qu’elle me faisait du rentre dedans la dernière fois mais là, elle a l’air en bonne compagnie de ce que j’ai vu, et puis elle ne m’a pas vu donc tout va bien.

-          Je pourrais avoir l’addition s’il vous plait ?

-          Oui pas  de souci.

Je reprends le chemin de la table lorsque je l’entends me dire :

-          Attendez, je vous la donne

Elle avait dit cela si fort que toute la salle l’avait entendu.

Si je voulais passer inaperçu et bien ce sera pour une prochaine fois. Je ne manque pas de croiser le regard de Lena qui grand sourire s’approche de moi. Je lui retourne le sourire mais j’essaye de camoufler mon malaise.

Faites qu’Alycia ne nous voit pas, pitié, pitié, pitié…

-          Lexie, salut, quelle bonne surprise de te trouver ici

Elle me fait la bise.

-          Salut Lena

-          Tu te souviens de moi ?

Comment me mettre dans l’embarras ? Ca à l’air de bien la faire sourire en tout cas.

-          Comment oublier après une exposition pareil, j’en ai rêvé toute la nuit.

-          Ah bon ? Tu rêves de moi ?

Ok ça s’est fait. Je pense que j’illumine la pièce vu la chaleur qui me monte au visage.

Elle éclate de rire :

-          C’était facile j’avoue. Mais si tu as aimé l’exposition, il y en a une autre bientôt en ville d’un ami, ça te dit ?

Je ne sais pas quoi répondre. Je n’ai pas trop aimé la première alors m’en coltiner une seconde non merci. Je ne voudrais pas non plus la froisser, alors comment lui dire non merci.

Je sens une main se poser dans mon dos ce qui me sort de ma réflexion.

Alycia vient de nous rejoindre. Merci ma chance. Je me sens encore plus rouge.

Mettez-moi un halogène sur la tête s’il vous plait.

Les deux femmes se regardent mutuellement, s’examinant dans un premier temps et je vois que ca plait assez à Lena. Cette femme est diabolique. En même temps quand on voit ce qu’elle peint ca ne m’étonne pas, il faut avoir un peu de perversion en soi pour faire cela.

Allez dis quelque chose Lex, réfléchis…

-          Alycia…..

Elle me regarde m’interrogeant du regard qui a l’air un tant soit peu glaciale.

-          Alycia je te présente Lena, c’est l’artiste qui a peint la plupart des toiles de l’exposition sur la Peau…

Son regard s’attendrit et un sourire prend forme.

-          C’est vrai ? elle regarde Lena. Je suis enchantée. J’ai adoré l’exposition.

-          Merci, je suis ravie que ça vous ai plu.

-          Et comment. Vos œuvres sont vraiment sublimes. J’aime beaucoup votre style.

-          Je disais à Lexie il y a une minute qu’une autre exposition du même genre aura lieu bientôt  en ville, si ça vous dis ?

-          Ah oui ? elle me regarde avec dans ses yeux comme des étincelles.

Etant restée muette pendant tout ce temps, j’ose dire :

-          D’accord on viendra.

Alycia m’attrape le bras auquel elle s’accroche pour me remercier.

-          C’est parfait alors. Tu me donnes ton numéro pour que je t’envoie l’adresse, me demande Lena.

Pas mal le subterfuge pour avoir mon numéro, elle aurait très bien pu me donner l’adresse oralement. Je lui dicte les quelques chiffres quelle pianote habillement sur son téléphone.

-          Très bien, alors je vous dis à bientôt.

-          Oui à bientôt, réponds Alycia qui après que Lena commence à partir, retourne voir ses amis au comptoir en train de payer.

Je vois Lena se retourner et m’adresser un clin d’œil.

Je suis dans la M**** mouise !

**********

Les filles ont décidé de faire du shopping. Par chance pour elles, nous sommes un des 3 dimanches d’avant Noël donc les boutiques sont ouvertes. Quand je veux dire par chance, c’est que je n’aime pas trop faire les boutiques. Trop de fringues partout, de toutes sortes, dans tous les sens. Pour ma part quand je rentre dans une boutique, je fais le tour en deux minutes il faut que le vêtement me saute au visage sinon je file sans même regarder. Tout le contraire de ses filles qui regardent vêtement par vêtement.

Nous en sommes au deuxième magasin que j’en ai déjà marre. Heureusement pour moi j’arrive à dissimuler ma lassitude.

-          Je comprendrai si tu as envie de partir, me glisse Alycia derrière mon dos

Nota bene, prendre des cours de théâtre, ça pourrait m’aider à l’avenir.

-          Non ça va t’inquiètes.

-          Oui je m’inquiète, tu as l’air de t’ennuyer

-          Non, non ça va je t’assure, c’est juste que les magasins ce n’est pas trop mon truc le pire c’est que j’avais envie de renouveler ma garde-robe

-          Je comprends, en tout cas je peux t’aider pour renouveler ta garde-robe. Les filles ont de quoi s’occuper pendant un long moment alors je suis toute à toi, ajoute-t-elle avec un grand sourire.

Toute à moi ? Dis comme ça je ne peux qu’accepter.

-          C’est gentil mais tu ne préfères pas plutôt être avec tes amies qu’avec moi ? Tu sais les habits pour moi ce n’est pas pressé.

-          Non je préfère être avec toi et j’ai assez bon gout niveau fringues

-          Ah bon ? On n’a pas les mêmes gouts alors, je me retiens de rire ouvertement.

-          Hey méchante, elle me tape le bras

-          Aie, dis-je en me frottant l’endroit du martyre

-          C’est pour ce que tu viens de me dire

-          Je plaisantais voyons, tu frappes une innocente

-          Innocente, innocente, je ne suis pas si sûre de cela

Elle me dit cela en passant tout contre moi et proche de mon oreille. J’ai cru défaillir un moment.

-          Allez viens ma belle que je te relook

Ma belle ? Relook ? Hein ? Quoi ?

Ça doit bien faire une heure que l’on est dans le magasin où elle s’acharne à me trouver des vêtements et à me les faire essayer. C’est simple, pendant que je patiente dans la cabine, elle fait des allers-retours pour m’amener des vêtements…enfin le mot patiente n’est pas le bon, car je fais du quick change. Je ne sais pas comment elle fait pour aller aussi vite et me trouver autant de trucs à essayer.

-          Tiens un dernier, elle dépose cela en passant simplement le bras sur le côté du rideau.

-          Pitié dis-moi qu’il n’y a plus de vêtements dans la boutique, j’en peux plus

Je l’entends pouffer de rire l’autre côté.

Je me débats avec le jean qu’elle vient de me donner et me regarde dans le miroir.

Il est pas mal. Très moulant par rapport à ce que je prends d’habitude mais j’aime bien. Je me retourne pour regarder mes fesses et vraiment pas mal. Si j’avais su, j’en aurai essayé un comme ça bien plus tôt.

Je décide d’essayer un haut qui pourrait aller avec ce bleu ciel. J’enlève celui que je porte et attrape le haut noir à manche longue.

-          Alors ce jean ?

-          Vraiment pas mal…

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que le rideau s’ouvre grandement me laissant à moitié nu devant elle.

Ok j’exagère mais je ne porte que le jean et mon soutien-gorge.

Face à ses yeux écarquillés je réalise qu’il me faut camoufler mon torse ce que j’avais fait instinctivement. J’ai l’impression que ses yeux me brulent en me regardant. Est-ce que je devine du désir quand elle me regarde comme cela ? Ses pommettes rougissantes et sa bouche entre-ouverte me font croire que je ne la laisse pas indifférente.

Mais soudainement je me souviens que le miroir derrière moi laisse apercevoir quelque chose qu’elle ne devrait pas voir. Et lorsque je pense à cela ce que je prenais pour du désir ce confirme, elle regarde le miroir.

J’attrape le rideau que je ferme brusquement puis vais me coller au coin de la cabine resserrant davantage le vêtement contre moi.

Et merde !

-          Excuse-moi Lex, je n’ai rien vu.

Mais bien-sûr !

Je me rhabille plus vite que la lumière et décide de sortir.

Elle m’attend juste en face du vestiaire. Je dépose toutes les fringues à la femme qui s’occupera de ranger tout ça à ma place sans la regarder.

Je ne sais pas ce qui m’agace le plus, le fait qu’elle m’ait surprise à moitié nue ou croire voir du désir dans son regard ou alors qu’elle ait vu ce que je tente de dissimuler depuis deux ans déjà.

J’ai envie de partir.

-          Lex, pour…

Je ne l’a laisse pas continuer et la coupe en la fixant net dans les yeux :

-          Ce n’est pas grave. Je vais devoir y aller de toute façon. Tu peux rejoindre tes amies, j’arrive dans une minute vous dire au revoir.

Je la vois hésiter en ouvrant la bouche pour dire quelque chose puis elle se rétracte. Elle m’adresse un signe de tête et s’en va.

Je souffle. Je remercie la dame et part tout de même avec le jean bleu ciel et le haut noir.

Une fois payée je les rejoins à l’extérieure. J’ai le cœur qui s’emballe.

-          Oh tu as fait des emplettes ? Tu as trouvé quoi ? me demande Carla toute curieuse.

-          Juste un jean et un petit haut et vous ?

Toutes les filles me montrent l’ensemble de leur sac. On ne joue pas dans la même cour clairement, j’ai l’impression qu’elles se sont pris pour Pretty Woman.

-          En tout cas merci pour la journée, mais je vais devoir y aller.

-          Non déjà ? réplique Carla à nouveau

J’observe Alycia du coin de l’œil et voit Alex lui parler à l’oreille et Alycia secouer la tête.

-          Oui j’ai du travail qui m’attend pour demain. J’ai été ravie de faire votre connaissance et j’espère vous voir un jour au salon.

-          On passera avec plaisir dès que l’on reviendra ici.

Je fais la bise à l’ensemble des filles. Alex a un regard sur moi plus désolée que ce qu’elle dégage habituellement. Je termine par Alycia qui me dit doucement un « à bientôt » assez nerveux.

Un sourire plus tard je m’en vais les laissant à leur shopping.

Pour moi c’est direction l’appartement.

 

 


 

 

 

CHAPITRE 8

 

Watch over you (Acoustic) – Alter bridge

 

-          Tu as vu, j’ai fait des progrès, je montre pelle et balayette, je me suis dit qu’aujourd’hui était le jour du nettoyage. Je ne sais pas qui s’occupe de tout ça ici mais ça laisse à désirer. J’arrache quelques mauvaises herbes et les jette dans le sac poubelle que j’avais amené. Bon j’ai pleins de trucs à te raconter, alors par quoi je vais commencer ? ah oui j’ai rencontré quelqu’un, en fait non je ne l’ai pas rencontré c’est plutôt Raphaël qui l’a rencontré et il nous a présenté, pour le groupe. Oui on a reformé le groupe, j’espère que tu ne m’en veux pas ? Bien sûr que non, tu me dirais : ma vieille vie ta vie. Alors c’est une fille, une femme, enfin ça tu t’en doutes…Elle s’appelle Alycia, elle est vraiment très jolie, gentille…je suis sûre qu’elle t’aurait plu. Elle chante super bien aussi, pas comme toi mais super bien quand même, elle a une voix douce qui me fait craquer à chaque fois. Oui oui, je sais très bien ce que tu me dirais, et bien non je ne lui ai rien dis pour moi. Je n’ai pas envie de gâcher cette nouvelle amitié, surtout que l’a dernière fois elle m’a vue à moitié nue et j’ai été assez froide quand elle a remarqué mes cicatrices donc…depuis je ne lui ai pas reparlé. Elle m’a envoyé un texto auquel j’ai répondu vaguement…oui je sais je devrais être plus sympa, mais je ne sais pas, j’ai du mal à m’ouvrir et pourtant je voudrais tu sais. Oui tu sais, tu me connais par cœur, enfin tu me connaissais…

 

C’était le jour J, je m’entends, le jour de la soirée boulot de Raphaël.

J’avais envie d’y aller comme de me pendre.

On avait répété une seule fois avec le groupe pour mettre en place cela et mon contact avec Alycia avait été assez distant. Mais plus de son côté que du mien. Moi je m’étais remise de tout ça et étonnamment c’était elle qui avait tenu la distance.  J’avais peut-être été trop direct le jour du shopping ou par message. Mais pour ce soir il me faut penser à autre chose.

J’allais être confronté à de gros machos, masochistes et imbus de leur personne.

Merci Raphaël pour cette super soirée qui m’attend. Me pendre aurait été plus doux.

Ce dernier parle avec ses collègues et tous font plus de bruit qu’il n’en faut. Pour ma part je reste proche du bar, je crois que j’en suis à ma seconde coupe de champagne. Je n’ai vraiment pas envie de jouer ce soir, je ne sais toujours pas ce qu’il lui a pris de proposer cela mais rien que d’y penser, ça m’agace.

-          Lex tu es prête ? me demande Raphaël

-          Le ridicule ne tue pas alors oui

-          Hein ?

-          Non rien, je suis prête, ou sont les autres ?

-          Lucas est au fond avec Marc, le férue de sport et Alycia papote avec mon directeur

Ne serais-ce pas une manigance pour mettre son directeur dans ses chaussettes.

-          Tu te sers d’elle ?

-          Non pas du tout, ce n’est pas mon genre !

Ben voyons

-          Mais si ça peut aider ma carrière pourquoi pas, je ne voudrais pas les déranger.

Je lève les yeux au ciel. Son directeur est marié et pourtant ce mot sonne en lui comme évasion. Il ne perd pas un instant pour tromper sa femme, draguer tout ce qui l’entoure et pour le moment il a jeté son dévolu sur Alycia.

-          Arrête ça de suite Raph, ce n’est pas correct.

-          Ok, ok de toute façon on va jouer quelques morceaux donc…

J’avale d’une traite la fin de ma coupe et suis Raphaël qui a tout installé. Lucas vient me faire une accolade pour me dire bonjour, levant les yeux et soufflant légèrement en montrant Marc qui l’a accosté tout ce temps.

-          Ils sont bavards ses collègues, me dit-il en se penchant pour attraper sa basse.

-          M’en parle pas

Alycia arrive au bras du directeur de Raphaël. Elle a un grand sourire sur les lèvres. Je n’aurais jamais cru que c’était son genre d’homme. Deux fois son âge…Elle n’est pas venue me dire bonjour encore ou plutôt bonsoir, peut-être a-t-elle été prise en grippe dès son arrivée. Pour ma part, je suis tellement concentrée sur mes coupes de champagne que je n’ai pas fait attention à eux.

-          Hey salut, ça va ?

Alycia détache son bras du directeur et vient prendre place au micro.

-          Salut oui très bien.

Un petit sourire plus tard elle se retourne et fait face à la foule.

Ok, elle est froide où c’est moi. Pas le temps de réfléchir que nous commençons à jouer.

4 chansons plus tard, nous sommes applaudis. Tous les hommes regardent ALycia et toutes les femmes se ruent vers Lucas. Raphaël et moi nous regardons et d’un comme un accord de tête allons vers le bar.

-          Tu as la paix comme ça, me dit Raphaël

-          Comment ça ?

-          Regarde-les, ils sont tous obnubilés par ces deux là

-          Oui c’est vrai

D’un côté je suis heureuse d’être tranquille, de l’autre un peu déçu de voir que je n’intéresse personne et même plus Alycia. Elle m’a presque ignoré, à peine une petite réponse. Bien plus intéressé par le directeur à croire. J’attrape à nouveau la coupe derrière moi. Dans un sens je ne voulais pas venir ni affronter ces personnes donc pourquoi je regrette ce peu d’intérêt pour ma personne…

Moi-même je n’arrive pas à me suivre…

-          Quelque chose te tracasse ? me demande Raphaël en regardant la coupe monter à ma bouche

-          Non rien

Ils tournent des yeux. Il attrape lui aussi la coupe derrière lui et la boit d’une traite.

-          Tu sais tu devrais lui dire pour toi, je veux dire, je vois bien qu’elle te plait alors dis-lui.

-          A toi aussi elle plait

-          Oui mais moi elle m’a déjà viré et de toute façon toutes les femmes me plaisent, il m’adresse un grand sourire. Tandis que toi, difficile comme tu es…Aie…

Je lui tape le bras.

-          Laisse tomber Raph, ton directeur a l’air de lui plaire on dirait.

-          Hum….

-          Bon allez je vais rentrer, et puis tu n’as plus besoin de moi de toute façon, elle a pris la relève…

Je me lève, met mon sac sur mon épaule.

-          On se voit dans la semaine ? me demande-t-il

-          Oui bien sûr tu sais ou me trouver

-          Oui toujours

Je lui fais un bisou sur la joue et prend la direction de la sortie lorsque je sens une main s’accrocher à mon bras. Ce geste m’oblige à me retourner surprise par l’arrêt forcé.

En face de moi, un homme alcoolisé, son regard divergent, son air titubant et son odeur le trahissent avant même qu’il n’est ouvert la bouche.

-          Hey ma belle… tout à l’heure…quand…quand tu jouais…wouah

Il fait des gestes avec sa main pour accentuer ses dires qu’il a du mal à sortir.

-          Tu es vraiment bonne…

Je dois prendre ça dans quel sens ???

-          Je me disais…tu vois j’ai toujours voulu apprendre  à jouer et tu…tu pourrais m’apprendre…tu bois un coup… ? il regarde dans tous les sens à la recherche d’une boisson

-          Non merci ça ira, je remets mon sac sur l’épaule prête à reprendre ma route mais sa main vient encore accrocher mon bras

-          Allez sois cool ma belle, un petit verre.

-          Non merci, dis-je sèchement en retirant mon bras de son emprise

-          Hum tu es farouche, j’aime ça…

Je ne prends même pas la peine de répondre, trop fatiguée pour me confronter à un con en état d’ébriété. Je lève les yeux au ciel.

Je n’ai pas le temps de faire 3 pas que je l’entends hurler derrière moi :

-          Allez quoi ? juste un verre ou est-ce que ce que ton pote m’a dit est vrai ?

Parler aussi fort à fait se retourner quelques pairs d’yeux vers nous. Tout ce qui me manquait : un bon public.

Je déteste ce genre de personnes qui ne savent pas se contrôler après avoir bu quelques verres. Obligé de s’afficher en public, de se prendre pour un surhomme le temps de quelques instants et surtout de me prendre la tête à cet instant précis.

Je prends sur moi le temps d’un moment mais j’en ai marre. Marre d’avoir à faire à des cons pareils, marre de cette soirée de merde, tout me gonfle et je ne souhaite qu’une chose rentrer chez moi au calme.

Prend sur toi Lex, prend sur toi…

Je tourne les talons de nouveau ne voulant plus être là.

-          Hey la gouine allez viens boire un verre, ça peut-être marrant

Est-ce que j’ai bien entendu ce que je viens d’entendre ? Je sens à ce moment-là l’ensemble des regards posés sur moi. Presque plus aucun bruit dans la salle. Je déglutis difficilement puis je prends mon courage à deux mains et me retourne vers cet énergumène que j’ai envie de massacrer.

Je vois Raphaël faire une drôle de tête, derrière le gars. Il doit se mordre les doigts d’avoir raconté cela, je m’occuperai de son cas une prochaine fois.

Lentement je me rapproche du mec jusqu’à aller lui souffler contre son oreille.

-          La gouine elle te conseille de te t’asticoter seul. Evite ton reflet tu risquerais de perdre toute envie. Je le regarde de haut en bas et avec un sourire en coin j’ajoute : quoique je me demande si tu as déjà réussi à attirer quelqu’un avec ton physique pitoyable…

Un dernier regard sur Raphaël qui n’ose presque pas me regarder, il sent la culpabilité à plein nez. Du coin de l’œil je crois distinguer Alycia qui me fixe. Les conversations ont repris dans la salle surement à mon sujet. C’est un sujet qui fait parler et qui intéresse. Les gens sont curieux et ça les interpellent, ils se posent des questions. J’essaye de faire abstraction des messes basses qui se propagent à mon passage vers la sortie. De toute façon, je ne vais pas me justifier devant tout le monde. Ma vie privée ne les regarde pas.

