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Fictions lesbiennes E.G.O.
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10 janvier 2020

2516 - Chapitre 5

CHAPITRE 5

 

-          Tout est prêt Suprême, dit Evan. Nous pouvons commencer.

-          Très bien, dit-il en ajustant son habit.

 

Il s’installe devant un pupitre transparent et pose sa main dessus. Le pupitre s’illumine et le rideau devant lui s’estompe. En face de lui, une foule d’hommes et de femmes qui se mettent à sourire et à ouvrir de grands yeux à la vue de Suprême. Les personnes à la peau blanche ont pour la plupart une peau très claire. Les personnes métisses ou les personnes noires ont un regard fascinant. Des yeux couleurs vert pomme et d’autres d’un orange pâle. Cette même couleur que reflète un champ de blé à la tombée du soleil.

 

Suprême écarte les bras et la population baisse la tête pour l’honorer.

 

-          Bonjour à vous. Je vous ai tous réuni pour vous annoncer une grande nouvelle. Comme chaque année la moisson est de rigueur et je suis heureux de vous présenter ces hommes et ces femmes qui vont se joindre à notre grande famille. J’attends de vous une grande générosité et du partage. Veuillez les acclamer…

 

Il actionne à nouveau le pupitre qui fait disparaitre le mur derrière lui. La population nous acclame en faisant différents bruits de satisfaction à la vue des nouveaux venus.

 

-          Avancer, n’ayez pas peur, avancez, nous dit Suprême entendant une main vers nous.

 

Nous nous tenons en ligne côte à côte et exécutons ses dires. L’on se regarde chacun discrètement en avançant devant cette population qui sort tout droit d’un show télévisé. Pour cette manifestation nous sommes tous habillé de bleu. Les hommes en pantalon et chemise et les femmes en robe. La matière est un mélange de lin et de coton qui n’est pas désagréable au toucher. De petites chaussures blanches accompagnent notre tenue. Nous avons été obligé de nous défaire de tout ce que l’on possède, bijoux, portefeuille, papiers…Nous nous retrouvons identiques, sans nuances ni identités dans cette nouvelle époque.

 

-          Mes amis, je vous présente les nouveaux SEPA (Spécimen d’Etude du Passé à Aujourd’hui). Faites connaissance, mélangez-vous, amusez-vous. Je vous donne rendez-vous à 13h00 dans le parc pour fêter tout cela. 

 

La population nous regarde avec des yeux d’enfants, les gardes nous font descendre les 3 marches qui mènent à la foule et nous nous mélangeons. Ils nous touchent du bout des doigts pour savoir si nous sommes vraiment réels. Ils sont curieux tout en étant calme et lent. Aucun élan d’ivresse que ce soit de joie, de spontanéité, de désaccord n’apparaisse dans leur comportement. Ils sont tous identiques comme formatés. Peut-être ont-ils subit un lavage de cerveau ?

 

On se croirait dans un film américain des années 60. Tout le monde est réuni dans ce parc apprêté tel un dimanche de printemps dans une ambiance de catégorie haute bourgeoisie. Chacun et chacune sourit, personne ne parle plus haut qu’un autre. Des salutations de têtes, des mains tendues, une petite tape sur l’épaule, tout cela me fait sourire et me rappelle mes jeudis soirs devant ces téléfilms à l’eau de rose.

 

Le parc n’est en réalité qu’une représentation holographique. L’air que je ressens est dû à la ventilation aux quatre coins des murs et une petite fontaine fait jaillir de l’eau en dehors de l’hologramme. Je m’approche car la curiosité me hante. Ma main se met sous l’eau qui coule et rien. Qu’une vision d’optique. C’est très bien fait, mieux que le cinéma 3D de mon époque.

 

J’y retrouve Marion.

 

-          Comment vas-tu ?  lui demandais-je en la prenant dans mes bras.

-          Ça va, me répond-elle d’une petite voix. Je regarde son tatouage en dégageant les cheveux de son cou.

-          Tu n’as rien senti ?

-          Non, me répond-elle gênée en remettant ses cheveux blonds le long de sa nuque pour couvrir la marque.

