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Fictions lesbiennes E.G.O.
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10 janvier 2020

2516 - Chapitre 4

CHAPITRE 4

 

Suprême est assis derrière son bureau transparent. Il a le regard perdu devant une pierre bleue reluisante. Du bout de ses doigts, il la fait glisser sur place dessinant de petits ronds. Il sort de ses pensées lorsque l’appareil devant lui se met à sonner. Il s’agit d’un socle de couleur aluminium en forme de triangle. À chaque extrémité, il y a un symbole. Le premier est celui de l’infini, le second un nuage et le dernier un rectangle. En l’occurrence, c’est le nuage qui s’illumine. Il glisse un de ses doigts dessus et l’hologramme fait son apparition.

 

-          Suprême, vous m’avez demandé ? 

-          C’est exact Mya. Mes hommes vont vous emmener les sujets demain matin. Assurez-vous qu’ils soient bien tous marqué et contactez-moi une fois le prélèvement effectué.

-          Oui Suprême.

 

Suprême regarde à nouveau la pierre quelques secondes.

 

-          Souhaitez-vous autre chose Suprême ?

-          Non se sera tout, et il éteint le triangle en passant sa main par-dessus.

-          Espérons que cette récolte nous apprenne quelque chose, dit-il doucement.

 

Il se lève, dépose la pierre dans un bol posé sur une étagère derrière lui. Il met sa main droite sur le mur devant lui et celui-ci devient transparent. Un faisceau de lumière parcourt les contours de son visage qui laisse ouvrir une fenêtre secrète devant lui. Il y dépose la pierre bleue délicatement. Dans cette même cachette, un bracelet rouge terre, forgé à partir de lianes et d’un autre matériau. Les deux mis côte à côte dégagent des étincelles qui se regroupent pour ne faire qu’un. Suprême referme la fenêtre qui reprend son apparence de mur blanc.

 

Allongé dans ce lit, je n’arrive pas à trouver le sommeil. Trop de questions se bousculent dans ma tête et parmi toutes celles-ci : qu’allons-nous devenir et comment retourner d’où nous venons ?

 

**********

 

Malgré que nous soyons dans le futur, cette odeur-là est reconnaissable. L’odeur d’un hôpital ou d’une pharmacie, celle que l’on sent en rentrant dans le cabinet d’un dentiste. Tout à fait celle du docteur MELGRAND qui me recevait toujours avec la fraise à la main, la faisant tourner comme pour s’amuser. Il avait oublié que je n’étais plus la petite fille qu’il avait connue, celle qui avait peur lorsque j’entendais ce bruit. Mais cela le faisait toujours sourire alors je jouais son jeu histoire d’une minute pour penser au bon vieux temps.

 

Le militaire nous a prévenu que nous devions tous passer devant le médecin avant d’être lâcher dans la population actuelle. Nous venions du passé et nous avions peut-être en nous quelque chose qui pourrait altérer le futur. Pour la première fois depuis le début, l’on nous demande notre nom et prénom. En colonne de deux, nous avançons un à un devant deux boîtes métalliques renfermant chacune un individu. Marion est devant moi et décline son identité puis vient mon tour.

 

Une voix féminine me demande :

 

-          Rester bien sur la marque au sol et ne bougez pas. Votre nom ? 

-          JASO, dis-je en regardant où mes pieds se plaçaient.

-          Prénom ? 

-          Alix 

-          Veuillez avancer d’un pas et poser vos doigts sur les marques devant vous.

 

J’exécute sa demande. De l’autre côté de la vitre, l’on peut voir que ce kiosque n’est en réalité qu’une sorte d’interface d’ordinateur. Le bout de mes doigts est scanné, mon visage photographié et envoyé dans l’ordinateur qui analyse l’ensemble des courbes. Un papier sort de la machine que la femme me tend.

 

-          Voici votre numéro, veuillez le conserver et le donner au médecin lorsqu’il vous recevra. Dirigez-vous dans la salle sur votre gauche. 

 

A côté de moi, se trouve le rebelle aux cheveux longs. Une voix d’homme lui demande également les mêmes informations.

 

-          Nom ? 

-          CAGE 

-          Prénom ? 

-          Nicolas

 

Je le regarde répondre et cela me fait sourire. Il me fait un clin d’œil et pose lui aussi ses doigts sur les marques.

 

-          Numéro 5210 ?  cria une voix d’homme au bout du couloir.

 

Nous regardons tous notre bout de papier. Il correspond à celui d’une vieille dame. Elle se lève et se dirige fébrilement au bout du couloir. Je ne peux imaginer ce qu’elle ressent. Pour ma part, la peur m’avait envahi un moment puis elle avait laissé place à de l’incompréhension. Alors cette dame aux cheveux gris qui avait l’âge de ma grand-mère doit être perdue et suit les instructions comme un premier jour d’école.

 

Arlette avance les doigts tremblant le long de ce couloir blanc. Le couloir de la mort pense-t-elle. Elle a connu la guerre, elle se souvient du traumatisme que cela a laissé. Elle a entendu des histoires, des hommes et des femmes revenues des camps de concentration avec un tatouage sur le bras, maigre comme un fil de fer. Ils avaient subi le pire des cauchemars et malgré cela ils s’étaient relevés pour affronter Hitler et sa dictature. Elle prend son courage, relève fièrement la tête et rentre dans la pièce. Elle n’est pas femme à se laisser dominer par la peur.

 

D’autres numéros sont appelés lorsque vient le mien « 6002 ».