Comme je l’ai déjà dit, me pendre aurait été plus doux.

Et l’ascenseur qui n’arrive pas. J’ai vraiment la poisse ce soir. Je n’arrête pas d’appuyer sur le bouton pour l’appeler pensant que cela va allez plus vite mais pas du tout, cela ne sert à rien, juste à faire ressortir mon agacement.

-          Lex ? 

Je retourne et voit un Raphaël tout penaud à 2 mètres de moi. Mais à cet instant précis cela ne m’attriste guère, je suis trop énervée contre lui, contre tout le monde dans cette salle pour avoir une quelconque pitié.

-          Lex, excuse-moi, je ne pensais pas que ça allait prendre cette tournure, dit-il tout bas

-          Tu ne pensais pas ? et tu pensais à quoi en racontant ma vie privé à tout le monde.

-          Je ne l’ai dit qu’à lui, un soir… lorsque j’étais bourré

-          Alors arrête de boire et de parler de moi car maintenant tout le monde est au courant. Tu pensais à quoi vraiment ? Ça vous excite vous les mecs.

-          Ce n’est pas vrai Lex, ne dis pas ça

-          Pas vrai, alors pourquoi tu parles de ma sexualité à tes collègues ? wouah super je connais une lesbienne, trop bien. C’est vraiment une info intéressante.

-          Il voulait en savoir plus sur toi, il voulait t’inviter à sortir et comme il insistait je lui ai dit, je sais que je n’aurai pas dû

-          Oui tu n’aurais pas dû !!!

L’ascenseur ouvre enfin ses portes devant moi. Je ne prends pas la peine de le regarder et pénètre dedans. En me retournant j’aperçois le reflet d’Alycia sur le miroir de côté. Ma chance à moi, elle a assisté à la scène. Et bien au moins elle est vraiment au courant pour moi. Peu importe ! Vu l’ignorance de ce soir je me fou de tout à cet instant précis.

Sur le chemin du retour je reçois des appels de Raphaël auxquels je ne réponds pas ainsi qu’un message :

« Lex je suis désolé, s’il te plait appelle-moi qu’on en parle »

Je remets le téléphone dans mon sac, pas envie de lui répondre maintenant, ni demain, ni pendant un long moment. Le téléphone sonne encore. Il n’a pas compris le message, ne pas répondre veut dire « foutez-moi la paix ». Je mets ce dernier sur vibreur pour ne plus être déranger par la sonnerie.

**********

00h26

Mais qui peut frapper à ma porte à cette heure-ci ?

J’ai la tête dans le coltard, j’ai eu du mal à m’endormir, j’ai l’impression que je viens à peine de fermer les yeux. Difficilement j’enfile mes chaussons et me lève pour aller ouvrir la porte.

Mais, la main sur la poignet, je m’arrête un instant et sens mon cœur s’emballer dans ma poitrine. Minuit trente, quelqu’un frappe et si c’était un cambrioleur ? Ne raconte pas n’importe quoi Lex, tu te fais des films à force d’en regarder, crois-tu qu’un cambrioleur frapperait à la porte ? Me dis-je intérieurement.

Ca frappe à nouveau et cela me fait sursauter.

-          Oui ? je demande cela à travers la porte sans l’ouvrir, mon cœur battant la chamade dans ma poitrine

-          Lexie, c’est moi, Alycia

Alycia ? Mais qu’est-ce qu’elle fait là ?

Je tourne la clé dans la serrure et entre ouvre la porte.

Je vois face à moi une Alycia emmitouflé dans une superbe doudoune noir faisant ressortir ses joues rosies par le froid.

-          Je ne te dérange pas ?

Si je dormais en fait, mais je ne vais pas lui répondre ça si brutalement

-          J’étais au lit.

-          Ah ok, je voulais juste savoir comment tu allais ?

Un simple texto aurait suffi au lieu de se déplacer.

-          Ca va

Je n’ai vraiment pas envie de faire la conversation. Et malgré qu’elle soit sublime devant moi, vu ce qui s’est passé ce soir et au vu de ces diverses changements d’attitudes, ce n’est vraiment pas le moment. La seule chose qui m’attire à l’heure actuelle n’est autre que le lit.

Elle passe sa langue sur sa lèvre du bas et n’ose me regarder directement, je commence à perdre patience, alors je décide de prendre sur moi quelques instants afin de la congédier délicatement.

-          Si c’est pour la soirée, ça va aller, j’en ai vu d’autre, t’inquiète pas…

-          Tu es sûre ? Je veux dire tu peux m’en parler si tu as besoin

-          Je n’ai pas besoin d’en parler, tout va très bien et puis c’est ma vie privée, je préfère gérer ça seule

Elle prend un instant avant d’ajouter :

-          D’accord ça me rassure, je te laisse tranquille alors, on s’appelle demain ?

-          Oui pas de souci, dis-je en forçant un sourire

-          Super à demain alors et elle s’éloigne doucement. Je referme la porte derrière elle.

 

Sacré soirée !!!

**********

- Alors comment était la soirée ? Me demande innocemment Anna grand sourire aux lèvres

Mes gros yeux lui font ajouter :

-          Pas très bien on dirait…

-          Le mot est faible, dis-je en m’asseyant sur un tabouret du bar

-          Autant que ça ?

-          Tu n’as pas idée, je prends ma tête entre mes deux mains et mes doigts s’écartent délicatement dans ma chevelure, qui pour une fois j’avais laissé détaché.

-          Ba vas-y raconte, ça ne peut pas être pire que la fois ou tu as glissé sur de la farine dans le salon et que tu t’es vautrée par terre laissant entrevoir ton…

Elle me scrute de ses yeux plissés :

-          Pire que ça ?

-          Raphaël a raconté à un de ses collègues mon orientation sexuelle. J’ai refusé ses avances et il l’a crié devant tout le monde pour me faire réagir

-          Non ?

-          Si, si, tout le monde s’est retourné pour me regarder, les gens chuchotaient, me regardaient, enfin… une soirée de merde

-          Et bien je n’aurai pas aimé être à ta place

-          Moi non plus…je vais lui faire sa fête en tout cas, il va me le payer

-          Raphaël ? Je m’en charge si tu veux, me dit-elle en se frottant les mains

-          Non c’est gentil, je m’en occuperai mais plus tard. Bon allez je vais en cuisine, que personne ne rentre, ne le laisse pas s’incruster surtout.

-          Oui compte sur moi.

Je rentre dans ma tanière et rien ne me fera plus de bien que de me mettre aux fourneaux.

La première chose que je décide de préparer est, vous l’avez deviné, des cookies. J’adore en faire et surtout les manger même si mes fesses et mes hanches ne sont toujours pas d’accord. Mais leur texture est si agréable dans la bouche que je m’en délecte à chaque fois.

Pas le temps de me retrouver seule depuis quelques minutes que j’entends quelqu’un toquer à la porte.

Surprise de la voir ici, j’annonce d’un ton un peu sec :

-          Alycia, qu’est-ce que tu fais là ?

-          Salut, je te dérange ?

Alors comment dire que depuis hier soir elle ne fait que ça, mais son petit air tout mignon me fait me taire.

-          Non pas du tout

Je déteste ce que je ressens parfois

-          Ah super, elle rentre dans la cuisine, est-ce que je peux t’aider ?

Je regarde autour de moi à la recherche de ce qu’elle pourrait faire puis accepte son invitation.

Je la regarde du coin de l’œil et la vois consciencieuse dans les petites tâches que je lui ai confiées. Rien de très gratifiant ni de très compliqué. Coupé des fruits confits en lamelles pendant que je mets au bain marie du chocolat noir dans lequel trempé ces gourmandises par la suite.

C’est inhabituel de sa part de ne pas parler. Peut-être n’ose-t-elle pas aborder la conversation sans crainte de parler d’hier soir.

Je fais donc le premier pas :

-          Tu ne travailles pas aujourd’hui ?

-          Si regarde je n’arrête pas, elle me montre ce qu’elle fait, cela me fait étirer un sourire qu’elle me rend sublimement.

Je sens que je vais fondre aussi vite que mon chocolat.

-          J’ai posé ma journée

J’hoche de la tête et retourne à mon chocolat. Je l’a vois ouvrir et fermer la bouche par moment. Elle a envie de parler mais n’ose peut être pas en parler.

-          Vas-y dis-moi, je vois bien que tu as envie de me dire quelque chose, alors je t’écoute ?

Elle me regarde mi effrayée mi curieuse :

-          Je me demandais juste pourquoi tu ne m’en avais pas parlé ?

-          De quoi ? demandais-je tout en sachant très bien où elle veut en venir mais le fait est que je veux l’entendre de sa bouche

-          Que tu aimes les femmes ?

-          Le moment ne s’est pas présenté et puis comme je te l’ai dit hier soir il s’agit de ma vie privée.

-          As-tu honte ?

-          Honte ? moi ? non pas du tout mais ça ne regarde que moi avec qui j’ai envie de couché.

Je suis légèrement agacée. Pourquoi les gens sont si curieux, pourquoi veulent-ils tous tout savoir sur les autres ?

Je m’approche d’elle pour attraper les fruits confits et elle fait un pas de recul.

J’hallucine ou quoi ?

Lesbienne ne veut pas dire contagieuse.

Je touille le chocolat assez rapidement, peinée par sa réaction mais une phrase me trotte dans la tête :

-          Tu vois c’est ce genre de réaction que j’essaye d’éviter.

Elle me regarde comme si elle ne comprenait pas ce que je disais.

-          Ne t’inquiète pas je ne vais pas te sauter dessus si c’est ce qui te fait peur. Merci pour ton aide, je vais finir toute seule !

Je ne la regarde pas et entend un couteau se poser sur l’établi de cuisine.

-          Je n’ai pas peur et la dernière fois que tu as voulu me sauter dessus tu t’es retrouvée par terre. Elle rigole à moitié. Excuse-moi pour ma réaction mais ce n’était pas toi, c’est simplement que…j’aurai aimé l’apprendre dans d’autres circonstances plutôt que par ce mec.

-          Oui moi aussi mais c’est comme ça maintenant…

Elle me regarde de ses yeux intenses et je me sens encore défaillir. C’est fou l’effet qu’elle me fait.

Elle m’attrape la main et me dit :

-          Je voulais te dire aussi quelque chose à mon sujet.

Elle joue avec mes doigts et mon cœur s’emballe dans ma poitrine. Elle n’imagine pas un instant ce qu’elle me fait ressentir et moi je ne sais pas comment je fais pour me contenir.

-          Tu sais moi …

Elle n’a pas le temps de finir sa phrase qu’Anna fait irruption dans la cuisine.

-          Lex, il est là, depuis 10 minutes. Il ne veut pas partir. J’ai tout essayé mais il ne bouge pas.

Elle prend un instant pour nous regarder, passant son regard de nos mains jointes à nous deux.

-          Heu pardon, j’ai coupé quelque chose. Je vais m’en occuper ne t’inquiètes pas. Continuez là ou vous en étiez, elle finit sa phrase par un clin d’œil puis s’en va en sifflotant.

Je regarde Alycia puis réalise qu’elle me tient encore la main. Je la retire doucement c’est plus sûre pour elle comme pour moi.

-          Je devrais aller voir si Anna s’en sort, je ne suis pas sûre que Raphaël parte aussi facilement.

-          Oui d’accord.

-          Mais tu voulais me dire quelque chose ?

-          Ça peut attendre, va plutôt régler tes comptes, elle monte le poing devant elle comme une boxeuse.

Cela me fait sourire.

-          Lex ?

-          Oui

-          Je suis là si tu as besoin de moi…pour n’importe quoi.

-          C’est gentil, merci.

Allez, je pars faire la fête à mon meilleur ami, il a intérêt à bien se faire pardonner parce que je peux être rancunière quand je le veux. Enfin la dernière fois j’ai tenu une heure, peut être que j’arriverai à mieux faire cette fois-ci.

 

 


 

 

CHAPITRE 9

 

Snuff – Corey Taylor

 

Anna fait barrage comme elle peut. Son petit corps en comparaison de celui Raphaël ne lui laisse guerre l’avantage mais malgré tout, elle arrive à le contenir.

Par-dessus son épaule, Raphaël me voit revenir de la cuisine.

-          Lex ? il contourne Anna et vient à ma rencontre.

Je ne prends même pas la peine de répondre. J’ai envie de le faire languir. Il le mérite bien.

-          Lex, pour hier, excuse-moi. Je sais que j’ai fait le con en lui disant que tu aimais les femmes mais je pensais que ça allait le calmer, je n’aurai jamais cru une seule seconde qu’il fasse ce qu’il a fait.

Je range quelques affaires de derrière le comptoir.

Anna vient me rejoindre et ajoute :

-          Si tu veux que je le mette à la porte, tu n’as qu’un mot à dire.

Je la remercie d’un petit geste de la tête.

-          Si tu veux que moi aussi je le mette dehors, annonce Alycia en sortant de la cuisine

-          Hein ? mais vous vous liguez toutes contre moi les filles ? Et comment ça se fait qu’elle a eu le droit de te voir alors que moi j’ai dû patienter ? demande Raphaël en faisant son air ahuri

Je le fixe dans les yeux.

Il baisse la tête puis la relève doucement et ajoute :

-          Ecoute Lex, je sais que j’ai fait une grosse connerie et je m’en excuse. Mais le mal est fait et je ne peux pas revenir en arrière, si je le pouvais je le ferai mais ce n’est pas le cas. Je n’ai pas envie que notre amitié soit tachée par cette connerie. Tu comptes beaucoup trop pour moi.

Je prends le temps de la réflexion quelques instants. Tous les regards sont portés sur moi et cela me fait rire intérieurement. J’aime bien le faire attendre, qu’il se morfonde un peu ça ne lui le fera pas de mal.

-          Ok

-          Ok quoi ?

-          Juste ok, tu te contenteras de ça pour le moment.

Il hoche de la tête.

-          Donc pas besoin de le mettre dehors ? demande Anna l’air déçu

-          Pas cette fois-ci, mais merci encore, lui répondis-je en lui mettant une main sur l’épaule.

Plus personne ne parle. Anna a repris son service, Raphaël regarde sa tasse de café en me glissant par moment un petit sourire en coin et Alycia tapote sur son téléphone.

Elle le pose brutalement sur le bar ce qui nous fait la regarder d’un air interrogatif :

-          Alors ce soir chez toi ou chez moi ? me demande-t-elle

-          Pardon ?

-          Oui pour se remettre de toute ça, rien de tel qu’une soirée entre filles, alors ?

-          Heu je ne sais pas…

Elle se retourne précipitamment et cherche quelqu’un du regard :

-          Anna, ce soir, soirée filles ?

-          Avec plaisir, elle adresse un sourire extra large.

-          Donc ? Ses yeux pétillants me font craquer

-          Chez moi

-          Ah génial, j’ai hâte, elle se frotte les mains.

Si tu savais moi aussi j’ai vraiment hâte.

-          Et moi alors ? demande Raphaël d’un air penaud

-          Ce sera chez toi, rétorquais-je du tac au tac en rigolant, c’est une soirée fille et je doute que l’on ait besoin de tes deux acolytes…

Cela fait beaucoup rire Alycia qui est pliée en deux.

On s’était donc mise d’accord pour se retrouver chez moi vers 20h, Alycia se chargeait de ramener les pizzas, Anna le dessert et moi de quoi boire. J’étais contente qu’Anna soit aussi présente à cette fameuse soirée car me retrouver seule avec Alycia aurait été assez difficile. La dernière fois après avoir bu quelques verres j’avais réussi à me contrôler. Mais maintenant qu’elle sait pour moi, je ne sais pas si j’arriverai à résister davantage.

 

Il est presque 20h et je viens à peine de rentrer. J’ai eu du monde au salon ce qui est une bonne chose, mais maintenant, il me faut me dépêcher. Je n’ai rien préparé, je ne me suis pas encore lavée. J’espère avoir des bouteilles au frais sinon il faudra les mettre au congélateur.

On sonne. Déjà !

Comme à mon habitude j’appuie sur le bouton d’ouverture de porte et m’affaire à autre chose. Une minute plus tard, Alycia fait son apparition.

-          Je suis en avance ? me demande-t-elle

-          Non pas du tout. J’ai finis tard et je viens à peine de rentrer. Je ne me suis pas encore changer, ni rangé l’appart, ni…je fais des gestes dans tous les sens

-          Ok, elle dépose ses affaires dans l’entrée et s’avance vers moi. File te changer et je m’occupe du reste

-          Sûre ? ça ne te dérange pas ?

-          Si je te le propose, allez files avant que je te mette moi-même sous la douche.

Pardon ?

Que répondre ?

Rien en fait, je souris niaisement…

Je finis de m’habiller plutôt relax, jean avec un sweat tout doux, histoire de me sentir en avance dans mon lit. Pauvre de moi la soirée n’a même pas encore commencée…

Je crois décerner d’autres voix dans le salon, sûrement Anna.

Les cheveux encore humides, je passe le pas de ma chambre et me retrouve en face d’une fille…inconnue.

-          Salut, me dit-elle avec un large sourire, moi c’est Aneth

-          Salut Aneth, mais…je tourne la tête sur le côté et aperçois Anna plus loin avec une blonde à son cou…tu es une copine d’Anna ?

-          Oui, elle nous a dit pour ta soirée fille, c’est sympa de nous avoir invité.

Je n’étais pas au courant.

-          Mais de rien.

J’avance en direction de la cuisine ou Alycia sort quelques verres tout en parlant à Anna. Deux autres filles sont sur mon canapé en train de se prendre en selfie et de poster cela sur je ne sais quel réseaux sociaux.

Je m’approche le sourire à moitié crispé et je vois Alycia lever les yeux au ciel. Je me racle la gorge.

-          Anna ?

Celle-ci me regarde et comprends bien vite qu’il lui faut venir très rapidement me voir

-          C’est qui tout ça ?

Elle met ses mains dans ses poches et balance son corps de gauche à droit signe de malaise.

-          Des copines. Je leur ai dit que j’avais une soirée fille avec toi et elles ont voulu à tout prix te voir.

-          Ah bon !

-          Il m’arrive de parler du boulot des fois et elles ont comme qui dirait voulu te connaitre. Surtout Aneth qui t’avait déjà aperçu, elle était super contente à l’idée de t’approcher.

Je ne sais même pas quoi répondre à ça.

-          Salut Lexie, je suis Zoé la copine d’Anna. Elle se penche au cou d’Anna comme si je n’avais pas compris ce qu’elle venait de dire.

-          Salut, bon et bien installez-vous et j’amène à boire.

Les deux vont rejoindre les acharnées du portable pendant que je m’empresse de rejoindre Alycia. Disons que le thème est annoncé, soirée pyjama ou babysitting, j’hésite. La soirée risque d’être épique.

-          Elles ont quel âge à ton avis ? me demande Alycia à voix basse

-          A première vue je dirais une vingtaine d’année comme Anna.

-          Je suis désolée, si j’avais su…

-          Tu ne pouvais pas deviner et puis qui sait, on va peut-être rigoler.

Elle dépose les verres et une bouteille de vin devant nous, je la regarde et lui lance :

-          Tu crois qu’elles ont l’âge pour ça ?

-          Effectivement, elle se pince les lèvres, on va leur prendre un jus de fruit plutôt !

-          Carrément et nous on file dans la chambre avec la bouteille pour être tranquille, mais qu’est-ce que je raconte, non on ne va pas les laisser seule on ne sait pas ce qu’elles peuvent faire sous l’effet des jus de fruits

Je lui adresse un clin d’œil

-          Dommage l’idée de la chambre me tentait bien aussi

Elle saisit la bouteille et va rejoindre le groupe.