 

Cela fait deux jours que je ne l’ai pas vu. Lors de la dispersion entre les hommes et les femmes, les groupes avaient été scindés en deux.

Nous regardons la foule, toutes ces personnes discuter entre elles. Certains hommes et certaines femmes de notre époque se mélangent facilement à la population. Nous, nous restons de notre côté puis Alice vient nous rejoindre.

 

-          Salut, nous lance-t-elle doucement. Je réponds par un signe de tête et un léger sourire tandis que Marion reste dans ses pensées.

-          Je ne comprends pas comment ils font pour s’intégrer aussi vite. Ils ont oublié d’où ils viennent. Nous sommes des prisonniers ici. 

 

A ce mot je la regarde, effectivement des prisonniers. Pas la même chose que ce que Marion et moi-même avons connu mais être enfermé, se faire diriger, obéir…ressemble étrangement à notre passé. Marion vient se mettre à côté de moi et me demande de sa petite voix fluette :

 

-          Est-ce qu’on rentrera un jour chez nous ?

 

Je ne sais pas quoi lui répondre et continu de contempler l’exacerbation qui se déroule devant moi. A l’exception de quelques-uns d’entre nous, la plupart des SEPA se mélangent à ces nouveaux habitants.

 

Evan qui contemple la foule du haut du premier étage regarde chacun des SEPA avec attention. Il scrute l’ensemble des coins de la pièce en fronçant les sourcils. Il attrape une bille couleur aluminium dans sa poche qu’il actionne en la saisissant par l’index et le pouce de sa main gauche.

 

-          Après maintenant 48h, plus de la moitié des SEPA s’intègre aisément à la population. Le sérum a totalement fonctionné sur les plus âgés d’entre eux. Il reste malgré tout quelques résistants. Le réfractaire aux cheveux longs, qu’il faudra surveiller d’ici la prochaine session, un groupe de jeunes filles, deux jeunes hommes…

 

Il regarde à nouveau et voit au loin quelque chose d’intéressant.

 

-          Et surprenant, un homme d’une soixantaine d’années. A noter, il faudra l’envoyer faire des examens au plus tôt avec le Référenceur. Qu’il me tienne rapidement au courant des résultats. 

 

Il lâche l’emprise de la boule aluminium qui n’est autre qu’un enregistreur et la remet dans sa poche.

 

**********

 

On nous a à tous attribué une tâche au sein de cette nouvelle communauté. Marion et Alice sont à la cuisine d’une cafétéria où seul le personnel de sécurité ainsi que les dirigeants peuvent y manger. Nico le rebelle a été mis au placard, il doit entretenir les lieux en les nettoyants et vidant les poubelles. Quant à moi, j’ai été placée dans une petite boutique de réparation. Mon superviseur est un vieux monsieur aux cheveux blancs qui est très gentil.

 

-          Regarde, il faut faire ça délicatement, il prend une des montres devant moi et avec une pince il replace la rondelle puis attrape un mini plumeau et nettoie l’ensemble du mécanisme.  Tu vois, doucement, comme cela.

 

Il me regarde faire, j’essaye d’appliquer ses instructions.

 

-          C’est très bien. Je te laisse terminer et ensuite nous passerons au vélo.

-          D’accord, répondis-je.

 

Il s’active dans le coin de la pièce, derrière l’office pour ranger des affaires sur les étagères. Il y a des breloques de partout. Montre, radio, bijoux, luminaires, vélos…énormément de choses. Cette petite boutique est aussi bien un magasin de réparation que de ventes ou d’échanges.

 

-          Je suis content que Suprême m’est accordé tes services. Cela faisait longtemps que je demandais quelqu’un pour m’aider. A mon âge, je n’ai plus l’œil aussi bon.

 

Ni la forme physique, pensais-je.

 

-          Il faut dire que d’autres ici avaient besoin d’aide avant moi aussi. En tout cas, les journées seront moins longues en ta compagnie ma chère, il est toujours plaisant de pouvoir discuter, me dit-il en me souriant.

-          Vous avez raison Monsieur.

-          Appelle-moi André, le terme de Monsieur est réservé aux hauts dirigeants de l’Olympe. Chacun d’entre nous, nous appelons par notre prénom.