Je vérifie le bout de papier et constate bien qu’il s’agit de mon numéro. Je prends une grande respiration et me lève.

 

-          Allez, c’est parti, me dis-je intérieurement.

 

Les précédentes personnes ne sont pas revenues. Je n’ai entendu aucun cri, aucun mot plus haut que l’autre, il n’y a donc rien d’inquiétant à priori. J’arrive au bout du couloir et trouve sur ma droite une porte ouverte. Encore une salle toute blanche. Décidément, le blanc doit être une couleur qui leur plaît. Une femme est postée derrière un bureau.

 

-          Approchez, me dit-elle s’en lever la tête. Vêtue d’une blouse blanche, elle tapote sur l’ordinateur devant elle. Devant son bureau, je lui tends mon papier et elle ajoute : Alix JASO, est-ce exact ?

-          Oui 

-          Très bien nous pouvons commencer, et elle lève enfin les yeux.

 

Lorsque nos regards se croisent, elle a l’air surprise et met quelques secondes à enchainer. Quel regard ! Des yeux d’un gris clair, stupéfiant. Le mariage de ses cheveux châtains avec ses yeux clairs fait d’elle une femme très charmante. Elle prend mon papier et le glisse dans une fente puis elle se dirige au centre de la pièce où est placée une vitre transparente. Elle pose sa paume dessus et celle-ci s’illumine. Le contour s’éclaire en bleu et quelques fenêtres font leur apparition. Elle appui sur le côté droit de l’écran et glisse de droite à gauche.

 

-          Approchez et mettez-vous devant moi, face à l’écran sur l’emplacement marqué au sol.

 

Au sol est dessiné deux rectangles de taille d’égale distance d’une trentaine de centimètres. Je la vois manipuler les différentes fenêtres de l’ordinateur faisant glisser des symboles dans tous les sens.

 

-          Regardez droit devant vous et ne bougez plus.

 

Les rectangles s’illuminent et un rond m’encercle. Un faisceau lumineux de la couleur du soleil progresse le long de mon corps débutant par mes pieds et remontant jusqu’à mon visage. Je peux voir à travers l’écran mes os, mes organes, tout mon corps prendre forme. Puis la lumière s’estompe.

 

-          À quoi cela sert-il ?  demandais-je. Que nous obéissions est une chose, mais je veux savoir pourquoi tous ces tests, tous ces scanners.

-          Il s’agit là de vérifier si vous allez bien.

-          En scannant mon corps jusqu’au moindre détail ? 

-          Effectivement, nous pouvons grâce à cette technologie, connaitre vos différentes fractures, hématomes... Par ici maintenant, ajoute-t-elle en me désignant un siège sur la gauche de la pièce. Asseyez-vous et mettez vos bras sur les accoudoirs et vos doigts dans chaque trou approprié. Je vais vous prélever vos empreintes et quelques gouttes de sang. Vous allez surement sentir une légère piqure, elle me sourit gentiment comme pour me rassurer. Elle n’a pas l’air méchante mais pour autant je me méfis de ces gens qui nous ont enlevés.

 

Certes, je suis dans un monde qui m’est inconnu, mais il n’est pas question que je reste là. Je veux retrouver ma vie ce qui est assez ironique en sachant que j’étais en prison.

Je sens une légère aiguille s’enfoncer dans mon index mais la douleur ne dure qu’un millième de seconde, comme une piqûre d’insecte. Elle reprend sa place derrière l’écran d’ordinateur et tapote dessus.

 

-          Veuillez poser votre tête contre la têtière derrière vous et ne pas bouger. Vous ne sentirez rien.

 

Je sens une forte chaleur sur le côté droit de mon cou mais qui n’est pas si désagréable et je ne sais pas ce qui me retient de ne pas me lever précipitamment. Je n’ai pas peur d’elle, je peux même très bien partir de cette pièce sans qu’elle n’arrive à me l’empêcher mais quelque chose en moi, quelque chose de réfléchi m’incite à ne pas agir de manière non considéré.

 

-          C’est terminé, me dit-elle.

 

Je me lève et automatiquement viens poser ma main sur l’endroit qui avait chauffé précédemment.

 

-          Vous voulez voir ? me demande-t-elle en m’indiquant un petit miroir dans la pièce.

 

Voir quoi ? Pensais-je.

 

Que m’a-t-elle fait ?

 

Je me dirige avec hâte vers le miroir et penchant légèrement la tête je remarque une inscription : 5210

 

-          Qu’est-ce que vous m’avez fait ? marmonnais-je en fixant le tatouage

-          Pardon ?

-          Là ? dis-je plus fort en me retournant et m’approchant d’elle d’un air menaçant, C’est quoi ça ? vous m’avez marqué comme du bétail.

-          Ce n’est pas ce que vous croyez…balbutie-t-elle en faisant un pas de recul.

 

Inconsciemment, je repense à la petite dame qui avait été appelé.

 

-          Le tatouage des déportés…je baisse la tête quelques secondes et serre la mâchoire sentant la colère me monter.

 

En lui faisant à nouveau face, je la vois tripoter son bracelet argenté, le même que celui du gardien. Je me doute qu’elle est prête à l’utiliser pour me calmer où me faire obéir, alors je prends sur moi, serrant davantage les dents.

Je ne la quitte pas des yeux et je ne sais pas quoi en penser, puis elle m’annonce après avoir dégluti péniblement :

 

-          C’est terminé, vous pouvez sortir par-là, en tendant son doigt dans la direction opposée.

 

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