Ok, faut que j’arrête de me faire des idées à chaque fois qu’elle me sort un truc pareil.

**********

Aneth n’arrête pas de me questionner. Certes le temps passe plus vite parce que le niveau de la conversation n’est pas très élevé. Non pas que je me prenne pour quelqu’un de cultivé pour parler de thèmes sérieux mais les fétichistes des réseaux sociaux sont assez insipides. Je ne pensais pas que l’on pouvait naitre avec un téléphone portable comme 3ème bras. Pour autant, Aneth qui me paressait sympathique aux premiers abords devient assez pesante. J’ai eu le droit à toutes sortes de questions, ma couleur préférée, mon plat préféré, mon style de musique…on aurait pu s’inscrire aux z’amours qu’elle ferait un sans-faute.

Alycia quant à elle parle avec tout le monde. Le vin commence à me monter à la tête et je sourie bêtement en la regardant.

-          Tu as de la chance, me dit Aneth

-          Pour ?

-          Elle est vraiment sympa Alycia

-          Oui très.

-          Et très jolie aussi

-          Oui c’est sûr

-          Toi aussi tu es très jolie

Sa main se pose sur ma cuisse.

WHAT !!!!

-          Tu sais quand Anna m’a parlé de cette soirée, j’étais trop contente, comme sur un petit nuage. J’avais tellement envie de te rencontrer, je t’avais déjà vu à travers la vitre de ton salon en venant chercher Anna, mais je n’avais jamais osé rentrer. Alors ce soir c’était l’occasion. On a tellement de points communs, je me sens bien à coté de toi et…

Je ne la laisse pas finir que je retire sa main de ma cuisse mais elle en profite pour tenir la mienne entre ses deux mains.

-          Tu sais Aneth

-          Oui…elle est suspendue à mes lèvres…

Je ne voudrais pas trop la froisser alors je cherche mes mots

-          Tu es jeune, et moi…on n’a pas le même âge

-          Ce n’est pas grave ça, l’âge ce n’est rien

-          Ecoute Aneth, c’est très gentil ce que tu m’as dit, voir un peu psychopathe mais je ne vais pas l’enfoncer davantage, mais nous deux ce n’est pas possible, tu comprends ?

Que quelqu’un m’aide ???

-          Attends-moi là je vais chercher à boire et je reviens, lui dis-je en prenant rapidement mes distances.

Je m’en vais en cuisine souffler un peu.  Je n’ai jamais été autant dragué ces temps-ci. Qu’est-ce qui se passe ? Je sens son regard sur moi ce qui me dérange un peu. Elle est jeune et espère quelque chose qui ne se réalisera jamais. D’une, elle est trop jeune pour moi et de deux, ce n’est pas du tout mon genre. Elle est gentille certes mais ça ne fait pas tout.

-          Alors tu as une touche ? me lance Alycia en se rapprochant de moi avec un air malicieux dans le regard

Je lève les yeux au ciel pour seuls signes de réponse

-          Elle est pas mal la petite ?

Je l’a regarde interloqué et réponds :

-          Pas du tout mon genre

-          Et c’est quoi ton genre alors ?

-          Je n’ai pas de genre…

Elle rigole et continue :

-          On a tous un genre, brune, blonde, petite, grande…elle se rapproche de moi et attrape une chips dans le paquet à ses côtés

-          Oui et bien… je préfère les brunes

-          Comme moi ? s’empresse-t-elle de dire

-          Euh…oui comme toi

-          Les cheveux longs ou courts à la garçonne ?

-          Longs

Je me sens rougir. Je me suis arrangée pour m’écarter d’Aneth et de ses questions ce n’est pas pour me retrouver dans la même position ici avec Alycia.

-          Allez Lex dis-moi tout ?

Elle me cherche ou quoi ? Et bien elle va me trouver. Elle veut me déstabiliser et bien je vais en faire de même. Je bois une gorgée de la bière que je viens de sortir du frigo et droit dans les yeux lui annonce :

-          Ce qui m’attire le plus chez une femme c’est sa personnalité, ses mimiques, son rire, ses mains, ce qu’elle dégage. Après si ce n’est qu’une question de physique je les aime plutôt brune, de ma taille, féminine et les cheveux longs…je me rapproche d’elle et attrape une mèche de ses cheveux, les cheveux bouclés c’est craquant aussi

Mes yeux sont ancrés dans les siens et je la sens déstabilisé ce qui me fait sourire, je me rapproche un peu plus d’elle et je peux presque entendre son cœur battre dans sa poitrine. Etonnamment sa respiration est saccadée, je pense avoir provoquée l’effet escompté, elle se sent mal à l’aise alors bienvenue au club.

Doucement je lui murmure :

-          Alycia…tu sais…

Je la fais patienter et fixe ses lèvres. J’aimerai tellement l’embrasser. Je la vois qui me fixe, ses joues rosées et son palpitant augmentant à chaque mot que je lui prononce.

-          J’aimerai beaucoup…je me rapproche encore d’elle mais je ne peux aller plus loin, je joue assez avec mes sentiments et là ce n’est plus possible. Elle est pourtant si proche de moi, et accessible. Elle ne bouge pas, elle voit ce que je vais faire et pourtant elle est là, me fixant de son regard pétillant…J’aimerai…te prendre le paquet de chips

J’attrape ce dernier rapidement prend des chips et les enfourne dans ma bouche. Je lui souris et me recule. Elle est encore immobile puis explose de rire.

-          Tu m’as bien eu Lex

A qui le dis-tu ? Je me suis eu moi-même….

-          On retourne avec les autres ? lui demandais-je

-          Oui bien sûr tu peux retourner voir ta dulcinée

Je la foudroie du regard

-          Quoi ? Elle est exactement comme ta description.

Elle plaisante ou quoi ? Ma description c’était toi ? Allez dis-lui, ouvre la bouche…

Je la vois pouffer de rire.

-          C’est bon Lex je te taquine, tu tombes direct dans le panneau, j’adore.

Je dois prendre ça dans quel sens ?

 

 

Noël venait de passer, j’étais remonté dans ma famille le temps d’un week end. J’avais revu ma sœur et ses enfants, mes parents et ma grand-mère maternel. Ça m’avait ressourcé et je m’étais sentie comme lorsque j’avais 15 ans, entourée et aimée. Même si je le suis toujours mais de façon différente ca l’on ne se voit plus beaucoup.

Le retour au salon ne m’avait pas manqué. Je pensais déjà aux prochaines vacances qui auront lieu je ne sais quand car être commerçant impose le travail. Et oui les sous ne rentrent pas en se tournant les pouces.

J’avais eu des nouvelles d’Alycia par message. Elle et son frère étaient eux aussi remontés dans leur famille en Bretagne. Elle m’avait envoyé des photos de là-bas et je lui avais dit que j’aimerai visiter. Elle m’a répondu que la prochaine fois elle me mettrait dans sa valise.

J’avais hâte son retour, elle m’avait manqué. J’avais beaucoup pensé à elle.

Mon téléphone annonce un message

«  Chère Lexie, mon prochain vernissage a lieu ce samedi soir. J’aimerai beaucoup que tu sois présente ainsi que ton amie…Je t’attends rue du verger vers 20h30. Tendres baisés, Léna »

Et bien je ne m’attendais pas du tout à un message de sa part. C’est Alycia qui va être contente. Je n’attends pas pour lui écrire et lui proposer.

 

Nous nous sommes donné rendez-vous chez elle, j’ai dit que je passais la prendre. Elle ouvre la porte de son immeuble et c’est avec une très belle robe verte émeraude qu’elle apparait. Elle est sublime. Ses cheveux détachés reposent sur ses épaules. J’adore ses petites bouclettes. Je la trouve vraiment trop belle à cet instant. Elle monte dans la voiture et son parfum se répand, une odeur sucré et douce… hum à croquer.

Après m’avoir fait un bisou vite fais sur la joue elle ajoute :

-          Tu disais quelque chose ? dit-elle en ajustant sa robe

Non à moins d’avoir pensé à voix haute.

-          Non, ça va ?

Elle me regarde avec un je ne sais quoi dans les yeux comme une étincelle.

-          Oui super, tu m’as manqué et toi ?

-          Très bien aussi et tu m’as aussi manqué, dis-je plus doucement

Je ne sais pas pourquoi mais on se regarde comme ça quelques secondes. Mes yeux se baissent pour regarder ses lèvres qu’elle humidifie de sa langue. J’aimerai lui dire ce que je ressens, lui toucher la joue et sentir la douceur de sa peau sur mes doigts. J’ai des papillons dans le ventre.

Fais quelque chose, fais quelque chose…

-          Allez on y va, j’annonce cela en tournant la clé et direction la soirée.

Toujours aussi courageuse à ce que je vois.

Tout comme le premier, je ne comprends toujours pas les toiles devant moi. Cette fois j’ai pensé à prendre mes lunettes et à lire les titres des peintures mais rien n’y fait. Totalement différent de la première fois, ce n’est plus de la peau mais du sang…en tout état de cause j’ai l’impression que l’on reste dans le domaine scientifique, peut être la prochaine fois sera sur les organes vitaux.

Alycia se promène dans les allées. Elle écoute ce que disent les différents artistes, pour ma part, j’ai trouvé un petit banc très moelleux au coin d’une pièce ou posé mes fesses et ou la regarder sous tous les angles.

J’essaye de me concentrer sur la façon dont j’aimerai lui dire ce que je ressens pour elle. Peut-être je pourrais commencer par lui dire : Alycia, je voulais te dire quelque chose.

Ok pour un début ça en est un.

Ensuite, euh…quoi dire : ça fait quelque temps que j’ai envie de te dire quelque chose.

Oui c’est pas mal ça, au moins je ne perds pas le fil, je pourrais continuer par : je pense souvent à toi tu sais et j’aime beaucoup ta compagnie…oui je tiens le bon bout je sens.

Deux petits talons viennent se planter devant moi, je lève la tête et me retrouve en face d’un sourire qui me fait fondre.

-          On dirait que tu t’ennuies ? me demande-t-elle

-          Ce n’est pas trop truc tout ça…

-          Arfff, on peut aller ailleurs si tu veux ?

-          Non tu plaisantes, tu te régales…profites en.

-          Sans toi ce n’est pas pareil… elle dit cela en détournant la tête

Je me dis que c’est l’opportunité pour lui dire ce que je ressens. Elle est juste là devant moi, désirable au possible. Allez, je me lance :

-          Tu sais Alycia ?

-          Oui me répond-elle d’une voix douce…je vais craquer je sens

-          On fait le tour ensemble ?

Ok ce n’était pas ça la suite du discours !!!

Ses yeux pétillent et elle me prend par la main en hochant de la tête.

Qu’est-ce que je ne ferai pas pour elle ? Je suis un cas désespérée.

**********

 

Je prépare mon sac pour partir au ski. Alycia et son frère nous ont gentiment invités à venir passer un week end à la montagne. Je n’étais pas sûre de pouvoir y aller mais Anna m’a dit qu’elle pouvait gérer seule le salon. Elle m’a même offert un petit cadeau « spécial montagne » m’a-t-elle dit, à n’ouvrir que sur place. J’ai bien eu envie de l’ouvrir, ma curiosité me faisant totalement défaut, j’ai résisté à cette tentation. Je ne sais pas ce qui a été le plus dure, savoir quoi prendre là-bas ou faire rentrer toutes mes fringues dans le sac.

Je suis prête je n’ai plus qu’à attendre qu’ils passent me chercher.

 

 


 

 

Chapitre 10

 

Broken - Seether

 

La route s’était passée sans encombre. Et je me disais tant mieux car j’avais un peu crainte de la neige. Mais les conditions climatiques nous avait été favorables et cela annonçait un super week-end.

Comme je m’en doutais, les jumeaux pratiquaient le snowboard, quant à Raphaël et moi-même nous étions de la vieille école, le ski nous convenait largement. Alycia et Lucas n’arrêtaient pas de nous répéter qu’ils n’en avaient pas fait depuis longtemps. En leur demandant de préciser le nombre d’année, en chœur ils nous répondirent 1 an. A ce moment-là je pris conscience de 2 choses : d’une nous n’avions pas la même définition du mot longtemps et de deux ils devaient être très forts.

Il faut toujours se méfier de ceux qui disent, non je ne suis pas très fort là-dedans, ou pas très doué…mais bien sûr et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d’alu…

Apparemment leur parent était propriétaire de cet appartement en montagne depuis leur jeunesse et ils ne passaient pas un hiver sans qu’ils ne viennent et plusieurs fois par an. Donc je me faisais à l’idée d’être ridicule sur mes skis, n’ayant pas pratiqué cette activité depuis des années.

Je regardais sur le bas-côté de la route et comme une enfant, mes yeux étaient écarquillés à la vue de la neige. J’adorais ce que je ressentais à ce moment-là. Cela me remémorait les vacances d’hiver avec mes parents…la belle époque.

Une fois garé, nous montions toutes les affaires à l’appartement qui d’un aspect extérieur vieillot, l’intérieur en était tout son opposé. Ils avaient vraiment bon goût. Je vous passe le côté Stéphane Plazza pour ne dire qu’un seul mot « JACCUZZI ». Que du bonheur ! Pensais-je.

-          En fin de compte, je pense que je vais rester là pendant que vous irez skier, dis-je en regardant le jacuzzi avec un sourire en coin.

-          Que ni ni, répondit Alycia, tu skies avec nous et ensuite on se prélassera ensemble.

Ensemble ? Qui ça ? Toi et moi ou nous 4 ? J’ai déjà vu Raphaël en maillot, donc ça va, Lucas je l’imagine très bien vu sa musculature qui ressort à travers ses vêtements, mais ELLE !!!! Impossible…

-          Après l’effort, le réconfort, rajoute-t-elle.

-          Moi j’aime bien passer direct au réconfort comme le jacuzzi ou les desserts, tu sais, pour le sport c’est pareil, rétorquais-je du tac au tac

-          Moi aussi j’aime beaucoup les desserts mais pour en avoir faut les mériter

-          J’ai été gentille…

Elle éclate de rire et m’adresse un sourire des plus compatissants :

-          Je n’en doute pas une seconde mais…

Je ne la laisse pas finir, me retrouvant comme une petite fille à qui on enlève son cadeau et sachant que ne n’ai aucune chance face à elle :

-          Ok je capitule, je lui tends la main qu’elle sert en bonne et due forme.

-          Ok les filles, on fait comment pour les chambres ? demande Lucas en posant le dernier sac dans le salon

-          Comme je n’ai pas trop envie de vous entendre ronfler, on va dire les mecs dans une chambre et nous dans une autre, annonce Alycia.

-          Ok comme vous voulez, mais on ne ronfle pas, continue Raphaël bougonnant.

Et oui coco, la fille est à moi pensais-je en le regardant tout sourire épinglé à mon visage. Sourire que je ravisai rapidement en rentrant dans la chambre.

Un lit DOUBLE !!!

**********

Nous passons la soirée dans un restaurant typique montagnard. Au menu, une vraie raclette avec du super bon fromage coulant. Un vrai régal, j’ai dû passer pour une goinfre car Alycia me fit remarquer mon bon appétit.

-          Eh bien, tu avais faim on dirait ?

-          Ça doit être l’air de la montagne, je souris, et le fromage est trop bon, la charcuterie aussi, un vrai régal

-          Je ne te pensais pas si gourmande et je me demande bien ou tu mets tout ça…

Je rougis légèrement et boit une goutte de vin rouge.

-          C’est la force des vêtements, la dissimulation corporelle…

-          C’est donc ça…dans tous les cas le test du jacuzzi me dévoilera tout ça

J’avale de travers et est prise de toussotements ce qui la fait beaucoup rire à mes dépends. Le regard des garçons et leur explosion de rire me gêne davantage. J’ai l’impression que l’ensemble de la salle rigole à mon sujet. Lorsque je reprends mes esprits, car oui j’avais failli mourir de la toux, la serveuse vient nous demander si nous voulions un dessert, chacun décline, le repas avait été assez copieux.

Alycia pose sa main sur ma cuisse et me chuchote :

-          Peut-être plus tard pour le dessert.

Et elle reprend la conversation avec son frère.

Pourquoi j’ai écouté Anna ??? On sait bien que ce sont les ainés qui ont la voix de la sagesse et non les jeunes de 20 ans.

Le premier pas à l’extérieur du restaurant me donne un frisson. La température avait bien baissé.

-          Tu as des gants ? me demande Alycia

-          Je les ai oubliés dans le sac

-          Tient prend les miens

-          Ça va aller, merci je vais mettre les mains dans les poches

-          Prend, j’en ai une seconde paire

-          Merci, dis-je en les attrapant. Tu te promènes souvent avec ta valise sur toi ?

-          Non…elle me sourit, mais je suis prévoyante et mon petit doigt me disait que tu allais oublier.

-          Ah d’accord, tu es donc ma tête pensante ?

-          Oui on peut dire ça, mais je peux être autre chose si tu veux ?

Hein !!! C’est moi ou à chacune de ses phrases j’ai l’impression d’entendre des insinuations.

Tu as vraiment un problème Lex, ou alors tu es vraiment en manque…ça doit être ça !!!

-          Les filles, ce n’est pas qu’on se les gèle mais presque, crie Raphaël du bout de la rue.

Ok on arrive, pas la peine de crier pensais-je.

 

**********

-          A droite ou à gauche ?

-          Pardon ?

-          Tu préfères dormir côté droit ou côté gauche ?

-          Peu m’importe, répondis-je

Je suis debout farfouillant dans mes affaires pour trouver mon pyjama. Je suis intriguée par ce qu’il y a dans le paquet. Anna m’avait dit surprise, tu vas voir il est fait pour toi.

-          Hum c’est mignon ça !

HEIN !

Elle me taquine je le sens, en même temps j’en aurai fait autant. Un petit shorty rose bonbon avec le haut blanc et un gros nounours en plein milieu.

Ok c’est franchement girly et pas du tout mon style, merci Anna de ton cadeau, ma vengeance sera terrible.

Je ne réponds rien et file dans la salle de bain.

Après une bonne douche qui dura de longues minutes, j’enfile cet accoutrement et mon reflet dans le miroir ne me renvoie rien de bon. J’ai l’impression d’avoir 15 ans.

La guigne !

Je n’ai rien prévu d’autre, j’ai bien un t-shirt dans mon sac mais je n’ose pas sortir comme ça de peur qu’elle me voit. Elle est peut-être dans le lit en train de dormir…non elle doit m’attendre c’est sûr.

Allez, je prends sur moi et sors de la salle de bain. Comme je me le suis imaginée, elle est dans le lit, accoudée sur le côté et me regarde grand sourire aux lèvres.

-          Ne dis rien s’il te plait, lui dis-je en me dirigeant vers mon sac pour ranger mes affaires

-          Mais je n’allais rien dire, c’est juste que…

Je lui tends une main devant pour lui demander de s’arrêter

-          Je sais très bien ce que tu penses et ce que tu vas dire. Alors d’une, c’est Anna qui m’a offert ça et je ne l’avais pas vu avant. C’est un cadeau empoisonné. Et de deux, je suis complétement ridicule dedans je le sais. On dirait une gamine de 15 ans. Donc si tu veux rajouter quelque chose fais le maintenant, au moins ça sera fait.

Elle explose de rire.

Ok, ça s’est fait, elle se moque de moi. Habituellement je ne le prendrais pas mal mais là je ne sais pas si ça vient de la fatigue de la route ou de l’alcool mais ça me vexe.

J’ai l’air complétement ridicule avec ce truc sur moi et j’aurai préféré lui faire bonne impression, pour le coup c’est loupé et ça m’agace.

Je me dirige vers le lit et m’installe, je l’entends toujours glousser. Elle essaye de se retenir mais je vois bien qu’elle a du mal.

Je m’allonge dans le lit et regarde le plafond.

-          Tu me fais rire Lex

Tant mieux, pensais-je, si se moquer de moi te plait, vas-y continue, j’en ai vu d’autres.