-          C’est d’accord André…et depuis combien de temps avez-vous votre boutique ?

-          Que je réfléchisse un peu.  Il attrape une radio et vient s’installer sur la chaise à côté de moi. Depuis aussi loin que je me souvienne. Cette boutique appartenait à Fabien, un homme des plus gentils, malheureusement celui-ci est décédé il y a des années. Fabien avait un fils qui travaillait avec lui et qui devait reprendre la « chose » mais son fils voulait travailler dehors.

-          Dehors ? Mais on ne peut pas aller dehors ?!

-          Effectivement, il est risqué de sortir de l’Olympe, mais il y a une équipe spéciale chargée d’entretenir l’extérieure du dôme. Vous les jeunes, vous rêvez d’aventures, alors Fabien a autorisé son fils à faire partie de cette équipe. Il a passé les tests de sélection et c’est donc aventuré dehors. Mais un matin, le temps était tellement changeant qu’une section s’est fait prendre au piège et l’ensemble du groupe mourut de froid. 

-          C’est bien triste.

-          Oui, c’est très triste, des hommes et des femmes perdirent leurs enfants ce jour-là. Nous sommes une petite civilisation, des survivants même… et cette tragédie nous a affecté. A cette époque, je n’étais qu’un enfant qui s’amusait à trainer dans le dôme et à bidouiller tout ce dont je trouvais. J’ai commencé à venir passer du temps ici pour aider Fabien dans sa boutique et une chose en entrainant une autre je suis resté et il me l’a légué. 

 

Je hoche la tête puis continu silencieusement mon travail pendant qu’André se débat avec la radio pour l’ouvrir.

 

-          Tu me résistes donc petite boite satanique. André attrape un tournevis sur le côté du bureau. Mais sache petite boîte qu’il faut toujours se méfier de plus fort que soit. Et d’un coup de doigté délicat, il dégage le cache et accède enfin au mécanisme.

 

La sirène sonne dans l’Olympe.

 

-          Il est l’heure, me dit André, tu as bien travaillé aujourd’hui, je te dis à demain, je te montrerai autre chose que les montres. A chaque jour son temps, sourit-il en restant planté devant moi.

-          Alors à demain, répondis-je par politesse.

 

L’Olympe sonne deux fois. La première, le midi pour sonner l’heure du repas et la seconde à 18 heures pour indiquer la fin de travail. Tout est très coordonnée, rien n’est fait ni laissé au hasard. Les dirigeants mangent de leur côté, les citoyens d’un autre. Personne ne regarde les dirigeants directement dans les yeux sauf ceux de la moisson. Nous ne sommes pas lobotomisés comme les habitants de cette époque. Nous sommes encore tous logé ensemble et cela depuis un mois. Chacun a toujours le même poste, nous respectons les règles enfin presque. Je sens que Nico manigance quelque chose. On se croise régulièrement et je le vois fouiner à droite et à gauche tout en faisant semblant de balayer. Moi, je suis toujours avec André qui m’apprend chaque jour à bricoler. Heureusement pour lui que j’aime ça et que je suis douée. Amandine lui aurait fait vivre un calvaire, elle qui n’était pas du tout manuel. Ma sœur me manque tellement, ma vie me manque, celle d’avant tout cela. J’évite de trop y penser pour ne pas être trop triste mais un jour je trouverai le moyen de la revoir.

 

Tous les soirs avec Marion et Alice, nous nous retrouvons pour regarder le paysage. C’est impressionnant ce changement climatique qui s’opère régulièrement. Nous passons des heures à le contempler. Ça a un côté magique. Le temps peut passer du chaud au froid, de la pluie au feu, de la folie au calme et tout ça en quelques secondes. Depuis quelques jours, lorsque je me rends au réfectoire déjeuner, je passe devant le couloir nommé zone noire. Cette zone nous est défendu, des gardiens sont plantés là à longueur de journée comme de nuit. Mais je veux savoir ce qui se cache derrière. Pendant mon temps libre, je me balade dans l’Olympe pour y connaitre les moindres endroits et discrètement le soir, à la nuit tombée, je reporte sur un petit calepin le plan du Dôme. Celui-ci commence à prendre forme. J’essaye d’y reporter tout jusqu’à l’emplacement des poubelles. Je veux rentrer chez moi, je veux savoir par où nous sommes arrivés et l’Olympe reste encore si vaste. Malgré cela, je ne perds pas espoir. Je n’en ai encore parlé à personne mais j’aimerai avoir quelqu’un avec moi pour m’aider.