-          Je n’avais pas ri comme ça depuis longtemps

Je la sens gesticuler et bouger la couette

-          Lex ?

-          Hum ? je n’ai pas envie de répondre

-          Ça va ?

-          Oui

-          Tu m’as fait trop rire vraiment…tu boudes ?

-          Non

-          Parce qu’on dirait le contraire…elle vient se coller à moi

-          Je suis juste un peu fatiguée

-          Ok, je te laisse dormir alors, dit-elle en s’écartant de moi

-          Bonne nuit, et je me tourne de l’autre côté. Légèrement déçu de se court contact et surtout déçu de mon caractère de M****.

-          Bonne nuit à toi aussi

 

**********

J’ouvre un œil, puis un autre et commence à m’étirer. A côté de moi c’est tout froid, je regarde et remarque qu’elle n’est plus dans le lit.

Je ne l’ai pas entendu se lever, elle est discrète comme une petite souris.

Je me lève et me change, pas envie de garder ça sur le dos une minute de plus. Un bon survêtement fera l’affaire.

Je sens l’odeur du café, je me dis que le petit déjeuner doit être prêt et ça me met de bonne humeur.

-          Alors la belle au bois dormant...Raphaël me salut en levant sa tasse dans ma direction

-          Dormant oui mais belle j’en doute. Il est quelle heure ? demandais-je en m’étirant

-          A peine 8h00

-          Ah mais ça va, j’ai cru qu’il était 10h

Il se lève et vient se coller à moi  à table.

-          Alors dis-moi tout ? ses yeux pétillent d’impatience

-          Tout quoi ?

-          Cette nuit ? Alycia…toi, on vous entendu rire hier soir et puis silence, je me suis dit c’est bon elle conclue

-          Hein ? quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? Du reste ils sont ou ? Il ne s’est rien passé

-          Comment ça ?

-          Anna m’a offert un maudit pyjama et Alycia s’est ouvertement moqué de moi. Ça m’a agacé, j’ai préféré dormir

-          Ah je comprends mieux

-          Tu comprends quoi ?

-          Pourquoi elle s’est levé si tôt et dis qu’elle voulait te faire une surprise. J’ai cru que c’était parce que vous étiez ensemble mais en fin de compte elle veut se rattraper la petite. En même temps, il ne faut pas trop la blâmer, moi aussi j’ai rigolé en voyant ce mignon petit ours brun

J’écarquille des yeux

-          Anna me l’avait montré avant de partir, elle s’est dit que ça détendrait l’atmosphère entre vous deux un pyjama pareil

-          Ça ne l’a pas détendu mais tendu

-          Oui pour toi pas pour elle apparemment. Mais bon, la tactique est bonne vu qu’elle va te chercher le petit dej…tu as réussi à la faire culpabiliser, maligne la…

Je le stop net en mettant un doigt sur sa bouche car je sais exactement ce qu’il allait dire.

La porte de l’appartement s’ouvre et les jumeaux font leur entré. Je me tourne légèrement pour la voir apparaitre. Même le matin elle est sublime. Je craque.

-          Devinez qui on a croisé ? demande Lucas en venant s’asseoir après m’avoir dit bonjour

-          Ils ne peuvent pas deviner, rétorque sa sœur

-          Ah oui effectivement, mais Lexie l’a déjà vu. Tu te souviens d’Alexandra ? Vous aviez déjeuné ensemble si je me souviens bien, il regarde sa sœur qui hoche de la tête pour confirmer. Elle est venue passer elle aussi le weekend avec des amis.

Oui je me souviens, la jeune femme qui déjeunait en face de moi, celle qui n’avait pas sa langue dans sa poche.

-          On s’est dit que l’on pouvait se faire une soirée ensemble ce soir si ça vous dis ?

-          Mais carrément, rétorque Raphaël. Elle a des copines ? Célibataires ?

-          Je ne sais pas mon pote on verra bien, et les deux compères se tapent dans la main

Je me lève et vais voir Alycia :

-          Je voulais m’excuser pour hier soir

-          Pourquoi ?

-          J’ai été, on va dire, un peu susceptible et je ne sais pas pourquoi j’ai pris ça à cœur

-          Ce n’est rien, je vais apprendre à te connaitre, au moins je sais que tu as un petit côté boudeuse et avec ton pyjama bonbon ca rendait la chose plus…

-          Plus enfantine ?

-          Exactement …elle sourit gaiement, elle pose sa main sur la mienne, mais tu étais vraiment mignonne comme ça. Elle attrape les croissants et me les met sous le nez : petit dej ?

Avec un grand sourire je lui réponds oui.

 

**********

Je suis sur les rotules.

La neige 1 - Moi 0 !!!

A peine rentré dans l’appartement que je file m’affaler sur  le lit.

-          Ça fait combien de temps que tu n’as pas fait de sport ? me demande Alycia en se déshabillant

Je suis tellement morte que je n’ai même pas la force de la regarder, ma tête est enfouie dans la couette

-          Des années

-          Non, pas du ski mais le sport en général

-          Des années aussi

-          Pourtant vu ton ...enfin je pensais que…

Essayant de me redresser tant bien que mal je lui réponds :

-          Le seul sport que je pratique c’est la marche à pied au salon, je n’ai pas le temps pour le sport…trop de boulot.

Je me redresse et essaye d’enlever ce pantalon de ski, j’ai l’air d’un bibendum avec ça. Je titube sur un pied, tirant sur l’autre jambe et ce qui devait arriver arriva. Je me retrouve encore au sol.

-          Aie

-          Ça va ? demande Alycia en s’agenouillant à côté de moi et se retenant de rire

-          Au moins la neige ça amorti

-          C’est sûr que la…tu veux que je t’aide ?

A me déshabiller ? Non merci

-          Ca va aller, merci

Quelqu’un toque à la porte

-          Les filles, ça vous dis un jacuzzi ? demande Lucas de l’autre côté de la porte

Alycia et moi nous regardons et d’un accord commun elle répond :

-          Oui on arrive.

-          Dernier arrivé fera un massage

Je me mets à genoux comme je peux et réalise ce qu’il vient de dire : Massage…dernier

Je vois Alycia se dépêcher dans la chambre, sautant sur son sac pour attraper son maillot de bain et filer dans la salle de bain.

Je suis encombrée avec ce truc sur moi. Je me faufile au sol tel une anguille pour essayer d’enlever le pantalon. A peine le temps de sortir les jambes que je la vois sortir de la salle de bain, serviette sous le bras.

Je reste scotchée.

Elle m’adresse un clin d’œil et file de la chambre.

Bon, je sens que je suis mal barrée. J’essaye de faire au plus vite mais malheureusement arrivée devant le jacuzzi les 3 me regardent avec un grand sourire.

-          Allez vient t’asseoir, me dit Raphaël en me faisant signe qu’il avait gardé une place à côté de lui et Lucas, il te faut te reposer un peu avant le massage

Ma tête se redresse plus vite que prévu.

Les 3 rigolent gaiment.

-          J’ai été retenu au piège par la combinaison

-          C’est ce que l’on a entendu dire, rajoute Lucas en souriant et en regardant sa sœur

-          Ce n’est pas juste, vous vous avez l’habitude de tout ça par rapport à moi.

Ils rigolent de plus belle

-          Peut-être mais ça n’empêche que tu dois un massage, continue Lucas

Je mets un pied dans le jacuzzi et des frissons me remonte jusqu’en bas du dos. Je m’installe comme je peux entre les deux garçons. Un jacuzzi pour 4 certes, mais à deux on y serait mieux.

Je fais un petit bruit de satisfaction en m’installant et voit Alycia en face de moi me sourire.

-          Bon alors qui veut un massage ? demandais-je

Les 3 lèvent le bras.

-          Heu attendez… j’ai dit un massage, pas 3, c’était le deal non ?

-          On n’a pas donné les conditions, rétorque Lucas

-          Effectivement, on a juste dis le dernier fera un massage, continue Raphaël

Mais ils veulent ma mort ! Je suis venue pour un weekend reposant et j’enchaine entre activité physique et activité physique. Si je voulais vraiment faire du sport je serai allée dans une salle de sport, je suis venue ici pour me reposer.

-          Oui et bien moi ma condition c’est un massage et c’est déjà bien. Donc je vais choisir…

Je fais mine de tous les regarder mais ne vous y trompez pas, je sais déjà qui choisir.

-          Alors je choisis…

-          Tu choisis personne, me coupe Raphaël

-          Ah bon ? demande Lucas

-          Oui attend, c’est trop facile, elle aurait choisi Alycia c’est sûr.

Je me sens rougir

-          Ne m’en veut pas Alycia, continue Raphaël, mais tu es une femme et je connais trop Lex pour savoir qu’elle n’aurait jamais choisi un homme

Ouch il n’a pas tort.

-          Donc je propose que l’on mette le massage en compétition ce soir lors d’un jeu, au moins ça sera égalitaire

-          Ça marche pour moi, annonce Lucas grand sourire aux lèvres

-          Ok, dis Alycia moins enjouée que les garçons.

-          Et moi personne ne me demande mon avis ?

-          Non, tu as perdu donc tu vas devoir assumer ma belle ou alors dis-moi que tu n’avais pas l’intention de choisir Alycia ? Raphaël me regarde droit dans les yeux l’air amusé

-          Heu…

-          C’est bien ce que je pensais donc au moins ce soir j’ai toutes mes chances

Lucas rigole de plus belle :

-          Tu rêves mec, je suis le meilleur à la compétition pour ce genre de truc

Pouh j’aimerai glisser sous l’eau et ne plus les entendre se vanter de qui sera le plus fort…

Heureusement pour moi l’heure d’aller se préparer arrive plus tôt que prévu. Je les laisse tous sortir tranquillement du jacuzzi, profitant de cet instant pour admirer les formes d’Alycia. Elle est parfaite, ça me donne tellement envie de toucher sa peau. Mais mes pensées sont bien vite coupées par une serviette en plein dans ma tête.

-          Avec plaisir, m’annonce Raphaël en partant.

Ok merci mais quand même !

 

 


 

Chapitre 11

 

Unsteady  - X Ambassadors

 

J’ai mis un jean moulant noir, un haut à manche longue blanc, des bottes noires, maquillée très légèrement le tout assorti de bijoux. Je me regarde une dernière fois dans le miroir.

Ok, quand faut y aller, faut y aller.

Revoir Alexandra me stresse légèrement. Elle n’avait pas sa langue dans sa poche la dernière fois que l’on s’était vu et je n’ose imaginer lors d’une soirée arrosée. Elle vient avec ses amis, j’espère qu’ils ne sont pas tous comme elle.

En direction vers le salon, j’entends Raphaël derrière moi :

-          Eh bien, tu veux épater qui comme ça ?

-          Arrêtes avec ça, je ne veux épater personne

Il fait rouler ses yeux :

-          Pas avec moi tout ça, je te connais mieux que quiconque, alors qui ?

Il m’agace quand il fait ça, surtout quand il connait déjà la réponse/

-          Qui ? dit-il plus fort

-          Alycia, ça te va, qu’est-ce qu’il m’agace quand il est comme ça.

-          Tu m’as appelée ?

Ni une ni deux elle était devant moi, elle aussi en jean, bleu, avec un haut orangé, les cheveux retombant sur ses épaules.

J’aimerai me fondre dans le mur.

-          Non

-          J’ai cru t’avoir entendu dire mon nom ?

-          Ah…oui, enfin, ce n’est rien, Raph me demandait quelque chose, rien d’important. Tu es vraiment...euh, je sens Raphaël rigoler à coté et me laisser bégayer sans rien dire, je le hais parfois. Je te trouve très…

-          Tu es pas mal non plus

Elle me passe à côté et file dans une pièce voisine.

-          Tu vois, ce n’est pourtant pas compliqué à dire, me dit-il, c’est vrai que tu es pas mal comme ça. Allez vient on va rejoindre la troupe.

Il me prend sous son épaule et nous avançons dans le salon.

Effectivement, il y a bien une troupe. Moi qui pensais qu’Alexandra allait être accompagnée de 2 à 3 personnes et bien j’étais loin du compte. Ils doivent être environ 6. Bon ok ce n’est pas  non plus beaucoup mais pour moi si. Dire qu’il va me falloir parler avec tout le monde, me connaissant ça va être difficile.

Peut-être que durant la soirée j’arriverai à m’éclipser, on ne sait jamais, quand je veux j’arrive à me la jouer David Copperfield.

-          Lexie, me dit avec un grand sourire Alexandra, je suis contente de te voir. Ça va depuis la dernière fois

-          Oui très bien et toi ?

-          Super aussi, weekend, ski, apéro, tout va bien. Je suis contente de tous vous voir. Allez viens je vais te présenter. Elle m’attrape par le bras et m’emmène avec elle.

Alors je n’ai pas retenu tous les noms. 4 garçons, 2 filles dont Alexandra. Je pense que 2 d’entre eux connaissaient déjà les jumeaux car dès le début ils se racontaient leurs histoires de jeunesse. La seconde fille est la cousine d’Alexandra et je vois que Raphaël s’affaire déjà à essayer de la draguer. Sa gestuelle est vraiment unique quand il est dans cet état-là.

L’apéro se profile tranquillement, je bois un verre de vin blanc assise dans le canapé, écoutant Lucas et ses amis raconter leurs vacances. L’un est parti au Mexique, l’autre aux Etats Unis, la côte Ouest je crois et pour le 3ème il hésitait à partir soit en Islande, soit au Brésil.

-          Tu ne t’ennuies pas ? me demande Alexandra en venant s’asseoir à côté de moi

-          Non du tout et toi tout se passe bien ?

-          Oui parfait. Vous êtes arrivés hier c’est ça ?

-          Oui en début de soirée et vous ?

-          Pareil à peu près. On a bien skié aujourd’hui, demain on se refait la même et puis départ. Et le groupe de musique que vous avez formé il fonctionne bien ?

-          Oui c’est cool

-          J’aimerai vraiment vous écouter, tu chantes toi aussi ?

-          Juste sous la douche

-          Parfait, tu m’inviteras alors

Pardon !!

Je manque de m’étouffer au passage, ce qui l’a fait extrêmement rire.

-          Ça va ? me demande Alycia en venant elle aussi s’asseoir à côté de moi. J’ai l’impression d’être le biscuit entre le caramel et le chocolat.

-          Faut que j’aille boire un peu d’eau. Je me lève et marche vers la cuisine. Alexandra m’a bien eu. Elle ne perd jamais un instant pour déstabiliser et envoyer des pics. C’est une sacré femme, mais il me faudra être plus prudente sur ce que je dis les prochaines fois.

Néanmoins, je vois que le visage d’Alycia est plus sévère et sa copine tourne des yeux. Leur discussion n’a pas l’air très drôle. Puis elles se prennent dans les bras l’une de l’autre.

J’aurai aimé moi aussi la prendre dans mes bras. Tout à l’heure, lorsqu’elle est passée proche de moi elle sentait si bon. J’aimerai beaucoup plonger mon nez dans son cou et respirer à plein poumons.

-          Je te resserre ? me demande Lucas en approchant

-          Oui merci

-          Fais attention à elle, tu es trop gentille et elle va te manger toute cru ?

-          Qui ça ?

-          Alexandra, elle adore jouer avec les gens et les mettre mal à l’aise. Surtout ne te laisse pas faire. Je crois qu’Alycia la surveille à ce niveau-là, mais fais gaffe quand même.

-          Oui d’accord merci

Il repart avec 3 bières à table retrouver ses potes.

Perplexe, je me demande bien si cette fille-là n’est pas la réincarnation d’une sorcière en fin de compte.

La sonnerie de la porte d’entrée retentit, les pizzas sont enfin arrivées. J’ai un peu faim, ça vous étonne ? Pas moi !

Tout le monde rigole, il y a une bonne entente. J’ai l’impression que Raphaël et la cousine, Mégane, se rapprochent. Je suis contente pour eux mais pour autant ça me rend triste pour moi. Ça ne fait même pas 2 heures qu’ils se parlent et voilà … et moi … et bien moi RIEN.

En même temps, si je me rappelle certaines paroles d’Anna qui disaient «  qui ne tente rien n’a rien ». Elle a raison mais lorsque je sais que je n’ai aucune chance alors pourquoi se faire du mal.

Plus le temps passe et plus je me sens décontractée. Le jacuzzi a vraiment du me faire du bien ou alors est-ce le verre que je bois depuis tout à l’heure qui ne désemplit pas ? Peu importe, plus je suis décontractée et plus je me laisse aller. J’aime bien ce côté-là aussi mais j’aimerai l’avoir plus souvent.

Alycia est en face de moi et parle avec un des copains d’Alexandra. Elle lui sourit, lui tapote l’épaule par moment, lui, il lui joue du coude parfois, fais semblant de lui enlever quelque chose des cheveux…voir cela m’énerve un peu.

-          Lorenzo est un charmeur, me dit Alexandra en venant se coller à moi

J’acquiesce de la tête avec un sourire en coin crispée

-          Je pense qu’Alycia doit lui plaire.

Je ne dis toujours rien, je prends sur moi

-          En même temps, elle est superbe.

Je les regarde et bois à nouveau dans mon verre de vin

-          Elle a tout pour elle, belle, gentille, intelligente…

Plus elle parle et plus je bois.

-          Sinon toi parle-moi plus de toi ? Quel est ton genre ? Des préférences ?

Je suis tellement absorbée par ce qu’ils font en face de moi que je ne réponds pas.

Elle me donne un coup de coude ce qui me fait décrocher le regard.

-          Excuse moi, j’étais ailleurs, tu disais ?

-          C’est quoi ton genre ? Tu veux que je te présente Lorenzo ?

-          Non merci pas du tout mon genre

-          J’avais cru comprendre…elle sirote sa boisson et me regarde d’un air taquin avec son sourire qui en dit long.

Ok ça suffit, faut que j’aille faire un tour.

-          Tu sais tu devrais lui parler, continue Alexandra

Je fais celle de ne pas comprendre ce qu’elle me dit.

-          Ne fais pas celle qui ne comprend pas.

Ok elle m’a pris en flag

-          Ecoute, il suffit de voir comment tu l’as regarde pour comprendre. Je l’avais un peu remarqué lors du repas la fois dernière et là c’est flagrant.

Je pense que mon visage passe par toutes les couleurs de l’arc en ciel avant d’ajouter :

-          Et que veux-tu que je lui dise ?

-          Je ne sais pas, la vérité ?

-          Non je ne peux pas faire ça. J’attrape mon verre et boit une gorgée

-          Pourquoi ça ?

-          Pourquoi ? je souris et me frotte le visage avec ma main gauche. Je n’ai pas envie de gâcher ce qu’il y a entre nous. Regarde là et regarde-moi.

-          Pfff tu te dévalorises toi alors

Je hausse les sourcils et lui fais face :

-          Ecoute…je prends le temps avant d’enchainer….je ne peux pas faire ça, je préfère rester amie avec elle plutôt que de la perdre.

-          Je comprends

-          Ne lui dis rien surtout, s’il te plait

Elle hoche la tête pour acquiescer.

Je me lève et vais dans la chambre. Je m’allonge sur le dos et ferme les yeux. Un peu de silence ça fait du bien.

Il faut que j’arrête de flasher sur Alycia…arrête de faire une fixette sur elle, profite de la soirée, parle avec les autres mais arrête. Elle a le droit de faire ce qu’elle veut. Ce Lorenzo a le droit de la draguer, ce n’est pas ta copine alors pourquoi ça te touches. Et puis il lui plait peut-être. Arrêtes de penser, tout ça me donne mal à la tête.

-          Je te cherchais.

Je me redresse et me retrouve en face d’Alycia en train d’essayer d’enlever son haut.

-          Tu peux m’aider ? Je me suis tâchée avec la pizza. Tu peux me déboutonner derrière ?

Elle met ses cheveux sur le côté et se tourne pour me montrer son dos. Je me lève et m’approche doucement d’elle.