 

Pendant que je range le cagibi d’André, une troupe d’hommes et de femmes passent en courant devant le magasin. Ils sont entourés de gardes rouges. Interloqué, je m’approche de la porte d’entrée quand André me dit :

 

-          Ce sont eux, les jeunes rêvant d’aventures.

 

Ma tête passe la porte et je les regarde s’éloigner doucement sous le bruit de leur course discrète. Ils sont une petite quinzaine, hommes femmes de moins de 35 ans. Tous sont sportifs, cela se voit à leur physique athlétique. J’ai entendu dire qu’ils sont tous logés ensemble et s’entraine chaque jour aux éventuelles péripéties qui pourraient leur arriver. Ils ont pour certain, une formation spécifique tel que soudeur, couvreur…

 

-          Alix peux-tu m’attraper cette boîte ? j’arrive pour l’aider, laissant la troupe à leur activité. Heureusement que tu es là, j’ai vraiment du mal à faire certaines choses. A ton âge, j’étais si vaillant.  Je souris à cette phrase, il essaye de garder sa dignité.

 

Plus tard dans la journée un garde rouge rentre dans la boutique.

 

-          Je cherche M.KAMINSKI ? 

-          Il est parti faire une course, je ne sais pas pour combien de temps il en a, répondis-je.

-          Dites-lui qu’il doit se présenter à la première heure demain matin à la centrale.

-          Pourquoi ? 

-          Cela ne vous regarde pas, qu’il soit à l’heure surtout.

 

Il tourne les talons aussi vite qu’il est venu. Je reste interrogative. Je ne sais ce qu’est la centrale. Peut-être un endroit qui régit l’ensemble de l’Olympe. Peut-être y a-t-il un problème avec un poste de contrôle et qu’ils ont besoin d’André pour réparer cela. Est-ce l’endroit d’où ils nous font venir du passé, la machine à remonter le temps. Tant de questions me traversent l’esprit, qu’il me faut une réponse et celle-ci est de courte durée car André vient de faire son retour.

 

-          Regarde ce que je t’ai trouvé, me dit-il tout heureux.

 

Son sourire glisse à travers sa moustache blanche qui est coupée parfaitement. Rien ne dépasse de la lèvre supérieure et elle contourne soigneusement les courbes de celle-ci.

 

-          Je me souvenais que mon grand-père m’avait légué un vestige du passé, comme il le disait. Une petite chose grise du nom de Sony. Il ne savait pas à quoi ça servait, mais apparemment c’était très ancien.  Il le sort de sa poche délicatement et le pose sur le comptoir.  Je ne sais pas si c’est de ton époque mais peut-être pourrais-tu me dire si tu le reconnais et me dire ce que c’est et si cela te plait je te le laisserai.

 

Je m’approche de l’objet en question.

 

-          C’est un MP3, dis-je en le prenant dans mes mains.

-          Un MP3 ? 

-          Oui c’est un appareil qui transmet de la musique, il me regarde interloqué. C’est un appareil dans lequel on transfère de la musique afin que l’on puisse marcher ou courir avec. On le relie à des écouteurs puis à nos oreilles et on se balade avec. Je fais des gestes en même temps pour lui expliquer. Vous voyez ce que je veux dire ? 

-          Oui je comprends, c’est une boîte à musique.

-          Oui c’est ça, dis-je en souriant.  C’est fou que vous ayez conservé ça aussi longtemps et en plus il a l’air en parfait état. Par contre, je pense que la batterie est morte depuis longtemps. Effectivement le MP3 ne s’allume pas lorsque j’appuis sur le bouton.

-          Il est à toi si tu le veux.

-          C’est très gentil André, mais ça vous vient de votre grand-père et puis il ne marche plus, je n’en aurais pas l’utilité.

-          Comment faut-il faire pour le charger ?