Mes doigts effleurent son cou, dégageant les derniers cheveux. Je déboutonne son premier bouton et fais glisser lentement mes doigts le long de son dos jusqu’au second bouton. Je ne sais pas si elle peut entendre mon cœur qui bat la chamade, mais j’ai l’impression qu’il va exploser.

Son chemisier est défait pourtant aucune de nous deux ne bougent. Mes mains descendent encore le long de ses côtes jusqu’à se poser sur ses hanches. Je me rapproche davantage d’elle venant presque me coller à son dos et à ses fesses. J’ai envie de l’embrasser délicatement, sa peau me donne tant envie, elle a l’air si douce. J’ai l’impression que le temps est figé. Pourquoi ne bouge-t-elle pas ? Elle doit sentir mon souffle contre elle. Je suis si proche, elle est si accessible. Je ferme les yeux une seconde puis me recule. Mon cœur bat toujours aussi vite.

Qu’est-ce qui m’a pris de faire ça. Il y a à peine deux minutes je disais à Alexandra que je ne voulais pas lui parler de ce que je ressentais et là, j’étais prête à l’embrasser.

-          Je te laisse te changer, lui dis-je en me dirigeant vers la sortie sans la regarder

Je retourne à ma place repensant à ce qui venait de se passer et à ce qui aurait pu se passer. J’aurai pu l’embrasser dans le cou. Pourquoi ne bougeait-elle pas ? Elle ne savait peut être pas quoi faire, elle s’est sentie au piège avec moi derrière.

Je me sens nulle d’avoir agi comme ça.

Alycia reprend sa place à coté de Lorenzo. Je n’ose la regarder.

-          Allez, place au jeu, annonce Lucas en se levant.

La plupart ont l’air enjoué par ça, j’essaye de faire bonne figure en souriant.

-          Donc on va se mettre par 2. Alors pour ma part je choisi Lexie, je sens que l’on va faire un bon binôme ensemble.

Raphael se met avec Mégane, Lorenzo avec Alycia et le dernier garçon dont j’avais oublié le nom avec Alexandra.

-          Ok, le but du jeu, inventé par mes soins, il s’en frotte les mains,  c’est l’utilisation d’une bouteille qui désignera à chaque fois 2 groupes, puis un face à face de pierre, feuille, ciseaux pour savoir qui gagne qui perd et en fonction de ça sera un mélange de questions, de gages et de vérité. Vous avez tous compris ?

Tout le monde se regarde avec de grands sourires. Ca ramène un peu en adolescence ce genre de jeu.

Lucas enchaine :

-          Pour savoir qui commence, chaque binôme vous allez faire 3 fois pierre feuille ciseaux et ensuite les gagnants s’affronteront. Le vainqueur fera tourner la bouteille pour désigner les 2 groupes et choisira l’affrontement. C’est bon ? allez c’est parti.

Je ratatine 3 à 0 Lucas. Je suis assez fière de moi quant à lui il a l’air très bon joueur et m’encourage à gagner. Malheureusement, je perds dès le début et finit par s’affronter Lorenzo et Alexandra.

C’est cette dernière qui gagne et qui nous gratifie de sa danse de la victoire. Cela fait rire tout le monde. Je commence à me décontracter et oublie presque ce qui s’est passé précédemment. Mon regard se pose sur Alycia qui rigole gaiment mais qui lorsqu’elle me voit, elle détourne le regard un peu trop rapidement à mon goût.

Ok elle n’a pas apprécié mon geste de tout à l’heure.

Ma mâchoire se crispe, je prends une grande respiration et continue de suivre le mouvement.

Elle fait tourner la bouteille et les 2 groupes sont : Raphaël / Mégane et Lucas / Moi

Elle nous examine en pinçant sa bouche et annonce :

-          L’affrontement sera le bras de fer. Garçon contre garçon et fille contre fille

Je suis sûr que l’on va gagner, quand je vois les bras de Lucas je me dis que Raphaël n’a aucune chance, lui-même le sait car il ne fait pas le fier.

Lucas enlève son sweat et remonte sa manche de t-shirt laissant apparaitre un beau biceps bien dessiné. Les filles le sifflent et il fait le beau pour faire rire la galerie. En 3 secondes il écrase le bras de Raphaël.

Ce fut mon tour contre Mégane. Elle est plus petite et plus frêle. J’ai toutes mes chances. Même si je ne fais pas de sport, je porte toute la journée des consommations sur un plateau, je fais de la cuisine donc mon bras n’est pas si inerte que ça. Il me faut un peu plus de 3 secondes, mais la victoire est à nous.

Une bonne chose de faite.

Je laisse Lucas lancer la bouteille et cette dernière désigne Alexandra et à nouveau Raphaël.

Après concertation, nous optons pour un défi de taille. Les deux équipes doivent s’affronter dans une battle de TWERK. Musique à fond dans la pièce et place aux déhanchements de popotins.

Nous sommes tous littéralement mort de rire. Il faut dire que le spectacle que nous avons devant nous est ahurissant. Aucun d’eux ne sait danser ce genre-là. La seule à peu près potable est Mégane à qui la victoire revient. Le reste essaye de nous faire une chorégraphie acrobatique ou un truc du genre. Alexandra fait mine de ne pas comprendre pourquoi elle a perdu en nous démontrant énergiquement qu’elle a le rythme dans la peau mais rien n’y fais, la décision est prise.

Les deux équipes suivantes sont Alycia / Lorenzo et Alexandra / Garçon dont j’ai oublié le nom.

Le gage est : changer de vêtement dans la même équipe. Alycia doit donner ses fringues à Lorenzo et inversement, de même que pour Alexandra et son copain. Le groupe qui revient le plus vite possible gagne. Elle donne le top chrono et l’on voit les deux équipes courir dans deux pièces différentes. On les entend rigoler.

Faut que j’arrête de trop penser. Alycia est avec Lorenzo dans la même pièce, en train de se déshabiller face à face. Il doit la dévorer des yeux. C’est ce que je ferai à sa place.

Je trouve le temps super long, ils ne peuvent pas faire plus vite ?!

J’entends une porte s’ouvrir et devant nous surgit deux êtres déstructurés. Alexandra et son copain ont échangé les vêtements et le résultat est catastrophique. Pour Alexandra encore ça peut aller. Les vêtements sont un peu grands mais elle porte ça assez bien.  Mais son pote ressemble plus à une prostituée qu’autre chose. La jupe noire avec le débardeur rouge  et le gilet par-dessus les épaules…non ça ne lui va pas du tout. Lucas en profite pour faire une photo et le mec essaye tant bien que mal d’attraper son portable pour effacer la preuve du carnage. Néanmoins ils sont les grands gagnants.

-          Hé, Alexandra et Matt ont gagné vous pouvez sortir de là, crie Mégane, vous êtes bien long vous deux…elle ajoute cela sur un ton qui veut tout dire.

C’est vrai qu’ils sont longs. Ça commence à m’inquiéter. Qu’est-ce qu’ils font ?

La porte s’ouvre enfin et un Lorenzo complètement dénudé fait son apparition, heureusement pour moi il a encore son caleçon…moulant !!!

BEURK

-          Alors expliquez-moi comment il a réussi à rentrer dans ses fringues ? demande-t-il en désignant le fameux copain Matt

Il met ses mains sur ses hanches pour accentuer sa musculature.

J’avoue c’est un joli garçon, bien foutu aussi, pas autant que Lucas mais pas mal, mais alors qu’est-ce qu’il se la pète.

Ca me hérisse le poil.

Mais où est Alycia, elle se cache ? Elle est nue elle aussi ? Ca me soule tout ça, je retourne m’asseoir sur le canapé.

-          Allez-vous changer et on reprend la partie, annonce Lucas

-          C’est moi qui tourne, crie Alexandra en partant

Derrière elle j’entends un léger « comme d’habitude » de Matt puis un « faut savoir être galant » d’Alexandra.

Tout le monde a repris sa place. Je vois Alycia ajuster son haut et Lorenzo lui tapoter la cuisse.

Mes yeux n’arrivent pas à se décoller d’eux. J’ai l’impression qu’elle m’ignore depuis tout à l’heure.

-          Lex c’est à nous, me dit enjoué Lucas, contre…Yes frangine toi contre moi…ne sois pas triste quand tu perdras

-          Alors ça on verra, vas-y Alex, annonce la couleur

Matt lui murmure à l’oreille puis grand sourire, elle nous regarde :

-          Nous choisissons action ou vérité, l’un après l’autre vous choisirez ce que vous souhaitez et on avisera en fonction de votre choix. Lucas toi en premier

-          Action, répond-il impatient.

Matt prend la parole :

-          Embrasse la fille qui te plait le plus.

Je vois Lucas regarder de droite à gauche puis il se tourne vers moi

-          Lexie…

J’hallucine…non non non

Il se rapproche de moi et je le vois tendre les lèvres vers les miennes.

Il me reste malgré tout un soupçon de réaction car je me détourne au dernier moment lui proposant ma joue plutôt que mes lèvres.

-          Dommage mec, rigole Lorenzo, ça compte pas non ? demande t’il en regardant les gagnants.

-          On départagera à la fin, annonce Alexandra, Lorenzo à toi ? Action ou vérité ?

-          Action

Je baisse la tête. Il va s’agir de la même chose et il va à coup sur la choisir.

-          Saute sur un pied en chantant une comptine pour enfant.

-          Quoi ? demande t’il interloqué, il s’attendait lui aussi à autre chose. Cela me fait un peu sourire et je vois Alexandra m’adresser un clin d’œil. Je pense qu’il me faudra la remercier plus tard.

-          Saute sur un pied en chantant une comptine pour enfant, répète-t-elle

On le voit faire ça pendant une minute ce qui fait bien rire à nouveau l’assemblé ?

-          Ok à toi Lexie, tu choisis quoi ?

Je ne veux pas qu’elle me demande la même chose qu’à Lucas car je la sens capable de me faire ce coup-là. Je préfère battre en retraite.

-          Vérité

Au moins je sauve les meubles avec ça, je ne crains rien.

-          J’aurai cru que tu aurais choisi action, me dit-elle en haussant les épaules. Tant pis, alors dis-nous qu’elle est la personne qui t’attire le plus ici ?

Garce !

Je vois Raphaël baisser la tête et se gratter la nuque quant à moi je me demande ce qui m’a pris d’accepter de venir passer le weekend, rien ne se passe comme il faut.

-          Allez, y’a bien quelqu’un qui t’attire, que tu trouves sexy ?

Je sens les regards sur moi et je déteste ça. Allez parles, de toute façon ils ne vont pas te lâcher et si tu ne dis rien ils vont te prendre pour une gamine, pensais-je.

-          Alycia

-          Pardon ? tu as dit qui ?

Elle est sourde, elle le fait exprès…Oui c’est ça elle le fait exprès.

-          J’ai dit Alycia.

J’ai les mains moites. Plus un bruit dans la pièce, je m’en doutais.

-          Ah je comprends mieux pourquoi tu t’es pris un vent mec, rigole Lorenzo, tu ne fais pas je trouve.

-          Fais pas quoi ? je demande

-          Ba…il gesticule avec sa main me montrant comme si j’étais un objet…lesbienne

-          Pourquoi y’a un genre ? mon ton est assez agressif mais il me tape sur les nerfs

-          Non enfin je ne sais pas c’est juste que…

Je ne le laisse pas finir, il m’agace trop :

-          Les cheveux cours et la dégaine camionneuse t’aurait aidé à mieux comprendre.

-          Non enfin…si

Je sens Raphaël me saisir la main, je prends une grande respiration et ajoute :

-          Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences.

Raphaël me serre la main et me tapote le genou comme pour me dire bien joué copine.

-          A toi ALycia ?

Je lève la tête et voit qu’elle me regarde droit dans les yeux.

-          Vérité, dit-elle sans lâcher le regard

-          Si tu avais un secret, car je sais que l’on en a tous, à qui pourrais-tu le confier à cet instant précis ?

Elle scrute Alexandra puis me fait à nouveau face.

-          A Lexie.

Un secret, quel secret ? Elle ne m’en veut pas alors si elle est prête à me parler. Ca me rassure dans un sens j’avais peur de perdre son amitié.

-          Qui sont les gagnants ? demande Mégane

-          Alycia et Lorenzo, annonce Alexandra

-          On est les meilleurs, dit Lorenzo en serrant Alycia dans ses bras.

Le prochain tour est encore pour ma pomme contre à nouveau Alexandra et Matt.

Cette soirée est interminable. Qu’est-ce qu’ils vont encore nous faire faire.

Ils veulent que l’on danse ensemble, fille avec fille et garçon avec garçon. Il faut suivre la musique et en fonction du rythme adapter la danse.

Ok ça peut être marrant. J’aime beaucoup danser donc on a des chances de gagner enfin.

-          Je suis nul en danse, me dit Lucas en se levant

Ok, on va encore perdre.

La musique commence et Alexandra me prend la main pour m’amener au milieu du salon. C’est de la pop jusque-là ça va. Ca me plait assez de me relâcher surtout quand je vois les garçons danser ensemble. Ils sont vraiment trop marrants. La musique change et c’est année 80, super GO les claudettes de Claude François. Avec Alexandra on est vraiment synchrone. Encore un changement, salsa. Alexandra m’attrape et nous dansons face à face, je vais jusqu’à mettre ma main en bas de son dos pour accentuer la danse. Pour finir nous avons le droit à un slow. Elle se colle à moi. Ok soyons honnête ça ne me déplait guère. C’est une belle femme je ne vais pas la repousser.

Au moins elle n’a pas peur d’être contre moi. Ça me fait plaisir et ça me donne un peu de réconfort.

-          Laisse toi aller sinon tu vas perdre, me glisse t’elle en se rapprochant davantage.

Un coup d’œil vers Alycia me fait penser qu’elle n’aime pas  ce qu’elle voit. Si voir deux femmes ensemble la répugne elle n’a qu’à tourner la tête. Rien ne l’oblige à assister à la scène. Malgré tout, sa réaction me touche.

-          Hum tu danses bien, me dit Alexandra une fois la musique arrêtée et se détachant de moi.

Je lui adresse un petit sourire et retourne à ma place.

-          Bon, malgré que les filles ai été très bonnesmerci mesdames pour le spectacle vous étiez hot à la fin, ça m’a donné chaud ouh ouh, la victoire revient à Alexandra et Matt, annonce Lorenzo. Désolé, mais Lucas est un cas désespéré, faudrait lui donner des cours, continue-t-il en éclatant de rire.

-          Oui oui ça va, c’est bon, je sais que je n’ai pas le rythme, bougonne Lucas en s’asseyant. Excuse-moi, me dit-il en me regardant.

-          T’inquiète pas de souci, tu n’y peux rien, répondis-je en lui donnant un petit coup d’épaule.

On fait une pause demande Raphaël.

-          Non encore une dernière et après on fait la pause, dit Alexandra, j’ai une super idée.

-          On se méfie de tes idées, rétorque Raphaël

Elle se frotte les mains et lance la bouteille.

BINGO !

Encore nous contre Raphaël et Mégane.

Je n’en peux plus.

Que va-t-elle nous faire faire la sorcière ?

-          Vous allez nous faire un petit défilé en maillot de bain et on jugera votre prestation.

-          Ah géniale, c’est sûr que l’on va gagner, annonçe Lucas. Avec Lexie c’est obligé, je l’ai vu tout à l’heure et elle déchire. Voyant Mégane sur le côté, il enchaine, non pas que toi Mégane tu n’es pas super, ce n’est pas ce que je veux dire, mais le maillot de Raph laisse à désirer, désolé mec. Allez c’est parti !

-          Non ça sera sans moi, annonçais-je

-          Quoi ? dit-il en se retournant

-          Je ne vais pas me mettre en maillot de bain, je croise les bras sous la poitrine pour accentuer mes dires

-          Pourquoi ? tu es super, allez Lex on va enfin gagner.

NON NON et NON

-          C’est le gage, tu es obligé Lexie, me dit Alexandra

-          Je ne suis obligée de rien, donne-moi un autre gage si tu veux

-          Ça ne marche pas comme ça, commente Alycia, tu as bien réussi à faire les autres gages et à danser à l’instant ?

-          Ce n’est pas pareil

-          Si c’est pareil, tu as peur de quoi ? en plus Alexandra est déjà de ton côté…

Pourquoi elle m’agresse ?

-          Je n’ai pas peur c’est juste que…

Je cherche Raphaël du regard pour qu’il m’aide.

-          Moi je suis d’accord pour un autre gage, dit-il, ça m’arrangerait à vrai dire, plaisante t’il

-          Non ! soit c’est ça, soit vous perdez. Alycia ne me lâche pas du regard. Je te pensais plus courageuse que ça !

C’est méchant ça !

Tout le monde me regarde encore une fois et il y a comme qui dirait un froid.

Je prends sur moi mais j’ai envie d’exploser. Ma mâchoire se crispe de nerf.

-          Ok c’est bon je vais le faire.

Je me lève et commence à partir quand je sens une main m’attraper l’épaule.

Raphaël se rapproche de moi et me murmure

-          Tu n’es pas obligée tu sais

Un coup d’œil en arrière. Elle me défie et je ne sais même pas pourquoi. Qu’est-ce que j’ai fait ? Elle m’en veut d’avoir dansé avec sa copine.

Je me détache de lui et m’en vais dans la chambre me changer. Je crois entendre Alexandra sermonner Alycia mais je n’y fais pas attention, je suis trop préoccupée par autre chose.

Voilà je suis prête, je prends avec moi une chemise que j’enfile par-dessus le maillot en la laissant ouverte.

Respire surtout, n’oublie pas de respirer. Je ne sais pas ce qui m’énerve le plus, avoir dit oui ou le comportement d’ALycia envers moi. Je suis déçue et en colère. J’aurai un punching ball en face de moi que je me défoulerai dessus.

Je retourne vers les autres. Ils sont déjà tous en place. Alignés, ils font face aux autres. Seul Lucas à l’air dans son élément.

Je me mets à coté de Raphaël qui m’adresse un regard compatissant.

-          Allez Lucas à toi l’honneur, fais nous rêver, dis Alexandra en mettant de la musique.

Il ne se fait pas prié, il fait un petit show qui fait rire l’assemblée. Alexandra fait mine d’avoir chaud quand celui-ci vient se frotter à elle. Mégane et Raphaël enchaine un petit pas de danse, à croire qu’ils ont répété dans la chambre. Puis vient mon tour. Mon cœur s’accélère. Je suis énervée contre moi, les nerfs me montent, je sens mes yeux humides.

Respire, souffle et respire…

Je commence à marcher vers eux en imitant un mannequin puis revient à ma place.

-          Tu dois enlever la chemise, dit Alycia toujours sur un ton désagréable.

Alexandra lui fait les gros yeux.

Je prends sur moi une dernière fois et puis je me dis merde, ne te laisse pas faire.

-          Tu n’as qu’à venir me l’enlever ? Elle ne s’attendait pas à ça.

Mais l’idée à l’air de plaire à Lorenzo :

-          Oui bonne idée vas-y, j’ai toujours rêvé de voir une fille en déshabiller une autre

-          T’es con Lorenzo, balance Alexandra

-          Quoi ? c’est bon je rigole, répond-il

La musique continue de tourner et elle est plutôt du genre sensuel.

-          Tu as peur ? je la fixe et lui lance un défi

Je la vois déglutir puis se lever et me rejoindre. Elle se plante devant moi. Elle va pour me l’enlever mais je saisis ses poignets avant même qu’elle ne me touche. J’essaye de me concentrer sur la musique qui passe, c’est ma chance à moi car c’est Girl Crush de Little Big Town. Mes mains sont toujours sur ses poignets. Je la relâche et fais glisser mes doigts le long de ses avants bras montant et descendant lentement. Je viens me coller à elle et la retiens de faire un pas en arrière. Mes mains sont derrière son dos et je la retourne. Elle fait face au groupe pendant que je dégage ses cheveux de son cou, soufflant sur ce dernier. Elle essaye de se dégager en voulant à nouveau me faire face mais je la retiens et saisissant ses deux mains je viens les croiser devant sa poitrine. D’une main je les garde serrer et de l’autre je descends entre ses seins puis jusqu’à son nombril. Je la sens réagir mais je n’y fais pas plus attention que ça. A cet instant précis j’ai l’impression de n’être qu’avec elle dans la pièce. Je n’entends plus rien, seul le son de la musique et mon cœur qui tambourine dans ma poitrine. Mes yeux me brulent. Je me fais du mal dans tous les sens du terme.

Je la relâche et vient me mettre devant elle. Son regard est d’un noir intense. J’ai l’impression qu’elle me brule. Je prends ses mains et les fais remonter jusqu’à mon cou puis saisissant ma chemise je l’accompagne pour me l’enlever. Je la sens glisser doucement dans mon dos, mon regard est ancré dans le sien. Je n’arrive pas à décerner ce qu’ils essayent de me dire. Tout ce que je sais c’est qu’à cet instant précis je me sens vulnérable et à sa merci. Je suis nue, c’est l’impression que j’ai. Je fais un pas de recul pour la regarder ne lâchant pas un instant son regard. La musique est finie et il n’y a pas un bruit dans la pièce.

Au fond de moi j’ai envie d’exploser. Je me retourne et fais face au public qui ne dit mot. Je les sens plus embarrassé qu’autre chose. Même Lorenzo n’ose me regarder. Je serre les dents. Malgré tout je sens une larme couler le long de mon visage.

Je vais pour récupérer ma chemise et me retrouve face à une Alycia avec un air entre désolée, compatissant et un : si j’avais su je n’aurai pas insisté.

Je lui arrache des mains ma chemise et vais me rhabiller vite fais. J’ai envie de boire un verre. Je me dirige ensuite dans la cuisine et j’attrape la première bouteille à ma portée et m’en verse un verre.

Wouah c’est fort.

Téquila !

Je ne suis pas fan mais ça fera l’affaire. Je m’en sers un second verre et reprenant du poil de la bête je reviens à ma place initiale.

J’ai jeté un froid on dirait. Ils ont l’air tous embarrassé devant moi. Je finis vite fais le verre devant moi et annonce :

-          Alors qui a gagné ?

-          C’est nous, me dit Lucas, faut dire qu’avec le spectacle que tu nous as offert, ils n’avaient aucune chance.

-          Ah super. On se tape dans les mains. Ton show n’était pas mal non plus

-          Merci merci, il se redresse et remue le torse en souriant.

Enfin l’heure de la pause. Chacun s’éparpille dans le salon et la cuisine. Après un accord commun nous avons décidé de ne pas reprendre le jeu, on en a eu assez pour la soirée.

J’en profite pour m’exiler un peu dans une autre pièce. La bibliothèque. Qui a une bibliothèque à la montagne ? Je fais le tour des étagères, effleurant les livres du bout des doigts. J’aime beaucoup l’odeur qu’ils dégagent.

-          Toc toc toc, je peux rentrer ? demande Alycia en passant la tête par la porte

-          Tu es chez toi. Je continue de feuilleter le livre que j’ai dans les mains.

Je la sens tournicoter dans la pièce.

-          Lexie…elle cherche ses mots…je m’excuse, je n’ai pas été cool

-          Tu crois ? je continue à regarder le livre sans pour autant m’y intéresser

-          Ecoutes, quand je t’ai vu danser avec Alexandra ça m’a rendu, euh…j’étais…

-          Ecœuré, dégouté…tu as le choix des mots tu sais

Elle me retire le livre des mains et saisit mon visage entre ses mains pour venir m’embrasser délicatement. Le contact ne dure que 2 secondes.

-          J’étais jalouse…elle pose son front contre le mien. Je voulais être à sa place et ça m’a vexé.

Je ne sais pas quoi dire. J’en ai souvent rêvé de ce moment mais là, rien ne sort.

-          Dis quelque chose Lex ?

Je déglutis difficilement, mordille mes lèvres et ajoute :

-          Je peux encore t’embrasser ?

Un énorme sourire illumine son visage. Je prends ça pour un oui, je me colle contre elle et vient l’embrasser doucement puis intensément. J’aime la sentir contre moi, j’aime la douceur de sa peau. J’ose glisser ma main sous son haut en bas du dos et elle est comme parcourue de frisson. J’adore cette sensation, j’en rêvais tellement.

-          Lexie, Alycia…dit Raphaël en pénétrant dans la pièce.

On se sépare un peu trop précipitamment.

-          Vous étiez donc caché ici, il secoue la tête avec un sourire coquin. On vous attend pour le dernier enjeu

-          Encore ? dis-je étonné, on n’a pas fini de jouer ?

-          Si, mais il reste le massage.

Ah oui, j’ai failli l’oublier celui-là.

-          Allez venez avant que je ne m’imagine des choses.

Tu peux t’imaginer ce que tu veux coco, la fille est à moi youhou.

-          Donc il reste un enjeu de taille pour finir cette soirée en beauté annone Raphaël, Lexie ici présente, il me prend à côté de lui, a perdu ce matin et à l’obligation de faire un massage. Donc pour éviter tout privilège ou toute effusion de sang, Lexie, comment souhaites-tu faire ?

Bonne question je n’y avais pas réfléchis. J’aimerai beaucoup qu’Alycia gagne alors j’ai une idée.

-          Très bien, je vais mettre différente musique et chacun votre tour vous allez soit me donner le titre soit le groupe ou le nom de l’artiste, ça vous va ?

Tout le monde acquiesce. Ok je lance la musique sur mon portable et au début tout le monde trouve puis le champ se resserre, Mégane est éliminée, puis Matt et Lorenzo suivi de Lucas et Raphaël ? Ça m’étonne de lui, il connait pourtant super bien mes goûts musicaux.

Il reste en lice Alycia et Alexandra. Cette dernière se défend pas mal pour une novice. J’essaye de me souvenir le genre de musique qu’Alycia apprécie. Ne pensez pas un seul instant que je fais du favoritisme parce que ce n’est pas du tout ce que je cherche à faire.

C’est à son tour, je lance la musique. Les secondes passent et rien.

-          Alors ? demandais-je

-          Je ne sais pas, me répond-elle en grimaçant

Quoi ? Comment ça tu ne sais pas ?

-          Je suis la gagnante alors ? demande Alexandra en voulant commencer sa danse de la victoire

Je tends un doigt vers elle et lui dit :

-          Que si tu me donnes la réponse de cette chanson.

Elle jette une mèche de ses cheveux en arrière :

-          Facile, Alterbridge, Watch over you

J’écarquille des yeux, je suis sur le cul

-          Mais comment tu sais ça toi ?

-          J’adore le Rock, je ne te l’avais pas dis

Non je m’en saurais souvenu.

Je suis dégoutée.

-          Alors ce massage, on dit demain 9h ?

-          Si tu veux

Je suis blasée et je ne suis pas la seule.

Après cette bonne nouvelle Alexandra et ses amis décidèrent de rentrer chez eux. Il commençait à se faire tard et elle voulait être en pleine capacité physique avait-elle dit pour profiter au maximum du massage.

Je suis donc assise au bord du lit avec en face de moi Alycia adosser à la porte de la chambre.

 

 


 

 

Chapitre 12

Girl Crush – Little Big Town

 

-          Quand tu m’as demandé d’enlever ta chemise, j’ai compris que j’étais allée trop loin. Je voulais faire ça vite, comme on enlève un pansement et puis tu m’as touché et je ne savais pas quoi faire. J’étais comme paralysé mais en même temps j’avais tellement envie plus de toi. Et lorsque tu t’es retournée, j’ai vu tes cicatrices, celles que tu m’avais caché quand on avait fait les boutiques ensemble et j’ai compris pourquoi. En fait, non je n’ai pas compris pourquoi tu m’avais caché ça à moi. Je pensais que l’on était proche, amie,  mais malgré tout j’ai compris, je comprends. Je t’ai obligé à faire ça  et je m’en veux trop. Et lorsque tu m’as fait face à nouveau et que je t’ai vu pleurer je me suis sentie si...si horrible de te faire subir ça.

Elle se rapproche de moi. Je reste assisse et elle est debout. Je ne bouge pas.

-          J’ai aimé t’embrasser, j’aime comment tu me regardes, j’aime quand tu me touches.

Je me lève pour lui faire face. J’attends ce moment depuis des mois. J’aimerai moi aussi lui dire tout ce que je ressens mais je ne sais pas ce qui me retiens de lui dire que moi aussi et bien plus encore.

Ma main vient caresser son visage, mon pouce parcours ses lèvres. Je n’en peux plus. Je l’embrasse, elle gémit à mon contact ce qui me fait sourire. Notre baiser est intense, plein de sensualité. Nos langues se mélangent et j’adore le goût qu’elle a. Mes mains parcourent son corps et nous nous retrouvons contre le mur. Je la plaque et intensifie le baiser. Je l’embrasse dans le cou, ma main remontant le long de ses côtes. Ma cuisse se glisse entre ses jambes et je la presse contre elle, remontant mes lèvres vers les siennes. Elle vient me mordiller l’oreille, elle me fait frissonner et elle passe ses mains sous mon t-shirt.

Je me recule précipitamment. Je reprends ma respiration

Je sens de l’interrogation dans son regard. Ses joues sont rosies par le début de notre ébat.

-          Ça fait longtemps que l’on ne m’a pas touché à cet endroit

-          J’arrête si tu veux

-          Non, ma réponse est bien trop rapide ce qui l’a fait sourire et elle vient vers moi.

Elle commence à enlever le petit haut qu’elle porte et se retrouve en soutien-gorge devant moi. Elle est parfaite tout simplement parfaite. Ses cheveux bouclés retombant sur ses épaules, ses yeux qui brillent de fougues. Je fonds.

-          Tu es sûre ? je demande ça comme si j’avais 15 ans.

Elle attrape le bas de mon haut et le fait remonter au-dessus de ma tête pour l’enlever. Elle pose ses doigts sur ma clavicule puis me contourne et les laissent découvrir mon ventre, embrassant mon cou au passage. Elle est derrière moi et je sens sa main appuyer sur mon ventre, descendre sur ma cuisse puis remonter et s’arrêter sur le bouton de mon jean. Elle défait ce dernier. J’ai l’impression que mon cœur va sortir de ma poitrine. Elle descend mon pantalon et me le retire. Elle caresse mes mollets, remontent le long de ma cuisse et s’arrête.

-          C’est moche, je sais, dis-je en baissant la tête

Je sens un petit bisou sur ma cicatrice de la cuisse, puis à nouveau un bisou en bas du dos et des dizaines d’autres parcourant mes cicatrices.

-          Aie confiance en toi, tu es parfaite.

Elle m’embrasse dans le cou, je mets ma main dans ses cheveux pour appuyer davantage ses baisers sur moi. Je me retourne et la pousse sur le lit.

Elle me jette un regard curieux entre le questionnement et l’amusement.

Je déboutonne à mon tour son jean que je lui retire, puis je remonte vers elle en faisant glisser mes mains de chaque côté de son corps. Je m’assieds à cheval sur elle et la regarde lorsque je viens enlever les deux agrafes de son soutien gorges libérant devant moi sa poitrine qui me faisait  tant rêver.

Je prends le temps de les regarder. Alycia est vraiment une très belle femme et je me demande encore ce qu’elle me trouve. Pour autant ma réflexion est de courte durée, car elle me retire le mien plus vite que je ne l’aurai fait. Elle est agile pour une première fois. Elle aussi me regarde, ses yeux sont noirs de désirs. Elle saisit un sein dans chaque main et vient me les embrasser.

Je ne sais pas ce qu’est le paradis mais à ce moment-là j’ai l’impression d’y être. Elle me retourne sur le lit et s’allonge de tout son corps sur moi. Elle vient me mordiller à nouveau l’oreille et d’une main sur elle descend là où j’en ai le plus besoin. Pas besoin d’être experte pour comprendre que je suis au bord de l’orgasme.

Nos ébats ont duré une bonne partie de la nuit. J’ai l’impression d’avoir pris le temps de découvrir chaque parcelle de son corps, chaque courbe, grain de beauté. Je pourrais la contempler pendant des heures.

Je n’arrête pas de me dire que j’ai de la chance d’être avec elle la maintenant.

-          A quoi tu penses ? me demande-t-elle pendant qu’elle me caresse le dos

-          C’est bien une question de fille ça !

Elle me tapote comme pour me gronder.

-          Et donc ?

-          Je pensais à toi

-          Et ?

-          Tu es bien curieuse ?

-          Tu penses à moi, j’ai le droit de savoir ce que tu penses de moi

Je me mets sur le côté pour la voir et redresse ma tête en m’accoudant.

-          Que je suis heureuse d’être là avec toi

-          Et c’est tout.

-          C’est déjà pas mal non ?

-          Oui, mais je suis sure que tu ne me dis pas tout.

-          Il faut garder une part de mystère sinon ça serait trop facile.

Elle acquiesce en grimaçant.

-          Je peux te poser une question ?

-          Hum hum, dis-je ne jouant avec ses doigts

-          Comment tu t’es fait toutes ces cicatrices ?

-          Un accident de voiture, il y a 2 ans.

Je ne me sens pas encore prête à lui raconter ce qu’il s’est passé, alors je la prends contre moi et en lui faisant un bisou sur le front je l’invite à dormir un peu. Elle doit comprendre car elle n’insiste pas et cela me fait plaisir. Pour la première fois depuis bien longtemps, je m’endors paisiblement et heureuse.

 

***********

8H30, la nuit fût courte. Alycia dort paisiblement à mes côtés. Je lui fais un petit bisou sur l’épaule et remonte la couverture sur elle. J’essaye de me lever sans faire de bruit et sors de la chambre.

Alexandra ne va pas tarder à arriver. Je me fais un petit thé pour me réveiller et grignote une madeleine.

8H55 on frappe à la porte. Elle est ponctuelle elle aussi.

-          Salut, elle me fait la bise et rentre.

-          Salut, pas trop dur le réveil ?

-          Non tu veux rire, quand je sais que j’ai un massage gratuit en plus. Je suis prête depuis au moins une heure.

-          Eh bien, j’espère que je ne vais pas te décevoir.

-          Je n’en doute pas un instant. Elle se dirige vers la cuisine. Je peux me faire un café ?

-          Oui bien-sûr. Je m’installe sur l’un des tabourets jonchant le bar de la cuisine.

-          Et toi alors bien dormi ?

Je dois sourire bêtement car elle se rapproche trop vite de moi en demandant :

-          Tu lui as parlé c’est ça ? Et alors c’est bon, y’a eu rapprochement ?

Elle a un sixième sens ou quoi et puis qui parle comme ça de nos jours ? Elle sort d’un stage commando ?

-          On peut dire ça comme ça

Elle touille son café bien trop rapidement en me dévisageant.

-          Je suis sûr qu’il y a eu plus, ajoute-t-elle en fronçant les sourcils.

-          Bon on y va.

Je me lève et me dirige dans la bibliothèque. Je recouvre la grande table de coussin et d’une serviette puis l’invite à se mettre sur le ventre. Avant de s’installer elle sort de son sac un petit flacon d’huile.

-          Tu penses à tout on dirait

J’attrape son flacon. Je me réchauffe les mains en les frottant l’une contre l’autre puis dépose un peu d’huile dessus et c’est parti pour le massage.

En règle générale je ne suis pas très tactile mais je dois avouer que ce n’est pas si désagréable. Elle a l’air reposé, dans un sens je dois lui faire du bien. Il ne lui faut pourtant pas longtemps pour arrêter son calme et par ça j’entends ma tranquillité.

-          Alors tu lui as dit quoi ?

-          Je ne lui ai rien dis

-          Et qu’est-ce qu’il s’est passé ?

-          Tu es bien curieuse ? Tu ne veux pas plutôt profiter de l’instant

-          C’est ce que je fais tout en profitant d’un peu d’histoires croustillantes. De toute façon, soit tu te mets à table soit je questionne Alycia, et comme je la connais par cœur elle ne gardera pas longtemps votre secret.

SORCIERE !!!

-          Oui on a un peu parlé

-          Et ?

Je n’ai pas envie de lui dire que l’on s’est embrassé et plus encore. C’est à Alycia de lui dire, si elle le souhaite, c’est sa vie privée et je n’ai pas le droit de tout raconter même si j’en meurs d’envie.

-          Et on a abordé le sujet, on en a parlé une bonne partie de la nuit…ce n’est pas mentir que de détourner la vérité non ?...et je pense que l’on est passé à une étape supérieure.

Elle se retourne trop rapidement me retrouvant en face de deux mamelons.

Je fais une virevolte sur place, me couvrant les yeux au passage.

-          Tu peux te couvrir s’il te plait

-          Ah ça ? Je n’ai aucun problème avec tout ça

-          Peut-être toi, mais moi je préfère que tu sois couverte.

-          Ok c’est bon je me réinstalle mais tu me dis tout, ok ?

Je jette un coup d’œil rapidement derrière moi et lorsqu’elle a repris sa place je reprends ce que je faisais.

-          Alors quand tu dis étape tu parles de bisous ?

J’arrête de la masser.

-          J’en étais sûre. C’était comment ?

-          C’était parfait.

-          A ce point ?

-          Oui

-          Je suis contente pour toi, pour vous.

-          C’est gentil, merci. Allez profites du massage sinon j’arrête tout.

-          Ok c’est bon, j’arrête de te questionner.

Ça devait bien faire 30 minutes que je la massais et je commence à avoir mal aux avants bras. J’aimerai surtout aller retrouver Alycia. Je suis sûre que le lit doit être tout chaud avec elle dedans.

-          Et voilà c’est terminé.

-          Merci c’était juste parfait. Tu es douée de tes mains, elle me dit ça en appuyant d’un clin d’œil ce qui me fait rougir.

Je la laisse se rhabiller et essuie mes mains sur la serviette.

-          Tu n’es pas très bavarde tu sais

-          Oui je sais on me l’a déjà dis

-          Tu as quelqu’un à qui parler au moins ? une fille ? je sais que tu es très copine avec Raphaël mais il y a certaine chose que l’on ne peut dire qu’à une fille si tu vois ce que je veux dire ?

-          Oui je vois très bien…j’avais quelqu’un mais…malheureusement elle n’est plus là.

-          Je suis désolée pour toi

-          Merci, c’est comme ça

-          Elle te manque ?

Ma gorge se noue

-          Terriblement, je pense à elle tous les jours, Fanny est…était ma meilleure amie, ma confidente, comme une sœur….

Elle se rapproche de moi et me prend dans ses bras.

Me tenant par les épaules elle continue :

-          En tout cas si tu as besoin de parler je suis là. On a tous besoin d’une épaule sur qui compter et la mienne est solide et avare de confidences.

-          C’est gentil merci, j’avais remarqué.

 

**********

Je me glisse discrètement dans la chambre pensant qu’Alycia est toujours dans le lit mais non. Celui-ci est vide. J’en profite pour faire un brin de toilette et me rend dans la cuisine ou tout le monde déjeune. Alexandra est encore là.

Je lance un bonjour général et vais voir ma dulcinée. Son odeur me manque déjà.

-          Hey, ça va ? tu as bien dormi ? je lui demande cela en allant me coller contre elle mais sans pour autant que les autres ne s’en rendent compte.

-          Pas assez !

-          Moi aussi pareil, je lui caresse la main sous la table, j’aurai aimé rester au lit un peu plus avec toi

-          Ouais…Alex je peux te parler un moment

Elle s’en va sans un mot me laissant un peu perplexe. Je me demande si j’ai fait quelque chose de mal. Je la trouve un peu froide. Pourtant avant de dormir j’avais l’impression qu’elle avait aimé ce que l’on venait de vivre ensemble. Je me fais sans doute du cinéma, tout va bien, elle n’a pas assez dormi ça doit être ça.