-          On doit le brancher à un ordinateur avec un câble spécifique et au bout de quelques heures il est chargé, mais ici on n’a rien pour faire ça. Mais merci, c’est très gentil. Je repose le MP3 sur le comptoir. André l’attrape, le monte prés de son visage pour le regarder plus attentivement.

-          J’ai certainement ce qu’il te faut, me dit-il avec son air que je commence à reconnaitre.

 

Celui d’un petit qui vient de découvrir où se trouvent les gâteaux.  Il va dans le cagibi derrière et revient avec une pierre bleue. Il ferme la porte de la boutique en regardant bien qu’il n’y ait personne aux alentours.

-          Cette pierre est spéciale et très rare. Je l’ai acquis il y a très longtemps dans de drôles de circonstances que je te raconterai plus tard. Mais elle a des qualités que tu n’imagines même pas, regarde plutôt.

 

Il place la pierre à côté du MP3 et celle-ci se met à s’illuminer. Un courant jaillit vers le MP3 et celui-ci s’allume tandis que la pierre s’éteint.

 

-          C’est magique, dis-je en ouvrant de grands yeux.

-          Oui magique, me répondit-il en me tendant le MP3.  Par contre ne parle de cela à personne, me demande-t-il.  Je risquerais de gros problèmes à cause de cela. Si quelqu’un l’apprenait…oh misère cela serait terrible.

-          Je ne dirais rien, répondis-je.

-          Tu trouveras certainement des écouteurs sur l’une de ses étagères, me montre-t-il par des mouvements de tête.

-          Merci beaucoup.

 

Il me fait un grand sourire. Je m’interroge sur cette pierre. D’où vient-elle ? Comment a-t-elle cette capacité énergique ? j’aimerai la tenir entre mes doigts et ressentir son pouvoir. André est vraiment un homme mystérieux. Il me montre cela sans avoir peur de ce que je pourrais en faire. Il a certainement une grande confiance en moi.

 

Il reprend :

 

-          Ce n’est pas tout, c’est que nous avons beaucoup de travail qui nous attend. J’ai vu Madame BLANCHARD tout à l’heure, elle doit nous ramener son vélo. Encore une hélice de casser. Je ne sais pas comment elle fait pour le casser si souvent.

 

Je pense savoir pourquoi Madame BLANCHARD venait si régulièrement. Il s’agit d’une femme d’un âge mure qui est seule depuis la mort de son mari. Celui-ci avait perdu la vie à la suite d’un anévrisme intracrânien. Malheureusement, la technologie n’avait rien pu y faire, celui-ci avait été fatal. Ce Monsieur avait été retrouvé sur un banc de la cour près de la grande place. Assis sur ce banc, la tête tombant sur un côté, il était resté comme cela quelques heures avant que quelqu’un ne s’en aperçoive. C’était un jeune qui l’avait trouvé après l’avoir bousculé malencontreusement en posant son vélo à ses côtés.

 

Dans l’époque dans laquelle je me trouve, il est mal vu d’exprimer ou de montrer ces sentiments aussi fort qu’ils peuvent l’être. Il fallait rester très humble, ne jamais rire plus haut qu’un autre, rester courtois dans n’importe quelle circonstance, malgré cela Madame BLANCHARD avait trouvé un moyen de se satisfaire en venant régulièrement à la boutique. Il ne reste qu’à André de voir les signes.

 

-          Oui, répondis-je puis je repense à la visite surprise.  Un homme est passé ce matin, un garde rouge. Il voulait vous voir. Il vous donne rendez-vous demain matin à la première heure à la centrale.

-          A la centrale ?  dit-il avec un regard que je n’ai encore jamais vu.

-          Oui c’est ce qu’il m’a dit. André se frotte le front avec sa main comme s’il essayait de trouver une solution à un gros problème.  Tout va bien André ? dis-je en m’approchant de lui, inquiète de sa réaction.

-          Oui, oui, tout va bien…je vais préparer mes outils pour demain, je te laisse gérer la boutique en attendant.

 

Il s’en va dans le cagibi me laissant perplexe et songeuse. Intérieurement, j’espère que rien de grave ne lui arriverait demain. Il a l’air si déstabilisé et effrayé que je m’inquiète pour lui.

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