Quelques minutes plus tard les deux filles reviennent et le sourire n’est pas au rendez-vous.

D’un air assez sévère Alycia nous annonce qu’elle doit rentrer :

-          J’ai un rendez-vous très important demain et faudrait que je rentre de suite. Je suis désolée de mettre fin au séjour comme ça mais je n’ai pas le choix je dois bosser.

Lucas s’approche d’elle et les deux murmures sans que l’on entende quoique ce soit. Je me demande bien ce qu’il se passe. Je vois Alexandra prendre son manteau et l’enfiler. Je vais vers elle.

-          Ça va ? Rien de grave ?

-          Euh oui, elle s’est levée du mauvais pied je crois

-          J’ai cru voir ça aussi, je souris timidement

-          Bon allez je file, tu embrasseras les autres de ma part ok ?

-          Bien sûr

Elle ne perd pas un instant et file sans plus attendre.

Je cherche Alycia du regard et ne la voit pas. Les garçons papotent dans le salon. Je décide d’aller dans la chambre, elle y sera peut-être.

Bingo !

Elle traverse la chambre dans tous les sens, récupérant ses affaires au passage et les mettant dans sa valise.

-          Ça va ? Tu as l’air speed ? Tu veux de l’aide ?

-          Non c’est bon merci, tu devrais faire ta valise

-          Je peux te faire un câlin avant, je m’approche d’elle et la serre dans mes bras mais son étreinte à elle est quasiment inexistante.

Je la relâche et elle ne me regarde même pas. Elle repart faire sa valise.

Ok ça s’est fait. Je ne sais pas trop quoi penser mais comme je n’ai pas envie de me prendre la tête, je fais ma valise et attend patiemment dans l’entrée. Les garçons arrivent assez rapidement. Un tour de clé dans la serrure et nous sommes en voiture. Alycia conduit contrairement à l’aller où elle était avec moi à l’arrière. Je me retrouve donc avec Raphaël qui n’arrête pas de textoter avec Mégane. Je suis heureuse pour lui. Elle a l’air d’une gentille fille.

Pendant le trajet je repense à cette nuit. Certains moments me font sourire, d’autres me donnent chaud, malgré tout j’essaye de voir ou j’ai pu faire une erreur. Je la trouve distante mais je ne sais pas pourquoi. Elle a parlé avec Alexandra ce matin, peut-être qu’elle n’a pas apprécié que je la masse. J’essayerai de discuter avec elle plus tard pour savoir ce qui la tracasse.

Pour le moment, nous sommes jetés un peu comme des veilles chaussettes devant la maison. A peine un au revoir s’en sortir de la voiture. On reste interloqué.

-          J’ai loupé un épisode ? me demande Raphaël

-          Moi aussi je crois.

 

**********

Ça doit bien faire 20 fois que je regarde mon portable et je n’ai toujours aucune nouvelle. Je lui ai envoyé un message il y a environ 2 heures. Je relis pour la énième fois mon message :

« Hey, tu es partie super vite tout à l’heure. Ça te dit de passer dans la soirée ? Je te prépare des cookies et si tu as besoin d’aide je suis là. Gros bisous »

On frappe à ma porte. Mon cœur s’emballe, elle est venue, je suis trop contente. J’ouvre la porte et mon énorme sourire s’efface.

-          Super l’accueil, me dit Anna en rentrant dans l’appartement

-          Excuse-moi, je pensais que c’était Alycia

-          Ah ok, alors ce weekend ? Vous êtes revenus quand ?

-          En fin de matinée, on a pris la route ce matin.

Elle s’installe dans mon canapé. Je nous amène du jus de pomme avec deux verres et m’installent à côté d’elle.

-          Tu as l’air inquiète ? Si c’est à propos du salon faut pas. J’ai géré comme une grande.

-          Je ne m’en fais pas pour ça, tu as mon entière confiance.

-          Ouf ça me rassure, bon allez vas y raconte-moi ton week-end ? Comment ça s’est passé avec Alycia ?

De là je lui raconte tout, du ski qui n’est pas fait pour moi, au jacuzzi et le gage, puis le jeu de Lucas avec l’arrivée de ses amis, suivi de la crise de jalousie d’Alycia, de nos ébats au lit mais sans rentrer dans les détails malgré les longues supplications d’Anna, jusqu’à ce matin le massage et ce retour express.

-          Voilà tu sais tout

-          Hum hum, elle est peut être jalouse de sa copine Alexandra.

-          Pour le massage ?

-          Je ne sais pas, mais de ce que tu me dis elle change de comportement assez facilement. En même temps elle a l’air de beaucoup t’apprécier, donc elle est peut être jalouse.

-          Oui je sais, je ne comprends pas. Mais pour sa copine elle n’a rien à craindre. Elle a bien vu que j’ai pris mon temps avec elle, sinon je l’aurai embrassé avant.

-          Oui moi je l’aurai fait avant c’est sûr

-          Oui voilà donc ça ne peut pas être ça.

-          Il n’y a peut-être rien, continue Anna, tu dis qu’elle a reçu un message de son boulot, ça devait être très important pour rentrer si vite, donc ça doit être ça. Te tracasse pas, dès qu’elle aura un moment elle t’appellera.

-          Oui tu dois avoir raison

-          J’ai toujours raison, enfin souvent…bon allez faut que je file, Zoé m’attend.

-          Ok merci d’être passé et de m’avoir écouté.

-          C’est normal, le nombre de fois où tu l’as fait pour moi et le nombre de fois où tu le fera encore…

Elle me fait rire. Elle prend ses affaires et s’en va. Ça m’a fait du bien de lui parler. Alexandra avait raison, on a tous besoin d’une épaule.

Mon téléphone vibre, je me jette littéralement dessus, oui oui, je saute le canapé et atterrit comme je peux, j’ai failli me bousiller le genou au passage mais ce n’est pas grave.

« J’ai pas mal de boulot qui m’attends, et je dois m’absenter quelques jours pour le travail. On se verra plus tard »

PUTAIN

Si je m’attendais à ça ? Pas du tout.

Même pas un bisou. Son message est froid, inerte. A croire que notre nuit ensemble, n’a jamais existé.

Rappel toi les paroles d’Anna : te tracasse pas, message important, boulot

Ok je ne me tracasse pas. Je ne veux pas être comme beaucoup de filles à se prendre la tête pour un rien. Ce n’est pas mon genre en règle générale alors je ne vais pas commencer.

Mais ça ne m’empêche pas de me poser des questions.

 

La reprise au salon est arrivée bien trop vite à mon goût. Ce weekend, aussi court qu’il a pu être, m’a quand même dépaysé et m’a aéré le cerveau. Ça m’a fait du bien de changer d’atmosphère.

Je n’ai pas eu de nouvelle d’Alycia depuis 4 jours. J’ai croisé Lucas qui m’a dit qu’elle était en déplacement et que là où elle se trouvait elle ne captait pas. Cela ne m’a pas empêché de lui envoyer quelque messages pour lui dire que je pensais à elle, où qu’elle me manquait.

Raphaël était passé en coup de vent au salon me demander si j’étais libre dans la soirée pour aller à l’éphémère jouer un peu. J’étais de bonne humeur alors j’ai accepté. J’avais passé mes 3 dernières soirées à jouer de la guitare, du piano et à chantonner à la maison, alors c’était dans la continuité de ma semaine avec un peu plus de stress quand même.

On avait décidé de se rejoindre là-bas vers 20h30 ce qui me laissait un temps minimum pour me préparer.

La différence de température entre l’extérieur et l’intérieur du pub m’indique rapidement qu’il me faut me déshabiller…pas entièrement je vous rassure, restons pudique. J’aperçois Raphaël au loin discutant avec une jeune femme. Je ne me le répèterai jamais assez mais pense à prendre tes lunettes de vue, je n’y vois rien à plus de deux mètres. Vous savez la fille qui vous répond par un geste de la main lorsque vous faites coucou à quelqu’un d’autre, et bien c’est moi !

Je me demande bien avec qui il parle, il a l’air très proche d’elle en plus…ah c’est Mégane.

-          Hey salut, ça va ? je leur fais la bise

Ils me répondent spontanément oui avec un grand sourire.

-          Ça me fait plaisir de te voir, ça faisait longtemps.

Elle rigole

-          Oui comme tu dis, je suis de passage alors j’en ai profité pour venir voir chouchou

Chouchou ???

Hum hum quel petit cachotier.

-          Tu as très bien fais. Je vais me chercher à boire, vous voulez quelque chose ?

-          Non c’est gentil, me répond Raphaël, Lucas ne devrait pas tarder

Je me prends une bière au bar, en bois une gorgée tout en regardant autour de moi. Il y a déjà pas mal de monde. Je rejoins les deux tourtereaux mais j’ai plus l’impression de tenir la chandelle qu’autre chose.

Certains musiciens passent les uns après les autres et j’aime beaucoup l’ambiance de ce soir. La musique est plus tempérée que d’habitude. On est plus dans du funk et de la variété que dans du rock. Raphaël est en train d’accompagner un guitariste pour un petit bœuf. Je vois Mégane le regarder avec des yeux langoureux. Ils sont mignons à voir tous les deux.

-          Alors les filles, j’étais comment ? demande-t-il en nous rejoignant

-          Tu es vraiment trop fort, comment tu fais pour arriver à utiliser tes bras d’un côté et les jambes de l’autre ? Ça a l’air super dur.

Il l’a prend sous son bras et répond :

-          De la coordination et beaucoup d’entrainement. Je t’apprendrais si tu veux ?

-          C’est vrai tu ferais ça ?

-          Bien sur tout ce que tu veux

Sortez-moi de là je vais vomir.

Je tourne la tête je n’en peux plus de les voir comme ça.

En face de moi, parmi la foule Alycia est là avec son frère à ses côtés.

Youhou, elle est revenue.

Je me lève sans plus attendre et vais à sa rencontre. Arrivé à peine devant elle, je la prends dans les bras et lui fais un bisou sur la joue

-          Tu m’as manqué, ça va ? tu es rentrée quand ?

-          Ça va oui, je suis revenue ce matin.

-          Tu aurais dû me dire que tu venais, je serais venue te chercher…

-          Je ne savais pas encore si j’allais passer.

Je suis trop contente de la voir, elle est toujours aussi belle.

Depuis quelques jours je travaillais sur un projet et je ne sais pas  pourquoi mais le fait de la revoir après 4 jours d’absence, son odeur, tout en elle me fait dire :

-          J’ai une surprise pour toi, tu m’attends là ? ok ?

Je prends mon courage à 2 mains et profite que la scène soit libre pour aller m’installer au piano.

Je prends une petite, grande, très grande inspiration et commence à pianoter quelques notes.

Elle disait qu’elle voulait m’entendre chanter et comme je ne suis pas très douée pour dire ce que je ressens j’avais dans l’idée de lui dire en chanson. Je sais qu’elle adore Gabrielle Aplin, alors j’ai décidé de lui chanter « The power of love ».

Pendant tout le long, je ne vois qu’elle, je ne regarde qu’elle.

Elle est vraiment tout ce que je recherche chez une femme, drôle, intelligente, belle mais avec son petit caractère bien à elle. Je crois que tout le monde recherche quelqu’un comme ça, mais avec elle, je pense vraiment l’avoir trouvé.

Des applaudissements retentissent dans la pièce, mes doigts restent scotchés aux dernières notes.

C’est fait !

Je rejoins Alycia. Inconsciemment je me mordille l’intérieur de la joue. J’ai peur de sa réaction, en fait non je n’ai pas peur mais je suis impatiente de savoir ce qu’elle a à me dire après cette déclaration. Ce n’est pas très conventionnel, je vous l’accorde, mais c’est original et il m’a fallu quand même beaucoup de courage pour faire ça. D’autant que, cette fois ci, je n’ai pas utilisé une goutte d’alcool.

Anna va me dire que je lui ai piqué son idée…ce qui n’est pas faux !

Une jeune femme arrive par derrière et met son bras autour des épaules d’Alycia. Elle me jette un petit coup d’œil puis s’adresse à elle :

-          Je te prends un cocktail ou un verre de vin ma belle ?

Mon cœur s’emballe.

-          Fais-moi la surprise, répond Alycia

La femme s’en retourne mais avant cela elle me regarde de haut en bas en  haussant les sourcils.

-          C’est qui ? mes mains commencent à trembler inconsciemment

-          Mon ex !

Ton ex ? Quoi ? Tu es…tu étais avec une femme…Mais comment ???

-          Elle est venue te rendre visite ?

-          Oui elle dort avec moi.

Je n’en crois pas mes oreilles. C’est un cauchemar, faut que je me réveille !

-          Chez toi ? Avec toi ? Je ne comprends ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

-          Ecoute, retourne avec ta copine qui te manque tant, à qui tu fais que penser…

Je ne comprends rien. J’ai l’impression qu’un train vient de me passer dessus.

-          Mais de quoi tu me parles ?

Son regard devient noir de colère :

-          Ne me prend pas pour une conne, je t’ai entendu avec Alexandra dimanche. T’as eu ce que tu voulais, félicitations !!!

Son ex revient et lui tend un verre.

-          C’est qui elle ? demande elle

Alycia ne prend même plus la peine de me regarder et répond :

-          Personne

Les deux tournes les talons et me laissent sur place.

 

 


 

 

 

Chapitre 13

 

Mad about you – Hooverphonic

 

J’arrive comme une loque au salon. Depuis ce matin, tout ce que je fais est mécanique. Je me sens dépossédée de quelque chose mais en même temps lourde d’un poids sur le cœur et dans le ventre.

J’ai mal.

Je n’ai pas pleuré.

Je suis juste impassible. Je n’arrive pas à me rendre compte de la situation.

Comment ça a pu en arriver là aussi vite. Un jour je passe la belle nuit de ma vie et le lendemain tout est fini. J’ai l’impression de mettre pris un tronc en pleine figure.

10h30. Anna a à peine passé le pas de la porte qu’elle se jette sur moi et me secoue comme un prunier. Malgré son petit gabarit je me demande comment elle fait pour avoir autant de force.

-          Tu es une star, crie-t-elle en ouvrant les bras face à moi

-          De quoi ?

-          Tu n’as pas vu la vidéo ?

-          De quelle vidéo tu parles ?

-          Celle de la chanson. Elle sort de sa poche son portable et commence à pianoter puis me met l’écran devant moi. Regarde, tu es partout. Enfin, le pub a mis en ligne ta prestation d’hier et regarde le nombre de j’aime et de partage. Tu es célèbre.

Je suis célèbre !!!

Pfff mais non !

-          Alors, on se sent comment dans la peau d’une star ?

Je ne dis rien et regarde le début de la vidéo puis la ferme. Je ne veux pas me souvenir de tout ça.

Je la vois trépigner d’impatience, le regard comme une enfant qui aurait vu Chantal Goya (oups pardon pour l’écart de génération).

-          Tu savais qu’il t’avait filmé ? Personne ne t’en a parlé ?

-          Non personne. Je retourne derrière le comptoir.

-          Ah bon, je suis la première alors. Cool au moins tu pourras dire que c’est grâce à moi. Je suis impressionnée n’empêche. Mais y’en a une autre que tu as du impressionné ?

-          T’imagines pas à quel point…

-          Ah oui ? elle se colle au bar et avance son buste au maximum comme pour être dans la confidence.

-          C’est fini !

Le sourire qui est sur son visage se dissipe au fur et à mesure qu’elle essaye de comprendre ce que je viens de dire.

-          Comment ça fini ? Alycia et toi ? Mais ça venait de commencer ?

-          Oui et bien c’est comme ça.

-          Mais pourquoi ?

Je hausse les épaules et me souviens de ses mots : manquer...penser à quelqu’un d’autre

-          Laisse tomber Anna s’il te plait.

Je sais que si je continue je n’arriverai pas à retenir mes larmes plus longtemps. Alors je préfère ne rien dire, garder ça pour moi. Je la laisse dans le salon et part en cuisine.

 

Les jours passèrent et se ressemblèrent. Anna avait arrêté de me questionner comprenant que je ne dirais rien de plus.

C’est la vie je lui avais dit.

Elle n’y croyait pas, moi-même non plus, mais fallait bien vivre avec. C’était comme ça.

L’histoire n’aura duré qu’un soir, qu’une nuit. Elle avait cette idée de moi. Je ne m’étais jamais sentie autant mal, déçu, triste, trahie…

Fallait bien que je me fasse une raison. Et pourtant elle était toujours dans ma tête, dans mon cœur. Je me déteste moi même d’être comme ça. J’aurai envie de me secouer fort ou de me jeter contre un mur pour me dire REVEIL TOI.

Raphaël m’avait félicité pour ma prestation en me disant que tout ça c’était grâce à lui.

Effectivement, tout ça, tout ce que je vivais maintenant était grâce à lui et surtout ce couteau que j’ai dans le cœur. Il avait voulu que je retourne jouer mais j’ai toujours refusé. Je ne pouvais plus, je n’en avais plus envie.

Et le groupe m’a-t-il demandé : Sans moi… j’arrête tout.

Il n’avait pas insisté. Il voyait bien que quelque chose n’allait pas, pour autant il eut la délicatesse de ne pas demander.

 

J’ai passé la journée à comater sur le canapé en regardant tous les films kitch sur Netflix. Vous savez le genre de film ou vous ne vous prenez pas la tête et qui finissent bien. Les happy ends j’adore ça, il n’y a que dans les films ou ça finit bien de toute façon. Je ne me suis levée que pour aller au toilette ou manger. C’est pour vous dire que la trace de mes fesses est bien incrustée, digne d’une empreinte préhistorique.

Mon téléphone sonne, un message :

« Salut Lex, prête pour ce soir, tu n’as pas oublié je fête mes 22 ans. Bon je t’attends pour 20h. Bisous »

Merde, je l’avais oublié. L’anniversaire de Raphaël…il fête ses 32 ans je vous rassure.

17h00. C’est bon j’ai le temps de m’organiser. Le cadeau je l’ai mis ou au fait ? Ah oui dans le meuble de l’entrée.

Je fais quoi ? J’ai le temps de me mater un autre film non ? Et puis qui arrive à l’heure de nos jours…moi la grande prêtresse de la ponctualité je dis ça…pfff.

J’ai pris le temps nécessaire pour me doucher, me maquiller légèrement, m’habiller. Il a plu toute la journée alors j’opte pour une paire de bottine en cuir noire. J’aurai chaud aux pieds et ils seront au sec.

Allez c’est parti, partons dans le froid et la pluie…pouh j’étais bien dans mon canapé.

 

**********

 

-          Salut, j’espère que tu as prévu du chocolat chaud ? dis-je en rentrant et en enlevant ma veste.

-          Non ce n’est pas au programme mais si tu veux je te fais un russe blanc ?

Beurk, très peu pour moi le mélange vodka, café et glace.

-          Non en fait ça ira, je me contenterai de ce que tu as. Joyeux Anniversaire.

Je lui fais un gros câlin qu’il me rend avec joie.

-          Je suis content de te voir. Tu m’as manqué.

-          Je vais te croire. Je suis sûre que tu étais content d’être tranquille un peu. Au fait, chouchou va bien ?

Il rigole.

-          Elle va très bien. Son train a du retard mais elle ne devrait pas tarder. Allez rentres et mêles toi à la foule, je t’apporte à boire.

-          C’est gentil, merci.

Je fais le tour de la population. Je connais quelques un de ses amis. Heureusement pour moi il a évité de faire venir ses collègues de bureau.

Je papote gentiment avec Greg, il joue au foot avec Raphaël. Ça fait longtemps que je ne l’avais pas vu. Il n’a pas changé, toujours aussi dragueur mais très gentil malgré tout. L’un n’enlève pas l’autre.

Je fais un bon de 2 mètres lorsque je sens 2 doigts me chatouiller les côtes.

-          Hey Lucas, la première chose à laquelle je pense c’est : ta sœur est avec toi ?... ça va ?

-          Salut, oui, ça fait longtemps ?

-          Oui j’étais pas mal occupée ces derniers temps

Mensonge, mensonge, mensonge, tu iras en enfer…pas grave.

-          Faut que l’on se revoie vite. Ça me manque de jouer avec vous. Au fait j’ai trouvé du boulot dans une salle de sport, coach sportif.

-          Ah c’est génial, tu dois être content ?

Mes yeux se baladent partout autour de lui. Elle n’est pas là, ouf, Raphaël me l’aurait dit. Quoique, il n’était pas au courant pour nous deux alors il ne pouvait pas savoir et s’il a invité Lucas alors il l’a invité elle aussi.

-          Oui super content, les horaires sont cool, le salaire correct et en plus j’adore ce que je fais donc quoi demander de mieux ? Et toi alors ?

-          Moi tu sais, le boulot au salon encore et toujours.

-          Faudra que tu viennes manger bientôt à la maison, j’aimais bien quand on était tous ensemble.

Mais bien-sûr je viendrai quand les poules auront des dents…c’est-à-dire jamais.

-          Oui pourquoi pas. On en parle plus tard.

-          Ok cool, bon je vais voir Raphaël lui donner son cadeau. 

Ah oui son cadeau, je l’ai laissé dans mon sac. Je me faufile jusque dans sa chambre d’amis ou il a entreposé tous les manteaux et sacs et tombe nez à nez avec Alycia.

J’ai l’impression que mon cœur va sortir de ma poitrine. Mon rythme cardiaque doit être à 150.

Dit quelque chose. J’ai eu envie de lui écrire après cette histoire pour lui dire que ce qu’elle avait entendu était faux mais à chaque fois je me suis rétractée en repensant au visage de son ex me regardant avec mépris.

-          Salut, dis-je, c’est un bon début enfin je crois

-          Salut, sa réponse est sèche.

Elle est encore en colère après 3 semaines. En colère pour une mauvaise raison. C’est moi qui devrais être en colère.

-          Raphaël ne m’a pas dit que tu venais.

-          Pourquoi ? Tu ne serais pas venue ? elle croise les bras devant elle

-          Je n’ai jamais dit ça, je suis sur la défensive.

-          Peu importe. Elle finit de ranger un truc dans son sac et va pour partir.

Allez parles Lex, tu n’auras peut être jamais l’occasion de le faire.

-          Tu t’es trompée sur moi !

-          Ah ça s’est bien vrai, tu m’as vraiment pris pour une conne. Son regard est meurtrier, ses lèvres pincées.

-          Pas du tout, je fais un pas dans sa direction et elle recule.

Je la dégoute tant que ça. Ça me blesse mais pour autant je veux qu’elle connaisse la vérité.

-          Ecoute, tu as mal interprété ce que tu as entendu ce matin là

-          Tu sais quoi ? Je vais te croire sur parole. Maintenant laisse-moi tranquille et retourne avec ta Fanny.

Elle ne fait pas deux pas que j’explose. Tout ce que j’avais gardé pour moi ces dernières semaines surgit enfin. De la colère et de la peine se confondent et j’hurle :

-          Elle est MORTE… Fanny est morte… dans l’accident de voiture…C’était ma meilleure amie et elle est morte. Je sens toutes les larmes de mon corps s’échapper et se déverser sur mes joues.  Alors oui elle me manque et oui je pense à elle. Mais je ne t’ai pas trahi ou autre chose que tu crois. Tu as entendu certains mots et de suite tu as pensé ça, comme si j’aurai pu te faire ça !!! On venait de passer la nuit ensemble et…Je fais un pas dans sa direction et me rapproche de plus en plus d’elle. Et juste quand je t’ouvre mon cœur, tu te ramènes avec cette fille, ton ex !... C’est moi qui me suis trompée sur toi.

Je ne prends pas la peine de me retourner que je pars en courant. Bousculant Raphaël sur le passage qui accueillait des amis à lui.

Je crois entendre mon prénom au loin mais trop tard, j’ai pris la porte des escaliers et pars aussi vite que possible.

Je marche sans savoir ou je vais, la pluie me tombe dessus comme un rideau. J’ai froid, je suis trempée jusqu’aux os malgré tout je m’en fou. Je marche encore et encore. Je ne sais pas quelle heure il est, de toute façon je n’ai rien sur moi.

Je m’en fou !

Je suis fatiguée physiquement et moralement. Quand elle m’a embrassé j’ai cru que je revivais pour une seconde fois. Je l’attendais depuis longtemps et c’était si bon. Ses lèvres étaient si douces. Mais ce qu’elle a fait…elle aurait pu venir me parler, me demander des explications. Au lieu de ça, elle est restée muette. J’ai eu la honte de ma vie ce soir-là.

Son ex…une fille…

Même ça elle me l’avait caché. Moi qui faisais attention à ce que je disais ou faisais. Je n’osais pas la toucher parfois…ba oui, elle aurait pu croire que je voulais lui sauter dessus…même si parfois c’était vrai mais quand même. Je ne suis pas un animal…je suis juste moi et elle me plaisait…me plait.

Tout se remue dans ma tête, dans mon cœur.

J’ai mal.

Je bute contre le trottoir, ce qui m’oblige à lever la tête et ouvrir correctement les yeux. Je regarde autour de moi et m’aperçois qu’instinctivement mes jambes me mener jusqu’à toi. La seule qui a toujours su m’écouter.

De ma main je balaye la pierre tombale des gouttes qui se déposent sur celle-ci et mes doigts viennent suivre le contour de son prénom.

Je m’assieds au pied et me recroqueville contre celle-ci. Je ne parle pas, je n’en ai jamais eu besoin. Quand j’étais comme ça, Fanny savait qu’il ne fallait rien dire. Elle me prenait simplement dans ses bras et attendait que je sois prête à parler. Inconsciemment, je fais de même et au bout d’un moment mes paupières s’alourdissent et je glisse sur la pierre jusqu’à me positionner en fœtus contre elle.

J’ai l’impression de voler. Je me sens à la fois légère et lourde. Je n’arrive pas à bouger, tous mes membres sont comme paralysés mais ils flottent. Je crois distinguer de la lumière…la lumière au fond du tunnel je n’y crois pas, je ne suis pas croyante et pourtant elle m’éblouie le temps d’un instant. J’entends un battement de cœur résonner dans mon oreille gauche, ce son me réconforte. Je me laisse aller à l’écouter mais je ne peux toujours pas bouger.

Je ne veux plus résister, me laisser aller avec ce son qui berce ma tête.

 

**********

 

Je déglutis difficilement. Ma tête me fait mal. J’ai froid puis chaud. Je suis où ?

J’ouvre un œil, puis un autre mais la lumière du jour me fait mal aux yeux. Je me tiens la tête d’une main et plissent des yeux.

Une couette, un oreiller…je suis rentrée chez moi hier soir. Je ne m’en souviens pas. Lorsque mes yeux commencent à s’habituer à cette semi lumière je distingue des motifs pastels sur la couette.

Une chose est sûre, ce n’est pas ma couette, plus je fais le tour et plus je constate que je ne suis pas dans mon lit.

Mais je suis ou ?

J’essaye tant bien que mal de me redresser et une chose frappe mon esprit. Cette odeur ? Est-ce que c’est ce que je crois ?

-          Hey ma belle ? Ça va ?

-          Raph c’est toi ?

-          Oui, il s’assied au bord du lit et pose une main sur mon front. Tu nous as fait peur Lex. Tu aurais dû me parler de tout ça ?

Mes yeux sont à nouveau fermés. J’ai froid.

-          Parler de quoi ?

-          De toi et d’Alycia

Je passe mes mains sur mon visage et grogne :

-          Laisse tomber, y’a rien à dire.

Je l’entends respirer fort et se lever.

-          Repose-toi et si tu as besoin, appel on est juste à côté.

Je ne réponds rien et me laisse tomber dans la somnolence. J’ai l’impression que tout mon être tremble. J’ai froid et transpire en même temps. J’enfonce mon nez dans le coussin et encore cette odeur.

Je sens une main se déposer sur mon front et une sensation de fraicheur vient essuyer les gouttes de ce dernier. Ça me fait beaucoup de bien.

-          Raph ?

Mes paupières sont toujours closes. Je tremble de tout mon corps

-          Raphaël a dû partir

L’odeur c’est Alycia. Je le savais.

-          Je suis ou ? demandais-je d’un air agacé

-          Tu es chez moi.

Mon corps me fait mal. Je remonte la couette et la serre fort.

Elle vient poser sa main sur mon front et me dit :

-          Repose toi je vais te préparer une bouillote.

Je l’entends partir et marquer un instant sur le pas de la porte puis le bruit de ses pas retentissent à nouveau.

Chez elle ? Pourquoi ?

Faut que j’arrive à me lever. Je ne veux pas être là. D’accord, j’adore l’odeur sur ses coussins. J’ai l’impression d’être dans ses bras quand je suis là et son odeur à un aspect rassurant sur mon corps.

J’essaye de récolter toutes les forces qu’il me reste pour soulever une partie de la couette lorsque je me rends compte que je suis en toute petite tenue la dessous. En vain, la couette est trop lourde et elle retombe sur moi laissant encore ses effluves me chatouiller le nez.

Je déteste ma vie.

Je ne sais pas combien de temps il s’est écoulé depuis ma première tentative d’évasion car je me suis rendormie. Je me retourne et sans quelque chose sous la couette. D’une main j’attrape l’objet et me retrouve en face d’une bouillote aux couleurs de Noël…très kitch, j’aime assez.

J’entends quelqu’un traficoter dans la salle de bain.

-          Je t’ai réveillé ? demande Alycia en s’avançant vers le lit.

-          Non, j’ai la bouche pâteuse

-          Attend je t’amène un peu d’eau.

Elle revient 30 secondes après et s’installant à côté de moi, m’aide à me redresser et amène le verre d’eau à ma bouche.

-          Merci, dis-je après avoir bu deux gorgées.

Elle repose le verre sur la table de chevet et reste à côté de moi.

Aucune de nous deux ne dis mots. J’aurai envie pourtant mais quelque chose me retiens. J’aimerai juste partir d’ici mais quelque chose me retiens.

Du coin de l’œil je la vois se mordiller la lèvre du dessous signe qu’elle cherche à parler mais ne sait peut-être pas comment s’y prendre.

Je romps le silence :

-          Je vais rentrer chez moi.

-          Non. Elle place sa main sur la mienne et me regarde droit dans les yeux puis baisse son regard. Je suis désolée. Elle fait de nouveau front et sincèrement ajoute : je suis vraiment désolée pour tout. J’ai été cruelle avec toi.

J’aurai bien dis un autre mot mais j’accepte aussi celui-là, elle retire sa main.

-          Cruelle et odieuse et je suis désolée pour tout ça. Elle baisse la tête

-          Tu l’as déjà dit ça, je lui fais un petit sourire en coin

Peut-être que ça lui donne du courage car elle continue :

-          Tu sais hier, j’ai eu tellement peur de te perdre quand on t’a trouvé allongé au cimetière. Tu étais glaciale, je n’arrivais pas à te réchauffer…

-          Donc tu m’as déshabillé, tu pensais que ça allait aider ?

Elle ne sait pas si ce que je dis est du lard ou du cochon mais pour ma part l’humour est la seule chose que j’arrive à faire, et répond :

-          Non enfin oui, tu étais trempée, fallait bien que je t’enlève les vêtements pour te sécher et te mettre au chaud.

Cela me fait sourire de la voir essayer de se justifier, pour autant je ne préfère ne pas être loquace :

-          D’accord, merci.

On reste quelques minutes à regarder le mur qui soit dit en passant est d’un blanc très blanc puis elle reprend :

-          Je t’ai menti, mon ex n’a pas dormi ici, je n’ai rien fais avec elle, je voulais juste…te faire du mal.

-          Et tu as réussi ! dis-je un peu trop sèchement que ce que je ne le voulais.

Les traits de son visage se ferment et je vois bien que ce que je viens de lui dire lui a fait du mal.

Mais moi aussi j’ai eu mal je vous rappelle.

La voir comme ça me pince le cœur. Je ne suis pas de nature rancunière et on fait tous des erreurs. Mon côté chamallow ressort. Je prends une grande respiration et lui prend la main :

-          J’ai eu beaucoup mal… tu m’as fait beaucoup de mal, sa main se crispe dans la mienne, tu aurais dû venir me parler ?

-          Je sais mais quand je t’ai entendu parler avec Alexandra, j’ai eu l’impression de me prendre un grosse claque. J’ai cru que tu étais comme toutes ses filles, une de plus dans ton tableau de chasse

-          C’est ce que tu vois quand tu me regardes ? Une fille prête à tout pour te mettre dans mon lit ? Je t’ai sauté dessus ? ma voix monte et malgré tout je garde sa main dans la mienne. Ce contact me permet de savoir si elle me ment ou pas.

-          Non, elle passe sa main dans ses cheveux et se frotte le visage, non pas du tout. J’avais tellement attendu ce moment…nous deux…

-          Moi aussi…sa main se relâche totalement et elle me regarde comme si elle ne s’en doutait pas, tu ne t’en doutais pas ?

Elle hausse des épaules et rajoute :

-          Je n’en étais pas sûre. Je ne suis pas très douée pour ces choses-là…

-          Alors on est deux, je ne savais même pas que tu aimais les femmes.

Je la vois avaler difficilement et sa main commence à devenir moite.

-          J’aurai du t’en parler…quand j’ai su pour toi j’étais comme réconforter parce que je me disais que peut être j’aurai une chance avec toi et d’un autre coté j’avais peur

-          Peur de quoi ?

-          Je ne sais pas, ma dernière relation n’a pas été simple et je ne sais pas pourquoi je ne t’en ai pas parlé.

-          Je pensais que l’on était amie

-          On l’était oui, on l’est ? elle me regarde et je vois dans ses yeux une crainte que je ne dise le contraire

J’hoche de la tête pour acquiescer. Je lui fais des petits ronds dans la paume de la main

-          J’aimerai être plus…

Est-ce qu’elle vient de dire ce que je viens d’entendre ?

Mon cœur bat à toute vitesse dans ma poitrine. J’ai un élan de bonheur qui me transperce à cet instant même, pour autant je respire profondément mettant mes émotions de côté et réponds ce qui me semble être du bon sens :

-          Il va me falloir du temps

Elle ne répond rien. Enlève sa main de la mienne puis se lève.

-          Je comprends. Je te laisse te reposer

Elle me laisse seule dans ce lit empreint de son odeur.

Est-ce que j’ai pris la bonne décision ? Je me tourne et retourne dans le lit. Je crois oui. Je ne peux pas lui pardonner tout d’un seul trait non ?

Mon cœur a envie de quelque chose et ma tête me dit autre chose. On dit bien qu’il faut écouter son cœur. Comme dit le proverbe : le cœur a ses raisons que la raison ignore.

Je me lève et titube jusque dans le salon. Je n’ai rien trouvé à me mettre sur le dos au passage alors j’avance en sous vêtement. Mes yeux me font mal lorsque je croise le soleil qui pénètre la pièce.

J’entends de la musique et me tourne jusqu’à m’appuyer sur le canapé ou je vois Alycia assise au sol avec sa tablette en train de regarder une vidéo musicale.

C’est moi qu’elle écoute !!!

-          Un peu trop aigu parfois, tu ne trouves pas et pas très juste non plus ?

Elle sursaute et se redresse aussi vite que si je tirai sur un fil. Je la vois s’essuyer la joue d’un revers de main puis devenir rouge en me regardant.

Je prends conscience de mon accoutrement et pour détendre l’atmosphère déclare :

-          Tu m’as déjà vu en maillot de bain et à poil, ne me dis pas que je te choque ?

Elle se mordille la lèvre et sourit puis attrape le plaid sur le canapé et le contourne pour venir me le déposer sur le dos

-          Tu vas attraper froid

-          C’est déjà fait ça !

-          Tu veux que je te prépare quelque chose à boire ou à manger ?

Elle commence à partir mais je la retiens par le bras :

-          J’ai pris mon temps pour réfléchir et moi aussi… je veux plus

Un sourire s’écarte lentement sur ses lèvres faisant apparaitre des dents blanches et parfaitement droites.

Je la tire doucement vers moi et m’approche d’elle jusqu’à me retrouver à quelques millimètre de sa bouche. J’humidifie mes lèvres et attend qu’elle franchisse le dernière espace qui nous sépare, ce qu’elle fait délicieusement.

Ce baiser est le début d’une longue et belle aventure amoureuse.

 

FIN

 

Merci d'avoir pris le temps de lire ;)

N'hésitez pas à  laisser un commentaire, négatif ou positif.

Ca fait plaisir de savoir ce que vous en pensez et surtout ça motive à continuer d'écrire :)

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Commentaires
M
Hello,<br /> <br /> Je trouve ton style vraiment super, c'est très plaisant à lire !<br /> <br /> Quelques fautes mais rien de grave :)<br /> <br /> <br /> <br /> Par contre j'ai trouvé le rebondissements un peu trop forcé à la Hollywood, peut-être que le massage aurait été un meilleur prétexte à ce rebondissement ?<br /> <br /> <br /> <br /> Mais sinon j'adore et je vais lire tes autres récits !
Répondre
L
Salut !<br /> <br /> De rien et de rien ;) <br /> <br /> <br /> <br /> Ne t'excuse surtout pas de m'avoir fait pleurer! De un, je suis quelqu'un de sensible et de deux, cela signifie que ton récit à su me toucher et m'émouvoir : c'est une qualité.<br /> <br /> <br /> <br /> Et pour satisfaire ta curiosité : j'écris, oui, mais de la musique entre le slam et le rap. Quelque chose de doux, rythmé et imagé (...enfin j'essaie.) <br /> <br /> <br /> <br /> Bonne soirnée<br /> <br /> (soirée + journée = soirnée),<br /> <br /> Lumielle
Répondre
L
Hey ! J'avais dit que je lirais tous tes récits puis j'ai utilisé mon temps de lecture pour stimuler mon esprit créatif.<br /> <br /> Revenir vers ce blog avec cette histoire fût une expérience incroyable ...spoiler alerte : j'ai énormément pleuré<br /> <br /> <br /> <br /> Ce récit sort vraiment du lot par rapport à ceux de ton blog. Je l'ai sentis plus impersonnel avec des personnages hétéroclites et tous indispensable à l'intrigue. J'ai trouvé que le récit s'agençait très bien, c'était fluide et chaque action était relié aux autres certaines même à des passages plus loin dans le plot, très appréciable.<br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui m'a le plus marqué (et qui a propulsé "rock n roll" en 1ere position dans mon classement des histoires de ce blog) c'est cette magnifique histoire d'amitié entre Lex et Fanny. Mettre au même rang l'amitié et l'amour ce voit rarement dans ce style de récit, c'en est d'autant plus pathétique (au sens littéraire du terme) !<br /> <br /> <br /> <br /> Bravo pour ces chapitres formidables<br /> <br /> <br /> <br /> Au plaisir de te lire,<br /> <br /> Lumielle
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Z
Bonjour à toi chère auteure/autrice<br /> <br /> <br /> <br /> C'est avec plaisir que je découvre ce blog. <br /> <br /> J'ai ludeux fictions et j'ai hâte de lire le reste. C'est une belle trouvaille pour moi. <br /> <br /> Bravo pour tout ce travail
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F
D'habitude je lis les histoires et ne laisse jamais de commentaire mais là poue une fois j'en ai envie. J'ai lu cette histoire d'une traite. J'ai adoré et effectivement cela change agréablement des histoires de lycéennes et autres étudiantes qui découvrent leur sexualité. On s'attache aux personnages (surtout Lexie :)) et on a envie de connaître la suite, les débuts de la vie à deux. ... bref un beau récit très plaisant. J'aime !
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